Abbaye de Bouchet

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Abbaye de Bouchet
image de l'abbaye
Vue générale de l'abbaye
Nom local Collège
Diocèse Diocèse de Saint-Paul-Trois-Châteaux
Patronage Bertrand de Garrigues, religieux de l'Ordre des Frères Prêcheurs, et premier Provincial de Provence
Numéro d'ordre (selon Janauschek) CXII (112)[1]
Origine religieuse entre 1146 et 1150
Cistercien depuis 1198[2]
Dissolution 1480
Congrégation Ordre dominicain puis Ordre cistercien
Période ou style Roman
Protection Logo monument historique Inscrit MH (1932)
Coordonnées 44° 18′ 00″ N, 4° 52′ 26″ E[3]
Pays Drapeau de la France France
Département Drôme
Commune Bouchet
Géolocalisation sur la carte : Drôme
(Voir situation sur carte : Drôme)
Abbaye de Bouchet
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(Voir situation sur carte : Rhône-Alpes)
Abbaye de Bouchet
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(Voir situation sur carte : France)
Abbaye de Bouchet

L'abbaye de Bouchet fut fondée au milieu du XIIe siècle par Tiburge et Raymond des Baux, princes d'Orange. Elle est située à Bouchet, en Drôme provençale, à proximité de l'Enclave des papes. Cette abbaye de femmes fut rattachée en 1198 à l'ordre cistercien. Délaissée par ses moniales en 1413, elle est rattachée en 1475 au Collège du Roure d'Avignon. Pillée lors des guerres de religion, sauvée de la ruine comme bien national lors de la Révolution française, elle devint ensuite une filature de soie jusqu'en 1970 puis fut rachetée par le cellier des Dauphins pour être utilisée en tant que cave de vieillissement pour ses crus. Depuis juin 2005, l'abbaye fait à nouveau partie du patrimoine communal.

Histoire

Moyen Âge

Au XIe siècle, Bouchet n'était qu'un lieu de chasse dans les bois d'où son nom de Boscheto[4]. Un siècle plus tard, en 1103, ce lieu appartenait à Tiburge 1re, princesse d'Orange. Il était de peu d'importance puisqu'en 1146, quand celle-ci testa, il ne figurait même pas dans ses legs[5].

L'abbaye

C'est en 1184 qu'est mentionnée l'abbaye sur un acte qui donne le nom de sa prieure, une nommée Wilelmy. Elle fut donc fondée par Tiburge après 1146[5]. Vers 1150, son époux Raymond des Baux, prince d'Orange, prit le relais pour doter une abbaye de femmes, désignée sous le vocable de Notre Dame du Bosquet[4]. Celle période de fondation s'accorde d'ailleurs avec le style architectural des grandes salles et des voûtes en arc brisé toujours en place[5]

Rattachée à l'ordre cistercien, l'abbaye, en dépit de son manque d'intérêt stratégique fut assiégée, en 1200, par le comte de Toulouse. La tradition veut qu'elle fut sauvée par des abeilles, dont les ruches jetées du haut des murs mirent en fuite les assaillants[4].

Bertrand de Garrigues, un dominicain provincial de Provence, séjourna et mourut ici, le [4]. Au XVIIIe siècle, sa statue placée en l'église abbatiale, était toujours l'objet d'un culte de la part des fidèles qui en avaient fait un saint[5].

La notoriété de l'abbaye fut d'emblée très importante. En 1239, les religieuses étaient au nombre de 16 et en 1250, de 26. Toujours placée sous la protection de la famille des Baux d'Orange, elle reçoit du prince, en 1281, une donation de cent livres viennoises. Les princes d'Orange n'étaient pas ces seuls protecteurs puisqu'en 1270, l'abbasse avait reçu une somme identique de l'épouse du comte de Poitiers-Valentinois, avant que le couple s'embarqua pour aller rejoindre Louis IX, à Aigues-Mortes lors de sa dernière croisade[5].

La peste noire de 1348, puis les pillages des grandes compagnies ruinèrent l'abbaye et ses dépendances[4]. Puis, en 1375, elle est occupée par une bande armée. En dépit de certaines assertions, elle ne pouvait être sous les ordres de Raymond de Turenne, neveu de Grégoire XI et alors capitaine pontifical, qui préparait le retour de son oncle à Rome[5].

Quoi qu'il en soit, l'abbesse et ses 21 moniales se réfugièrent chez leur parentèle. À leur retour, elles ne trouvèrent que ruines et destructions. Elles s'en furent à Visan où elles s'installèrent laissant leur ancienne abbaye à l'abandon[5].

En 1413, par un décret du chapitre général de Cîteaux, l'abbaye ruinée et son domaine furent rattachés à l'abbaye d'Aiguebelle. En 1442, les cisterciens décidèrent de louer une partie du domaine et des bâtiments de Bouchet à trois familles de Saint-Flour. C'est celles-ci qui sont à l'origine de la commune actuelle[4]. Des actes ultérieurs obligèrent ces familles à entretenir le dortoir en vue d'une éventuelle occupation[5].

Ce lieu important ne tarde pas à être convoité par le légat pontifical et archevêque d'Avignon, Julien de la Rovère. En 1475, il décida de le retirer à Aiguebelle pour le rattacher au collège du Roure qu'il avait décidé de fonder[4]. Malgré une lutte acharnée, l'abbé d'Aiguebelle dut céder face au neveu du pape Sixte IV. L'abbaye et son domaine passèrent sous la gouverne de la Révérende Chambre Apostolique d'Avignon, en 1480. Sixte IV en affecter immédiatement les revenus au Collège fondé par son neveu[5].

Époque moderne et contemporaine

Le caveau de dégustation du Cellier des Dauphins

En 1562, durant les guerres de religion, le baron des Adrets, entreprit le pillage et la destruction du Collège et de ses dépendances[4]. Puis, en 1574, les protestants, venus de Nyons, le mirent à sac[5].

Saisi comme bien national lors de la Révolution française, le Collège eut dès lors différentes affectations. Au XIXe siècle, il devint une usine de soie jusqu'en 1970, date où cette entreprise dut fermer ayant périclité avec la crise du textile. Ce fut deux ans plus tard que le Cellier des Dauphins l'acquit et restaura l'édifice pour y aménager une cave de vieillissement pour ses crus des côtes-du-rhône. François Boschi, son directeur, y organisa « des festivités à caractère œnologique et culturelles respectivement dans l'ancien réfectoire et dans ce qui fut le dortoir, deux salles dotées de voûtes séculaires[5],[4]. ».

L'abbaye est inscrite partiellement au titre des monuments historiques depuis le 4 octobre 1932[6].

Depuis juin 2005, l'abbaye fait à nouveau partie du patrimoine communal de Bouchet, la municipalité ayant racheté au Cellier des Dauphins l'ensemble du site[5],[4].

Notes et références

  1. (la) Leopold Janauschek, Originum Cisterciensium : in quo, praemissis congregationum domiciliis adjectisque tabulis chronologico-genealogicis, veterum abbatiarum a monachis habitatarum fundationes ad fidem antiquissimorum fontium primus descripsit, t. I, Vienne, Puthod, , 491 p. (lire en ligne), p. 138-139.
  2. Liste des abbayes de Cîteaux
  3. « Abbaye de Bouchet », sur http://www.toutes-les-abbayes.com, Abbayes d'hier et d'aujourd'hui (consulté le ).
  4. a b c d e f g h i et j Abbaye de Bouchet sur le site de la charte européenne des abbayes et sites cisterciens
  5. a b c d e f g h i j k et l Histoire de l'abbaye de Bouchet
  6. Notice no PA00116896, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture

Bibliographie

  • Jean de la Croix Bouton, L'abbaye de Bouchet en Tricastin, éditions Alpes-Méditerranée, 1979, 978-2863200254.

Voir aussi

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Articles connexes