Tétrafluorure de thorium

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Tétrafluorure de thorium
Image illustrative de l’article Tétrafluorure de thorium
__ Th4+     __ F
Structure cristalline du fluorure de thorium(IV)
Identification
Nom UICPA tetrafluorothorium
Synonymes

fluorure de thorium(IV)

No CAS 13709-59-6
No ECHA 100.033.857
No CE 237-259-6
PubChem 83680
SMILES
InChI
Apparence solide blanc[1]
Propriétés chimiques
Formule F4ThThF4
Masse molaire[2] 308,031 67 ± 2,0E−5 g/mol
F 24,67 %, Th 75,33 %,
Propriétés physiques
fusion 1 068 °C[1]
ébullition 1 680 °C[3]
Masse volumique 6,32 g/cm3[1]
Cristallographie
Système cristallin monoclinique[1]
Classe cristalline ou groupe d’espace I2/c (no 15) [1]
Paramètres de maille a = 1 313 pm,
b = 1 102 pm,
c = 862 pm,
β = 126°[1]
Propriétés optiques
Indice de réfraction 1,52[4]
Précautions
Matériau radioactif
Composé radioactif

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

Le tétrafluorure de thorium est un composé chimique de formule ThF4. Il se présente sous la forme d'une poudre blanche cryptocristalline ou de cristaux irisés à réfraction simple. Il est insoluble dans l'eau et a une structure cristalline monoclinique appartenant au groupe d'espace I2/c (no 15, position 8) avec pour paramètres cristallins a = 1 313 pm, b = 1 102 pm, c = 862 pm et β = 126°[1], semblable à celle du tétrafluorure de zirconium ZrF4. Cette structure cristalline contient des unités ThF8 de géométrie antiprismatique carrée.

Synthèse et réactions[modifier | modifier le code]

Le tétrafluorure de thorium peut être obtenu en faisant réagir du fluorure d'hydrogène HF avec du dioxyde de thorium ThO2 à 550 °C ou de l'hydrure de thorium (en) Th4H15 à 350 °C[1] :

ThO2 + 4 HF ⟶ ThF4 + 2 H2O ;
2 Th4H15 (en) + 32 HF ⟶ 8 ThF4 + 31 H2.

Il est également possible de le produire en faisant réagir de l'oxyde de thorium avec du bifluorure d'ammonium NH4HF2 à 500 °C[1] :

ThO2 + 4 NH4HF2 ⟶ ThF4 + 4 NH4F + 2 H2O.

La synthèse directe à partir de thorium et de fluor F2 est également possible[5].

Le tétrafluorure de thorium réagit avec l'humidité de l'air aux températures supérieures à 500 °C pour former de l'oxyfluorure de thorium (en) ThOF2[5]. Il forme des hydrates, notamment des octahydrates, tétrahydrates et dihydrates, dont seule la structure de l'hémihydrate a pu être déterminée[6] ; l'eau de cristallisation de l'hémihydrate peut être éliminée par chauffage à 400 °C sous vide[7].

Applications[modifier | modifier le code]

Le tétrafluorure de thorium est utilisé pour produire du thorium pur et des céramiques réfractaires. Il peut également être employé comme cible de pulvérisation cathodique pour la production de couches minces à faible indice de réfraction sans absorption dans le domaine visible et ultraviolet[5]. Malgré sa radioactivité, qui reste assez faible, le tétrafluorure de plutonium est utilisé dans certains traitements antireflet à base de revêtements optiques multicouches. Il est très transparent dans les longueurs d'onde de 0,35 à 12 µm et son rayonnement, essentiellement sous forme de particules α, est facilement arrêté par une couche mince superficielle d'un autre matériau[8],[9]. Il a également été utilisé pour la réalisation de lampes à arc pour projecteurs[10].

Le tétrafluorure de thorium est étudié dans la réalisation de réacteurs nucléaires à sels fondus[11],[12] (MSR), notamment les réacteurs au thorium à fluorures liquides (en)[13],[14] (LFTR).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h et i (de) Georg Brauer, en collaboration avec Marianne Baudler, Handbuch der Präparativen Anorganischen Chemie, 3e éd. révisée, vol. 1, Ferdinand Enke, Stuttgart 1975, p. 1135. (ISBN 3-432-02328-6)
  2. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  3. (en) William M. Haynes, CRC Handbook of Chemistry and Physics, 93e éd. révisée, CRC Press, 2012, p. 95. (ISBN 978-1439880494)
  4. (en) Ronald R. Willey, Practical Design and Production of Optical Thin Film, 2e éd. révisée, CRC Press, 2002, p. 276. (ISBN 978-0203910467)
  5. a b et c (en) Dale L. Perry, Handbook of Inorganic Compounds, 2e éd., CRC Press, 2016, p. 426. (ISBN 978-1-4398-1462-8)
  6. (en) L. R. Morss, N. M. Edelstein, J. Fuger et J. J. Katz, The Chemistry of the Actinide and Transactinide Elements, vol. 1-6, Springer, 2010, p. 79, DOI 10.1007/978-94-007-0211-0. (ISBN 978-94-007-0210-3)
  7. (en) H. J. Emeléus et A. G. Sharpe, Advances in Inorganic Chemistry and Radiochemistry, vol. 2, Academic Press, 1972, p. 208. (ISBN 978-0080578637)
  8. (en) James D. Rancourt, Optical Thin Films: User Handbook, SPIE Press, 1996, p. 196. (ISBN 978-0819422859)
  9. (en) W. Heitmann et E. Ritter, « Production and Properties of Vacuum Evaporated Films of Thorium Fluoride », Applied Optics, vol. 7, no 2,‎ , p. 307-309 (PMID 20062461, DOI 10.1364/AO.7.000307, Bibcode 1968ApOpt...7..307H, lire en ligne)
  10. (en) John J. Mcketta et William Aaron Cunningham, « Thermoplastics to Trays », Encyclopedia of Chemical Processing and Design, vol. 58, M. Dekker, 1976, p. 81. (ISBN 978-0824726096)
  11. « Réacteurs à sels fondus »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur laradioactivite.com, (consulté le ).
  12. (en) E. Merle-Lucotte, D. Heuer, M. Allibert, V. Ghetta, C. Le Brun, R. Brissot, E. Liatard et L. Mathieu, « The thorium molten salt reactor: Launching the thorium cycle while closing the current fuel cycle » [PDF], sur hal.in2p3.fr, (consulté le ).
  13. (en) « Chemical Processing for Liquid-Fluoride Thorium Reactors », sur nuc.berkeley.edu, Université de Californie à Berkeley (consulté le ).
  14. (en) Che Nor Aniz, Che Zainul Bahri, Aznan Fazli Ismail et Amran Ab. Majid, « Synthesis of thorium tetrafluoride (ThF4) by ammonium hydrogen difluoride (NH4HF2) », Nuclear Engineering and Technology, vol. 51, no 3,‎ , p. 792-799 (DOI 10.1016/j.net.2018.12.023, lire en ligne)