Utilisateur:Ji-Elle/Brouillon4

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Façade de la Bibliothèque nationale du Mozambique à Maputo.

La littérature mozambicaine est une littérature africaine principalement lusophone, qui a construit sa nouvelle identité au début des années 1980, peu après la proclamation de l'indépendance en 1975. C'est une date-charnière à la fois historique et littéraire puisqu'elle coïncide approximativement avec le départ vers le Portugal de certains écrivains issus de la société coloniale, le retour d'autres vers leur terre natale et l'affirmation d'auteurs engagés, souvent proches du Front de libération du Mozambique (FRELIMO), produisant une « poésie de combat », également actifs dans la presse écrite. Fátima Mendonça, professeure à l'université Eduardo Mondlane de Maputo, a souligné cette homologie entre l'histoire de la littérature au Mozambique et celle de la révolution.

En quelques années le champ littéraire mozambicain se structure avec la création en 1982 d'une organisation très active, l'Association des écrivains mozambicains (AEMO) à l'origine de périodiques tels que Charrua (1984-1986) et de distinctions, dont le prix José Craveirinha de littérature (2003).

Cependant la vie quotidienne reste troublée par la guerre civile (1977-1992).

Quelques décennies plus tard, cette empreinte du passé n'a pas disparu puisque la très grande majorité des écrivains vivants, le plus souvent poètes et journalistes, sont nés à Lourenço Marques (auj. Maputo) dans le Mozambique portugais. La poésie a longtemps été le genre dominant. Dans la littérature contemporaine, le poète et romancier Mia Couto est l'auteur le plus populaire et le plus traduit, lauréat du prix Camões en 2013.

Contexte[modifier | modifier le code]

Le Mozambique, qui a accédé à l'indépendance en 1975, après plus d'une décennie de luttes armées, possède l'un des indices de développement humain les plus bas du monde (180e rang sur 186, en 2017[1]). Son taux d'alphabétisation reste inférieur à 60% en 2015[2].

Histoire[modifier | modifier le code]

La librairie Minerva à Lourenço Marques (auj. Maputo), vers 1920.

Langues[modifier | modifier le code]

L'essentiel de la production littéraire écrite du Mozambique a été rédigé en portugais, à l'exception de quelques textes en shangaan (ou tsonga). Gabriel Makavi, pasteur presbytérien et militant nationaliste, est l'auteur des premiers poèmes dans cette langue, écrits entre les années 1920 et 1970[3]. Le linguiste Bento Sitoe, auteur de travaux scientifiques, publie en outre plusieurs œuvres de fiction en prose dans les années 1980[4].

Genres[modifier | modifier le code]

Tradition orale
Dans le Mozambique précolonial, la tradition orale, qui repose sur l'idée que les connaissances et l'expérience sont détenus par les membres de la communauté, en particulier les anciens, a précédé la littérature telle qu'on l'entend aujourd'hui et continue de la nourrir à travers les proverbes, les chants, la poésie, le théâtre, le jeu, les fêtes. Longtemps négligée, elle est maintenant valorisée par quelques auteurs contemporains[5].
Théâtre
La littérature portugaise ayant été introduite dans le pays par les missionnaires catholiques, le théâtre en particulier est étroitement associé à la religion, car il s'agit de faire table rase des croyances et coutumes locales, assimilées à la barbarie et au Mal. Dans les pièces de théâtre, les rôles de Judas et Lucifer sont dévolus aux Africains, tandis que les anges et les saints sont interprétés par des Portugais[5]. Pendant la première moitié du XXe siècle, le genre le plus populaire est le vaudeville, surtout destiné aux colons portugais. La censure coupe court à toute velléité de remise en cause du système en place. Cependant la censure ne disparaît pas complètement après l'indépendance, car le pouvoir cherche à consolider un État socialiste à parti unique[5].
Poésie
Davantage que le théâtre, la poésie exprime les effets dévastateurs de l'oppression et de la violence, le désir de liberté et d'unité. C'est notamment le cas de Jorge Rebelo, également avocat et journaliste, considéré comme « le poète de la Révolution mozambicaine[6] ». José Craveirinha
Romans et nouvelles
La fiction postcoloniale est centrée sur la dénonciation du colonialisme, du fossé persistant entre l'élite et les masses. Mia Couto, Lina Magaia, Lilia Momple, Lidia Jorge

Périodes[modifier | modifier le code]

En langue portugaise, pour la période coloniale, Patrick Chabal (1996) distingue quatre courants : jusqu'aux années 1940, une culture des « assimilés », principalement des métis (João Dias[7], Augusto de Conrado) ; une littérature « européenne » écrite par des coloniaux blancs (José Pedro da Silva Campos Oliveira) ; une littérature nationaliste et révolutionnaire, partiellement produite à l'étranger (Rui Nogar, Virgílio de Lemos, José Craveirinha, Noémia de Sousa). Portée par le Front de libération du Mozambique (FRELIMO) dans les années 1960 et 1970, cette « poésie de combat » est ensuite incarnée par plusieurs personanlités politico-littéraires telles que Marcelino dos Santos, Jorge Rebelo[8] ou Sérgio Vieira ; enfin la littérature de la « mozambicanité » (mozambicanidade[9]) qui cherche délibérément à forger une littérature autochtone[10], à laquelle se rattacheront Mia Couto, Lília Momplé et Paulina Chiziane.

Après l'indépendance, la littérature emprunte principalement deux voies : une poésie introspective et intimiste, et une prose de fiction, populaire ou historique, mettant en scène la vie d'aujourd'hui ou d'autrefois[10].

En portugais, les pionniers de cette littérature sont José Pedro da Silva Campos Oliveira (1847–1911), avec son recueil de poèmes O pescador de Moçambique (1874), Augusto de Conrado (né en 1904), et le poète, écrivain et journaliste António Rui de Noronha (1909–1943) avec ses sonnets (1946) sont généralement considérés comme les pionniers de cette littérature.

2.2. A voz africana de Noémia de Sousa 2.3. José Craveirinha, poeta moçambicano 2.4. Rui Knopfli: a identidade e o eu 2.5. A narrativa moçambicana: Luís Bernardo Honwana e Nós Matámos o Cão-Tinhoso e a renovação narrativa de Mia Couto.

Structuration du champ littéraire[modifier | modifier le code]

Dès le début du XXe siècle, les cercles littéraires cherchent à s'émanciper de la tutelle portugaise et créent leurs propres réseaux, notamment des revues, telles que O Africano en 1909, puis O Brado Africano en 1918[11] ; le magazine Tempo, proche du FRELIMO, également porté par des écrivains tels que Calane da Silva ou Mia Couto ; une organisation, l'Association des écrivains mozambicains (AEMO) en 1982 ; puis une autre revue très influente, Charrua en 1984[12].

En 2012, le mouvement littéraire Kuphaluxa lance une revue numérique, Literatas, sous-titrée « Revista de literatura moçambicana e lusófona »[13].

Le rayonnement international de la littérature mozambicaine doit beaucoup d'abord à José Craveirinha, lauréat du prix Camões en 1991 – un prix José Craveirinha de littérature est institué en 2003 –, et surtout à Mia Couto, lauréat de nombreux prix, qui reçoit à son tour le prix Camões en 2013[14].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Table 1: Human Development Index and its components », Human Development report 2019 , p. 302 [1]
  2. 58,8 % selon Lire le passé, écrire l'avenir : cinquante ans au service de l'alphabétisation, UNESCO, 2018, p. 31 (ISBN 9789232001597) [lire en ligne]
  3. (en) « Gabriel Makavi, 1897-1982 », Mozambique History Net [2]
  4. (en) Colin Darch, « Sitoe, Bento (1947-) », in Historical Dictionary of Mozambique, Rowman & Littlefield, 2018, p. 361 (ISBN 9781538111352)
  5. a b et c (en) George O. Ndege, « Literature and the media », in Culture and Customs of Mozambique, Greenwood Publishing Group, 2007, chapitre 3
  6. (en) « Jorge Rebello », Britannica [3]
  7. (en) « João Bernardo Dias (1926-1949) and the Brigada «João Dias» », Mozambique History Net [4]
  8. (en) Britannica [5]
  9. (en) Samuel Joina Ngale , From Tsonga to Moçambicanidade: Civil Religious Dynamics in Mozambican Nationalism, University of Cape Town, December 2011, 179 p., [lire en ligne] (thèse)
  10. a et b (en) Patrick Chabal (et al.), « Mozambique », in The Post-colonial Literature of Lusophone Africa, Northwestern University Press, 1996, p. 29-86 (ISBN 978-0810114234)
  11. (en) « O Brado Africano (The African Cry) », The Marcus Garvey and Universal Negro Improvement Association Papers [6]
  12. (en) « Charrua : revista literária. », Stanford Libraries [7]
  13. (pt) Literatas [8]
  14. « Mozambique.L’écrivain Mia Couto remporte le prix Camões », in Courrier international, 28 mai 2013 [9]

Annexes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (it) Livia Apa (dir.), Angola e Mozambico : scritture della guerra e della memoria, Roma, Aracne, 2006, 135 p. (ISBN 88-548-0443-6)
  • (pt) Orlando de Albuquerque and José Ferraz Motta, « Esboço de uma História da Literatura em Moçambique no Século Vinte », in Luso-Brazilian Review, Vol. 33, no 2, Winter, 1996, p. 27-36, [lire en ligne]
  • Maria-Benedita Basto (dir.), « Littératures de l'Angola, du Mozambique et du Cap-Vert », in Études littéraires africaines, 2014, p. 132
  • (de) Dietrich Briesemeister, Axel Schönberger (dir.), Varietas litterarum lusitanicarum : Studien zu den Literaturen Angolas, Brasiliens, Mosambiks und Portugal, Frankfurt am Main, Domus Ed. Europaea, 2006, 276 p. (ISBN 978-3-927884-78-6)
  • (pt) Patrick Chabal, Vozes moçambicanas : literatura e nacionalidade, Lisboa, Vega, 1994, 349 p. (ISBN 972-699-438-1)
  • (pt) Rita Chaves, Angola e Moçambique : experiênca colonial e territórios literários, Cotia, São Paulo, Ateliê ed., 2005, 302 p. (ISBN 85-7480-251-4)
  • (pt) Russel G. Hamilton, « A Literatura dos PALOP e a Teoria Pós-colonial », Via atlântica, no 3, décembre 1999, p. 12-22, [lire en ligne]
  • Collectif, « Littérature du Mozambique », in Notre librairie, no 113, avril-juin 1993, 117 p.
  • Michel Laban, « Écrivains et pouvoir politique au Mozambique après l’Indépendance », Lusotopie, II, 1995, p. 171-180, [lire en ligne]
  • (pt) Fátima Mendonça, « A literatura moçambicana em questão », Discursos, no 9, 1995, p. 37-51, [lire en ligne]
  • Elisabeth Monteiro-Rodrigues et Manuel da Silva Ramos, « Les trajectoires de la littérature mozambicaine », Africultures, 29 février 2000 [10]
  • (pt) Francisco Noa, A escrita infinita : ensaios sobre literatura moçambicana, Maputo, Universidade Eduardo Mondlane, Livraria universitária, 1998, 130 p. (ISBN 9789024797295)
  • (pt) Francisco Noa, Império, mito e miopia : Moçambique como invenção literária, Lisboa, Caminho, 2002, 423 p. (ISBN 972-21-1519-7)
  • (pt) Francisco Noa, Uns e outros na literatura moçambicana : ensaios, São Paulo, Kapulana, 2017, 159 p. (ISBN 978-85-68846-28-5)
  • (en) Hilary Owen, Mother Africa, father Marx : women's writing of Mozambique, 1948-2002, Lewisburg, Bucknell University Press, 2007, 274 p. (ISBN 0-8387-5657-3)
  • Patrick Quillier, « L'écoute sensible dans la poésie mozambicaine contemporaine », in Revue de littérature comparée, 2011/4, no 140, p. 434-453, [lire en ligne]
  • (pt) Margarida Calafate Ribeiro, Maria Paula Meneses (dir.), Moçambique : das palavras escritas, Porto, Afrontamento, 2008, 243 p. (ISBN 978-972-36-0970-7)
  • Geneviève Vilnet (dir.), Mozambique, littératures et sociétés contemporaines, Paris, Indigo, 2013, 193 p. (ISBN 2-35260-093-6)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]