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Vajda a également apporté une quantité non-négligeable d'éléments non-linguistiques, parmi lesquelles des analyses des [[haplogroupe]]s du [[chromosome Y]] et de l'[[ADN mitochondrial]], qui sont transmis sans changement le long des lignées paternelle et maternelle respectivement, à l'exception des mutations. Son argument génétique le plus convaincant est l'haplogroupe Y-chromosomal Q1, qui est apparu il y a environ 15000 ans et que l'on trouve chez pratiquement tous les [[amérindiens|amérindien]] et 90% des ienisseïens ([[Kètes]]), mais pratiquement nulle part ailleurs en Eurasie à l'exception des [[Selkup]] (65%), qui se sont liés aux Kètes pendant plusieurs siècles. En utilisant ces éléments ainsi que plusieurs autres (les indications de directions par exemple), il propose comme terre d'origine des Proto-Dené-Ienisseïens l'est de la Sibérie sur les rives des fleuves [[Amour (fleuve)|Amour]] et [[Aldan (rivière)|Aldan]]. Ces peuples étaient vraisemblablement des [[chasseurs-cueilleurs]] — comme le sont toujours les Ienisseïens modernes, contrairement à tous les autres peuples de Sibérie (à l'exception de quelques peuples [[Paléo-sibériens]] vivant sur les côtes du Pacifique ou dans l'extrême-orient russe, et qui ne sont pas génétiquement apparentés aux Iénisseïens). Tous leurs descendants eurasiens auront été éliminés suite à l'essor des [[berger|pasteurs]] éleveurs de [[Rangifer tarandus|rennes]] (c'est-à-dire les locuteurs des [[langues altaïques]]) à l'exception des actuels Ienisseïens, qui ont su s'adapter aux zones marécageuses le long de l'[[Ienissei]] dans lesquelles les rennes ne pouvaient pas survivre à cause des très nombreux moustiques. À l'inverse, le [[caribou]] (les rennes nord-américains) n'ont jamais été domestiqués, et les actuels Na-Déné n'ont jamais été soumis à la même pression<ref name="vajda-2012-worshop"/>.
Vajda a également apporté une quantité non-négligeable d'éléments non-linguistiques, parmi lesquelles des analyses des [[haplogroupe]]s du [[chromosome Y]] et de l'[[ADN mitochondrial]], qui sont transmis sans changement le long des lignées paternelle et maternelle respectivement, à l'exception des mutations. Son argument génétique le plus convaincant est l'haplogroupe Y-chromosomal Q1, qui est apparu il y a environ 15000 ans et que l'on trouve chez pratiquement tous les [[amérindiens|amérindien]] et 90% des ienisseïens ([[Kètes]]), mais pratiquement nulle part ailleurs en Eurasie à l'exception des [[Selkup]] (65%), qui se sont liés aux Kètes pendant plusieurs siècles. En utilisant ces éléments ainsi que plusieurs autres (les indications de directions par exemple), il propose comme terre d'origine des Proto-Dené-Ienisseïens l'est de la Sibérie sur les rives des fleuves [[Amour (fleuve)|Amour]] et [[Aldan (rivière)|Aldan]]. Ces peuples étaient vraisemblablement des [[chasseurs-cueilleurs]] — comme le sont toujours les Ienisseïens modernes, contrairement à tous les autres peuples de Sibérie (à l'exception de quelques peuples [[Paléo-sibériens]] vivant sur les côtes du Pacifique ou dans l'extrême-orient russe, et qui ne sont pas génétiquement apparentés aux Iénisseïens). Tous leurs descendants eurasiens auront été éliminés suite à l'essor des [[berger|pasteurs]] éleveurs de [[Rangifer tarandus|rennes]] (c'est-à-dire les locuteurs des [[langues altaïques]]) à l'exception des actuels Ienisseïens, qui ont su s'adapter aux zones marécageuses le long de l'[[Ienissei]] dans lesquelles les rennes ne pouvaient pas survivre à cause des très nombreux moustiques. À l'inverse, le [[caribou]] (les rennes nord-américains) n'ont jamais été domestiqués, et les actuels Na-Déné n'ont jamais été soumis à la même pression<ref name="vajda-2012-worshop"/>.


== Réception ==
== Réception par la communauté scientifique ==
Au moment de sa publication, la proposition de Vajda a été relue favorablement par plusieurs spécialistes du Na-Dené et des langues ienisseïennes — bien que parfois avec prudence — parmi lesquels [[Michael Krauss]], {{Lien|lang=en|fr=Jeff Leer|texte=Jeff Leer}}, {{Lien|lang=en|fr=James Kari|texte=James Kari}} et {{Lien|lang=en|fr=Heinrich Werner|texte=Heinrich Werner}}, ainsi que par plusieurs autres linguistes renommés, tels que [[Bernard Comrie]], Johanna Nichols, {{Lien|lang=en|fr=Victor Golla|texte=Victor Golla}}, {{Lien|lang=en|fr=Michael Fortescue|texte=Michael Fortescue}}, [[Eric P. Hamp|Eric Hamp]] et Bill Poser (Kari and Potter 2010:12)<ref>[http://languagelog.ldc.upenn.edu/nll/?p=531 Language Log » The languages of the Caucasus]</ref>. Une exception significative est celle des critiques que [[Lyle Campbell]] a faites de tous ces travaux <ref>Lyle Campbell, 2011, "Review of ''The Dene-Yeniseian Connection'' (Kari and Potter)," ''International Journal of American Linguistics'' 77:445-451. "In summary, the proposed Dene-Yeniseian connection cannot be embraced at present. The hypothesis is indeed stimulating, advanced by a serious scholar trying to use appropriate procedures. Unfortunately, neither the lexical evidence (with putative sound correspondences) nor the morphological evidence adduced is sufficient to support a distant genetic relationship between Na-Dene and Yeniseian." (pg. 450).</ref> et une réponse de Vajda<ref>Edward Vajda, 2011, "A Response to Campbell," ''International Journal of American Linguistics'' 77:451-452. "It remains incumbent upon the proponents of the DY hypothesis to provide solutions to at least some of the unresolved problems identified in Campbell's review or in DYC itself. My opinion is that every one of them requires a convincing solution before the relationship between Yeniseian and Na-Dene can be considered settled." (pg. 452).</ref> publiée fin 2011 qui sous-entend que le problème n'est actuellement pas complètement résolu. D'autres commentaires ont été publiés en 2011 et 2012 par Keren Rice, [[Jared Diamond]] et Michael Dunn.
Au moment de sa publication, la proposition de Vajda a été relue favorablement par plusieurs spécialistes du Na-Dené et des langues ienisseïennes — bien que parfois avec prudence — parmi lesquels [[Michael Krauss]], {{Lien|lang=en|fr=Jeff Leer|texte=Jeff Leer}}, {{Lien|lang=en|fr=James Kari|texte=James Kari}} et {{Lien|lang=en|fr=Heinrich Werner|texte=Heinrich Werner}}, ainsi que par plusieurs autres linguistes renommés, tels que [[Bernard Comrie]], Johanna Nichols, {{Lien|lang=en|fr=Victor Golla|texte=Victor Golla}}, {{Lien|lang=en|fr=Michael Fortescue|texte=Michael Fortescue}}, [[Eric P. Hamp|Eric Hamp]] et Bill Poser (Kari and Potter 2010:12)<ref>[http://languagelog.ldc.upenn.edu/nll/?p=531 Language Log » The languages of the Caucasus]</ref>. Une exception significative est celle des critiques que [[Lyle Campbell]] a faites de tous ces travaux <ref>Lyle Campbell, 2011, "Review of ''The Dene-Yeniseian Connection'' (Kari and Potter)," ''International Journal of American Linguistics'' 77:445-451. "In summary, the proposed Dene-Yeniseian connection cannot be embraced at present. The hypothesis is indeed stimulating, advanced by a serious scholar trying to use appropriate procedures. Unfortunately, neither the lexical evidence (with putative sound correspondences) nor the morphological evidence adduced is sufficient to support a distant genetic relationship between Na-Dene and Yeniseian." (pg. 450).</ref> et une réponse de Vajda<ref>Edward Vajda, 2011, "A Response to Campbell," ''International Journal of American Linguistics'' 77:451-452. "It remains incumbent upon the proponents of the DY hypothesis to provide solutions to at least some of the unresolved problems identified in Campbell's review or in DYC itself. My opinion is that every one of them requires a convincing solution before the relationship between Yeniseian and Na-Dene can be considered settled." (pg. 452).</ref> publiée fin 2011 qui sous-entend que le problème n'est actuellement pas complètement résolu. D'autres commentaires ont été publiés en 2011 et 2012 par Keren Rice, [[Jared Diamond]] et Michael Dunn.

Sicoli et Holton ont en 2014 appliqué des modèles d'analyse bayésienne à des données typologiques relatives à la phylogénie reconstruite des langues na-déné et ienisseïennes ; leurs travaux suggèrent que la connection déné-ienisseïenne est "plus vraisemblablement le résultat d'une expansion hors de la [[Béringie]] ayant abouti à un retour en Asie Centrale qu'une migration depuis l'Asie Centrale ou l'Asie Occidentale vers l'Amérique du Nord."<ref>{{cite news|title=Pause Is Seen in a Continent’s Peopling|work=New York Times|url=http://www.nytimes.com/2014/03/13/science/linguistic-study-sheds-new-light-on-peopling-of-north-america.html?ref=science|date=13 Mar 2014}}</ref><ref>{{cite news|url=http://www.smithsonianmag.com/science-nature/ancient-migration-patterns-north-america-are-hidden-languages-spoken-today-180950053/?no-ist|title=Ancient Migration Patterns to North America Are Hidden in Languages Spoken Today|work=Smithsonian Magazine}}</ref><ref>{{cite web |url=http://www.plosone.org/article/info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pone.0091722 |author1=Mark A. Sicoli|author2=Gary Holton|title=Linguistic Phylogenies Support Back-Migration from Beringia to Asia |work=PLoS ONE (DOI: 10.1371/journal.pone.0091722)}}</ref>

En 2015 le linguiste Paul Kiparsky a soutenu l'hypothèse déné-ienisseïenne en affirmant que "le parallélisme morphologique et les similarités phonologiques entre des affixes de même sens saute aux yeux, mais les indices les plus significatifs pour une telle relation sont les correspondances phonétiques que l'on peut attester indépendamment par des correspondances régulières."<ref>Kiparsky, Paul (2015). New perspectives in historical linguistics. In: ''The Routledge Handbook of Historical Linguistics'' ed. by C. Bowern and B. Evans. pp 65–67.</ref>


== Classification ==
== Classification ==

Version du 1 juillet 2015 à 23:24

Déné-ienisseïen
Région Alaska, Canada, Arizona et Sibérie centrale
Classification par famille
Carte
Image illustrative de l’article Langues dené-ienisseïennes
Distribution probable des langues dené–ienisseïennes au XVIIe siècle

Le Dené–ienisseïen est une proposition de famille linguistique composée des langues ienisseïennes parlées en Sibérie centrale et des langues na-dené qui sont parlées en Alaska et en Arizona. On a dit à son propos que c'était « la première preuve d'un lien de parenté entre les familles linguistiques du Vieux et du Nouveau Monde qui respecte les critères de rigueur habituellement acceptés en linguistique comparative »[1]. Si elle s'avère correcte, cette famille serait, à l'exception des langues yupik parlées de part et d'autre du détroit de Béring, la première preuve linguistique d'un lien de parenté entre les langues de l'Eurasie et celles de l'Amérique. Des travaux publiés à partir de 2008 semblent indiquer que les familles ienisseïenne et na-déné ont toutes deux évolué à partir d'une même proto-langue[2].

Travaux précurseurs

Amateurs comme professionnels, de nombreux chercheurs en linguistique historique ont cherché à relier les différentes familles linguistiques parlées dans le monde au sein de superfamilles. Un lien entre le Na-Dené et les langues iénisséïennes a pour la première fois été proposée par Alfredo Trombetti en 1923[3]. Parmi les tous premiers arguments en faveur de cette théorie, on trouve surtout des éléments de typologie; en particulier, les deux familles ont des préfixes verbaux obéissant à une structure agglutinante complexe très différente de celle de la plupart des langues d'Asie.

Plus récemment, de nombreuses tentatives ont été faites pour relier différentes familles linguistiques et des isolats dont la structure verbale comporte des préfixes complexes, par exemple (en plus du Na-Dené et de l'iénisséïen) les langues caucasiennes du nord-ouest et du nord-est, le Sumérien et le Burushaski — au sein d'une controversée famille de membres éloignés, les langues dené-caucasiennes.

La première publication à avoir été relue par des pairs qui évoque l'existence d'une famille dené–iénisséïenne a été écrite par Merritt Ruhlen en 1998[4]. Cependant, Vajda (2010a:34) affirme (sans préciser lesquels) que 26 des 34 correspondances proposées par Ruhlen sont des coïncidences et que seuls 8 suivent les correspondances phonétiques qu'il a établies. Michael Fortescue suggère indépendamment l'existence possible du déné-iénisséïen en 1998 dans son livre Language Relations Across Bering Strait[5] (cf. pages 213–215).

Proposition d'Edward Vajda

Lors d'un séminaire en 2008 en Alaska, Edward Vajda (en) de l'Université Western Washington présenta le résultat de dix années de recherche, basées sur la morphologie verbale et la reconstruction de proto-langue, semblant indiquer que les familles iénisseïenne et Na-Dené sont apparentées. L'état des recherches sur le sujet a été publié en juin 2010 (The Dene–Yeniseian Connection dans les Anthropological Papers of the University of Alaska : ISBN 978-0-615-43296-0). Dans ce livre de 369 pages, se trouvent des articles du séminaires de février 2008, ainsi que plusieurs autres contributions. En plus de l'article principal de Vajda se trouvent des données de première main sur l'évolution de la phonologie du Na-Déné, des critiques de divers linguistes spécialisés dans le domaine et des articles portant sur des thématiques transverses (archéologie, préhistoire, génétique, et folklore) par divers spécialistes.

Les arguments apportés par Vajda comportent plus de 110 morphèmes cognats et une dizaine de préfixes et suffixes verbaux homologues. Vajda a comparé les reconstructions du proto-ienisseïen et du proto-Na-Dené établies avant lui, auxquelles il a ajouté des reconstructions phonétiques fondées sur le lien apparent entre les deux, établissant ainsi l'hypothétique proto-Dené-Yeniseian. Il a émis l'hypothèse que les tons des langues ienisseïennes trouvent leur origine dans la présence ou l'absence de consonne glottale dans la coda syllabique, telles qu'on peut encore les rencontrer dans les langues Na-Dené.

Vajda et d'autres linguistes remarquent également qu'aucune preuve claire n'a été trouvée pour relier le Haida au Na-Dené ou à l'ienisseïen (Vajda 2010b:115, Kari et Potter 2010:4). De même en ce qui concerne l'hypothèse plus large du Dené-Caucasien (voir ci-dessus), pour laquelle Vajda n'a pas trouvé le même genre de correspondances morphologiques chez les autres familles constituantes que celle qu'il a obtenues entre le ienisseïen et le na-dené, il n'est pas exclu que l'on puisse trouver des preuves, mais plus de travaux doivent être entrepris dans ce domaine (Vajda 2010b).

En 2011 Vajda a publié une courte bibliographie annotée sur les langues déné-ienisseïennes (voir le lien ci-dessous). En mars 2012 l'Alaska Native Language Center a organisé le Dene-Yeniseian Workshop à l'Université de Fairbanks. Celui-ci incluait neuf articles, les premiers sur le déné-ienisseïen après la publication du volume de 2010. Il n'est pas prévu de publier ces articles, mais les vidéos sont disponibles (voir les liens plus bas).

Les présentations de Vajda à ce séminaire[6] ont étayé sa proposition avec des arguments aussi bien linguistiques que non-linguistiques. Il y a évoqué une étude menée conjointement avec Johanna Nichols concernant l'histoire des structures verbales complexes à préfixe dans les diverses familles comportant une telle morphologie. Leur conclusion est que, contrairement à l'opinion courante chez les linguistes, de telles structures sont souvent préservées sur des périodes de plusieurs milliers d'années avec très peu de changements, ce qui pourrait permettre de trouver des preuves plus solides de relations génétiques entre différentes familles par rapport aux relations basées sur les ressemblances lexicales que l'on étudie habituellement. Par conséquent, bien qu'il partage l'opinion courante que les preuves lexicales de relations génétiques deviennent virtuellement indétectable après environ 9000 ans de séparation linguistique, il suggère que certaines morphologies complexes pourraient rester stables au-delà de cette barrière de temps. Il a également noté que les reconstructions tant de l'ienisseïen que du na-déné sont vieilles d'environ 5,000 ans (un peu plus selon d'autres estimations), ce qui pourrait rendre possible (bien que très difficile) de trouver assez de similarités lexicales pour reconstruire le proto-dené–ienisseïen à une profondeur temporelle d'environ 14000 ans.

Vajda a également apporté une quantité non-négligeable d'éléments non-linguistiques, parmi lesquelles des analyses des haplogroupes du chromosome Y et de l'ADN mitochondrial, qui sont transmis sans changement le long des lignées paternelle et maternelle respectivement, à l'exception des mutations. Son argument génétique le plus convaincant est l'haplogroupe Y-chromosomal Q1, qui est apparu il y a environ 15000 ans et que l'on trouve chez pratiquement tous les amérindien et 90% des ienisseïens (Kètes), mais pratiquement nulle part ailleurs en Eurasie à l'exception des Selkup (65%), qui se sont liés aux Kètes pendant plusieurs siècles. En utilisant ces éléments ainsi que plusieurs autres (les indications de directions par exemple), il propose comme terre d'origine des Proto-Dené-Ienisseïens l'est de la Sibérie sur les rives des fleuves Amour et Aldan. Ces peuples étaient vraisemblablement des chasseurs-cueilleurs — comme le sont toujours les Ienisseïens modernes, contrairement à tous les autres peuples de Sibérie (à l'exception de quelques peuples Paléo-sibériens vivant sur les côtes du Pacifique ou dans l'extrême-orient russe, et qui ne sont pas génétiquement apparentés aux Iénisseïens). Tous leurs descendants eurasiens auront été éliminés suite à l'essor des pasteurs éleveurs de rennes (c'est-à-dire les locuteurs des langues altaïques) à l'exception des actuels Ienisseïens, qui ont su s'adapter aux zones marécageuses le long de l'Ienissei dans lesquelles les rennes ne pouvaient pas survivre à cause des très nombreux moustiques. À l'inverse, le caribou (les rennes nord-américains) n'ont jamais été domestiqués, et les actuels Na-Déné n'ont jamais été soumis à la même pression[6].

Réception par la communauté scientifique

Au moment de sa publication, la proposition de Vajda a été relue favorablement par plusieurs spécialistes du Na-Dené et des langues ienisseïennes — bien que parfois avec prudence — parmi lesquels Michael Krauss, Jeff Leer (en), James Kari (en) et Heinrich Werner (en), ainsi que par plusieurs autres linguistes renommés, tels que Bernard Comrie, Johanna Nichols, Victor Golla (en), Michael Fortescue (en), Eric Hamp et Bill Poser (Kari and Potter 2010:12)[7]. Une exception significative est celle des critiques que Lyle Campbell a faites de tous ces travaux [8] et une réponse de Vajda[9] publiée fin 2011 qui sous-entend que le problème n'est actuellement pas complètement résolu. D'autres commentaires ont été publiés en 2011 et 2012 par Keren Rice, Jared Diamond et Michael Dunn.

Sicoli et Holton ont en 2014 appliqué des modèles d'analyse bayésienne à des données typologiques relatives à la phylogénie reconstruite des langues na-déné et ienisseïennes ; leurs travaux suggèrent que la connection déné-ienisseïenne est "plus vraisemblablement le résultat d'une expansion hors de la Béringie ayant abouti à un retour en Asie Centrale qu'une migration depuis l'Asie Centrale ou l'Asie Occidentale vers l'Amérique du Nord."[10][11][12]

En 2015 le linguiste Paul Kiparsky a soutenu l'hypothèse déné-ienisseïenne en affirmant que "le parallélisme morphologique et les similarités phonologiques entre des affixes de même sens saute aux yeux, mais les indices les plus significatifs pour une telle relation sont les correspondances phonétiques que l'on peut attester indépendamment par des correspondances régulières."[13]

Classification

déné-ienisseïen 

ienisseïen


 Na-Déné 

Tlingit




Eyak



Athabasque





Paires de mots navajo-ket

Ci-dessous un tableau de paires de mots navajo-ket [14].

Note: En navajo les noms inaliénables (en) sont accolés au préfixe a-, qui signifie "de quelqu'un".

Mot Ket Ket
Cyrillic[15]
Navajo Vajda 2010a citation
pierre təˀs ты’сь tsé cf. Vajda 2010a:83
pied kiˀs ки’сь (a)keeʼ cf. Vajda 2010a:88
vieux sīn синьсь sání cf. Vajda 2010a:84
serpent tìɣ тиг, тих tłʼiish cf. Vajda 2010a:93

Références

  1. Bernard Comrie (2008) "Why the Dene-Yeniseic Hypothesis is Exciting". Fairbanks and Anchorage, Alaska: Dene-Yeniseic Symposium.
  2. (en) « Dene-Yensieian Workshop 2012, Edward Vajda », sur Youtube, (consulté le )
  3. voir Vajda 2010a:34 citant Trombetti, Alfredo. 1923. Elementi di glottologia. Bologna. p. 486, 511)
  4. http://www.pnas.org/content/95/23/13994.full.pdf
  5. http://books.google.com/books?id=hHMrfxhAZ-UC
  6. a et b Vajda, Edward. "Geography, Demography and Time Depth: Explaining how Dene–Yeniseian is possible." Présentation au 2012 Dene–Yeneisan Workshop, Alaska Native Language Center, University of Alaska Fairbanks, 24 mars 2012. En ligne online.
  7. Language Log » The languages of the Caucasus
  8. Lyle Campbell, 2011, "Review of The Dene-Yeniseian Connection (Kari and Potter)," International Journal of American Linguistics 77:445-451. "In summary, the proposed Dene-Yeniseian connection cannot be embraced at present. The hypothesis is indeed stimulating, advanced by a serious scholar trying to use appropriate procedures. Unfortunately, neither the lexical evidence (with putative sound correspondences) nor the morphological evidence adduced is sufficient to support a distant genetic relationship between Na-Dene and Yeniseian." (pg. 450).
  9. Edward Vajda, 2011, "A Response to Campbell," International Journal of American Linguistics 77:451-452. "It remains incumbent upon the proponents of the DY hypothesis to provide solutions to at least some of the unresolved problems identified in Campbell's review or in DYC itself. My opinion is that every one of them requires a convincing solution before the relationship between Yeniseian and Na-Dene can be considered settled." (pg. 452).
  10. (en) « Pause Is Seen in a Continent’s Peopling », New York Times,‎ (lire en ligne)
  11. (en) « Ancient Migration Patterns to North America Are Hidden in Languages Spoken Today », Smithsonian Magazine, {{Article}} : paramètre « date » manquant (lire en ligne)
  12. Mark A. Sicoli et Gary Holton, « Linguistic Phylogenies Support Back-Migration from Beringia to Asia », PLoS ONE (DOI: 10.1371/journal.pone.0091722)
  13. Kiparsky, Paul (2015). New perspectives in historical linguistics. In: The Routledge Handbook of Historical Linguistics ed. by C. Bowern and B. Evans. pp 65–67.
  14. Vajda, Edward and Andrey Nefedov. 2009. "Ket vocabulary" In: Haspelmath, Martin & Tadmor, Uri (eds.) World Loanword Database. Munich: Max Planck Digital Library, 1030 entries. http://wold.livingsources.org/vocabulary/18
  15. Вернер Г.К. Словарь кетско-русский и русско-кетский

Voir aussi

Sources