Utilisateur:Michel Abada/Article en cours de modification/Béthanie-au-delà-du-Jourdain

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Béthanie au-delà du Jourdain est un des deux lieux où Jean le Baptiste baptisait selon l'évangile attribué à Jean (Jn 1, 28 ; 3, 26). Bien que la tradition chrétienne ait retenu une localisation en Pérée et notamment dans la région de “Al-Maghtas” en Jordanie, les historiens considèrent que la localisation de Béthanie au-delà du Jourdain est inconnue, car la situation retenue par la tradition se révèle matériellement impossible.

Dans l'évangile attribué à jean[modifier | modifier le code]

L'évangile attribué à l'apôtre Jean localise l'activité de Jean le Baptiste sur les rives du Jourdain (Jn 10, 40)[1] et mentionne deux sites où Jean baptisait. Celui appelé Aenon « près de Salim où les eaux sont abondantes » est identifié au lieu-dit « Uyum » à Ain Fa'rah[1] « aux sources du Wadi Fa'rah (en), affluent du Jourdain à une douzaine de kilomètres au nord-est de Sichem (Samarie)[2],[3]. » L'autre, « Béthanie au-delà du Jourdain, où Jean baptisait (Jn 1, 28) » où est située la première rencontre de Jésus et de Jean est localisée en Pérée au delà du Jourdain par la tradition chrétienne[1]. Toutefois, selon les travaux de Murphy O'Connor repris par François Blanchetière, cette localisation se révèle impossible[1].

L'appellation Béthanie-au-delà-du-Jourdain est utilisée pour distinguer ce lieu de la ville de Béthanie, située à « quinze stades » de Jérusalem (Jn 11:18) où la famille de Lazare, Marie la Magdaléenne et Marthe possédaient des propriétés et une résidence où Jésus fit un repas « Six jours avant la Pâque (Jn 12:1) » avant d'entrer dans Jérusalem.

Le site traditionnel[modifier | modifier le code]

Origène et Bethabara[modifier | modifier le code]

La carte de Madaba hésite sur les lieux où Jean le Baptiste baptisait, puisqu'elle retient deux lieux où serait «Ænon où Jean baptisait»[4]. Celui représenté ici (appelé Sapsaphas au VIe siècle) est considéré comme erroné par les historiens, qui retiennent Ænon près de la ville de Salim en Samarie, comme l'indique l'évangile attribué à Jean[5]. Ce lieu non-visible sur cet extrait de carte y est appelé « Ænon près de Salem qui est aussi Saloumias »[6]. En face du site erroné pour Ænon est positionné le site de Bethabara, retenu par une partie de la tradition chrétienne pour être identifié à Béthanie-au-delà-du-Jourdain.

Au IIIe siècle, Origène écrit dans son « Commentaire sur Jean » : « Nous n'ignorons pas que dans presque tous les codex, on peut lire Bethanie. Mais lorsque nous sommes arrivés sur les lieux où nous avons pu observer les empreintes de pieds de notre Seigneur, de ses disciples et des prophètes, nous avons été persuadés que ce n'est pas Bethanie, mais Bethabara qui doit être lu. Car, comme l'évangéliste le rapporte, Bethanie la demeure de Lazare, Marie et de Marthe, est distante de Jérusalem de quinze stades, tandis que le Jourdain en est distant de cent quatre-vingts stades. Il n'y a aucun endroit le long du Jourdain qui ait quelque chose en commun avec le nom de Béthanie. Mais certains disent que parmi les monts du Jourdain, Bethabara est désigné comme un endroit où l'histoire rapporte que Jean baptisait[7]. » Origène est le premier auteur à proposer d'identifier le site de Betharaba à Béthanie-au-delà-du-Jourdain. On voit toutefois que cela repose sur une confusion avec la ville de Béthanie où Lazare, Marie la Magdaléenne et Marthe avaient une demeure. Un siècle plus tard, on retrouve chez Jean Chrysostome, la tradition qui identifie « Béthanie-au-delà-du-Jourdain » avec Betharaba[8]. Au VIe siècle la carte de Madaba hésite sur la position des deux lieux où Jean baptisait, puisqu'elle représente le site d'Aenon à deux endroits différents de la carte, dont l'un est celui retenu par les historiens. En face du site erroné pour Aenon on trouve Bethabara[9], localisation erronée elle-aussi, qui ne se trouve d'ailleurs pas « au delà du jourdain », mais en deçà.

Distance entre Bethabara et Cana[modifier | modifier le code]

Outre le fait qu'Origène confond manifestement la ville de Béthanie située à l'est de Jérusalem avec Béthanie-au-delà-du-Jourdain, que le nom du site qu'il retient n'est pas Béthanie, mais Bethabara et que celui-ci ne se situe pas au delà du Jourdain, mais en deçà, les critiques ont aussi noté que le site de Bethabara est situé bien trop loin de Cana pour être retenu. Ainsi que George Frederick Wright (en) l'observe dès le début du XXe siècle « Le site traditionnel est un guet situé à l'est de Jéricho, toutefois selon l'évangile attribué à jean (Jn 1:29, Jn 1:35, Jn 1:43) il y avait seulement un jour de voyage jusqu'à Cana de Galilée ».

Alors que Jésus se trouve à Béthanie-au-delà-du-Jourdain avec ses deux premiers disciples, le lendemain il « résolut de partir pour la Galilée (Jn 1:43) », il rencontre alors « Philippe qui était de Béthsaïde » ainsi que Nathanaël. « Le troisième jour », ils se trouvent « aux noces à Cana de Galilée (Jn 2:1) ». Ce qui indique qu'il faut un jour ou au maximum moins d'un jour et demi pour se rendre de Béthanie à Cana, ce qui est impossible depuis le site de Betharaba. Le point de vue largement partagé est qu'il y avait un Bethanie à quinze stades de Jérusalem et un autre sur l'autre rive du Jourdain, mais dont la position demeure inconnue[7].

Al-Maghtas[modifier | modifier le code]

Al Maghtas (arabe: المغطس), ce qui signifie «baptême», ou «immersion» en arabe, est un endroit de Jordanie sur la rive est du Jourdain, situé à 10 kilomètres au sud-est de Jéricho, en face du site de Bethabara. Pour une partie de la tradition chrétienne se serait le Béthanie-au-delà-du-Jourdain de l'évangile attribué à Jean. Cette indication est reprise dans les guides touristiques.

Sur le site actuel se trouve un monastère orthodoxe grec du XIXe siècle. En 1994, l'UNESCO a parrainé des fouilles archéologiques dans la région. Le Pape Jean-Paul II a visité le site en mars 2000 et Benoît XVI l'a visité en mai 2009. En 2007, un film documentaire intitulé « Le Baptême de Jésus Christ - Découvrir Béthanie au-delà du Jourdain » a été fait à ce sujet[10].

Le , le site est inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco et devient ainsi le cinquième site classé de Jordanie[11]. Le gouvernement jordanien y favorise la construction d'églises et de centres d'accueil en attribuant des lots à différentes communautés chrétiennes[12], conjointement avec Tell Mar Elias[13].

Le gouvernement jordanien y favorise la construction d'églises et de centres d'accueil en attribuant des lots à différentes communautés chrétiennes[14].

Hypothèse[modifier | modifier le code]

Il a été émis l'hypothèse que Béthanie-au-delà-du-Jourdain ait pu désigner la région que Flavius Josèphe appelle Bathanée ou un lieu appelé Béthanie et situé en Bathanée qui est une des régions de la tétrarchie de Philippe. Cette dernière se trouve au nord-est du lac de Tibériade et n'est séparé de la Galilée que par le fleuve Jourdain. Selon Flavius Josèphe, une de ses deux villes principales s'appelait Ecbatane (Έχβατάνα) aussi orthographiée Én Batania (έν Βατάναια)[15]. On retrouve la racine « btn » dans tous ces noms, alors que l'hébreu ou l'araméen ne comportent pas de voyelles. La région est bien située « au delà du Jourdain » et à un jour de distance de Cana. Lorsque « Jésus résolut de partir pour la Galilée ; il rencontre Philippe (Jn 1:43) [...] qui était de Bethsaïde (Jn 1:44) », ce qui peut indiquer que Béthanie au delà du Jourdain était proche de Bethsaïde et sur le chemin pour se rendre en Galilée, ce qui correspond effectivement à la position de la Bathanée.

Ce pourrait-être le site de l'ancienne ville juive d'Ecbatane (Έχβατάνα aussi orthographiée έν Βατάναια ou έν Βατάνοις)[15], que Shimon Applebaum pense avoir localisé dans des ruine situé à Al-Ahmadiyah (Golan en Syrie). Une des deux villes (avec Bathyra) où Hérode le Grand a installé le « babylonien » Zamaris et son clan pour qu'ils s'opposent au banditisme Trachonide[15] dans la dernière décennie de son règne (v. 10 - 7 av. J.-C.)[16].

Aenon[modifier | modifier le code]

Aïnon (ou Ænon) est un des deux lieux où Jean le Baptiste baptisait selon l'évangile attribué à Jean. Celui-ci mentionne que Jean « baptisait, à Aenon, près de Salim, car les eaux y abondaient (Jn 3:23-) ». Ce lieu est identifié au lieu-dit « Uyum » à Ain Fa'rah[1] « aux sources du Wadi Fa'rah (en), affluent du Jourdain à une douzaine de kilomètres au nord-est de Sichem (Samarie)[17],[18]. »

Au VIe siècle, les auteurs de la carte de Madaba hésitent sur sa localisation et désignent deux endroits comme étant Aïnon (Αίνών)[19]. L'un appelé « Aïnon près de Salem qui est aussi Saloumias[20] » correspond au site retenu par les historiens, l'autre se trouve beaucoup plus au sud juste avant la mer morte et est appelé « Aïnon qui est maintenant Sapsaphas », ce site est rejeté par les historiens[1].

Aïnon pourrait faire référence au mot ‘source’ en araméen.

est un lieu-dit de la [[province Judée du Ier siècle. Situé en bordure du Jourdain, près de Salim, il était l’endroit où Jean-Baptiste baptisait, car l’eau ‘y était abondante’.

L’évangéliste Jean est le seul à mentionner ce lieu (en Jn 3:23) qui par ailleurs n’a pas été clairement identifié par les archéologues.


L'évangile attribué à l'apôtre Jean localise l'activité de Jean le Baptiste sur les rives du Jourdain (Jn 10, 40)[1]. Un des deux lieux mentionnés par cet évangile Aenon « près de Salim où les eaux sont abondantes » est identifié au lieu-dit « Uyum » à Ain Fa'rah[1] « aux sources du Wadi Fa'rah (en), affluent du Jourdain à une douzaine de kilomètres au nord-est de Sichem (Samarie)[21],[22]. » L'autre, « Béthanie au-delà du Jourdain, où Jean baptisait (Jn 1, 28) » où est située la première rencontre de Jésus et de Jean est localisée en Pérée au delà du Jourdain par la tradition chrétienne[1]. Toutefois, selon les travaux de Murphy O'Connor repris par François Blanchetière, cette localisation se révèle impossible[1].

Liens internes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i et j François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, p. 217.
  2. Michel Gourgues, En esprit et en vérité: pistes d'exploration de l'évangile de Jean, p. 45, note no 49.
  3. Marie-Émile Boismard, « Aenon près de Salem (Jean II, 23) », Revue biblique no 80, 1973, p. 218-219.
  4. Guy Couturier, La carte de Madaba, 17 décembre 2004.
  5. cf. BOISMARD, 1973 et François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, éd. du Cerf, Paris, 2001, p. 217.
  6. Position du site (en) « Aenon near Salem which is also Saloumias » sur la carte de Madaba.
  7. a et b Bethany Beyond the Jordan - article de la Catholic Encyclopedia.
  8. Bruce Metzger, Textual Commentary on the Greek New Testament, 2nd ed. (1994), 171 and n. 5.
  9. Harper's Bible Dictionary (1985), 105.
  10. « Baptism of Jesus Christ film » [archive du ], Ten Thousand Films (consulté le )
  11. http://www.aleteia.org/fr/international/article/lunesco-inscrit-le-lieu-du-bapteme-de-jesus-au-patrimoine-de-lhumanite-5304421600722944
  12. http://www.baptismsite.com/index.php/new-churches.html
  13. http://www.christianpost.com/news/jesus-baptism-in-jordan-river-named-world-heritage-site-but-unesco-says-only-on-jordanian-side-not-israel-141448/
  14. http://www.baptismsite.com/index.php/new-churches.html
  15. a b et c Shimon Applebaum, Judaea in Hellenistic and Roman Times: Historical and Archaeological Essays, The troopers of Zamaris, 1989, éd. Brill, Leiden, p. 53.
  16. Simon Claude Mimouni, Le judaïsme ancien du VIe siècle avant notre ère au IIIe siècle de notre ère, Paris, 2012, éd. PUF, p. 396.
  17. Michel Gourgues, En esprit et en vérité: pistes d'exploration de l'évangile de Jean, p. 45, note no 49.
  18. Marie-Émile Boismard, « Aenon près de Salem (Jean II, 23) », Revue biblique no 80, 1973, p. 218-219.
  19. Guy Couturier, La carte de Madaba, 17 décembre 2004.
  20. Position du site (en) « Aenon near Salem which is also Saloumias » sur la carte de Madaba.
  21. Michel Gourgues, En esprit et en vérité: pistes d'exploration de l'évangile de Jean, p. 45, note no 49.
  22. Marie-Émile Boismard, « Aenon près de Salem (Jean II, 23) », Revue biblique no 80, 1973, p. 218-219.

Liens externes[modifier | modifier le code]