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Modèles Brendel[modifier | modifier le code]

Histoire[modifier | modifier le code]

Au début des années 1860, Ferdinand Cohn, professeur de botanique et directeur de l'institut de botanique de l'université de Breslau, demande à son ami le pharmacien Carl Leopold Lohmeyer de réaliser, sur base des ses observations et selon ses instructions, des modèles botaniques destinés à illustrer ses cours. Lohmeyer fabrique quelque 300 modèles qui sont présentés par Cohn en 1865 à l'exposition internationale d'horticulture organisée au Paleis voor Volksvlijt d'Amsterdam[1]. L'année suivante, pour satisfaire la demande de nombreuses écoles qui souhaitent se procurer des modèles pour leur enseignement, Cohn charge Robert Brendel de produire des modèles similaires à des prix modérés[2]. Ces modèles, fabriqués selon le même principe que les modèles d'« anatomie clastique » du docteur Auzoux, sont des copies de ceux réalisés par Lohmeyer, ou s'en inspirent[3],[4].

Robert Brendel installe sa fabrique de modèles en 1866 à Breslau, à l'époque en Prusse. La première série, commercialisée la même année, comprend 28 modèles de fleurs et deux modèles de germination (une monocotylée et une dicotylée), vendus au prix de 75 francs pour la série complète, ou 3,75 francs à la pièce[5]. En 1869, Brendel présente à l'exposition internationale d'horticulture de Hambourg 45 modèles de fleurs ainsi que des modèles de dix plantes agricoles, cinq plantes fruitières et cinq plantes forestières[6].

En 1875, Robert Brendel déménage son entreprise à Berlin, au Kurfürstendamm[6]. Son fils Reinhold (né à Breslau en 1861[7]), qui travaille avec lui, arrive à Berlin en 1896 puis, à la mort de son père deux ans plus tard, il installe l'entreprise R. Brendel Verlaganstalt für Lehrmittel à Grunewald[3]. L'entreprise est transférée à Neumarkt en Silésie vers 1922[8] et Reinhold Brendel poursuit son activité jusqu'à sa mort en 1927 à Liegnitz[7],[9], où l'entreprise est transférée en 1930[6]. La société Phywe (de) reprend ensuite une partie de la production et continue à fabriquer des modèles, vendus sous la dénomination « modèles Brendel », jusque dans les années 1980[10].

Description[modifier | modifier le code]

Matériaux[modifier | modifier le code]

Les modèles Brendel sont fabriqués essentiellement à base de papier mâché, un matériau bon marché, aisément disponible, dur, résistant et léger. Ils sont pourvus d'une armature métallique, des éléments en bois, plâtre, gélatine, rotin, crin de cheval, soie, chanvre, coton, laine, verre, plumes… peuvent s'ajouter ; toutefois quelques modèles sont entièrement composés de résine végétale ou de gélatine[11]. Ils sont peints à la main et vernis[12],[13],[14].

Des analyses préalables à une restauration des modèles à Buenos Aires ont montré que le papier mâché était obtenu à parti d'une pâte de bois et formé de couches successives collées les unes aux autres ; les tiges sont en bois reconstitué par un amalgame de fibres[15]. Un première couche d'apprêt (carbonate de calcium) est posée sur le papier mâché, une couche de peinture blanche à l'huile (peinture à base de zinc) est alors appliquée avant la mise en couleur (peinture au zinc et au plomb) qui est suivie du vernissage[16].

Modèles botaniques[modifier | modifier le code]

Modèles de fleurs[modifier | modifier le code]

La série X Modelle von Rebenblüten (fleurs de vigne) est réalisée avec l'aide du professeur Emmerich Rathay (cf. Catalogue 1925, p. 36)


Représentations schématiques[modifier | modifier le code]

Les représentations des principaux types d'inflorescences (série XIIa) sont réalisées selon les schémas du professeur L. Kny (cf. Catalogue 1925, p. 42) et un modèle mobile représentant un sympodium avec quatre générations de tiges. En tournant les deux plus jeunes pousses, on peut créer à volonté le début d'un enroulement (Wickel), d'une hélice (Schraubel), d'un éventail (Fächel) ou d'une faucille (Sichel). Il illustre ainsi l'élément commun aux inflorescences mentionnées, mais aussi l'élément distinctif. Carl Alfred Müller (cf. Catalogue 1925, p. 44). Les modèles de phyllotaxie sur tubes de verre (Erläuterung der Blattstellungslehre) sont réalisés d'après L. Kny et les modèles de phyllotaxie mobiles (bewegliche Blattstellungs-Modelle) sont réalisés d'après G. Höstermann (cf. Catalogue 1925, p. 44-45).

Collections contemporaines[modifier | modifier le code]

En Europe[modifier | modifier le code]

Allemagne[modifier | modifier le code]

Belgique[modifier | modifier le code]

L'université libre de Bruxelles possède une cinquantaine de modèles qui appartiennent à la seconde série, produite par Reinhold Brendel, entre 1898 et 1927, cinq d'entre eux dont cinq ont été restaurés en 2015-2016[12].

La collection de quelque 100 modèles de l'Université de Liège, restaurée en 2012, est présentée dans la Galerie de la botanique à l'institut de zoologie[18],[19],[20].

La collection de l'Université de Namur compte 175 modèles[21],[22]. Entièrement restaurée, elle a fait l'objet d'une exposition, avec un catalogue richement illustré, en 2007[23].

Le jardin botanique de Meise héberge une série de quelque 150 modèles[24].

Espagne[modifier | modifier le code]

France[modifier | modifier le code]

Italie[modifier | modifier le code]

no 162 Reseda odorata (Collection Museo della Fondazione scienza e tecnica, Florence).

Pays-Bas[modifier | modifier le code]

Portugal[modifier | modifier le code]

no 122 Ricinus communis (Collection Université de Coimbra).
  • Université de Coimbra[38].

Suisse[modifier | modifier le code]

Royaume-Uni[modifier | modifier le code]

En Amérique[modifier | modifier le code]

Photo d'un modèle Brendel illustrant un taxon fossile du genre Cycas, publiée dans le Rapport annuel du Field Museum of Natural History de Chicago en 1906.

Argentine[modifier | modifier le code]

Colegio Nacional de Buenos Aires[44]. https://www.cnba.uba.ar/sites/default/files/restauracion/proyectos/informe_completo_2008_-BRENDEL_0.pdf

États-Unis[modifier | modifier le code]

Smithsonian Institute[45]

En Australie[modifier | modifier le code]

Modèles en vente :

modèle volé : https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM21005219

Dégradations et restauration[modifier | modifier le code]

Plus fragiles que les modèles d'Auzoux, les pièces florales étant parfois très fines, les modèles Brendel manipulés par des générations d'étudiants ont subi diverses dégradations : cassures, éclats dans la peinture, pertes de pièces…[47].

De l'enseignement à la muséalisation[modifier | modifier le code]

Verres Art nouveau.

Créés dans un but didactique, les modèles Brendel rencontrent rapidement un vif succès dans l'enseignement, en Europe comme aux États-Unis. Contemporains de la naissance de l'Art Nouveau fortement inspiré par le monde végétal, ils peuvent être comparés à certains verres imitant des fleurs et témoignent d'une grande valeur esthétique[12].

  • Florence Tessier, « Modèles botaniques, des modèles scientifiques entre art et science », Art and Science, ISTE OpenScience, vol. 4, no 3,‎ , p. 1-19 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  • Baptiste Cottard, « Inscription du patrimoine universitaire aux monuments historiques. Un outil pour l’avenir », La Lettre de l'OCIM, no 191,‎ , p. 16-21 (DOI 10.4000/ocim.4086, lire en ligne, consulté le ).

définition de la muséalisation : https://journals.openedition.org/ceroart/1326#:~:text=Le%20groupe%20de%20travail%20%C2%AB%20th%C3%A9saurus,soit%20%C3%A0%20la%20faire%20entrer

Expositions[modifier | modifier le code]

  • Lisbonne 2020 (exposition virtuelle) p. 42

Compensation des dommages de guerre[modifier | modifier le code]

Les modèles Brendel présents dans quelques institutions européennes sont parfois dits avoir été légués par l'Allemagne en compensation des dommages de guerre[48],[12], mais aucune source ne permet de confirmer cette hypothèse.

Liens externes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (nl) « Botanische modellen revisited », sur affairedeau.com/, (consulté le ).
  2. « Modèles de fleurs », Les Mondes: revue des sciences et de leurs applications aux arts et à l'industrie, vol. 10,‎ , p. 4 (lire en ligne, consulté le ).
  3. a et b Lila Gentilhomme, « La vie de Robert Brendel (1821-1898) et de Reinhold Brendel (1861-1927) », sur modeles-didactiques.fr, (consulté le ).
  4. a et b « Les modèles de botanique Brendel, du XIXe siècle à nos jours », sur culture.univ-lille.fr, Université de Lille, (consulté le ).
  5. Fournier 1866.
  6. a b et c (de) Mag. Matthias Svojtka, « Blütenmodell von Aconitum napellus (Blauer Eisenhut) », Die Sammlungen an der Universität Wien : Objekt des Monats, sur bibliothek.univie.ac.at, (consulté le ).
  7. a et b ,(en) « Brendel, Reinhold », sur Database od scientific illustrators 1450-1950, Section for History of Science and Technology, University of Stuttgart (consulté le ).
  8. (nl) « Collectie plantenmodellen van R. Brendel », De collecties van de universiteit van Amsterdam, Allard Pierson (consulté le ).
  9. (de) H. Miehe, « Sitzung vom 28. Oktober 1927 », Berichte der Deutschen Botanischen Gesellschaft, vol. 45, no 8,‎ , p. 35 (lire en ligne, consulté le ).
  10. Bogaert-Damin 2007, p. 187.
  11. Mayoni 2016, p. 11.
  12. a b c et d Emperatriz Bravo Alean, Pauline Daniaux, Céline Erauw et Marianne Decroly, « Étude et restauration de cinq modèles de Brendel de la collection du Jardin Massart : une collaboration interdisciplinaire ULB – Ensav-La Cambre », Lettre d’information du Réseau des Musées de l’ULB, no 11,‎ , p. 10-11 (lire en ligne [La petite histoire : Mise en valeur d’une collection, d’un objet, d’un trésor…], consulté le ).
  13. a et b Young 2019.
  14. Alice Gerber, La gélatine dans les modèles Brendel : Étude et conservation-restauration de modèles pédagogiques au Botanisches Museum UZH Zurich, Haute École Arc Conservation-Restauration, , Mémoire de master (présentation en ligne).
  15. Mayoni 2016, p. 12.
  16. Mayoni 2016, p. 13.
  17. (de) « Modelle zur Pflanzenanatomie (Blütenmodelle u.a.) », Historische Lehrmittelsammlungen, sur botanik.uni-greifswald.de, Institut für Botanik und Landschaftsökologie, Universität Greifswald (consulté le ).
  18. Sébastien Varveris, « Retrouver le lien entre l’homme et les plantes », Le 15e jour du mois, no 211,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  19. « Conditionnement des collections botaniques », News, sur uliege.be, (consulté le ).
  20. « La Galerie de la Botanique » [photo], sur espacesbotaniques.uliege.be, (consulté le ).
  21. Sarah Hassan, « L’Herbier de l’université de Namur, un livre ouvert sur 200 ans d’histoire(s) », Daily Science,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  22. « Modèles Brendel » [photos], Neptun, sur unamur.be (consulté le ).
  23. Bogaert-Damin 2007.
  24. (nl) Koen Es, Elke Bellefroid, Ann Bogaerts, Nicole Hanquart et Frederik Leliaert, Plantentuin Meise : Collecties van wereldformaat, Gent, Openbaar Kunstbezit in Vlaanderen, coll. « OKV Thema », , 40 p. (lire en ligne), p. 14.
  25. « Botanique : Planches et modèles de plantes », Patrimoine universitaire, sur culture.univ-rennes1.fr, Université de Rennes 1, Service culturel (consulté le )
  26. « Modèles Brendel » [photos], Musée virtuel - Photo3D, sur univ-lille.fr (consulté le ).
  27. https://invisu.photo/expositions/botaniste/
  28. « Botanique », Culture et collections, sur u-bourgogne.fr, Université de Bougogne (consulté le ).
  29. Un inventaire est accessible ici https://airtable.com/shrrCGNJcc1iRONrr
  30. Bogaert-Damin 2007, p. 188.
  31. « Les fleurs de Brendel » [photos], sur herbier.unistra.fr (consulté le ).
  32. a et b (it) Anna Giatti, Giancarlo Lanterna et Carlo Lalli, « Analisi diagnostiche su alcuni modelli didattici della fondazione Sciencza e technica di Firenze] », OPD Restauro, vol. 16,‎ , p. 143–149, 205 (lire en ligne Accès payant, consulté le ).
  33. Fiorini, G., L. Maekawa, and P. Stiberc. 2007. La “Collezione Brendel” di modelli di fiori ed altri organi vegetali del Dipartimento di Biologia Vegetale dell’Università degli Studi di Firenze. Museologia Scientifica 22 (2): 249–273
  34. (it) G. Sibilio, V. Rocco, B. Menale et , M.R. Barone Lumaga, « La collezione storica dei modelli di strutture vegetali dell’Orto Botanico di Napoli », Delpinoa, vol. 50-51,‎ 2008-2009, p. 85-92 (lire en ligne, consulté le ).
  35. (en) G. Sibilio, R. Muoio, B. Menale & M.R. Barone Lumaga, « The collection of Brendel Botanical Models at the Botanical Garden of Naples, Italy », Delpinoa, vol. 58-59,‎ 2016-2017, p. 5-18 (lire en ligne, consulté le ).
  36. (it) Annalisa Maurizzi, « La collezione Brendel di modelli di fiori ed altri organi vegetali dell’Università di Bologna », Museologia Scientifica. Nuova Serie, vol. 4, nos 1-2,‎ , p. 105-110 (lire en ligne, consulté le ).
  37. (en) Lesley Robertson, « Brendel flower models », sur delftschoolmicrobiology.weblog.tudelft.nl, (consulté le )
  38. (pt) « Modelos botânicos didácticos do fabricante R. Brendel (finais do séc. XIX) », Património Histórico-Farmacêutico, sur uc.pt, Université de Coimbra (consulté le ).
  39. [1]
  40. (en) « Educational models », University Museums Collections, sur abdn.ac.uk, University of Aberdeen (consulté le ).
  41. (en) « Robert Brendel Touring the herbarium with Manchester's plant scientists », (consulté le )
  42. (en) Gina Allnatt, « Botanical models », sur curatorialtrainee.wordpress.com/, (consulté le ).
  43. (en) Wes Wright, « Model blooms for museum », sur theboltonnews.co.uk, Bolton Museum, (consulté le ).
  44. María Gabriela Mayoni, « Plantas de papier-mâché. Estudios técnicos y conservación de la colección Brendel del Colegio Nacional de Buenos Aires. Argentina », Ge-conservación, no 9,‎ , p. 6-20 (ISSN 1989-8568, lire en ligne [PDF], consulté le ).
  45. (en) Diane Wendt, « Beyond the basic Valentine's bouquet: Botanical models, flower x-rays, and Robert Burns roses », Stories from the Museum, sur americanhistory.si.edu/, (consulté le ).
  46. (en) Susie Shears, « The physick gardener », University of Melbourne Collections, vol. 6,‎ , p. 8-13 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  47. Baptiste Cottard, « Inscription du patrimoine universitaire aux monuments historiques. Un outil pour l’avenir », La Lettre de l'OCIM, no 191,‎ , p. 16-21 (DOI 10.4000/ocim.4086, lire en ligne, consulté le )
  48. Bogaert-Damain 2007, p. 188.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Anne-Marie Bogaert-Damin, Voyage au coeur des fleurs : Modèles botaniques et flores d'Europe au XIXe siècle, Presses universitaires de Namur, , 239 p. (ISBN 2870375654 et 9782870375655, lire en ligne).
  • (en) « Save the Plants : Conservation of Brendel Anatomical Botany Models », The Book and Paper Group Annual, vol. 7,‎ , p. 35-45 (lire en ligne, consulté le ).
  • (it) Graziana Fiorini, Luana Maekawa et Peter Stiberc, « La "Collezione Brendel" di Modelli di Fiori ed Altri Organi Vegetali del Dipartimento di Biologia Vegetale dell'Università degli Studi di Firenze », Museologia Scientifica, vol. 22, no 2,‎ , p. 249-273 (lire en ligne).
  • María Gabriela Mayoni, « Plantas de papier-mâché. Estudios técnicos y conservación de la colección Brendel del Colegio Nacional de Buenos Aires. Argentina », Ge-conservación, no 9,‎ , p. 6-20 (ISSN 1989-8568, lire en ligne [PDF], consulté le ).

Modèle botanique[modifier | modifier le code]

Un modèle botanique est une maquette ou représentation physique simplifiée en trois dimensions d'un végétal ou d'une partie d'un végétal, destinée à l'enseignement de la botanique et de la mycologie.

Histoire et fonctions[modifier | modifier le code]

Un modèle botanique est un modèle physique, substitut d'un objet végétal dont il donne une représentation, agrandie ou non, et simplifiée[1], en reproduisant ses caractéristiques visuelles (forme, couleur, organisation anatomique)[2]. Les modèles botaniques peuvent ainsi remplir différentes fonctions : se libérer des limitations liées à l'observation du vivant, faciliter l'observation, la compréhension et la mémorisation[2].

Les premiers modèles botaniques étaient avant tout destinés à pallier les problèmes de conservation : dans la seconde moitié du XVIIe siècle, Georg Eberhard Rumphius envoie des modèles de fruits d'Indonésie en terre cuite à Cosme III de Médicis pour satisfaire la curiosité scientifique du grand-duc[3],[4]. Au XVIIe siècle, la céroplastie, utilisée de longue date dans un contexte religieux, voit ses applications s'élargir aux écorchés et autres modèles anatomiques, surtout, mais aussi aux modèles botaniques, œuvres alliant art et science[5]. L'atelier de céroplastie florentin (it), où se succèdent Clemente Susini, Francesco Calenzuoli, Luigi Calamai et Egisto Tortori, produit au XVIIIe siècle de nombreux modèles botaniques de fleurs et de fruits[6],[4].

Les techniques de céroplastie développées en Italie se diffusent en Europe[5] à la charnière du XVIIIe siècle et du XIXe siècle et les modèles commencent à être utilisés à des fins éducatives et dans l'enseignement. En France, entre 1794 et 1802, André-Pierre Pinson crée une collection de quelque 540 modèles de champignons, d'après les illustrations de Pierre Bulliard[7]. Ces modèles en cire, qui permettent de pallier la mauvaise conservation des spécimens de référence dans l'esprit de sel, sont réalisés dans un but didactique, en l'occurrence former à la connaissance des champignons pour réduire le nombre d'intoxications dues à la consommation d'espèces vénéneuses par les Parisiens. Pour faciliter l'identification, chaque espèce est représentée à divers stades de son développement et par une vue en coupe de la structure interne[8] ; l'ensemble est fixé sur un socle en noyer[9]. Proposée au Comité d'instruction publique en 1794, cette collection est retenue par le Muséum national d'Histoire naturelle puis, en 1802, saisie par l'École de Santé pour l'examen de l'usage des champignons à Paris. Charles X l'acquiert en 1825 et la donne au Muséum qui en conserve encore 471 pièces au XXIe siècle au Musée de l'Homme[9].

La fabrication des modèles de cire est un processus long et coûteux et seules quelques riches institutions pouvaient donc se permettre d'en acquérir. Plusieurs entreprises européennes ont alors commencé à produire des modèles à meilleur marché à l'intention des écoles et institutions moins nanties. Ces modèles devaient allier exactitude scientifique, prix modéré et résistance à la manipulation par des générations d'étudiants. Le papier mâché s'est avéré un matériau économique et adéquat pour produire des modèles en grande série[6].

voir aussi María Gabriela Mayoni, « Plantas de papier-mâché. Estudios técnicos y conservación de la colección Brendel del Colegio Nacional de Buenos Aires. Argentina », Ge-conservación, no 9,‎ , p. 6-20 (ISSN 1989-8568, lire en ligne [PDF], consulté le ).</ref> (p. 9) pour les avantages du papier mâché par rapport à la cire, au bois, au verre ou au plâtre

Matériaux[modifier | modifier le code]

Des matériaux très divers sont utilisés pour la fabrication de modèles botaniques :

Types de modèles[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Varenne 2008.
  2. a et b Tessier 2020.
  3. (it + en) Guido Moggi, « Storia delle collezioni botaniche del Museo : Il mistero di una curiosa collezione scomparsa : il Centone di Rumph = The mystery of a curious missing collection : the Rumph « Centone » », dans Mauro Raffaelli (éditeur), Le collezioni botaniche, Firenze, Firenze University, coll. « Il Museo di storia naturale dell’Università degli studi di Firenze » (no II), , 325 p., p. 7-9.
  4. a et b (it + en) Enrico Baldini, « Storia delle collezioni botaniche del Museo : I modelli pomologici = Pomological models », dans Mauro Raffaelli (éditeur), Le collezioni botaniche, Firenze, Firenze University, coll. « Il Museo di storia naturale dell’Università degli studi di Firenze » (no II), , 325 p., p. 229-235.
  5. a et b Tessier 2020, p. 2.
  6. a et b Fiorini, Maekawa et Stiberc 2008, p. 36.
  7. Pierre Bulliard, Histoire des champignons de la France, Paris, Leblanc, 1809-1812.
  8. Joëlle Garcia, « Clathre rouge, Clathrus ruber Micheli », Nos collections, sur mnhn.fr, Muséum national d'histoire naturelle (consulté le ).
  9. a et b « Cires de champignons de France réalisées par André-Pierre Pinson », sur https://francearchives.fr/ (consulté le ).
  10. Brigitte Chamagne-Rollier, « La collection de moulages de champignons de Jean-Baptiste Barla », La Lettre de l'OCIM, no 153,‎ (DOI 10.4000/ocim.1381, lire en ligne, consulté le ).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Graziana Fiorini, Luana Maekawa et Peter Stiberc, « Save the Plants : Conservation of Brendel Anatomical Botany Models », The Book and Paper Group Annual, vol. 7,‎ , p. 35-45 (lire en ligne, consulté le ).
  • Franck Varenne, « Epistémologie des modèles et des simulations : Tour d’horizon et tendances », HAL Archives ouvertes, no 00674144,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  • Franck Varenne, « Histoire de la modélisation : quelques jalons », dans Actes du colloque Modélisation succès et limites, CNRS & Académie des technologies, Paris 6 décembre 2016 (lire en ligne), p. 9-35.
  • Florence Tessier, « Modèles botaniques, des modèles scientifiques entre art et science », Art and Science, ISTE OpenScience, vol. 4, no 3,‎ , p. 1-19 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  • Pierre-Yves Lacour, « De la divergence art/science : L'image naturaliste entre 1720 et 1820 », dans Écrire les sciences, Université de Bruxelles, coll. « Études sur le XVIIIe siècle » (no 42), (lire en ligne), p. 193-207.

Autres sources[modifier | modifier le code]

Modèle anatomique[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Rafael Mandressi and Laurence Talairach-Vielmas, « Modeleurs et modèles anatomiques dans la constitution des musées médicaux en Europe, XVIIIe-XIXe siècle », Revue germanique internationale, vol. 21,‎ , p. 23-40 (lire en ligne, consulté le ).
  • Michel Lemire, « Entre art et science, les préparations anatomiques naturelles et artificielles, au cœur du renouveau de la médecine », Annales de kinésithérapie, vol. 21, no 6,‎ , p. 281-303 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  • Michel Lemire, « Les Collections de cire, au carrefour du renouveau pédagogique et scientifique de l’anatomie », dans C. Blanckaert et al. (éditeurs), Le Muséum au premier siècle de son histoire, Paris, Muséum national d’Histoire naturelle, Archives, (ISBN 2-85653-516-X, lire en ligne), p. 509-521.
  • Michel Lemire et Bernard Faye (photos), Artistes et mortels, Raymond Chabaud, , 439 p. (ISBN 978-2877490214).

voir aussi :

https://www.culture.gouv.fr/Media/Regions/Drac-Occitanie/Files/Doc-Ressources-documentaires/Doc-Publications/Doc-collection-DUO/Patrimoine-restaure/Felice-Fontana-l-aventure-des-cires-anatomiques-de-Florence-a-Montpellier

Carl Leopold Lohmeyer[modifier | modifier le code]

Carl Leopold Lohmeyer (né le 3 août 1799 à Morąg, mort le 3 août 1873 à Breslau) est un pharmacien prussien, auteur du premier guide imprimé des Tatras, pionnier du télégraphe et créateur de modèles botaniques pour l'enseignement.

Biographie[modifier | modifier le code]

Il est né à Morąg, fils d'un prédicateur. Selon la décision de ses parents, il est devenu pharmacien. Il a travaillé comme pharmacien adjoint à Legnica, Wrocław, Hambourg, Leszno et Francfort (Oder). Après avoir terminé ses études de pharmacie à Berlin, il a travaillé comme assistant technique aux chaires de chimie et de physique de l'université de Wrocław[1]. Entre 1830 et 1856, il a dirigé sa propre pharmacie à Nysa. À cette époque, il s'intéresse également aux expériences sur l'électricité. Il avait son propre atelier, où il assemblait et améliorait divers appareils. Fasciné par l'utilisation de l'électricité pour transmettre des informations, il installe un télégraphe entre sa pharmacie et sa maison sur la place du marché (1838). Il s'agit probablement du premier télégraphe électrique en Silésie et en Prusse [1].

Dès sa jeunesse, il s'est intéressé à la botanique ; en 1866-69, mandaté par F. Cohn, il a réalisé plusieurs centaines de célèbres modèles botaniques didactiques.

Encouragé par la lecture du livre d'Albrecht von Sydow sur les Tatras (Bemerkungen auf einer Reise im Jahre 1827 nach den Central-Karpathen, als Beitrag zur Characteristik dieser Gebirgsgegenden und ihrer Bewohner, Berlin, 1830), Lohmeyer visite ces montagnes en 1839 et 1841. Il se trouvait dans la vallée de Kościeliska, dans la Dolina Rybiego Potoku (sur la Morskie Oko et la Czarny Staw) et dans la Dolina Pięciu Stawów Polskich. Il a ensuite traversé Jaworzyna et le col de la montagne Kopa pour se rendre à Kežmarok. Sur le versant sud des Tatras, il a exploré les vallées de Koperszady, Lomnická, Zimna Woda, les parties inférieures de la vallée de Staroleśna et la vallée de Wieliczka. En août 1841, il a gravi le mont Lomnica. Ses compagnons sur ce sommet étaient trois Silésiens : Ferdinand Burkhardt, Carl Schneider et Josef Scholz, et ils étaient conduits par un guide bien connu, Jakob Lux, de Stara Lesna. Lohmeyer a présenté un rapport sur ce voyage dans les Tatras lors d'une réunion de la société scientifique Philomathie à Neisse ("Wissenschaftliche Gesellschaft Philomathie in Neisse") en 1841.

Sous le nom de plume Carl Reyemhol, anagramme de son nom, Lohmeyer a publié à Neisse en 1842 une description de ses voyages intitulée Vierzehn Tage in den Central-Karpathen, ein Wegweiser nach einigen der interessantesten Partien des Tatra-Gebirges und der Liptauer Alpen. Ce petit volume, qui contient également l'une des premières cartes des Tatras, est aujourd'hui considéré comme le premier guide imprimé des Tatras[1].

Œuvres[modifier | modifier le code]

  • (de) Carl Reyemhol, Vierzehn Tage in den Central-Karpathen, ein Wegweiser nach einigen der interessantesten Partien des Tatra-Gebirges und der Liptauer-Alpen, nebst Karte, Neisse, Burckhardt, , 80 p. (lire en ligne).
  • (de) Carl Lohmeyer, Des Herzogs Johann Albrecht zu Meklenburg Versuch auf Livland, Dorpat, , 15 p.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Dominik Ziarkowski, « Polish tourist guidebooks of the 19th century in the European context », dans 5th Arts & Humanities Conference, Copenhagen, 24 June 2019, (DOI 10.20472%2FAHC.2019.005.021), p. 148-159

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliograhie[modifier | modifier le code]

  • (de) « Nekrolog : Carl Leopold Lohmeyer », Berichte über die Thätigkeit der botanischen Sektion der Schlesischen Gesellschaft,‎ , p. 37-42 (lire en ligne, consulté le ).
  • (de) « Vereine, Anstalten, Unternehmungen », Österreichische Botanische Zeitschrift, vol. 24,‎ , p. 129 (lire en ligne, consulté le )
    Annonce du décès de Lohmeyer par Cohne à la séance du 18 décembre 1873 et brève notice biographique.

Liens externes[modifier | modifier le code]

Leopold Trattinnick[modifier | modifier le code]

Jean-Baptiste Barla[modifier | modifier le code]

Vincent Fossat[modifier | modifier le code]

Dillon Weston[modifier | modifier le code]