Élisabeth Le Port
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Élisabeth Le Port, née le à Lorient, dans le Morbihan, décédée le à Auschwitz est une résistante française.
Biographie
[modifier | modifier le code]Jeunes années
[modifier | modifier le code]Élisabeth, Marcelle, Marthe, Le Port nait le à Lorient, dans le Morbihan. Elle est la fille de Marcel Le Port, 24 ans, cheminot ajusteur aux Établissements maritimes du port de Lorient, et de Marie-Thérèse Gloton. La famille s'installe en Indre et Loire, car le père trouve un emploi dans la compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans.
Elisabeth Le Port grandit à Saint Symphorien, au Nord de Tours[1]. Son frère Jack y naît le 9 juin 1925[2]. Musicienne, elle obtient un prix de conservatoire au piano[2].
Elle souhaite devenir institutrice, et entre à l'Ecole Normale primaire de Tours en 1936[2]. Elle se rapproche alors des étudiants communistes ce qui effraie ses parents, fervents catholiques[2]. Son premier poste est à Saint-Christophe-sur-le-Nais, au Nord-Ouest du département d'Indre et Loire[1]. Elle intègre l'école du village en 1939 et est titularisée le 1er janvier 1940[3].
Activités pendant l'occupation
[modifier | modifier le code]Révoltée par la politique de collaboration du gouvernement de Vichy, elle intègre l'Union des étudiants communistes[1]. Elle devient rapidement responsable du journal clandestin La lanterne[1], de sensibilité communiste et l'imprime illégalement dans son école par une technique de ronéotype[1]. En 1942, elle intègre le réseau de résistance Front national[1].
Elle donne des cours particuliers de piano à Nicole Flejo[1], une jeune fille de 16 ans, amie d'un officier de la Wehrmacht[1]. Elle découvre dans les tiroirs de l'institutrice de nombreux tracts. Elle la dénonce[4].
Le , la Gestapo l'arrête[2]. Elle est emprisonnée dans la Maison d’arrêt de Tours, au 28 rue Henri-Martin[2]. Elle y côtoie notamment la tourangelle Maria Murzeau[1]. Puis elle est transférée au Fort de Romainville, le 7 novembre 1942[4]. Elle y croise la tourangelle Hélène Fournier[1].
Le 24 janvier 1943, elle est déportée à Auschwitz, au camp de Birkenau. Elle fait partie du Convoi des 31000[2]. En gare de Châlons-sur-Marne, elle jette une lettre par la fenêtre à destination de ses parents[2]. Le message dit notamment : « Aujourd’hui, 24 janvier 1943, 250 femmes et 2 000 hommes internés au camp de Compiègne et Romainville.... sont déportés vers l’Allemagne en chantant "La Marseillaise" , confiants dans la victoire prochaine des alliés et de la libération de la France »[5]. Des cheminots le feront parvenir à ses parents à Tours[2].
Elle est enregistrée à Birkenau le sous le matricule 31786, immédiatement tatoué sur son avant-bras gauche. Le 3 février, elle retourne à pied, avec d'autres détenues, par rangs de cinq, à Auschwitz[4].
En mars 1943, épuisée par la dysenterie, et pourtant aidée et soutenue par ses camarades, elle ne peut plus travailler. Elle est rouée de coups et elle entre au revier et y décède le 14 mars 1943[4]. Ses parents apprennent son décès le 14 mai 1943 par la Kommandantur de Tours[3].
Nicole Flejo, la jeune femme qui l'a dénoncé en 1942, part ensuite comme travailleuse volontaire en Allemagne[1]. A l'approche de la défaite de l'Allemagne, elle revient en France en 1945 en prenant l'identité d'Elisabeth Le Port[1]. Démasquée, elle est condamnée le 20 septembre 1945 par la cour de Justice d'Indre et Loire à 20 ans de travaux forcés[1]. Elle est mise en liberté provisoire en 1947[1].
Hommages
[modifier | modifier le code]Le 17 juin 1945, la municipalité de Saint-Christophe-sur-le-Nais organise une manifestation du souvenir en son honneur[2]. Sont présents ses parents. La Nouvelle République relaie l'évènement. Pendant cette cérémonie, interviennent notamment Georges Girard, maire de la commune, Paul Racault, au nom du réseau Libération-Nord, l’inspecteur d’Académie, Héléna Fournier, rapatriée depuis six semaines d'Auschwitz et le préfet d’Indre-et-Loire[2]. Jean Meunier est prévu mais ne peut finalement pas venir[2]. Une plaque de marbre est alors apposée sur un mur de la classe où elle a enseigné[2]. Cette plaque évoque une exécution par fusillade, ce qui est faux[2].
En 2010, à Saint-Christophe-sur-le-Nais, l'association Histoire et Patrimoine organise une soirée Hommage à Élisabeth Le Port, à laquelle une centaine de personnes assiste[5].
Une rue porte son nom à Saint-Christophe-sur-le-Nais[1]. Des plaques commémoratives sont présentes Place Velpeau, à Tours, et dans sa salle de classe à Saint-Christophe-sur-le-Nais[1].
Distinction
[modifier | modifier le code]- Médaille de la Résistance française (décret du 29 novembre 1946)[6]
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Sylvie Pouliquen, Femmes de l'ombre en Touraine, PBCO éditions, (ISBN 978-2-35042-050-9)
- « Mémoire Vive – Elisabeth LE PORT – (31786 ?) », sur www.memoirevive.org (consulté le )
- ROYER Monique, « Saint-Christophe-sur-le-Nais : Élisabeth Le Port, 80 ans ! un triste anniversaire . », sur Le blog de ROYER Monique (consulté le )
- « Elisabeth LE PORT », sur Paul-Bert, l'ancien faubourg Saint-Symphorien (consulté le )
- ROYER Monique, « Hommage à Élisabeth Le Port avec "Histoire et Patrimoine" », sur Le blog de ROYER Monique (consulté le )
- Ordre de la Libération - base des médaillés de la Résistance française, « Fiche Élisabeth Le Port » (consulté le )
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1965, (réédition 1998), 303 p. (ISBN 2707316385), pages 177-178
- Michel Le Port, Conférence du 23 octobre 2010 à Saint-Christophe-sur-le-Nais organisée par l’association locale "Histoire et Patrimoine".
- Sylvie Pouliquen, Femmes de l'ombre en Touraine, Monts, PBCO, , 176 p. (ISBN 978-2-35042-050-9), p. 41, 60, 79, 113 à 120, 126
Liens externes
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