Colosse de Rhodes

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 merveille du monde 
Le colosse de Rhodes
Image illustrative de l’article Colosse de Rhodes
Gravure sur bois de Sidney Barclay.
Localisation
Coordonnées 36° 27′ 04″ nord, 28° 13′ 40″ est
Pays Grèce
Ville Rhodes
Construction
Date Vers 292 av. J.-C.
Durée Environ 66 ans
Matériaux principaux Bronze
Constructeur Charès de Lindos
Utilité Monument
Destruction
Date 227 ou 226 av. J.-C.
Cause Tremblement de terre

Le colosse de Rhodes est une statue gigantesque d'Hélios, le dieu du Soleil, en bronze, dont la hauteur dépasse trente mètres, œuvre de Charès de Lindos. Souvenir de la résistance des Rhodiens face à Démétrios Ier Poliorcète durant le siège de Rhodes (305 à 304 av. J.-C.), le colosse est érigé à l'effigie du dieu tutélaire de la cité de Rhodes vers 292 av. J.-C.

Le colosse est renversé en 227 ou 226 av. J.-C. par un tremblement de terre. Cassé au niveau des genoux, il s'effondre et tombe en morceaux. La statue brisée reste sur place jusqu'en 654. Il ne reste plus aujourd'hui la moindre trace du colosse. Le colosse de Rhodes était considéré dans l'Antiquité comme la sixième des Sept Merveilles du monde.

Historique[modifier | modifier le code]

Étymologie et dénominations[modifier | modifier le code]

Le mot « colosse » vient du grec ancien κολοσσός / kolossós, puis de son adaptation en latin, colossus. Ce terme est originaire de l'ouest de l'Asie Mineure peut-être de la Phrygie. À l'origine, il désigne une simple statue anthropomorphe mais sans précision sur ses dimensions. La modification sémantique est apparue ensuite dans la langue dorienne et a conservé son sens depuis lors.

Dans la Grèce antique, le colosse de Rhodes a plusieurs appellations ὁ Ἥλιος Ῥόδιος / ho Hélios Rhódios (« l'Hélios rhodien »), ὁ κολοσσὸς Ῥόδιος / ho kolossòs Rhódios (« le colosse rhodien ») ou encore ὁ ἐν Ῥόδῳ κολοσσός / ho en Rhodô kolossós (« le colosse de Rhodes »). En latin, il est appelé Colossus Solis Rhodi ou Solis Colossus Rhodi (« colosse du Soleil de Rhodes »).

Siège de Rhodes[modifier | modifier le code]

Construction[modifier | modifier le code]

Colosse de Rhodes imaginé dans une gravure du XVIe siècle par Maarten van Heemskerck.

La construction a été longue et laborieuse. Le colosse est intégralement constitué de bois et de bronze. Il a d'abord fallu constituer une âme en bois. Une fois le « squelette » mis en place, la structure a été recouverte avec d'immenses plaques de bronze. La fonderie de l'île ne suffisant pas à assumer les besoins d'une telle entreprise, du bronze a été importé en grande quantité. Le financement pour payer le bronze importé a été tiré de la revente des armements abandonnés par l'armée de Démétrios Ier Poliorcète lors du siège de Rhodes.

Le fait que la statue soit en bois et recouverte de bronze et qu'elle surplombe l'entrée du port, divise certains historiens. En effet, il est difficile d'imaginer qu'une œuvre d'un tel poids repose uniquement sur un squelette en bois. Elle est lestée de pierres, et construire une statue d'une pareille taille est très complexe. C'est cette prouesse technique qui lui a valu sa place dans la fameuse liste des Sept Merveilles du monde.

Destruction[modifier | modifier le code]

Vue d'artiste du Book of Knowledge (1911).

Le colosse est mis à bas par un tremblement de terre autour de 227/226 av. J.-C. Techniquement, le tremblement de terre exerce une torsion sur les genoux de la statue. L'amoncellement de bois et de bronze ainsi constitué par l'écroulement de la statue est, dans un premier temps, laissé sur place car un oracle aurait défendu aux habitants de redresser la statue[1]. D'après la Chronique de Michel le Syrien[2], le colosse est définitivement détruit vers 654, par une expédition arabe, sous le commandement de Muʿawiya Ier, lieutenant du calife Othmân ibn Affân, qui emporte les vingt tonnes qui restent du colosse (treize tonnes de bronze et sept tonnes de fer), pour les vendre à un marchand juif d'Émèse[3].

Le colosse de Rhodes est la merveille du monde qui a eu la durée d'existence la plus courte : à peine 65 ans.

Hypothèses sur l'emplacement[modifier | modifier le code]

Le Colosse de Rhodes par Kunitora Utagawa, époque d'Edo.

Traditionnellement l'emplacement de la statue du colosse est situé sur le grand port de Rhodes, où elle aurait servi de « porte d'entrée ». Or, d'après les études statiques de spécialistes britanniques, la statue ne peut se trouver sur le port dans la position qu'on lui attribue, en raison de l'écartement trop important que suggère une telle position. En effet, les piliers sur lesquels auraient reposé les pieds de la statue, auraient été séparés d'une quarantaine de mètres, d'après les observations des fonds marins dans la baie de Rhodes menées par ces chercheurs. L'écart ainsi constaté ne correspondrait donc pas à la hauteur de la statue, qui doit être légèrement plus petite que la statue de la Liberté à New York. En pratique, il en aurait résulté une distorsion entre la descente de charge et les deux points d'appui de la statue.

L'hypothèse apparue à la Renaissance d'une statue aux jambes écartées et permettant aux bateaux de passer sous elle est donc tombée en désuétude. Aujourd'hui, d'autres pistes sont explorées :

  • L'une d'elles veut que la statue se trouve sur les hauteurs de l'île (ou en contrebas de l'acropole), surplombant tout l'archipel et donnant ainsi une majesté particulière à Hélios en conférant à sa statue une dimension surhumaine.
  • Une autre théorie, défendue entre autres par l'architecte et archéologue allemand Wolfram Hoepfner, place le colosse de Rhodes à l’entrée de l’autre port de Rhodes : le port militaire. Selon Hoepfner le colosse de Rhodes figure un « Hélios saluant » de la main droite.

Influence[modifier | modifier le code]

Même si le Colosse n'aura existé qu'une génération, l'idée d'une gigantesque statue de métal à l'entrée d'une ville est demeurée vivace dans les mémoires, et a inspiré notamment la Statue de la Liberté de Bartholdi[4],[5],[6].

Dans la culture[modifier | modifier le code]

La plupart des vues d'artiste représentent le colosse portant la couronne radiée, symbole d'Hélios, le dieu du Soleil dans l'Antiquité gréco-romaine.

Peinture[modifier | modifier le code]

  • Le colosse de Rhodes a inspiré Salvador Dalí, dans son tableau Le Colosse de Rhodes peint en 1954.
  • Gravure ukiyo-e d'Utagawa Kunitora.

Cinéma[modifier | modifier le code]

Littérature et bande dessinée[modifier | modifier le code]

Jeux vidéo[modifier | modifier le code]

  • Le colosse de Rhodes :
    • est l'ennemi du premier niveau du jeu vidéo God of War II, sorti en 2007 ;
    • se détruit en tombant sur un Kraken au début du jeu vidéo Titan Quest: Immortal Throne, extension du jeu vidéo Titan Quest ;
    • est l'une des merveilles récurrentes de la série de jeux vidéo Civilization I, II, III, IV, V, VI ;
    • est une merveille du jeu vidéo Rome: Total War permettant d'accroître le trafic commercial maritime dans l'Empire ;
    • est une des merveilles du jeu vidéo Rise of Nations ; la merveille du jeu ne partage cependant pas de ressemblance avec le dieu Hélios.
  • Dans le jeu en ligne Grepolis, le joueur peut construire les Sept Merveilles du monde, dont le colosse de Rhodes.
  • Il est possible de construire le colosse de Rhodes en tant que monument dans le jeu vidéo Cities XL.
  • Dans le jeu de société Seven Wonders, le colosse de Rhodes est l'une des merveilles que l'on peut jouer.
  • Dans la version Wii U du jeu Minecraft, un mode jeu Grèce antique est disponible. Il comporte différents lieux et objets mythologiques dont le colosse de Rhodes.
  • Dans le jeu vidéo Age of Mythology, le Colosse est une unité mythique pouvant être recrutée par les Grecs adorateurs du dieu Héphaïstos.
  • Dans le jeu vidéo Humankind, le Colosse de Rhodes est l'une des merveilles à construire.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Strabon, Géographie [détail des éditions] [lire en ligne], XIV, 2, 5.
  2. Chronique de Michel le Syrien, livre XI, chap. X, p. 442.
  3. Colosse de Rhodes sur www.histoiredumonde.net.
  4. Barry Moreno, The Statue of Liberty, Arcadia Publishing, 2004, p. 16.
  5. Kevin Tucker, Web of the Illuminati, (ISBN 9781304034793), p. 18.
  6. Amos Nur, Apocalypse: Earthquakes, Archaeology, and the Wrath of God, Princeton University Press, 2008, p. 124.
  7. Rosa María Mariño Sánchez-Elvira, « Le colosse de Rhodes, merveille du monde antique », sur National Geographic (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • N. Badoud, L'Image du colosse de Rhodes, MonPiot 91, 2012, p. 5-40.
  • Kalliop Baïrami (archéologue 22e éphorie de Rhodes), Le Colosse de Rhodes, Archéologiano 526, novembre 2014, p. 58-59.
  • Lawrence Durrell, Vénus et la Mer, LGF-Livre de Poche, 1993.*
  • M. Michalaki-Kollia, 2013, « À la recherche de l'ancienne Rhodes, que les Hospitaliers trouvèrent à leur arrivée », dans Rhodes et les Chevaliers de Rhodes 1310-2010, actes du colloque de Rhodes 28 et 29 mai 2010, Flavigny-sur-Ozerain, p. 7 à 29.
  • (de) Wolfram Hoepfner, Der Koloss von Rhodos, éditions Philipp von Zabern, Mainz am Rhein, 2003.

Article connexe[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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