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Utilisateur:Huripiensis/Brouillon Aqueduc Médicis

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L’aqueduc Médicis, ou aqueduc des eaux de Rungis, fut construit sur ordre de Marie de Médicis, afin d'amener à Paris les eaux des sources captées à Rungis, dans l'actuel département du Val-de-Marne.

Il s'agit d'un aqueduc souterrain, qui traverse cependant la vallée de la Bièvre par un pont-aqueduc, au niveau des communes d'Arcueil et de Cachan, d'où son nom ancien d’aqueduc d'Arcueil que l'on rencontre encore parfois. Cette appellation est néanmoins à déconseiller à cause de son ambiguïté : en effet, Arcueil et Cachan ne comptent ensemble pas moins de 4 ponts-aqueducs.

Mis en service en 1623, l'aqueduc Médicis est toujours en fonctionnement. Il est propriété de la Ville de Paris et géré par Eau de Paris.

Sa partie hors Paris est inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques[1]. Certains de ses éléments sont classés monuments historiques.

Construction[modifier | modifier le code]

L'approvisionnement de Paris en eau est une des préoccupations du règne de Henri IV. Les fontaines et canalisations sont remises en état, et la pompe de la Samaritaine destinée à puiser l'eau de la Seine est mise en service en 1608. Malgré cela, la quantité d'eau disponible par habitant reste faible. La rive gauche est particulièrement délaissée : au début du XVIe siècle siècle, elle ne compte aucune fontaine publique, contre 19 pour la rive droite et 1 pour l'île de la Cité.

C'est pourquoi Sully commence à étudier la possibilité de capter des eaux à Rungis, où des terrains sont acquis en 1609.

Après l'assassinat de Henri IV et le départ de son ministre, la reine mère et régente Marie de Médicis reprend le projet. Elle s'y intéresse d'autant plus qu'elle projette de se faire construire un palais sur la rive gauche, l'actuel palais du Luxembourg, dont le parc devra s'orner de fontaines et de jeux d'eau.

En 1612, le bureau de la Ville de Paris adjuge à Jean Coingt la construction de l'aqueduc. Les travaux de terrassement du carré des eaux commencent dès le début de l'année suivante et, le 17 juillet 1613, le jeune Louis XIII pose solennellement la première pierre du grand regard de Rungis. A la mort de Jean Coingt en 1614, le chantier est repris par son gendre Jean Gobelain (ou Gobelin).

L'aqueduc est mis en eau le 19 mai 1623.

Description[modifier | modifier le code]

Tracé[modifier | modifier le code]

Jusqu'au XIXe siècle, l'aqueduc était long de 12 936 mètres, entre le regard Louis-XIII de Rungis (regard n°1) et le château d'eau de l'Observatoire à Paris (regard n°27). Il traversait successivement les communes de Fresnes, L'Haÿ-les-Roses, Cachan, Arcueil, Gentilly (toutes situées dans le Val-de-Marne) puis les 14e et 6e arrondissements de Paris. Sur une partie de son tracé, il suit en surplomb la vallée de la Bièvre, d'abord sur sa rive droite, puis à partir d'Arcueil sur sa rive gauche. Il est intéressant de noter qu'il suit un parcours très proche de celui de l'aqueduc de Lutèce construit 1500 ans plus tôt, lequel se trouvait à une altitude légèrement inférieure.

Sous le Second Empire, la partie parisienne de l'aqueduc est déclassée : à partir du boulevard Jourdan, les eaux sont dirigées directement sous la rue de la Glacière vers les réservoirs du Panthéon, construits en 1843 sur la montagne Sainte-Geneviève. Depuis la suppression de ceux-ci, en 1904, elles sont déversées dans le lac du parc Montsouris. L'aqueduc ne mesure donc maintenant plus que 10 420 mètres.

Contrairement aux aqueducs construits à partir du Second Empire, le tracé de l'aqueduc n'est pas matérialisé en surface, la Ville de Paris n'étant pas propriétaire du sol traversé.Il traverse en souterrain les propriétés privées, qui sont soumises à une zone de servitude s'étendant à 30 mètres de part et d'autre de celui-ci : les constructions et plantations y sont soumises à autorisation, et les fosses septiques, cuves à mazout, dépôts de produits toxiques et de fumier strictement prohibés.

La galerie souterraine[modifier | modifier le code]

L'eau circule dans une galerie d'environ de 1 mètre de large et 1,80 mètre de hauteur, formée d'une voûte en plein cintre reposant sur deux murs en meulière et caillasse liées par du mortier, avec chaînages de pierres de taille régulièrement espacés. Le sol constitué de deux banquettes séparées par une cunette de section carrée d'environ 40 centimètres de côté. Le tout est situé à quelques mètres en-dessous du niveau du sol (maximum 15 mètres, entre Rungis et Fresnes). L'eau ne coule librement dans la galerie que jusqu'au regard n°10 (à Cachan). Au-delà, elle circule dans une conduite en fonte installée lors du raccordement de l'aqueduc aux réservoirs du Panthéon, dont l'altitude ne permettait plus un simple écoulement gravitaire.

La galerie n'a jamais été reconstruite, sauf ponctuellement : une courte section à Cachan par suite d'un glissement de terrain au début du XIXe siècle, deux siphons au niveau des tranchées des autoroutes A86 à Fresnes et A6 à Arcueil (respectivement en 1990 et 1960), et une déviation au début des années 2000 contournant le parc Médicis à l'est de Fresnes. A Paris, l'ancienne galerie déclassée a été coupée en plusieurs endroits, notamment lors du percement de l'avenue Reille, de la rue d'Alésia et de l'avenue René-Coty. Certains tronçons ont cédés à des riverains et transformés en caves, voire en abris anti-aériens.

Les regards[modifier | modifier le code]

Les regards jalonnent en surface le parcours de l'aqueduc. Ce sont des édicules qui permettent un accès réservé à la galerie souterraine, via un escalier. Au leur niveau, l'eau passe par un bassin dont la finalité est de favoriser l'oxygénation de l'eau et le dépôt des impuretés. Quelques-uns, autrefois édifiés en plein champ, se sont retrouvés enclos dans des propriétés privées ; la plupart se trouvent cependant sur la voie publique. Ils sont complétés à intervalles beaucoup plus rapprochés par 258 trappes de visite.

La partie encore en service de l'aqueduc compte 21 regards. Seuls les n°16 (à Arcueil) et n°21 (au niveau de la Cité universitaire) n'existent plus en surface. Les plus importants, les n°1 à Rungis (dit « regard Louis XIII »), n°3 à Fresnes et n°13 à Arcueil sont classés monuments historiques[2].

L'ancienne partie parisienne comptait quant à elle 6 regards. Il faut citer en premier lieu le château d'eau de l'Observatoire (n°27), aujourd'hui connu sous le nom de « maison du Fontainier » (rue Cassini, dans le 6e arrondissement). Ce bâtiment avait une double fonction : en surface, le logement du fontainier du roi (responsable entre autres de l'aqueduc), en sous-sol la répartition des eaux entre les trois bénéficiaires : le Roi, la Ville, l'Entrepreneur. Ce dernier se rémunérait en vendant des concessions, c'est-à-dire des fractions de débit, à des institutions ou des particuliers fortunés, aussi bien à Paris qu'au voisinage de l'aqueduc en banlieue. Le château d'eau fut complété par un réservoir souterrain en 1845. Remise par le Service des Eaux à la disposition de la municipalité en 1866, elle fut occupée par le couvent du Bon-Pasteur. Classée monument historique[3], elle a été restaurée.

Des autres regards parisiens, il ne subsiste que les numéros 25 (dans l'enceinte de l'hôpital La Rochefoucauld, visible depuis l'avenue René-Coty) et 26 (dans les jardins de l'Observatoire). Le n°23, recouvert de remblais lors de la construction des ateliers du chemin de fer de Sceaux, fut dégagé en 1996 par les travaux de la ZAC Alésia-Montsouris, puis démoli et remplacé par une copie du n°25.

Le pont-aqueduc d'Arcueil-Cachan[modifier | modifier le code]

C'est le seul ouvrage d'art de surface que compte l'aqueduc Médicis. Il lui permet de franchir la vallée de la Bièvre à un endroit où elle se resserre. Suivant grossièrement la limite des communes d'Arcueil et de Cachan, il occupe à peu de chose près l'emplacement du pont de l'aqueduc de Lutèce, construit à l'époque gallo-romaine, et dont il ne reste aujourd'hui que quelques ruines. Ce sera aussi le site choisi à la fin des années 1860 pour le passage de l'aqueduc de la Vanne dont les piles s'enracinent au sommet de notre aqueduc.

Long de 379 mètres, d'une hauteur maximale de 18,86 mètres, il est l'œuvre de Thomas Francine et de Louis Métezeau. Il se divise en 3 parties : 2 massifs en maçonnerie encadrant la partie centrale constituée de 18 travées, dont 9 sont ouvertes d'une arcade en plein cintre. Le pont est limité à l'est par le regard n°13 et à l'ouest par le regard n°14.

Il est classé monument historique[4].

Sources captées[modifier | modifier le code]

L'aqueduc fut initialement construit pour recueillir les eaux qui affleurent à faible profondeur immédiatement au nord du village de Rungis. Pour cela est aménagé le carré des eaux de Rungis, qui consiste en une galerie collectrice en forme de quadrilatère, où l'eau est introduite par des barbacanes. C'est à l'angle ouest de ce carré se trouve le regard n°1, qui marque le point de départ de l'aqueduc.

Par ailleurs, les multitudes de sources (permanentes ou saisonnières) rencontrées sur les coteaux tout au long du parcours sont elles aussi collectées.

A sa mise en service, le débit de l'aqueduc est de 1 280 m3/jour.

Très vite, il s'avère nécessaire d'augmenter ce chiffre et d'autres sources sont raccordées :

  • au début des années 1650, la Pirouette et le Maillet, prises au cœur même de Rungis ;
  • en 1670, la Fontaine Pesée (ou Fontaine Couverte), à Cachan ;
  • en 1782, les eaux de la plaine sud, vers Wissous et Morangis.

Vers 1870, la construction de l'aqueduc de la Vanne nécessite le drainage de son parcours, au niveau de Paray et de Chevilly-Larue ; c'est de cette époque que date le regard des Sources, au coin nord du carré des eaux. Le drainage de la plaine de Paray est systématisé en 1967 dans le cadre des travaux d'extension de l'aéroport d'Orly.

Aujourd'hui, du fait bouleversement du sous-sol induit par l'urbanisation (en particulier la construction du Marché d'intérêt national, des infrastructures routières et de l'aéroport), la plupart des sources de Rungis, y compris le carré des eaux[5], sont taries. L'aqueduc n'est plus alimenté aujourd'hui que par les eaux de la plaine de Paray et des coteaux de la Bièvre.

Qualité de l'eau[modifier | modifier le code]

Les eaux de Rungis, aussi appelées « eaux d'Arcueil », puisées dans un environnement parfaitement rural et vierge de pollution, furent longtemps réputées pour leur limpidité, et ce encore en 1870. Elles étaient par ailleurs fortement calcaires.

Par la suite, l'urbanisation de plus en plus dense de la banlieue sud de Paris au XXe siècle l'a rendue tout à fait impropre à la consommation. Une analyse effectuée sur un prélèvement effectué à Montsouris en 1996 montre des concentrations de bactéries pathogènes, de nitrates, de sulfates et de fer trop élevées.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Arrêté du 10 février 1988.
  2. Arrêtés du 6 juin 1933, du 1er mai 1933 et du 26 février 1991.
  3. Arrêté du 4 mars 1994.
  4. Arrêté du 26 février 1991.
  5. Le site est occupé aujourd'hui par le stade Lucien-Grelinger.

Source[modifier | modifier le code]

  • Philippe Laporte, L'Aqueduc Médicis. Ses souterrains entre Paris et le Palais du Luxembourg. Visite historique et contemporaine., Editions OCRA, 1998, (ISBN 2-9503162-1-2)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]