Affaire Gérard Lebourg

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Affaire Gérard Lebourg
Fait reproché Enlèvement, viol et assassinat
Pays Drapeau de la France France
Ville Berville-sur-Mer
Date Août 1988
Nombre de victimes 1 : Delphine Boulay
Jugement
Statut Affaire jugée
Tribunal Cour d'assises du Calvados à Caen
Date du jugement

L'affaire Gérard Lebourg est une affaire impliquant la disparition de Delphine Boulay. En août 1988, alors qu'elle était dans un camp de scouts du Calvados, Delphine est portée disparue. Ce n'est que le 6 septembre 1988 que le corps calciné a été retrouvé à une vingtaine de kilomètres du camp de scouts par un chercheur de champignons. Un suspect se dégage assez rapidement de l'enquête, Gérard Lebourg, âgé de 29 ans au moment des faits, qui est placé en garde à vue jusqu'à ce qu'il fasse des aveux complets. Il est alors condamné le 20 mai 1992 à la réclusion criminelle à perpétuité pour l'enlèvement, le viol et l'assassinat de Delphine Boulay[1].

Biographies[modifier | modifier le code]

La victime[modifier | modifier le code]

Delphine et sa famille vivaient en région parisienne, lorsque ses parents, deux informaticiens, Alain Boulay et Marie-Josée Boulay, l'envoient, ainsi que son grand-frère Nicolas, dans un campement de scouts en Normandie. C'est dans ce campement, à Villerville, en août 1988, que Delphine Boulay, âgée de 10 ans, disparaît et sera retrouvée, à plus de 25 km de son point de départ, après environ deux semaines intensives de recherches, par un promeneur, dans les Bois des Houx, à Saint-Pierre-du-Val, le corps à moitié carbonisé. Durant ce campement, elle partageait sa tente avec son amie Marlène. Elles étaient les seules filles de ce camp de scouts. Delphine était considérée par sa famille comme une petite fille débrouillarde, capable de survivre en forêt. Toutefois, timide et réservée, il était impensable pour sa famille qu'elle ait fugué de son camp.

Deux ans plus tard, on découvre dans l'appartement de Gérard Lebourg, des indices qui prouveront que Delphine Boulay aurait également été violée avant d'être brûlée[2].

Le suspect[modifier | modifier le code]

Gérard Lebourg, né en 1961 à Honfleur, est aide cuisinier pour Rémy Boivent. Il est décédé le 21 avril 2005 au centre de détention de Caen[3].

Faits[modifier | modifier le code]

Delphine disparaît à l’été 1988. Le jour de sa disparition, sa famille et la police croient qu'il s'agit d'une fugue. Ses parents, vivant à Issy-les-Moulineaux dans les Hauts-de-Seine, partent pour la Normandie dès l'annonce de la disparition de Delphine. Pour les recherches, de nombreuses personnes se mobilisent dans toute la région. Un hélicoptère est réquisitionné. Incapable de rester sans agir, le père de Delphine participe activement aux recherches. Près de deux semaines après la disparition de la petite fille, son corps est retrouvé partiellement carbonisé dans la forêt de Berville-sur-Mer dans l'Eure par un promeneur. Cette découverte choque toute la région.

Enquête judiciaire[modifier | modifier le code]

Afin d'effectuer la recherche du corps de Delphine, plus de 300 bénévoles ainsi que gendarmes et pompiers se sont déployés. Le père de la jeune fille, Alain Boulay, participe aux recherches et décide de sillonner les petites routes en criant le nom de sa fille. Dans les rues, des affiches sont collées aux vitres des magasins.

Le 6 septembre 1988, un corps sans vie est retrouvé à une vingtaine de kilomètres de Villerville, ville où était situé le camp de scouts dans lequel séjournait la jeune fille. Grâce à une dent de lait fournie par les parents, le corps a pu être identifié comme étant celui de Delphine Boulay. Les enquêteurs se tournent alors directement vers l'aumônier, les chefs scouts et le directeur du camp qui vont très rapidement être blanchis. Les gendarmes de la section de recherches de Caen repartent de zéro et auditionnent près de 3 500 personnes dans toute la France, contrôlent des milliers de voitures et placent une dizaine de suspects en garde à vue.

Le 12 septembre 1990, soit deux ans après le début de l'enquête, un appel téléphonique provenant d'un ancien adjudant de l'armée vient bouleverser l'enquête. En effet, Rémy Boivent, reconverti dans la restauration au moment de son appel, affirme avoir été surpris en découvrant que l'un de ses employés cachait, dans un appartement mis à la disposition de l'employé en question, des lettres et coupures de journaux concernant ce drame. Cet appartement était à la disposition de Gérard Lebourg qui travaillait en tant que plongeur dans le restaurant de Rémy Boivent. Alertés par cet appel, les gendarmes interpellent Gérard Lebourg et le placent en garde à vue.

Le mercredi 23 janvier 1991, une reconstitution de l'assassinat de la fillette est organisée avec la participation de Gérard Lebourg. Ce dernier est inculpé depuis septembre 1990 pour ce meurtre[4].

Procédure judiciaire[modifier | modifier le code]

Le 18 mai 1992 s'ouvre le procès de Gérard Lebourg devant la Cour d'Assises du Calvados. Durant le procès, l'accusé, représenté par son avocat Me Michel Scelles, plaide non-coupable. À la fin des trois jours d'audience, l'avocat général Éric Enquebecq ainsi que Me Michel Moutet, représentant la famille de la victime, requièrent la peine maximale autorisée par le code pénal, c'est-à-dire la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de trente ans. Ce procès eut également comme partie civile l'association « Enfance et Partage », représentée par Me Jean Chevais. Ce dernier réclama également la réclusion criminelle à perpétuité pour Gérard Lebourg. À la fin de l'audience, le jury, alors composé de neuf hommes, choisit de suivre les réquisitions demandées par Éric Enquebecq et Me Michel Moutet, et condamne Gérard Lebourg à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de trente ans. Cette peine est « exceptionnelle » car elle n'avait été jusqu'à présent prononcée qu'à six reprises, - dont l'une cassée par la Cour de cassation.

Tout au long du procès, l'avocat général fit preuve d'une grande empathie vis-à-vis des parents de Delphine Boulay, celui-ci déclara même « Je veux leur dire qu'en tant qu'homme, je vis à leurs côtés. Depuis des semaines, je vis leur calvaire. Delphine, j'ai l'impression de l'avoir connue ». De plus, il a ajouté, tout en se tournant vers les jurés « On peut avoir le choix entre la vengeance et la pitié, ne cédez pas à la tentation de la pitié, il n'en a pas eu pour Delphine ni pour sa famille ». La famille Boulay avait, lors de ce procès, un soutien de taille, l'État, représenté par l'avocat général.

À la suite de cette affaire, Alain Boulay crée l'A.P.E.V., une association qui accompagne les parents d'enfants disparus ou assassinés. Elle regroupe plus de 250 familles et a fait progresser la façon dont ces enquêtes sont menées.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Pédophile et assassin Gérard Lebourg Delphine », sur thinesclaude.wifeo.com (consulté le )
  2. Laurent Neveu, « Deauville. Il y a 30 ans, la disparition de Delphine, petite scoute », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
  3. Acte de décès. Etat civil de Caen.
  4. « VIDÉO - Histoires criminelles : l'affaire Delphine, petite fille scoute disparue », sur France Bleu, (consulté le )

Articles de presse[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]