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Librairie-Galerie La Hune[modifier | modifier le code]

La Hune, fondée en 1944 par Bernard Gheerbrant (1918-2010), fut une librairie-galerie parisienne emblématique de la seconde moitié du XXème siècle.

HISTOIRE[modifier | modifier le code]

La première Hune au 12, rue Monsieur-Le-Prince : 1944-1949[modifier | modifier le code]

Bernard Gheerbrant, Jacqueline Lemunier et Pierre Roustang, trois étudiants en philosophie à l’université de la Sorbonne, ouvrent la librairie La Hune, le 1er juin 1944, au 12, rue Monsieur-le-Prince, à l’angle de la rue Casimir-Delavigne. La librairie est baptisée « La Hune » car, située à l’angle de deux rues, elle évoque une proue de navire[1], et l’escalier intérieur fait penser au mât de hune des voiliers, plus particulièrement à sa plateforme intermédiaire d’où les marins effectuaient les manoeuvres hautes. A la Libération, Pierre Roustang quitte le navire, et Jacqueline Lemunier et Bernard Gheerbrant se marient. En octobre 1945, ils engagent Jacques Farny afin de les « libérer du quotidien de la vente des livres »[2], ce qui leur permet de « développer les animations culturelles et la galerie »[3]. Parallèlement à la constitution de sa collection de libraire, et plus particulièrement du rayon d’art, Gheerbrant aspire à faire de La Hune un lieu d’évènements littéraires et éditoriaux mais aussi un espace d’exposition. En effet, sept expositions[4] ont lieu au 12, rue Monsieur-le-Prince, la première étant « Aux Indes avec Lanza del Vasto », une présentation des dessins et aquarelles de Lou Albert-Lasard ayant illustré le Pèlerinage aux sources de Lanza del Vasto. Cette première exposition occupe le premier étage de La Hune pendant un mois à partir du 2 décembre 1944 et affirme le dessein de Bernard Gheerbrant de faire de sa librairie un lieu de rencontre des arts plastiques et de la littérature. La manifestation suivante, l’exposition posthume de l’oeuvre gravé de Louis Marcoussis, marque par ailleurs les débuts d’une orientation en faveur de l’estampe. Le local est rapidement devenu trop étroit et Gheerbrant décide de déménager dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés en 1949.

La première Hune du 12, rue Monsieur-le-Prince est restée une librairie, la librairie L’Escalier, notamment acquise en 1953[5] par François Maspero, et aujourd’hui toujours en activité.


La librairie-galerie La Hune au 170, boulevard Saint-Germain : 1949-1975[modifier | modifier le code]

La librairie-galerie La Hune ouvre officiellement ses portes au 170, boulevard Saint-Germain, le 12 mai 1949. Le bâtiment est idéalement situé à l’angle du boulevard Saint-Germain et de la rue Saint-Benoit, en face du Lipp, et entre le café des Deux-Magots et le café de Flore. Auparavant occupé par un Bouillon Duval de la fin du XIXème siècle, le local est abandonné depuis la guerre et son affectation comme mess pour les sous-officiers de la garnison de Paris. Gheerbrant a fait appel à son ami Pierre Faucheux (1924-1999) déjà renommé pour ces travaux de graphiste éditorial et qui avait déjà aidé à l’agencement de la première Hune, pour les travaux d’architecture et d’aménagement de la nouvelle librairie-galerie. Faucheux conçoit notamment, l’emblème de La Hune, son sigle représentant une ancre schématique, ainsi que les vitrines extérieures[6].

La librairie accueille un grand nombre de signatures et de réceptions en l’honneur d’auteurs francophones et américains, et réunit même, à partir de 1957 et pour les cinq premières éditions, le jury du Prix de Mai. Elle est renommée pour ces présentations d’ouvrages, qu’ils soient littéraires ou artistiques, toujours accompagnées d’accrochages d’oeuvres graphiques ou d’expositions plus documentaires sur le travail de l’auteur. La prédominance de la gravure est forte dans la liste des expositions à La Hune, mais cela ne l’a pas empêché de toucher aux domaines les plus variés[7]. Par exemple, on remarque des expositions à caractère historique (les collages de Picasso, Miro, Laurens, Man Ray, Max Ernst présentés sous le titre d’Aragon « La Peinture au défi » en 1954), des expositions littéraires et documentaires (« Hommage à James Joyce »[8] en 1949, « Saint-John Perse et la mer » en 1962), des expositions d’art primitif (« Dogons, art du Soudan, tribus dogons » en 1955) ou encore des expositions de photographie (« Boubat, Brassaï, Doisneau, Izis et Facchetti »[9] en 1951).

Dès 1958, La Hune devient également un lieu d’édition d’estampes. En les exposant puis, souvent, en éditant un certain nombre de leurs épreuves, Jacqueline et Bernard Gheerbrant révèle l’œuvre gravé de jeunes artistes, comme Johnny Friedlaender, Zao Wou-Ki ou Virgil Nevjestic, mais aussi d’artistes confirmés, comme le sculpteur Henri-Georges Adam ou le peintre Hans Hartung.

La Hune ferme en juillet 1969, pour des travaux de réaménagement, réalisés par l’atelier parisien Gérard Ifert - Rudolf Meyer, puis ré-ouvre le 16 octobre[10]. Les rayonnages de la librairie prennent alors de plus en plus de place et empiètent sur l’espace de la galerie.


La Galerie La Hune au 14, rue de l’Abbaye : 1975-1990[modifier | modifier le code]

En 1975, La Hune se scinde en deux[11]. La librairie se sépare de la galerie, cette dernière s’installant au 14, rue de l’Abbaye, face à la place et l’église de Saint-Germain-des-Prés. Bernard Gheerbrant reste le directeur de la librairie jusqu’en 1981, date à laquelle la librairie La Hune est rachetée par Flammarion. Bernard Gheerbrant continue à la galerie son activité de marchand et d’éditeur d’estampes. Il défend notamment les artistes Fred Deux, Cécile Reims, Philippe Favier ou encore Bertrand Dorny.

En 1991, Marc Eschenbrenner, qui travaillait déjà avec les Gheerbrant, prend la direction de la galerie et change son nom en Galerie La Hune-Brenner. Fin 2007 la galerie La Hune-Brenner déménage à Montmartre, 3, rue Ravignan, mais elle ferme définitivement en 2014.


Postérité[modifier | modifier le code]

La librairie La Hune-Flammarion est rachetée par le groupe Madrigall (maison mère de Flammarion et Gallimard) et a déménagé en 2012 à l’ancien emplacement de la galerie La Hune, au 14, rue de l’Abbaye. En février 2015[12], on annonce la fermeture de la librairie La Hune, qui a lieu le 14 juin 2015[13]. Le groupe Madrigall accepte alors l'offre de YellowKorner de racheter le local et le nom de "La Hune" pour y installer une de ses galeries d’édition[14].

Les archives de la librairie-galerie La Hune sont conservées par la bibliothèque Kandinsky du Musée National d’Art Moderne - Centre Georges Pompidou[15]. Ce musée a ainsi organisé une exposition en hommage à La Hune, du 30 juin au 10 octobre 1988, dans le cadre de la grande rétrospective « Les années 50 ».

Le MNAM-Centre Pompidou a également proposé une présentation de La Hune et de Bernard Gheerbrant au sein du parcours temporaire « Passeurs »[16], dans les salles des collections permanentes, du 14 janvier au 31 août 2016.


SOURCES[modifier | modifier le code]

  • Fonds Librairie-Galerie La Hune, Bibliothèque Kandinsky, Centre Georges Pompidou.
  • Bernard Gheerbrant, A La Hune. Histoire d'une librairie-galerie à Saint-Germain-des-Prés, 1944-1975, Paris : Adam Biro, 1988, 200 p.
  • Camille Chevallier, La librairie-galerie La Hune. De la place d'un lieu d'édition et de monstration dans l'histoire des expositions, Paris, Ecole du Louvre (mémoire de recherche en muséologie, sous la direction de Cécilia Hurley-Griener), 2015, 150 p.


Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Pascale Bertrand, « Naissance de La Hune à l’orée des années 50 », in Beaux-Arts Magazine, juillet-août 1988, pp.102-105.
  2. Catalogue de vente, Collection Jacqueline et Bernard Gheerbrant, fondateurs de la librairie-galerie La Hune. Estampes, etc., Paris : Calmels Cohen, 2005, p.6.
  3. Bernard Gheerbrant, A La Hune, histoire d'une librairie-galerie à Saint-Germain-des-Prés, 1944-1975, Paris : Adam Biro, 1988, p.22.
  4. « Liste d’expositions à La Hune de décembre 1944 à décembre 1975 » in Bernard Gheerbrant, A La Hune, Paris : Adam Biro, 1988, p. 187.
  5. « Le SLF rend hommage à François Maspero, fondateur de la librairie la Joie de lire, éditeur et auteur », le 13/04/2015. Consulté sur : http://www.syndicat-librairie.fr/le_slf_rend_hommage_a_francois_maspero_fondateur_de_la_librairie_la_joie_de_lire_editeur_et_auteur.
  6. Pierre Faucheux, Ecrire l'espace, Paris : Robert Laffont, 1978, p.128.
  7. Georges Boudaille, «La Hune», in Cimaise, n°78, 1966, pp.38-50.
  8. Jean-Marc Théolleyre, "James Joyce à Saint-Germain-des-Prés", in Le Monde, 26/10/1949. Consulté sur : http://www.lemonde.fr/archives/article/1949/10/26/james-joyce-a-saint-germain-des-pres_1924136_1819218.html?xtmc=hune&xtcr=8.
  9. "Cinq photographes", in Le Monde, 01/03/1951. Consulté sur : http://www.lemonde.fr/archives/article/1951/03/01/cinq-photographes_2063501_1819218.html?xtmc=hune&xtcr=20.
  10. « La Hune, un espace tout neuf » in Chroniques de l’art vivant, n°6, décembre 1969, p.15.
  11. Bernard Gheerbrant, A La Hune, Paris : Adam Biro, 1988, p.184.
  12. Alain Beuve-Méry, "La librairie La Hune baisse définitivement le pavillon", in Le Monde, 18/02/2015. Consulté sur : http://www.lemonde.fr/livres/article/2015/02/18/la-librairie-la-hune-baisse-definitivement-pavillon_4578897_3260.html.
  13. "La célèbre librairie parisienne La Hune a fermé définitivement ses portes", France 24.com, le 15/06/2015. Consulté sur : http://www.france24.com/fr/20150615-librairie-paris-la-hune-fermeture-litterature-mythique-culture-gallimard-edition-saint-germain.
  14. Lucie Agache, "YellowKorner s'offre La Hune", in Connaissance des Arts, le 22/09/2015. Consulté sur : https://www.connaissancedesarts.com/photo/yellowkorner-soffre-la-hune-1130296/.
  15. http://archivesetdocumentation.centrepompidou.fr/ead.html?id=FRM5050-X0031_0000121&c=FRM5050-X0031_0000121_FRM5050-X003181738#
  16. Évènement "Passeurs (2ème partie)" - Centre Pompidou : https://www.centrepompidou.fr/cpv/resource/cgXeop5/roya8bn