Torii
Un torii ou tori-i (鳥居 ) est un portail traditionnel japonais, communément érigé à l’entrée d’un sanctuaire shintoïste, afin de séparer l’enceinte sacrée de l’environnement profane. Il est aussi considéré comme un symbole du shintoïsme.
Étymologie
[modifier | modifier le code]Torii (鳥居 ) signifie « là où sont les oiseaux », et donc aussi « perchoir à coq(s) ». Lié au processus de la naissance du Soleil, le coq est parfois vénéré dans de grands sanctuaires shinto, dont l’Atsuta-jingū.
Histoire
[modifier | modifier le code]On pense que les premiers toriis se sont développés au Japon. Des écrits anciens attestent de leur présence au Xe siècle et ils sont communs dès le milieu de la période Heian. Leur origine semble devoir être rapprochée de celle des torana bouddhistes, en Inde et au Népal. Il est possible que l’utilisation des toriis se soit développée progressivement.
Le torii est le résultat de la transformation du système de délimitation des sanctuaires. Initialement, elle se marquait au moyen de quatre poteaux, situés chacun à un angle du temple : une corde tendue entre eux marquait la limite entre l’emprise sacrée du sanctuaire et l’extérieur. Deux poteaux plus grands ont ensuite été rajoutés au milieu du côté qui se prêtait le mieux à accéder au sanctuaire ; la corde aurait ainsi été rehaussée entre ces deux poteaux, afin de permettre aux prêtres d’entrer (on peut voir de tels exemples aujourd’hui encore, notamment au sanctuaire Ōmiwa-jinja, préfecture de Nara). Plus tard, la corde a été remplacée par un linteau de bois, et pour renforcer la structure, on rajouta un second linteau : on obtient ainsi un shinmei torii de base. La corde tendue entre les quatre poteaux d’angle a également évolué pour devenir, plus communément, une clôture en bois.
Structure
[modifier | modifier le code]Un torii est constitué de deux montants verticaux (柱, hashira ) supportant deux linteaux horizontaux : un linteau supérieur (笠木, kasagi ), et un linteau inférieur (貫, nuki )[1]. Les toriis sont traditionnellement réalisés en bois, et peints en vermillon. Le plus ancien torii en bois toujours existant est celui du sanctuaire Kubo Hachiman (窪八幡神社, Kubo Hachiman jinja , dans la préfecture de Yamanashi). Il date de 1535, et se rattache au style ryōbu.
Il existe également des toriis en pierre ; ce matériau a été couramment utilisé pour sa solidité et sa durabilité. Ainsi certains toriis en bois ont pu être remplacés par des toriis en pierre. Le plus ancien torii en pierre connu se trouve dans un sanctuaire Hachiman à Yamagata[2].
Enfin, certaines techniques de construction emploient un placage en cuivre sur une ossature en bois. Le plus ancien torii de la sorte connu est celui du temple Kinpusen-ji, préfecture de Nara. Construit en 1455, il s’agit d’un torii de type myōjin. De nos jours, certains toriis sont même construits en béton armé ou en métal[2].
Types de toriis
[modifier | modifier le code]Il existe une variété quasi-infinie de toriis, qui se classent en différentes catégories sur la base de caractéristiques subtiles. Néanmoins, ils peuvent être divisés en deux grands types: les toriis droits, appelés shinmei torii (神明鳥居 ), et les toriis recourbés, appelés myōjin torii (明神鳥居 ).
Chacune de ces deux grandes classes comporte de nombreuses variantes :
- Toriis droits (shinmei torii)
- Ise torii (伊勢鳥居 )
- Kasuga torii (春日鳥居 )
- Hachiman torii (八幡鳥居 )
- Kashima torii (鹿島鳥居 )
- Kuroki torii (黒木鳥居 )
- Toriis recourbés (myōjin torii)
- Inari torii (稲荷鳥居 )
- Sannō torii (山王鳥居 )
- Miwa torii (三輪鳥居 )
- Ryōbu torii (両部鳥居 )
- Mihashira torii (三柱鳥居 )
- Mitsuhashira torii (三柱鳥居 )
Usage
[modifier | modifier le code]Du fait de sa fonction de séparation symbolique du monde physique et du monde spirituel, chaque torii traversé lors de l’accès à un sanctuaire doit être retraversé dans l'autre sens afin de revenir dans le monde matériel. Il n'est pas rare de voir des Japonais contourner un torii lorsqu'ils pensent ne pas repasser plus tard par cet endroit.
Il était aussi interdit de passer au milieu du torii lors de sa traversée, le passage au milieu étant réservé aux kamis (cette règle s'est relativement perdue au fil des siècles et est désormais principalement respectée à la campagne).
Références
[modifier | modifier le code]- Manabu Toya, « Visite guidée d’un sanctuaire shintô 1 : torii », www.nippon.com, 15 août 2016 (consulté le 6 juin 2019).
- « JAANUS / torii 鳥居 », sur www.aisf.or.jp (consulté le )