Édouard Dubar

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Édouard Dubar
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Évêque titulaire
Diocèse de Canatha (d)
à partir du
Vicaire apostolique
Diocèse de Sienhsien
à partir du
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Édouard-Auguste Dubar, né à Roubaix, le , mort à Ou-Kiâo (aujourd'hui diocèse de Sienhsien) le , est un évêque français membre de la Compagnie de Jésus qui fut vicaire apostolique du vicariat apostolique du Sud-Est de Tché-Li.

Biographie[modifier | modifier le code]

Édouard Dubar naît dans la Flandre française dans une famille de la bourgeoisie catholique fort pieuse, fils de Louis-Joseph Dubar et de son épouse, née Marie-Catherine Delespaul, d'une longue lignée de filateurs. Il poursuit ses études secondaires au collège ecclésiastique de Tourcoing et entre en 1850 au grand séminaire de Cambrai, puis en au noviciat jésuite de Saint-Acheul. Il entre au scolasticat de Laval en 1857. C'est à cette époque qu'il commence à s'intéresser aux missions jésuites de Chine.

Le , Édouard Dubar est ordonné prêtre par Monseigneur Wicart, évêque de Laval. Au mois de , un groupe de huit jésuites[1], dont le jeune Dubar, part de Boulogne-sur-Mer pour Londres et d'Angleterre embarquer sur l'Assyrian. Après avoir essuyé une violente tempête au cap de Bonne-Espérance, au péril de leur vie, les jeunes gens arrivent le à la baie de Wou-Song au bout de cent-dix-sept jours de navigation et gagnent Shanghai et la mission jésuite de Zi-Ka-Wei. Le P. Dubar et le P. Octave sont destinés au vicariat apostolique du Tché-Ly Sud-Est[2]. (administré par Mgr Languillat) et plus précisément à la mission de Tchang-Kia-Tchouang où un orphelinat est en fonction et où une grande église allait être construite. Ils doivent chacun régulièrement rayonner dans des sous-districts. Le district comprend alors cinq mille chrétiens, mais ils doivent affronter une épidémie de choléra à l'été 1862 qui fait de nombreuses victimes[3] et des incursions armées de brigands qui ravagent la région[4]. Les jésuites décident de fortifier leur mission avec de hauts remparts[5]. Elle comprend en 1864 huit prêtres et un frère coadjuteur européens et deux prêtres chinois[6] et deux cents personnes à entretenir (prêtres, missionnaires, orphelins et catéchistes, employés, etc.). Elle reçoit ses colis et une partie de son approvisionnement par la ville de Tientsin où les jésuites ouvrent une petite procure.

L'année suivante, le P. Dubar succède à Mgr Languillat nommé à Nankin. Bientôt d'autres missionnaires (dont son futur bras droit, le P. Joseph Gonnet, connu pour ses talents administratifs et qui avait eu à faire face à la rébellion des Taî-pings dans le Ngan-Hoei) rejoignent la mission qui accueille même en 1871 un jeune diplomate français, Gaston de Bezaure, qui y demeure huit mois pour se familiariser avec la langue chinoise. Le nombre de baptisés par an s'élève à un millier[7]. L'accent est mis sur l'évangélisation de la partie sud du vicariat[8] avec ses dix-huit préfectures peuplées de cinq millions d'habitants, malgré les incursions des Nien-fei (« sauterelles au vol rapide »), véritable armée qui ravage la contrée depuis 1859 et s'abat alors au Tché-Ly du Sud-Est.

Mgr Dubar se rend à Rome, débarquant à Marseille le , pour participer aux sessions du concile Vatican I qu'il approuve[9]. Il quitte Rome à la fin du mois de , alors que la France connaît le désastre de Sedan et le renversement de Napoléon III et qu'en Chine une vague de persécution anti-chrétienne frappe les provinces à partir de l'affaire de Tientsin. À Marseille, Mgr Dubar est arrêté par des révolutionnaires armés et incarcéré pendant huit jours[10]. Il prend la mer à bord du Tigre le et envoie une lettre de protestation contre son arrestation par le nouveau régime à Adolphe Crémieux, nouveau ministre de la justice et des cultes, restée sans réponse. Il quitte ainsi sa patrie qu'il ne devait plus revoir.

Retourné au Tché-Ly, il jouit d'une paix relative jusqu'en 1877, consacre la nouvelle cathédrale au Sacré-Cœur, lance l'apostolat de la prière, et raffermit ses œuvres, orphelinats, dispensaires et écoles. Il y a alors vingt mille chrétiens, grâce notamment à un réseau consolidé de catéchistes chinois et de vierges apostoliques chinoises, souvent institutrices, et quarante-cinq séminaristes (en 1877)[11], réunis autour d'une église et de 189 chapelles, en 387 « chrétientés » ou paroisses.

Tout semble remis en cause lorsqu'une famine frappe la région à partir de , suivie par une effroyable épidémie de typhus en 1877-1878. Mgr Dubar y succombe après un voyage apostolique, où il en profite pour assister le P. Maquet malade à la mission d'Ou-Kiâo. Il meurt le . Ses funérailles ne sont célébrées par le P. Gonnet que le à Tchang-Kia-Tchouang, à cause de l'épidémie. Son catafalque porte sa devise Evangelizare pauperibus. Il est enterré au cimetière Saint-Joseph, situé à quatre kilomètres de la mission.

Mgr Henri-Joseph Bulté lui succède.

Chronologie[modifier | modifier le code]

Mission de Tchang-Kia-Tchouang à la fin du XIXe siècle.

Œuvres[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Dirigé par le P. Dubar, le groupe comprend les PP. d'Argy, Femiani, Andrieux et Octave, et les frères Royer, Seckinger et Guéniot
  2. La province chinoise du Kiang-nan comptait près de 50 millions d'habitants et 75.000 chrétiens à l'époque. Le vicariat apostolique du Sud-Est de Tché-Li récemment institué, venait de perdre la moitié de ceux qui lui avaient été envoyés et se trouvait réduit à cinq missionnaires
  3. Parmi elles, l'un des missionnaires, le Père Rabeau, mort le 23 juillet 1862
  4. À partir du district de Tong-Tchang-fou
  5. P. Leboucq, op. cité, p 211
  6. Annales de la Propagation de la Foi, XXXV, p. 381
  7. P. Leboucq, op. cité, p. 247
  8. Sous la direction du P. Octave aidé d'un autre jésuite et d'un prêtre chinois
  9. Il se rend aussi à Roubaix de juin à novembre 1869 pour rendre visite à sa famille et à son vieux père malade qui rend l'âme peu après
  10. Les autres jésuites sont incarcérés pendant plus d'un mois
  11. P. Leboucq, op. cité, p. 425 : état de la mission en 1877
  12. Une importante famine sévissait également dans la région en 1878. (Famine du nord de la Chine (1876–1879))

Sources[modifier | modifier le code]

  • R. P. François-Xavier Leboucq, Monseigneur Édouard Dubar, s.j., évêque de Canathe et la mission catholique du Tché-Ly-Sud-Est, en Chine , édition F. Wattelier & Cie, Paris, 1880 [lire en ligne]
  • R. P. Henri-Joseph Leroy s.j., En Chine au Tché-Ly Sud-Est, éd. Desclée de Brouwer, Bruges, 1900.
  • Perraud, Bibliotheca Missionum, vol. XII, p. 402.

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]