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L'incidence du trouble de traitement auditif (TTA) est un problème majeur de santé publique dans le monde entier. Les estimations suggèrent qu'entre 0,5% et 5% des enfants d'âge scolaire et jusqu'à 7% de la population auraient un trouble de traitement auditif, les estimations ayant été revues à la baisse récement.<ref>{{Article|titre=(Central) Auditory Processing Disorders|éditeur=American Speech-Language-Hearing Association|date=2005|lire en ligne=http://dx.doi.org/10.1044/policy.tr2005-00043|consulté le=2023-02-08}}</ref><ref>{{Article|langue=en|prénom1=Kyoko|nom1=Nagao|prénom2=Tammy|nom2=Riegner|prénom3=Jennifer|nom3=Padilla|prénom4=L. Ashleigh|nom4=Greenwood|titre=Prevalence of Auditory Processing Disorder in School-Aged Children in the Mid-Atlantic Region|périodique=Journal of the American Academy of Audiology|volume=27|numéro=9|date=2016-10|issn=1050-0545|issn2=2157-3107|doi=10.3766/jaaa.15020|lire en ligne=http://www.thieme-connect.de/DOI/DOI?10.3766/jaaa.15020|consulté le=2023-02-08|pages=691–700}}</ref>
Il est estimé que les troubles du traitement auditif affectent 2 à 7 % des enfants et deux à trois fois plus de garçons que de filles<ref>{{Lien web|langue=fr-FR|titre=Trouble du Traitement Auditif (TTA) / Évaluation des troubles de l’audition centrale - Audiosanté|url=http://audiosante.ca/section-enfants/trouble-du-traitement-auditif-tta-evaluation-des-troubles-de-laudition-centrale/|site=audiosante.ca|consulté le=2017-03-14}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Frank Musiek|auteur2=Chermak Gail|titre=Handbook of central auditory processing disorder [auditory neuroscience and diagnosis]|éditeur=Plural Publishing|année=2007|pages totales=448|isbn=978-1-59756-056-6}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web |langue=fr-CA|titre=Évaluation du trouble du traitement auditif (TTA) | site=Polyclinique de l'oreille|lire en ligne=https://www.polycliniquedeloreille.com/nos-services-en-sante-auditive/audiologie-generale/trouble-du-traitement-auditif|consulté le=2017-03-14}}</ref>, mais ce dernier point n'a pas encore été confirmé par des études épidémiologiques.

Selon les données de l'[[Organisation mondiale de la santé]] (OMS), plus de 5% de la population mondiale souffre d'une [[Surdité|perte auditive]] sévère ou profonde, ce qui peut être considéré comme un indicateur du taux de TTA.<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Surdité et déficience auditive |url=https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/deafness-and-hearing-loss |site=www.who.int |consulté le=2023-02-08}}</ref>

L'âge est un facteur déterminant pour l'incidence du TTA. En effet, le dysfonctionnement du système auditif central est de plus en plus étudié malgré la difficulté à isoler les difficultés causées par des troubles de traitement auditif des présbyacousies.<ref>{{Article|prénom1=Rodolfo|nom1=Sardone|prénom2=Petronilla|nom2=Battista|prénom3=Francesco|nom3=Panza|prénom4=Madia|nom4=Lozupone|titre=The Age-Related Central Auditory Processing Disorder: Silent Impairment of the Cognitive Ear|périodique=Frontiers in Neuroscience|volume=13|date=2019-06-14|issn=1662-453X|pmid=31258467|pmcid=PMC6587609|doi=10.3389/fnins.2019.00619|lire en ligne=https://www.frontiersin.org/article/10.3389/fnins.2019.00619/full|consulté le=2023-02-08|pages=619}}</ref> En effet, près de 25% de la population âgée de plus de 60 ans souffre d'une perte auditive<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Surdité et déficience auditive |url=https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/deafness-and-hearing-loss |site=www.who.int |consulté le=2023-02-08}}</ref>, cette proportion atteignant jusqu'à 50% pour les personnes âgées de 75 ans et plus.<ref>{{Lien web |url=https://academic.oup.com/biomedgerontology/article-lookup/doi/10.1093/gerona/glr002 |site=academic.oup.com |pmid=21357188 |pmcid=PMC3074958 |doi=10.1093/gerona/glr002 |consulté le=2023-02-08}}</ref> Les personnes âgées de plus de 60 ans sont donc considérées comme étant à un risque accru de développer un TTA.


== Causes ==
== Causes ==

Version du 9 février 2023 à 00:20

Trouble de traitement auditif

Traitement
Spécialité Neurologie et audiologieVoir et modifier les données sur Wikidata
Classification et ressources externes
CIM-10 H93.25
CIM-9 315.32
MeSH D001308

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Le Trouble de traitement auditif (TTA), également appelé trouble de l'audition centrale (TAC) ou trouble de traitement auditif central (TTAC), est un trouble neurodéveloppemental, ou acquis dans certains cas, qui affectent la manière dont le cerveau traite l'information auditive.

Les patients atteints de ce trouble ne présentent le plus souvent aucun défaut de structure ou de fonctionnement de l'oreille interne, moyenne ou externe ; mais ils éprouvent des difficultés à traiter l'information qu'ils entendent, ce qui gêne voire empêche la discrimination, la latéralisation, la localisation et l'identification de sons, en particulier dans un environnement bruyant. Il est supposé que ces troubles sont causés par des dysfonctionnements du système nerveux central.

Les troubles du traitement auditif peuvent être hérités ou acquis. Ils peuvent notamment être provoqués par des troubles neurologiques (traumatisme crânien, épilepsie, lésion corticale des aires auditives, etc.) ou un retard du développement cérébral dans les aires auditives[1]. Cependant, la cause reste inconnue pour la majorité des patients diagnostiqués.

Ce trouble peut également se présenter en comorbidité avec d’autres troubles neurodéveloppementaux tels que le Trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), le Trouble du spectre de l’autisme (TSA) ou la Dyslexie-dysorthographie. Il peut affecter les enfants comme les adultes.

Historique

Le trouble du traitement auditif a été décrit pour la première fois en 1948 par l’otologiste Samuel J. Kopetzky.[2] L'étiologie et les causes de ce trouble ont quant à elles été décrites par P. F. King en 1954. L’étude de 1954 de Helmer Rudolph Myklebust a permis de suggérer que les difficultés engendrées par le trouble du traitement auditif diffèrent de celles qu'occasionnent les difficultés langagières. Son travail a suscité l’intérêt d’autres chercheurs sur les déficits auditifs acquis à la suite d’une lésion des lobes temporaux et a mené à des recherches supplémentaires sur les bases physiologiques du traitement auditif. Toutefois, les recherches s’intéressant au trouble du traitement auditif ont officiellement débuté à la fin des années 1970 et au début des années 1980. Une première conférence sur le sujet a été organisée par Robert W. Keith, Ph.D à l’Université de Cincinnati, ce qui a permis d’aviver les recherches centrées sur le trouble du traitement auditif chez l’enfant. L’un des produits de ces recherches sont les tests permettant de diagnostiquer le TTA ainsi que certaines alternatives de traitement comme l'entraînement auditif. Les travaux entrepris à la fin des années 1990 et au début des années 2000 ont servi à affiner les techniques d’évaluation des capacités auditives centrales, au développement de traitement et à mettre en lumière les facteurs de risque du TTA. Les chercheurs ont travaillé à améliorer les tests d’évaluation de l’audition et à utiliser différentes techniques pour définir la fonction auditive tel que la neuroimagerie, l’électroacoustique et l’électrophysiologie. L’utilisation des technologies plus récentes ont permis de développer des programmes informatiques pour l'entraînement auditif. L’intérêt pour le traitement auditif est de plus en plus grand autant dans l'œil du public que dans celui des chercheurs qui poursuivent leurs travaux sur le sujet.

Épidémiologie

L'incidence du trouble de traitement auditif (TTA) est un problème majeur de santé publique dans le monde entier. Les estimations suggèrent qu'entre 0,5% et 5% des enfants d'âge scolaire et jusqu'à 7% de la population auraient un trouble de traitement auditif, les estimations ayant été revues à la baisse récement.[3][4]

Selon les données de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 5% de la population mondiale souffre d'une perte auditive sévère ou profonde, ce qui peut être considéré comme un indicateur du taux de TTA.[5]

L'âge est un facteur déterminant pour l'incidence du TTA. En effet, le dysfonctionnement du système auditif central est de plus en plus étudié malgré la difficulté à isoler les difficultés causées par des troubles de traitement auditif des présbyacousies.[6] En effet, près de 25% de la population âgée de plus de 60 ans souffre d'une perte auditive[7], cette proportion atteignant jusqu'à 50% pour les personnes âgées de 75 ans et plus.[8] Les personnes âgées de plus de 60 ans sont donc considérées comme étant à un risque accru de développer un TTA.

Causes

Développemental

Le trouble du traitement auditif développemental se caractérise par des difficultés d’écoute présente dès l’enfance et une acuité auditive normale. La cause est souvent inconnue et aucun facteur de risque potentiel n’est identifié excepté une histoire familiale de troubles développementaux de communication ou de problèmes reliés. Les difficultés associées au TTA peuvent persister durant l’âge adulte[9].

Une des causes possible est le syndrome de Landau-Kleffner, aussi appelé l’aphasie épileptique acquise. Ce syndrome est caractérisé par une régression du développement, une compréhension du langage sévèrement affectée et une audition périphérique normale. D’autres causes probables du TTA chez les enfants sont un délai de maturation de la myéline, des cellules ectopiques (mal placées) dans les aires auditives ou encore une prédisposition génétique. Par exemple, l’épilepsie autosomique dominante, qui est caractérisée par des convulsions affectant le lobe temporal gauche, semble être associée à des difficultés de traitement auditif. Une analyse génétique d’une famille élargie dont plusieurs membres présentaient un trouble du traitement auditif a montré la présence d’un haplotype dans le chromosome 12 aussi associé aux troubles du langage.

Le développement de l’audition débute in utero alors que le système auditif central poursuit son développement durant au moins les dix premières années de vie de l’enfant. Un intérêt considérable existe pour la théorie selon laquelle des perturbations durant une période sensible du développement de l’audition pourraient causer des conséquences à long terme. Une étude a montré que la connectivité entre le thalamus et le cortex in vitro était associée à une période sensible et nécessitait la présence d’une molécule adhésive pour permettre la plasticité cérébrale. Cette connectivité thalamocorticale, qui se produit peu de temps après avoir développé la capacité d’entendre, est associée à au moins une période critique pour le traitement auditif. Une recherche animale menée auprès de rats élevés dans un environnement auditif à une seule fréquence de son durant des périodes critiques de développement présentaient une déficience du traitement auditif permanente. Dans une étude sur l’attention des patients présentant un TTA, les enfants avec une oreille bouchée développaient un avantage de l’oreille droite durant les tâches. Cependant, ils n’étaient pas en mesure de moduler cet avantage durant les tâches d’attention dirigée.

Acquis

Le trouble du traitement auditif acquis peut être attribuable au vieillissement, à une condition médicale ou à un événement environnemental comme un traumatisme crânien[9]. Tous les dommages ou les dysfonctionnements qui peuvent affecter le système nerveux central et entraîner des difficultés de traitement auditif sont une cause possible du TTA. Pour un aperçu des aspects neurologiques du TTA, veuillez vous référer à l’article de 2002 de T.D. Griffiths « Central Auditory Pathologies ».[10]

Génétique

L’hérédité du trouble de traitement auditif réfère au fait que la condition est transmise d’un parent à l’enfant ou si celle-ci se présente chez plusieurs membres d’une même famille. Certaines études ont montré qu’il existait une prévalence plus élevée d’historique familiale de déficience auditive chez les patients présentant un trouble du traitement auditif. Les résultats obtenus dans ces recherches suggèrent que le TTA serait associé à des conditions à transmission autosomique dominante. L’habileté d’écoute et de compréhension de plusieurs messages présentés simultanément serait un trait grandement influencé par les gènes selon certains chercheurs. Les dysfonctionnements du système nerveux peuvent être présents chez plusieurs membres d’une même famille ou le résultat d’une naissance difficile comme plusieurs difficultés d’apprentissage. Le trouble du traitement auditif peut être associé à d’autres conditions ayant une composante de transmission génétique comme plusieurs troubles développementaux. Des traits neurologiques héréditaires associés au TTA pourraient donc être transmis du parent à l’enfant et causer les signes et symptômes de ce trouble.

Secondaire

Le trouble du traitement auditif est dit secondaire lorsqu’il survient avec la présence ou est le résultat d’une surdité temporaire ou permanente[9]. En effet, la présence d’une surdité dès la naissance ou encore d’une condition conductive comme l’otite moyenne peut réduire l’entrée sonore et mener à des difficultés de traitement auditif.

Dans les années 1980 et 1990, des études ont été menées pour déterminer le lien entre l’otite moyenne chronique et le trouble du traitement auditif ainsi que les troubles de langage associés. L’otite moyenne avec effusion (présence de liquide derrière le tympan) est une infection très commune durant l’enfance et cause une perte auditive conductive qui varie dans le temps. Il y avait des inquiétudes que la présence de cette surdité temporaire pouvait perturber le développement auditif si elle est présente durant une période sensible. En ce sens, un échantillon d’enfants a été recruté dans un département hospitalier d'otorhinolaryngologie. Ceux-ci présentaient des infections chroniques aux oreilles. Une prévalence plus élevée de difficultés de traitement auditif a été mesurée plus tard dans leur enfance. Toutefois, cette étude comporte un biais d’échantillonnage puisque les enfants avec otites moyennes sont plus susceptibles d’être référés en otorhinolaryngologie s’ils présentent des difficultés développementales. En comparaison, les études épidémiologiques, qui incluent une population entière présentant une problématique d’oreille moyenne, ont trouvé que la prévalence des impacts à long terme de l’otite moyenne sur le développement langagier et le traitement auditif était plus faible.

Somatique

Il semblerait que l’anxiété somatique, qui est caractérisée par des symptômes physiques d’anxiété comme des papillons dans le ventre et la bouche pâteuse, ainsi que les situations de stress pourraient être des déterminants de trouble de compréhension de la parole. Il manque cependant d’évidence en ce sens.

Diagnostic

Idéalement, un trouble du traitement auditif doit être diagnostiqué par une équipe constituée entre autres d'un audiologiste et d'un orthophoniste[11]. Il est recommandé dans le cas d'un enfant d'attendre l'âge minimum de 7 ans, les zones du cerveau qui gèrent l'audition et le langage se développant jusqu'à cet âge[11].

Signes et symptômes

Plusieurs personnes peuvent avoir des difficultés d’apprentissage et dans leurs tâches quotidiennes. Les difficultés peuvent varier selon les capacités auditives touchées et la sévérité du TTA. Les symptômes peuvent inclure, mais ne sont pas limités à[12] :

  • difficultés de compréhension en présence de bruit de fond ou dans un milieu où il y a de la réverbération
  • demandes fréquentes de répétition ou de reformulation
  • difficultés à localiser la source d’un bruit
  • difficultés à comprendre au téléphone
  • difficultés académiques, incluant la lecture, l'épellation et/ou des troubles d’apprentissage
  • difficultés dans l’apprentissage d’une langue seconde ou de nouveau matériel linguistique, particulièrement lorsqu’il s'agit d’un langage plus technique
  • difficultés à maintenir son attention
  • tendance à être facilement distrait
  • difficultés à suivre une conversation, surtout si les échanges sont rapides
  • difficultés à suivre des consignes
  • difficultés ou incapacité à détecter des changements subtils dans la prosodie (par exemple dans l’humour ou le sarcasme)
  • pauvres habiletés musicales ou au chant et/ou faible appréciation de la musique
  • donne des réponses inappropriées ou inconsistantes

Relation avec le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité

Il a été découvert que le TTA et le TDAH présentent des symptômes communs. Ci-dessous sont classés en ordre certains des symptômes comportementaux les plus fréquemment observés dans chacun des troubles.[13] Ce tableau montre qu’à cause de la similarité des symptômes, il est facile de confondre bon nombre d’entre eux.

TDAH TTA
1. Inattentif·ve 1. Difficultés à entendre en présence de bruit de fond
2. Distrait·e 2. Difficultés à suivre des instructions données oralement
3. Hyperactif·e 3. Faibles capacités d’écoute
4. Agité·e 4. Difficultés académiques
5. Impatient·e ou impulsif·ive 5. Faibles capacités d’association auditive
6. Interrompt ou s’immisce 6. Distrait·e
7. Inattentif·ive

D’ailleurs, lorsque les critères de diagnostic du TTA et du TDAH sont appliqués, ces deux troubles coexistent fréquemment. Les raisons de ce chevauchement ne font toujours pas l’objet d’un consensus, les théories étant multiples (diagnostic erroné, comorbidité, rôle causal du TTA dans le TDAH, etc.). Cacace et McFarland (2006)  avancent l’idée que ce problème pourrait être résolu par des études conçues pour évaluer la spécificité de la modalité des effets. La théorie étant que lorsque l’on est qu’en présence d’un TTA, la modalité auditive étant la seule affectée, seuls les tests auditifs seraient touchés. D’un autre côté, si l’on est en présence d’un TDAH, plus d’une modalité serait touchée (auditive, visuelle, tactile).[14]

Relation avec le trouble développemental du langage et la dyslexie

Il y a eu un débat considérable avec la relation entre le TTA et le trouble développemental du langage (TDL).

Le TDL peut être diagnostiqué lorsqu’un enfant éprouve des difficultés importantes dans le développement, l’apprentissage et la maîtrise du langage, les difficultés pouvant affecter tant la compréhension que l’expression. Les enfants avec TDL peuvent avoir des atteintes dans une ou plusieurs des sphères du langage (phonologie/production des sons, morphosyntaxe, sémantique/vocabulaire et pragmatique/discours). Ce trouble neurodéveloppemental est présent dès la naissance et ne peut être associé à une cause biomédicale comme une surdité.[15] Cependant, lorsqu’un enfant a à la fois des problèmes auditifs et linguistiques, il peut être difficile de déterminer la causalité en jeu.[16]

Du côté de la dyslexie, les chercheurs continuent d'explorer l'hypothèse selon laquelle les problèmes de lecture apparaissent comme une conséquence des difficultés de traitement auditif. Encore une fois, la cause et l'effet peuvent être difficiles à démêler. C'est l'une des raisons pour lesquelles certains experts ont recommandé d'utiliser des tests auditifs non verbaux pour diagnostiquer le TTA.

Le TTA peut être évalué en utilisant des tests qui impliquent l’identification, la répétition et la discrimination de la parole. Ainsi, un enfant ayant un trouble du langage plutôt qu’un TTA pourrait obtenir de moins bonnes performances. Une étude comparant des enfants avec un diagnostic de dyslexie et d’autres ayant un diagnostic de TTA a trouvé que les deux groupes ne pouvaient pas être distingués. D’autres résultats analogues ont été observés dans des études comparant des enfants ayant un TTA ou un trouble de langage, les deux groupes présentant des caractéristiques diagnostiques similaires. Ainsi, le diagnostic qu’un enfant reçoit pourrait dépendre du spécialiste consulté : un même enfant qui pourrait être diagnostiqué avec un TTA par un audiologiste pourrait plutôt recevoir un diagnostic de TDL ou de dyslexie par un orthophoniste. C’est pourquoi certaines précautions sont prises lors d’un diagnostic de TTA notamment quant aux types de tests utilisés.

Examens cliniques

Prise en charge

Les options de traitement s’offrant aux patients diagnostiqués du trouble de traitement auditif sont présentement limités à la gestion des symptômes et difficultés connexes pouvant avoir un impact sur le traitement auditif . Voici quelques une des options s’offrant à ces personnes:

  • Microphone déporté porté au cou (Système de modulation de fréquences)
    Appareils auditifs : Les appareils auditifs sont une des options de traitement pour le TTA. Ils peuvent aider à améliorer la compréhension de la parole en amplifiant les sons et en les dirigeant directement dans l'oreille. De plus, il est possible d'utiliser l'appareil auditif avec ou sans amplification en combinaison avec un système de modulation de fréquence (MF) qui transfert la parole directement à l'oreille afin d’améliorer la compréhension de la parole dans des environnements plus difficiles.[17] Il existe différents types d'appareils auditifs dont les appareils intra-auriculaires, les appareils contour d'oreille et le système auditif à ancrage osseux. L'appareillage auditif peut être adapté aux besoins individuels de chaque patient, en fonction de la gravité de leur TTA, de la présence ou non d'une surdité et de leur style de vie. L'utilisation d'un appareil auditif peut significativement améliorer la qualité de vie des personnes souffrant de TTA. Celui-ci permet entre autres de de mieux entendre les conversations, la télévision et la musique, ce qui peut contribuer à maintenir les relations sociales et à prévenir la solitude. De plus, l'utilisation d'un appareil auditif peut aider les personnes souffrant de TTA à mieux suivre les instructions et à améliorer leur sécurité dans les environnements bruyants. Plus particulièrement pour les enfants d’âge scolaire,  une étude de S. Purdy & W. Keith (2014)[18] rapportait des améliorations dans la compréhension de l'enseignant, l'attention, le comportement, le suivi des instructions, la participation aux discussions en classe, la contribution au travaux en groupe, l’attention au multimédia, la volonté de répondre aux questions, la réponse aux questions de manière appropriée et pertinente, les dictées, le rythme d'apprentissage et les résultats scolaires. Il est important de noter que l'utilisation d'un appareil auditif n'est pas une solution permanente pour le TTA. Les appareils auditifs peuvent aider à améliorer l'audition, mais ils ne peuvent pas guérir le TTA. Il est important de consulter un professionnel de la santé pour évaluer les besoins en matière d'appareillage auditif et de planifier un suivi régulier pour s'assurer de la qualité de l'audition.
  • Thérapie de réadaptation auditive: La thérapie de réadaptation auditive peut aider à renforcer les capacités auditives restantes d'une personne atteinte de TTA. Elle peut inclure des exercices d'écoute, des techniques de mémorisation et d'autres stratégies pour aider à mieux comprendre les paroles dans des environnements bruyants ou complexes. Wright & Zhang (2009)[19] font d’ailleurs état de l’importance des thérapies sur plusieurs sessions, permettant un entraînement plus spécifique.  
  • Stimulation cérébrale non invasive: La stimulation cérébrale non invasive, comme la stimulation magnétique transcrânienne (TMS) ou la stimulation électrique transcrânienne (TES), pourrait possiblement aider à améliorer la compréhension de la parole chez les personnes atteintes de TTA en stimulant les régions du cerveau impliquées dans la perception auditive (Andrea L. et al., 2011).[20] Plusieurs études et essais cliniques sont actuellement en cours et pourraient donner accès à ces soins dans les prochaines années (Heimrath K. 2016).[21]
  • Médicaments: Certains médicaments peuvent aider à traiter les symptômes du TTA en réduisant les effets secondaires des autres traitements, tels que les vertiges ou les maux de tête. Il est toutefois important de consulter un médecin avant de prendre tout médicament pour le TTA. Les médicaments peuvent causer des effets secondaires et peuvent interagir avec d'autres médicaments. Le médecin peut évaluer les besoins individuels et recommander un traitement adapté.
  • Thérapie cognitive et comportementale : La thérapie cognitive et comportementale peut aider les personnes atteintes de TTA à gérer le stress et l'anxiété liés à leur condition, ce qui peut en retour améliorer leur capacité à comprendre la parole.[22]

Il est important de noter que le trouble de traitement auditif peut être un problème complexe et qu'il peut être nécessaire de combiner plusieurs de ces traitements pour obtenir les meilleurs résultats. De plus, les traitements peuvent varier en fonction de la cause sous-jacente du TTA et de la gravité des symptômes.

Références

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