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Utilisateur:FrimousseRoche/Brouillon81

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Ms. est un magazine féministe et libéral américain fondé conjointement par les féministes de la deuxième vague et militantes sociopolitiques Gloria Steinem et Dorothy Pitman Hughes. Les journalistes fondatrices étaient Letty Cottin Pogrebin, Mary Thom, Patricia Carbine, Joanne Edgar, Nina Finkelstein et Mary Peacock[1].

Ms. apparut pour la première fois en 1971 sous la forme d'un supplément dans le New York magazine. Le premier numéro autonome est apparu en janvier 1972, grâce au financement de l'éditeur Clay Felker, fondateur du New York Magazine. De juillet 1972 à 1987, il est publié sur une base mensuelle, puis trimestriellement dès la fin des années 1980[2]. Au cours de son apogée dans les années 1970, la revue bénéficie d'une grande popularité mais ne parvient pas à concilier ses préoccupations idéologiques avec des considérations commerciales. Depuis 2001, Ms. est édité par la Feminist Majority Foundation, basée à Los Angeles et à Arlington, en Virginie[3].

Origines[modifier | modifier le code]

La co-fondatrice Gloria Steinem explique la genèse de ce projet par le constat suivant : «J'ai réalisé en tant que journaliste qu'il n'y avait vraiment rien dans la presse pour les femmes, et cela m'a amené avec un certain nombre d'autres femmes à commencer l'écriture de Ms. »[4]. En ce qui concerne l'origine du nom choisi pour le magazine, elle déclare dans le documentaire Gloria : In Her Own Words de Peter Kunhardt : «Nous allions l'appeler « Sojourner » en hommage à Sojourner Truth, mais le terme traduit de « résident provisoire » était pour beaucoup trop associé à un magazine de voyage. Nous souhaitions ensuite le nommer « Sisters », mais cela faisait trop référence à la religion. Nous avons finalement statué sur « Ms. », court et symbolique, ce qui est efficace pour un logo »[5].

Le titre de Ms. magazine a été suggéré par une amie de Gloria Steinem qui avait entendu ce terme dans une interview sur la radio WBAI. L'utilisation moderne de Ms. en tant que titre honorifique a été promue par la militante Sheila Michaels, dont les parents n'étaient pas mariés l'un avec l'autre, et qui n'avait pas été adoptée par son beau-père. Elle a longtemps lutté pour trouver un titre qui reflétait sa situation, celle ne pas être «détenue» par un père et de ne pas vouloir être «détenue» par un mari. Ses efforts pour promouvoir son utilisation ont été ignorés dans les mouvements féministes naissants. En 1971, lors d'une entrevue avec le groupe The Feminists, elle parvient à convaincre ses interlocutries de la nécessité de son utilisation dans la sphère publique[6].

Suzanne Braun Levine a été la première rédactrice en chef de Ms. entre 1972 et 1988[7].

Historique[modifier | modifier le code]

En 1972, le personnage de Wonder Woman fait la une du tout premier numéro de Ms.[8]. La couverture réalisée par Mike et Laura Allred est un clin d'oeil à Warner Communications, propriétaire de DC Comics et investisseur du magazine, mais il s'agit surtout d'un choix militant de Gloria Steinem.

La même année, le magazine s'impose sur le devant de la scène féministe en publiant l'identité de femmes ayant eu recours à l'avortement alors que la procédure est encore illégale dans la plupart des États.

En 1976, la photo de couverture montre le visage d'une femme battue. Ms. devient le premier magazine nationale à aborder la question des violences domestiques. Dans les années 1980 et 1990, la crédibilité du titre de presse est mise à mal suite à la publication de sujets abordant la panique morale sévissant autour du Day-care sex-abuse hysteria, période pendant laquelle les crèches américaines et personnels des services de soins sont accusés de pratiques déviantes envers les enfants et notamment d'abus sexuels liés à des rituels sataniques[9].

La pétition «We Had Abortions» («Nous avons eu recours à l'avortement») apparaît dans le numéro d'octobre 2006. Le document réunit plus de 5 000 signatures de femmes déclarant avoir eu recours à une interruption volontaire de grossesse et se déclarant "sans honte face à cette décision". Parmi les signataires sont présentes les actrices Amy Brenneman et Kathy Najimy, la comédienne Carol Leifer et Gloria Steinem, elle-même[10].

Propriété récente[modifier | modifier le code]

En 1987, Ms. est racheté par Fairfax, une société de médias australienne, qui installe à la direction, Sandra Yates, afin de superviser le redressement éditorial et financier du magazine. En 1989, préoccupée par l'évolution de sa ligne éditoriale sous l'intervention d'Anne Summers, le mouvement de l'American Feminists rachète le titre de presse et a commence à publier de nouveaux numéros sans publicité[11].

Robin Morgan et Marcia Ann Gillespie sont nommées rédactrices. Marcia Ann Gillespie devient la première femme afro-américaine à diriger Ms.[12]. Pendant une période, le magazine est édité par MacDonald Communications Corp., qui publie également les magazines Working Woman et Working Mother. Connu depuis sa création pour une analyse féministe unique des événements en cours, son changement en 1991 pour un format sans publicité, a permis en parallèle de mettre en évidence le contrôle des annonceurs sur le contenu des magazines féminins[13].

Liberty Media for Women[modifier | modifier le code]

En 1998, Gloria Steinem et d'autres investisseurs mettent en place le programme Liberty Media et placent le magazine sous sa propriété indépendante. En 2001, face à la situation de faillite rencontrée par Liberty Media, la Feminist Majority Foundation devient propriétaire de la revue. Marcia Anna Gillespie et son personnel sont renvoyés. La rédaction déménage de New York à Los Angeles. Autrefois bimensuel, le magazine est publié tous les trois mois[3].

Au cours du printemps 2002, commémorant le 30e anniversaire du magazine, Gloria Steinem et la présidente de la majorité féministe, Eleanor Smeal, ont souligné la capacité accrue du magazine à «partager des recherches et des ressources, élargir le journalisme d'investigation et apporter à ses lecteurs l'expérience personnelle qui a toujours été la source du mouvement de santé des femmes »[14].

En 2005, sous la direction de la rédactrice en chef Elaine Lafferty, Ms. est nommé pour le prix du magazine national en lien avec l'article Entre une femme et son docteur de Martha Mendoza. Malgré ce succès, Elaine Lafferty quitte le magazine après seulement deux années de direction à la suite de divers désaccords, y compris la direction éditoriale et une couverture dédiée à la série Desperate Housewives. La journaliste évoque également un écart de génération perçu face aux féministes de la troisième génération[15].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Ms. Magazine Online | Winter 2009 », sur www.msmagazine.com (consulté le )
  2. (en) Dennis McLellan, « Innovative editor of New York magazine », sur http://articles.latimes.com,
  3. a et b (en) « Ms. Magazine and Feminist Majority Foundation Join Forces », sur http://www.feminist.org,
  4. (en) Elizabeth Jensen, « Steinem’s Story, for a New Generation », sur http://www.nytimes.com,
  5. (en) « Gloria : In Her Own Words - HBO Documentary Films », sur http://www.hbo.com,
  6. (en) Sara Fishko, « Fishko Files : Ms. », sur www.wnyc.org,
  7. « Suzanne Braun Levine | The Clayman Institute for Gender Research », sur gender.stanford.edu (consulté le )
  8. « Wonder Woman en couverture de Ms. », sur https://www.mdcu-comics.fr,
  9. (en) Brian Siano, « All the babies you can eat : Ms. magazine's reporting of unsubstantiated satanic rituals », sur https://www.thefreelibrary.com, mars - avril 1993
  10. (en) « Ms. magazine names women who had abortions », sur http://www.nbcnews.com,
  11. (en) Claudia H. Deutsch, « Sandra Yates : The Ms. on the Masthead Wants the Magazine », sur http://www.nytimes.com,
  12. « Marcia Ann Gillespie | The Clayman Institute for Gender Research », sur gender.stanford.edu (consulté le )
  13. (en) Amy Erdman Farrell, « A Social Experiment in Publishing: Ms. Magazine, 1972-1989 », Human Relations, vol. 47, no 6,‎ , p. 707–730 (lire en ligne, consulté le )
  14. (en) Chris Lombardi, « Steinem, Smeal Imagine a Future for Ms. », sur http://womensenews.org,
  15. (en) Sheelah Kolhatkar, « Desperate Housewives Causes Another Breakup », sur http://www.alternet.org,