Virgílio de Lemos

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Virgílio de Lemos
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Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 84 ans)
PornicVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Virgilio Diogo De LemosVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonymes
Lee-Li Yang, Duarte Galvão, Bruno dos ReisVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Rédacteur à
Jornal da Mocidade Portuguesa de Moçambique (d), Itinerário (d), O Brado Africano, A Voz de Moçambique (d), A Tribuna (d), Notícias (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
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A travaillé pour

Virgílio de Lemos (Lourenço-Marques, - Pornic, ) est un journaliste et poète mozambicain d'expression portugaise et française.

Il a aussi publié sous les pseudonymes Bruno dos Reis, Duarte Galvão et Lee-Li Yang.

Biographie[modifier | modifier le code]

Virgílio Diogo de Lemos naît à Lourenço-Marques (ancien nom de Maputo) le [1].

Lemos épouse l'artiste mozambicaine Bertina Lopes, avec qui il a des jumeaux en 1955[2],[3].

Au début des années 1950, pour la première fois, un groupe d'auteurs tente de créer un magazine de poésie ayant un point de vue nationaliste et dans le but de prendre le pouls d'une nouvelle ère : Msaho. Le premier numéro publié en 1952 propose des textes de Alberto de Lacerda, Domingos de Azevedo, Duarte Galvão (hétéronyme de Virgílio de Lemos[n 1]), Noémia de Sousa, Ruy Guerra, Augusto dos Santos Abranches, Cordeiro de Brito et Reinaldo Ferreira (pt), tous d'un « standing indiscutable ». Mais la revue n'a pas marché, faillant à trouver une poésie avec des caractéristiques profondément mozambicaines, au grand dam de Lemos, très impliqué dans la cause[4].

Quand le Mozambique est encore une colonie portugaise, Lemos publie un poème anticolonialiste, Poemas do Tempo presente (1960)[5] sous l'hétéronyme Duarte Galvão, ce qui lui vaut un procès pour profanation du drapeau portugais en 1954. Il est, avec Noémia de Sousa, l'un des quelques écrivains dévoués à la cause de l'Afrique noire[5], et il rejoint dans la foulée la résistance mozambicaine jusqu'en 1961, pour être arrêté par la PIDE, la police politique du régime de l'Estado Novo pour « subversion » et collaboration avec des groupes clandestins qui se sont battus pour l'indépendance du Mozambique[2],[6]. Emprisonné pendant quatorze mois entre 1961 et 1962[n 2], Lemos fait partie des écrivains[n 3] qui « ont jeté les bases de la littérature moderne du Mozambique », en utilisant la poésie « comme une arme contre l'ordre colonial »[8]. Poursuivi par le Régime de Salazar, il s'exile en France en 1963, où il reste jusqu'à la fin de sa vie[9].

Virgílio de Lemos meurt à Pornic le [1].

Œuvre[modifier | modifier le code]

Analyse de son œuvre[modifier | modifier le code]

La géographie du Mozambique et en particulier la côte indienne, est essentielle dans l'œuvre poétique de Lemos. Dans le recueil de poèmes Ilha de Moçambique – a lingua é o exilio em que sonhas (Île de Mozambique – la langue est l’exil auquel tu rêves, 1952-1961), il véhicule un imaginaire de l’exil « où les parcours érotiques, oniriques et linguistiques réinventent l’île comme lieu de paix et de désir », conférant à l’île un statut de mythe « ilha que dorme na utopia prodigo mito da poesia » (« île qui sommeille dans l’utopie, mythe prodigue de la poésie »)[10].

Très engagé dans la cause Noire en Afrique, il s'inscrit dans le mouvement littéraire de la négritude avec des poèmes tels que Cantemos con os poetas de Haiti :

« 

Uma canção negra que não se perca
Cantemos em unissono, porque la ou aqui,
Os segredos iguais, fundos de angustia,
e os poemas verticais, também de despero

 »

— Virgílio de Lemos, Poemas do tempo presente (1960)[5]

« Une chanson noire jamais ne doit être perdue
chantons à l'unison, parce qu'ici ou là
tous les secrets sont les mêmes, pleins d'une profonde angoisse,
tous les problèmes sont verticaux, pleins de désespoir. »

Virgílio de Lemos est un auteur considéré comme peu étudié et sous-estimé eu regard à « son originalité singulière et à sa qualité littéraire supérieure[11] ». Son style puise davantage dans la souffrance vécue que dans le travail esthétique des vers, qui sont plus proches de la chanson populaire — « vertu rare chez les Africains qui se laissent beaucoup plus porter par la pulsion du moment que par la réflexion[12] ».

Publications[modifier | modifier le code]

  • (pt) Lágrimas da juventude [onde estás geração nova?], 1954
  • (pt) A fantasia da vogal preta; estudo de psicologia e filologia. Réplica a uma teoria do sr. Medeiros e Albuquerque, 1957
  • (pt) Poemas do Tempo presente, 1960
  • (pt) A Juventude e o Império, 1961
  • (pt) Aspectos do Adjectivo nos Contos de Fialho de Almeida, 1964
  • (pt) O estágio dos liceus, 1966
  • (pt) Aspectos de uma situação política difícil (comme Duarte Galvão), 1977
  • (pt) Eroticus Moçambicanus, 1988
  • (fr) Objet à trouver, 1988
    Le recueil est composé de deux cycles insulaires : celui d'Ibo (son île natale) et celui de Noirmoutier (en France), réunis à 25 ans d'intervalle, le premier en portugais et le second en français[13].
  • (fr) L'Obscène pensée d'Alice, 1990
  • (fr) L'Aveugle et l'absurde, 1990
  • (pt) Ilha de Moçambique: A Ilha é o exílio do que sonhas, 1999
  • (pt) Negra azul : retratos antigos de Lourenço Marques de um poeta barroco, 1944-1963 (comme Duarte Galvão), 1999
  • (pt) Lisboa, oculto amor, 2000
  • (pt) Para fazer um mar (comme Duarte Galvão), 2001
  • (pt) Jogos de prazer, 2009
  • (fr) L'Afrique lusophone postcoloniale : Changements et perspectives (avec Joao Carlos Vitorino Pereira, Jean-Yves Loude et Anne-Marie Pascal), 2012
  • (pt) A dimensão do desejo (avec des poèmes de Reinaldo Ferreira (pt)), 2012

Ses poèmes ont aussi été publiés dans Pornic, photographies (2014), de Fabienne Alliou-Lucas[14].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. En référence à Duarte Galvão, chroniqueur portugais du XVe siècle.
  2. Il est arrêté en octobre 1961, il est relâché en décembre 1962[7].
  3. Parmi lesquels Noémia de Sousa, José Craveirinha, João Fonseca Amaral et Rui Knopfli[8].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Relevé des fichiers de l'Insee
  2. a et b (en) « Bio-Bibliografia », sur archiviobertinalopes.net (consulté le ).
  3. (it) « Notice biographique », sur Sistema Informativo Unificato per les Soprintendenze Archivistiche (consulté le ).
  4. Albert S. Gérard, European-language Writing in Sub-Saharan Africa, vol. 1, John Benjamins Publishing, , 1288 p. (ISBN 978-963-05-3833-6, lire en ligne), p. 311-313.
  5. a b et c Albert S. Gérard, European-language Writing in Sub-Saharan Africa, vol. 1, John Benjamins Publishing, , 1288 p. (ISBN 978-963-05-3833-6, lire en ligne), p. 313.
  6. Virgílio de Lemos, « Journal de Prison : Expériences d'un prisonnier politique au Mozambique », Présence Africaine, no 54,‎ , p. 203-220 (lire en ligne).
  7. Présence Africaine, Numéros 53 à 56, p. 204 (lire en ligne).
  8. a et b « Notice sur Virgílio de Lemos », sur francopolis.net (consulté le ).
  9. « Biographie de Virgílio de Lemos », sur africultures.com (consulté le ).
  10. Ana Mafalda Leite, « L’île de Moçambique dans la poésie mozambicaine (1) », sur africultures.com, (consulté le ).
  11. (pt) António Braz Teixeira, « A Saudade na poesia de Rui Knopfli », dans Filosofia e Poesia: Congresso Internacional de Língua Portuguesa, Porto, Universidade do Porto. Faculdade de Letras, (ISBN 978-989-8648-73-0, lire en ligne), p. 7.
  12. Afrique, Numéros 42 à 50, p. 60 (lire en ligne).
  13. L'Année des lettres, La Découverte, 1988, p. 53 (lire en ligne).
  14. Fabienne Alliou-Lucas, Pornic, photographies, 2014 (BNF 43794353).

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Ouvrages centrés sur la vie ou l'œuvre de Lemos[modifier | modifier le code]

  • (pt) Fábio Santana Pessanha, A hermenêutica do mar : um estudo sobre a poética de Virgílio de Lemos, Rio de Janeiro, Tempo Brasileiro, , 176 p. (ISBN 978-85-282-0174-1, OCLC 8528201740).

Ouvrages sur la littérature mozambicaine incluant des études sur Lemos[modifier | modifier le code]

  • (pt) Maria do Carmo Sepúlveda Campos, Maria Teresa Salgado et Carmen Lúcia Tindó Secco, África & Brasil : letras em laços, São Caetano do Sul, Yendis, 2006-2010 (2 vol.) (ISBN 978-85-98859-84-2, OCLC 123201997).
  • (en) Antoinette Errante, « Education and National Personae in Portugal's Colonial and Postcolonial Transition », Comparative Education Review, vol. 42, no 3,‎ , p. 267-308 (JSTOR 1189162).
  • (pt) Michel Laban, Moçambique : encontro com escritores, vol. 1, Porto, Fundação eng. António de Almeida, (ISBN 978-972-8386-06-1, OCLC 493853939).
  • (pt) Nelson Saúte, As mãos dos pretos : antologia do conto moçambicano, Lisbonne, Publicações Dom Quixote, , 525 p. (ISBN 978-972-20-1931-6, OCLC 360205339).
  • (en) Frederick G. Williams, Poets of Mozambique : a bilingual selection, New York, Luso-Brazilian Books, , 482 p. (ISBN 978-0-85051-705-7, OCLC 62408615).

Liens externes[modifier | modifier le code]