Steinway CD-318

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Steinway CD-318

Facteur Steinway & Sons
Instrument Piano à queue : Steinway modèle D
Année de construction
Propriétaire actuel Centre national des Arts
Propriétaires
Bibliothèque et Archives Canada
Glenn Gould
CBC

Le Steinway CD-318 est un piano de concert modèle D fabriqué par le facteur Steinway & Sons. Il est connu pour avoir été l'instrument favori du pianiste Glenn Gould avant qu'une chute en n'abîme l'instrument.

Description[modifier | modifier le code]

Technique[modifier | modifier le code]

Le Steinway CD-318 est un exemplaire de piano de concert modèle D fabriqué par Steinway & Sons[1]. Son numéro de série de D #271146.

La fabrication de l'instrument est terminée en dans les ateliers Steinway & Sons de New York[1].

Le pianiste Glenn Gould a commandé plusieurs modifications du CD-318 afin notamment d'adapter la sonorité du piano à certains répertoires[2],[3]. Les mécanismes de l'instrument ont par exemple été modifiés afin de rapprocher les marteaux des cordes du piano[4]. Selon le musicologue Michael Stegemann, cette transformation engendre davantage de clarté dans le son produit par l'instrument[4]. Toutefois, Glenn Gould indique que si les transformations ont impacté la sonorité de l'instrument, elles ne l'ont pas radicalement modifiées[2]. Les caractéristiques fondamentales de cet exemplaire sont donc restées les mêmes[2].

Une chute en a occasionné des dégâts au CD-318, notamment quatre fissures au niveau du cadre et des cassures dans la table d'harmonie. Malgré des réparations[Note 1], le piano ne retrouve pas parfaitement sa sonorité antérieure ni la réactivité de ses mécanismes[5],[6],[7],[8].

Sonorité[modifier | modifier le code]

Pour Glenn Gould, le CD-318 présente un son particulièrement brillant. Le soliste rapproche d'ailleurs ce piano d'un clavecin[2],[5],[7],[3].

Techniciens[modifier | modifier le code]

Franz Mohr, le technicien responsable des pianos de concert chez Steinway & Sons, a été en chargé de l'instrument. Il devait notamment s'en occuper lorsque le piano était envoyé à New York pour des révisions ou des réparations plus conséquentes. C'est notamment sous la direction de Franz Mohr que l'atelier Steinway & Sons s'est occupé de remettre l'instrument en état après sa chute en [9],[6].

Durant la période d'utilisation du CD-318 par Glenn Gould, c'est à l'accordeur Verne Edquist qu'est confié le réglage de l’instrument lorsqu'il se trouve à Toronto[10],[7],[3]. Après la chute et la remise en état du piano, Verne Edquist tentera avec Glenn Gould de retrouver le son antérieur du CD-318, mais les deux hommes ne parviendront pas à découvrir ce réglage[5],[7].

Histoire[modifier | modifier le code]

Après sa fabrication en à New York, le CD-318 est envoyé au vendeur spécialisé de Toronto Paul Hahn & Co. en [Note 2]. Il est exposé au magasin Eaton de Toronto, dans la galerie dévolue aux pianos. Il est vraisemblable que l'instrument y soit resté jusqu'en [1].

En , la CBC acquiert le CD-318[Note 3]. Le média canadien utilise alors le piano pour les performances artistiques retransmises en direct à la radio. Durant cette période, l'instrument est régulièrement déplacé selon les besoins d'enregistrement de la CBC. Entre deux déplacements, il est entreposé dans les locaux de l'entreprise, à la bibliothèque musicale située dans les coulisses de l'auditorium Eaton, et accessible pour des répétitions[1].

Le jeune Glenn Gould a l'occasion de jouer sur le piano en avec l'orchestre symphonique de Toronto. Toutefois, les années suivantes, le CD-318 ne sert que rarement pour des enregistrements ou des répétitions[5],[7].

C'est en , Glenn Gould retrouve l'instrument entreposé dans les coulisses de l'auditorium Eaton. Fasciné par le son de l’instrument et sa réactivité, le pianiste canadien en fait son instrument principal[Note 4],[11]. Il joue presque exclusivement sur celui-ci jusqu'à la chute du CD-318 en [2],[5],[7],[12].

En , l'instrument tombe lors d'un transport[Note 5],[6],[7]. Cette chute occasionne plusieurs dégâts, notamment une fissure du cadre en fonte de l'instrument[6],[7]. Le CD-318 nécessite plusieurs mois de travail par l'atelier Steinway & Sons sous la direction de Franz Mohr pour revenir dans un état satisfaisant[9]. Toutefois, l'instrument ne retrouve pas complètement la sonorité attendue par Glenn Gould, malgré les tentatives de réglage de l'accordeur Verne Edquist[6],[1],[7],[8]. Ainsi, le soliste canadien délaissera le CD-318 pour son dernier enregistrement des variations Goldberg en [Note 6],[6],[1],[7].

En , Glenn Gould achète le CD-318 à Steinway & Sons qui souhaitait résilier le contrat de location. Malgré cette acquisition, le pianiste joue de moins en moins sur l'instrument qui n'offre plus la même sonorité qu'avant la chute[8].

À la mort de Glenn Gould en , le CD-318 ainsi que la chaise du pianiste sont transférées à la Bibliothèque et aux Archives du Canada[14].

Le CD-318 est cédé par l'institution au Centre national des Arts d'Ottawa en . À l'exception de travaux en , le piano est exposé au public depuis cette date[Note 7],[Note 8],[6],[14].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le cadre est intégralement remplacé et de nombreux mécanismes sont également changés[5].
  2. Les archives du vendeur indiquent que le piano est estimé à environ 2 300 dollars[1].
  3. Le montant de la transaction est de 2 000 dollars[1].
  4. Glenn Gould évoque sa relation avec le CD-318 comme une « romance à trois pattes »[7].
  5. Le piano est déplacé entre Cleveland et Toronto[7],[13].
  6. Le pianiste canadien préfère jouer sur un grand piano de concert Yamaha CFII. Cet instrument est aujourd'hui utilisé au Roy Thomson Hall de Toronto[1].
  7. L'exposition du piano est inauguré par un concert du jeune pianiste canadien Jan Lisiecki[14].
  8. Lors des travaux de 2016, le CD-318 est entreposé provisoirement dans les réserves du Musée canadien de la nature (cet espace offre des conditions de préservation - température, hygrométrie, volume de stockage, etc. - adéquates pour le piano). Pour commémorer le déplacement de l'instrument, Jan Lisiecki donne un récital sur le CD-318[6].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h et i (en) Ron Skinner et Frank Lockyer Palmer, « The story of the Glenn Gould Steinway piano in studio Q », CBC,‎ (lire en ligne Accès libre)
  2. a b c d et e Monsaingeon (2019), p. 301.
  3. a b et c Leroux (2012), p. 40.
  4. a et b AFP, « Une nouvelle intégrale du légendaire pianiste Glenn Gould paraît en 81 disques », Le Point,‎ (lire en ligne Accès libre)
  5. a b c d e et f (en) Zee Huang, « Pianists and their Beloved Pianos : Glenn Gould and his Steinway CD 318 », Vinnie Classroom,‎ (lire en ligne Accès libre)
  6. a b c d e f g et h (en) Terry Pedwell, « Gould's Steinway finds temporary home as National Arts Centre is renovated », HuffPost,‎ (lire en ligne Accès libre)
  7. a b c d e f g h i j k et l (en) Brian Bethune, « Glenn Gould's Steinway », The Canadian Encyclopdia,‎ (lire en ligne Accès libre)
  8. a b et c Leroux (2012), p. 41.
  9. a et b Monsaingeon (2019), p. 301-302.
  10. Philippe Gault, « Verne Edquist, l’accordeur et ami de Glenn Gould est mort à l’âge de 89 ans », Radio Classique,‎ (lire en ligne Accès libre)
  11. (de) Jochen Eichner, « Gould schreibt einen Brief an Steinway », BR Klassik,‎ (lire en ligne Accès libre)
  12. Leroux (2012), p. 38 ; 40.
  13. Leroux (2012), p. 39.
  14. a b et c (en) The Canadian Press, « Glenn Gould’s Steinway CD 318 to join National Arts Centre's permanent collection », National Post,‎ (lire en ligne Accès libre)

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Georges Leroux, « La recherche de l’instrument idéal. Les pianos de Glenn Gould. : À propos d’un essai de Katie Hafner » [« The Search for the Ideal Instrument. The Pianos of Glenn Gould. On a book by Katie Hafner »] (Compte rendu de Katie Hafner, A Romance on Three Legs. Glenn Gould’s Obsessive Quest for the Perfect Piano, New York, Bloomsbury, 2008, 259 p.), Circuit - Musiques contemporaines, Montréal, Les Presses de l'Université de Montréal, vol. 22, no 2 « Glenn Gould et la création »,‎ , p. 37-41 (ISSN 1183-1693 et 1488-9692, DOI 10.7202/1012791ar, lire en ligne Accès libre). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Keyboard Magazine et Glenn Gould (trad. de l'anglais, Interview accordée par Glenn Gould au magazine Keyboard Magazine en ), « Glenn Gould et le piano », dans Bruno Monsaingeon, Glenn Gould : Contrepoint à la ligne et autres écrits, Paris, Éditions Robert Laffont, , 955 p. (ISBN 978-2-221-20017-9), p. 296-312. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Annexes[modifier | modifier le code]

Liens[modifier | modifier le code]