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Utilisateur:690084A/Attentat du 20 Mai 1978 à Orly

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Attentat du 20 Mai 1978 à Orly
Localisation Aéroport de Paris-Orly
Cible Israël, France, Civils
Date Samedi
Armes armes automatiques, grenades offensives
Morts 5 dont deux policiers
Blessés 5 civils
Auteurs Les fils du Sud Liban
Mouvance Terrorisme palestinien

L'attentat du 20 Mai 1978 à Orly fût une tentative de tuerie de masse fomentée par des militants de la cause palestinienne dans le contexte du conflit israelo-palestinien. Survenue dans la zone d'embarquement de l'aérogare sud de l'aéroport d'Orly et ciblant spécifiquement les voyageurs à destination d'Israël, cette tuerie échouait grâce à l'intervention des forces de sécurité qui se trouvaient en sécurisation permanente sur le site. Cet attentat a néanmoins fait cinq morts et cinq blessés[1]. Il est à l'origine d'une circulaire interministérielle organisant les prémices du plan Vigipirate[2].

Contexte international[modifier | modifier le code]

L'attentat survient dans le contexte du conflit israelo-palestinien et plus particulièrement pendant l'opération Litani où le sud du Liban est investie par les forces armées israéliennes pour y créer une "zone de sécurité", ce territoire servant régulièrement de base d'incursions par les combattants palestiniens. Le 17 Mars 1978, la ville d'Abbassieh est bombardée alors que les belligérants sont encore mêlés à la population civile : on relève 125 morts dont 80 dans la mosquée qui servait de refuge aux civils (prétexte qui sera utilisé pour l'attentat, voir section "revendication"). L'organisation des nations unies envoie dès lors une force d'interposition : la FINUL, force intérimaire des nations unies au Liban, composée de parachutistes français. Les combats engagés entre les militaires français et les combattants palestiniens placent la France dans le viseur du terrorisme pro-palestinien[1].

Samedi 20 Mai 1978[modifier | modifier le code]

Faits[modifier | modifier le code]

Vers 15h30, trois terroristes militants de la cause palestinienne se présentent dans la zone d'embarquement de la salle N°30 situé dans l'aérogare sud de l'aéroport d'Orly, où de nombreux voyageurs attendent de rejoindre Tel-Aviv par le vol N°324 de la compagnie israélienne El Al. Il s'agit d'un Boeing 707 capable de contenir 160 passagers et membres d'équipage[3]. Or cette zone ayant déjà été ciblée par des attaques terroristes fait spécifiquement l'objet d'une sécurisation renforcée par deux sections de compagnies républicaines de sécurité, chargées de surveiller le flux des passagers et de contrôler leurs bagages. Lorsque les terroristes se manifestent dans la zone de contrôle, leurs attitudes suspectes attirent l'attention des policiers et du service de sécurité israélien présent dans l'aérogare[4]. Une intense fusillade éclate lorsque les terroristes exhibent de façon soudaine les armes automatiques qu'ils dissimulent dans leurs bagages[5]. Les trois terroristes sont abattus, mais les échanges de tirs ont fait plusieurs victimes. Au regard de l'armement utilisé, la rapidité et l'efficacité de la riposte policière en a cependant sérieusement limité le nombre, ce que la presse israélienne n'a pas manqué de souligner[6].

Les victimes[modifier | modifier le code]

Au terme de la fusillade, les policiers constatent le décès d'un brigadier-chef de la CRS N°31 de Darnétal, Paul Jean, cinquante-cinq ans, marié et père de quatre enfants. Cinq jours plus tard, un brigadier-chef de la CRS N°40 de Plombières-lès-Dijon, Raymond Thibert, quarante-neuf ans, marié et père de six enfants, meurt à son tour des suites de graves blessures par balles[7]. Cinq autres personnes dont une hôtesse de l'air de la compagnie El-Al et quatre passagers de nationalité française ont été blessés par des projectiles.

Revendication[modifier | modifier le code]

L'attentat alors baptisé "Opération Abbassieh" (du nom de la ville bombardée, voir section "contexte international") est revendiqué par communiqué depuis Beyrouth par une déclinaison inconnue du front populaire de libération de la Palestine : les Fils du sud Liban[8]. Ils dénoncent l'invasion du Liban par Israël mais menace également la France en ces termes : « Nous avons choisi Paris pour notre première opération, pour rappeler au gouvernement français son passé colonialiste, d'autant plus que nous constatons ces jours-ci une nette tendance à ressusciter ce passé par des interventions directes au Sahara occidental, au Tchad, au Zaïre et, demain, au Liban »[4].

Enquête[modifier | modifier le code]

L'enquête sur l'origine de cet attentat est confiée à la brigade criminelle de la préfecture de police. Elle révèle que les terroristes ont pu gagner la zone internationale de l'aéroport munis de faux documents d'identité tunisiens. Fiché par les services de renseignements français comme étant un activiste libanais du parti d'action socialiste arabe, l'un d'eux est formellement identifié comme étant Mahmoud Awada, vingt-cinq ans. Originaire de Zawtar el Charkiyeh, ses parents ont par ailleurs reçu un communiqué déclarant que leur fils était "tombé au champ d'honneur à Orly"[8]. Il était également identifié comme faisant parti du commando à l'origine de l'assassinat en 1976 de l'ambassadeur américain au Liban Francis E. Meloy, Jr[9]. Les terroristes transportaient une bombe factice, des grenades offensives soviétiques et des récents pistolets mitrailleurs de la marque italienne Beretta[4]. Ces derniers après avoir passé le premier check-point se seraient sentis suivis par le service de sécurité et auraient décidé de précipiter leur action[1].

Les prémices du plan Vigipirate[modifier | modifier le code]

Cette même année voit la production d'une circulaire interministérielle toujours classée "confidentiel défense" émanant du secrétariat générale de la défense nationale (SGDN) qui prévoit une extension considérable des pouvoirs des autorités civiles de police sans se substituer aux autorités militaires. Il s'agit du "Plan gouvernemental de vigilance, de protection et de prévention face aux menaces d'actions terroristes", lequel marque la première fièvre sécuritaire minimisant la chose militaire dans la vie civile tout en restant hors d'atteinte des droits constitutionnels. Ce plan ne sera déclenché pour la première fois qu'en 1986 à l'initiative de Charles Pasqua[10].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Philippe Boggio, « Une opération suicide ? », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  2. Centre de formation des journalistes (CFJ), « Plan Vigipirate : histoire d’une circulaire exceptionnelle devenue permanente », sur 3millions7 (consulté le )
  3. « The Stanford Daily 22 May 1978 — Four die in terrorist airport attack », sur stanforddailyarchive.com (consulté le )
  4. a b et c « Attack at Orly and Terror Group Communique Seen As War Against France », sur Jewish Telegraphic Agency, (consulté le )
  5. Robert Pinaud, Un ancien patron des CRS se souvient : un demi-siècle au service de la République, L'Harmattan, (ISBN 978-2-343-01308-4)
  6. « La presse israélienne se félicite de la prompte riposte des policiers français », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  7. « L'attentat d'Orly : décès d'un deuxième C.R.S. », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  8. a et b L. G, « Les Fils du Sud-Liban, inconnus à Beyrouth », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  9. (en-GB) « Ghosts of civil war stalk Beirut courts: Lebanon's police force », (consulté le )
  10. Jérôme Thorel, Attentifs ensemble ! L'injonction au bonheur sécuritaire., La Découverte, , "La dimension symbolique de Vigipirate"