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Scandale des abus sexuels dans la fédération américaine de gymnastique

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Scandale des abus sexuels dans la fédération américaine de gymnastique
Fait reproché Agressions sexuelles
Pays États-Unis
Nombre de victimes plus de 500

Le scandale des abus sexuels dans la fédération américaine de gymnastique est une série d'affaires criminelles ayant débuté à la fin des années 1990, s'étant étalé sur plus de deux décennies et concernant l'abus sexuel de gymnastes américaines féminines, majoritairement mineures lors des évènements. Plus de 368 personnes ont allégué avoir subi des agressions sexuelles « par des propriétaires de club, des entraîneurs et des employés de programmes gymniques de partout au pays »[1],[2]. Larry Nassar entre autres, ancien médecin, kinésithérapeute et ostéopathe de l'équipe nationale de gymnastique des États-Unis, est cité dans plusieurs centaines de procès intentés par des athlètes affirmant qu’il aurait abusé d'elles sexuellement, sous prétexte de leur administrer un traitement médical.

Depuis la publication par The Indianapolis Star des premières accusations publiques, plus de 265 femmes ont accusé Nassar d'abus sexuels[3]. Parmi elles se trouvent des membres ou anciennes membres de l'équipe nationale américaine de gymnastique telles que Jessica Howard (en),Jamie Dantzscher (en), Jeanette Antolin (en), McKayla Maroney, Kyla Ross, Aly Raisman, Maggie Nichols, Gabby Douglas, Simone Biles, Sabrina Vega, Ashton Locklear, Madison Kocian, Tasha Schwikert, Alyssa Baumann et Jordyn Wieber. Il s'agit d'un des plus gros scandales d'abus sexuels de l'histoire du sport[4],[5],[6],[7].

Le , Nassar est jugé pour sept chefs d'accusation d'agression sexuelle au premier degré, puis le pour trois nouvelles accusations d'agression sexuelle. Il plaide coupable pour pornographie infantile et est condamné le à 125 ans de prison.

Une enquête de neuf mois menée par The Indiapolis Star a permis de découvrir que les abus étaient répandus parce que « les entraîneurs prédateurs pouvaient aller de gymnase en gymnase, indétectés par un système de surveillance laxiste ou dangereusement régie par les clubs certifiés de USA Gymnastic »[2]. La Fédération américaine de gymnastique et l'université d'État du Michigan, où Nassar a enseigné et exercé, ont été accusées de négligence et leur responsabilité a été engagée dans les procès civils intentés contre Nassar par d'anciennes gymnastes[8]. Outre Nassar, des entraîneurs provenant de plusieurs états, comme le Michigan, la Pennsylvanie, la Californie, le Rhode Island et l'Indiana, ont été impliqués dans le scandale[2].

Le , ESPN annonce que le Arthur Ashe Courage Award sera remis aux victimes de Larry Nassar[9]. Le de la même année, la National Collegiate Athletic Association (NCAA) remet le Inspiration Award 2019 à Nichols qui, bien qu’elle n'ait pas publicisé sa démarche, fut la première à signaler Nassar[10].

Le , le procès entre USA Gymnastics et plus de 500 victimes d'agressions sexuelles, dont plus de 300 commises par l'ancien médecin de l'équipe nationale Larry Nassar prend fin par un accord à l'amiable, qui notamment indemnise les victimes à hauteur de 380 millions de dollars et prévoit des procédures d'analyse par le nouveau conseil d'administration afin d'éviter la répétition du problème[11].

En 1990, l'USAG dressa la liste des entraîneurs bannis à vie, y compris ceux l'étant à cause d'abus sexuel[12]. En 1992, Robert Dean Head, un entraîneur du Kentucky, plaide coupable pour le viol d'une jeune fille de 12 ans. En 2007, l'USAG impose la vérification des antécédents judiciaires pour tous les entraîneurs. Don Peters, entraîneur national de l'équipe olympique de 1984, est banni en 2011 à la suite d’accusations d'abus sexuels de trois anciennes gymnastes[13]. En 2016, Larry Nassar, médecin de l'équipe olympique, est arrêté et accusé d'abus sexuels et de possession de pornographie infantile. Depuis, plusieurs victimes d'abus sexuels ont entamé des poursuites contre l'USAG et d'autres parties prenantes[14].

À plusieurs reprises, l'USAG a ignoré les avertissements lancés sur des entraîneurs. Dans une poursuite datant de 2013, les responsables de l'USAG ont admis sous serment que les allégations d'abus sexuels étaient régulièrement qualifiées de rumeurs si elles ne venaient pas directement d'une victime ou d'un parent d'une victime. Ils ont attendu quatre ans avant de signaler Marvin Sharp aux autorités policières. Accusé de trois chefs d'accusations d'abus sexuel sur mineur et de quatre chefs d'accusation d'inconduite sexuelle sur mineur, il se suicide en prison. En 2002, Mark Shiefelbein est accusé d'avoir abusé d’une fillette de 10 ans. À la suite d'une injonction afin d'avoir accès à son dossier, les procureurs ont appris que l'USAG avait reçu précédemment des plaintes contre l'entraîneur. Schiefelbein a été déclaré coupable et a reçu une sentence de 36 ans de prison. Une plainte avait aussi été faite contre James Bell au moins cinq ans avant qu'il ne soit arrêté en 2003 pour des abus sexuels à l'encontre de trois jeunes gymnastes. Il a plaidé coupable et a purgé une peine de prison de 8 ans[15].

Au moins quatre plaintes ont été déposées contre William McCabe, un coach de Géorgie, sans que l'USAG ne le rapporte aux autorités. Le propriétaire d'un club aurait d'ailleurs prévenu la fédération que McCabe « devrait être enfermé en cage avant que quelqu’un ne soit violé »[15]. McCabe a pu continuer à travailler comme entraîneur pendant sept ans, soit jusqu'à ce que la mère d'une athlète de 11 ans ne présente au FBI les courriels qu'il avait envoyés à sa fille. McCabe fût accusé d'agression envers des gymnastes, d'avoir secrètement filmé des jeunes filles se changeant et mis sur Internet leur photos nues. Il a plaidé coupable et purge une peine de 30 ans d'incarcération[15].

Les accusations d'abus sexuels

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Larry Nassar était diplômé de kinésithérapie et d'ostéopathie et médecin de l'équipe nationale de gymnastique des États-Unis. Il a également été propriétaire d'une clinique et d'un club de gymnastique à l'université d'État du Michigan, dont il était membre de la faculté. L'USA Gymnastics (USAG) a licencié Nassar en 2015 après avoir appris les inquiétudes des athlètes.

En , L'Indianapolis Star a révélé que deux anciennes gymnastes avaient accusé Nassar d'abus sexuels[16]. À la suite de quoi, l'université d'État du Michigan a mis à pied Nassar, pour le renvoyer plus tard dans le mois. Depuis, plus de 250 personnes ont accusé Nassar d'agressions sexuelles[16],[3],[17]. Selon les plaignantes, Nassar agissait au cours d'examens médicaux, allant de l'insertion d'un doigt dans le vagin ou l'anus des gymnastes, jusqu'à leur caresser les seins et les organes génitaux. Nassar a d'abord nié les accusations, affirmant qu'il avait respecté les procédures médicales[8]. En , trois anciennes gymnastes, Jeanette Antolin (en), Jessica Howard et Jamie Dantzscher (en), ont donné une interview à 60 Minutes dans lequel elles ont accusé Nassar d'agression sexuelle. Les gymnastes se confient également sur la « violence psychologique de l'environnement » dans les camps d'entraînement de l'équipe nationale gérés par Béla et Márta Károlyi au Karolyi Ranch de Huntsville, au Texas, ce qui a donné à Nassar une occasion de profiter des gymnastes et de les effrayer pour qu'elles n'en parlent pas[18]. Le , la médaillée d'or olympique McKayla Maroney, à l'aide du hashtag #MeToo sur Twitter, accuse Nassar de l'avoir agressée à plusieurs reprises, entre ses treize ans et jusqu'à sa retraite de la compétition en 2016[19]. Au cours d'une interview le pour 60 Minutes, Aly Raisman, également médaillée d'or aux Jeux de Londres, a aussi accusé Nassar de l'avoir agressée sexuellement. Dans un communiqué posté sur Instagram le , Gabrielle Douglas, championne olympique du concours général à Londres et par équipes de cette édition et aux Jeux de Rio de Janeiro a dit qu'elle était aussi une victime de Nassar.

Le , au tribunal du comté d'Ingham dans le Michigan, Nassar plaide coupable des sept chefs d'accusation d'agressions sexuelles premier degré sur des jeunes filles mineures[20]. Trois des victimes étaient âgées de moins de treize ans et trois étaient âgés de treize à quinze ans. Rachael Denhollander (en), une ancienne gymnaste de l'US Gymnastics devenue avocate, a déclaré en au tribunal que Nassar a abusé d'elle lors de cinq visites chez le médecin en 2000, quand elle avait 15 ans. Raisman a déclaré que Nassar a également abusé d'elle quand elle était âgée de quinze ans. Le (quelques jours avant ses accusations), Gabrielle Douglas s'est attiré les foudres de sa compatriote et coéquipière olympique Simone Biles et d'autres athlètes pour un tweet qu'ils ont jugé comme une critique de Raisman et un « victim-bashing », indiquant que « se vêtir de façon provocatrice/sexuelle induit les gens en erreur ». Douglas s'est ensuite excusée pour le tweet, insinuant qu'elle avait aussi été abusée par Nassar[21].

Procédures criminelles

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Steve Penny

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Le , Steve Penny, ancien directeur-général de l'USAG, est arrêté pour falsification de preuves dans la poursuite contre Larry Nassar. Selon les accusations, il aurait retiré des documents liés à l'affaire d'abus sexuels de Nassar du centre d'entraînement de gymnastique Karolyi Ranch au Texas[22],[23]. Il a plaidé non-coupable le mais son procès est toujours en suspens à la suite de la pandémie de la COVID-19[24].

Lou Anna Simon

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Le , Lou Anna Simon, ancienne présidente de l'université d'État du Michigan, est inculpée de deux crimes et deux infractions pour des déclarations mensongères à la police. Elle est accusée d'avoir faussement déclaré aux enquêteurs ne pas connaître la nature d'une plainte contre Nassar, faite en 2014 en vertu du Titre IX. Elle risquait ainsi jusqu'à quatre ans de prison pour chaque accusation[25].

Le , la juge Julie Reincke de la cour de district du comté d'Eaton a jugé qu'il y avait suffisamment de preuves pour assigner à procès Simon devant la cour de circuit du comté d'Eaton[26].

Le , John Maurer, juge du comté d'Eaton, a rejeté les accusations portées contre Simon. Le bureau du procureur général du Michigan a déclaré prévoir faire appel de cette décision[27].

Kathie Klages

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En , Kathie Klages, ancienne entraîneure de gymnastique à l'université d'État du Michigan, a été inculpée d'un chef d'accusation d'acte délictueux grave et d'un chef d'accusation de délit mineur pour avoir menti à la police à propos de ses connaissances préalables sur les allégations d'abus sexuels contre Nassar[28].

Son procès a débuté en et elle a été reconnue coupable en de deux chefs d'accusation pour avoir menti à la police. Elle risque jusqu'à quatre ans de prison. Le , Klages a été condamné à 90 jours de prison et à 18 mois de probation[29].

Ses avocats ont fait appel de cette décision et le , la cour d'appel a annulé la condamnation de Klages, statuant par deux voix contre une que sa fausse déclaration n'était pas importante pour l'enquête criminelle en cours[30].

Réponses et impact

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Le , à la suite de la condamnation de Nassar, le Comité olympique des États-Unis (USOPC) a publié une lettre ouverte appelant à la démission des membres restants du conseil d'administration de l'USAG, affirmant qu'à défaut de se conformer à cette demande, l'USOPC prendrait des mesures pour décertifier le corps administratif. L'USOPC a également annoncé qu'il lançait une enquête indépendante sur ce scandale[31]. Le , l'USAG recevait les démissions de tous les membres de son conseil d'administration, se conformant ainsi aux exigences de l'USOPC[32].

Documentaires

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Notes et références

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  1. (en) « New Report Reveals 20-Year Sex Abuse Scandal Across US Gymnastics Programs », sur vice.com (consulté le ).
  2. a b et c (en-US) Tim Evans, Mark Alesia, and Marisa Kwiatkowski, « A 20-year toll: 368 gymnasts allege sexual exploitation », sur The Indianapolis Star (consulté le ).
  3. a et b (en) « Larry Nassar case: USA Gymnastics doctor 'abused 265 girls' », sur bbc.com, (consulté le ).
  4. Juliet Macur, « Who Has U.S.A. Gymnastics' Back at This Point? The U.S.O.C., for Some Reason », sur The New York Times, .
  5. Alice Park, « USA Gymnastics Board Members Resign Amid Larry Nassar Sexual Abuse Scandal », sur Time, .
  6. Bryan Armen Graham, « Why don't we care about the biggest sex abuse scandal in sports history? », sur The Guardian, .
  7. Caleb Parke, « Michigan State accused of covering up worst sex abuse scandal in US sports », sur Fox News, .
  8. a et b Rick Maese and Will Hobson, « USA Gymnastics alerted FBI in 2015 to doctor accused of abuse », sur chicagotribune.com (consulté le ).
  9. (en-US) Scooby Axson, « Larry Nassar victims to receive ESPY Ashe Courage award », sur Sports Illustrated (consulté le ).
  10. (en) « 2019 NCAA Inspiration Award: Maggie Nichols », sur NCAA.org - The Official Site of the NCAA, (consulté le ).
  11. « Une entente de 380 millions pour les victimes de Larry Nassar », sur Le Devoir (consulté le ).
  12. « USA Gymnastics | Permanently Ineligible Members and Participants », sur usagym.org (consulté le ).
  13. (en-US) « Gymnasts accuse renowned coach of sex abuse », sur Orange County Register, (consulté le ).
  14. « A Legacy of Inaction - The Washington Post | HighBeam Research », sur web.archive.org, (consulté le ).
  15. a b et c « A BLIND EYE TO SEX ABUSE ; How USA Gymnastics Protected Coaches over Kids by Failing to Report Allegations of Misconduct - Dayton Daily News (Dayton, OH) | HighBeam Research », sur web.archive.org, (consulté le ).
  16. a et b (en-US) Tim Evans, Mark Alesia, and Marisa Kwiatkowski, « Former USA Gymnastics doctor accused of abuse », sur The Indianapolis Star (consulté le ).
  17. (en-US) Scott Cacciola et Victor Mather, « Larry Nassar Sentencing: ‘I Just Signed Your Death Warrant’ », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  18. (en) « On 60 Minutes, former gymnasts allege sexual abuse », sur cbsnews.com (consulté le ).
  19. (en) Alice Park, « Who Is Larry Nassar, the Former USA Gymnastics Doctor Aly Raisman Accuses of Sexual Abuse? », sur time.com, (consulté le ).
  20. (en) Nicole Chavez, Eric Levenson, CNN, « Ex-USA Gymnastics doctor apologizes, pleads guilty to criminal sexual conduct », sur edition.cnn.com, .
  21. (en) « Gabby Douglas apologizes after Simone Biles calls out victim shaming tweet », sur theguardian.com, .
  22. (en) By Nicole Chavez and Joe Sutton CNN, « Former USA Gymnastics president arrested on charge of evidence tampering in Larry Nassar case », sur CNN, (consulté le ).
  23. (en-US) Nancy Armour and Rachel Axon, « Former USA Gymnastics CEO Steve Penny arrested, indicted for tampering with evidence », sur USA TODAY (consulté le ).
  24. (en) Joseph Brown | The Item, « One year later, jury trials set to resume in June », sur Itemonline.com (consulté le ).
  25. (en-US) Mitch Smith et Monica Davey, « Ex-President of Michigan State Charged With Lying About Nassar Case », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  26. (en-US) Beth LeBlanc, « Former MSU President Lou Anna Simon to be tried on Nassar-related charges », sur The Detroit News (consulté le ).
  27. (en-US) Kim Kozlowski, « Judge dismisses charges against former MSU president Simon in Nassar case », sur The Detroit News (consulté le ).
  28. (en) Eric Levenson,Kristina Sgueglia, « Ex-Michigan State gymnastics coach turns herself in on charges related to Nassar case », sur CNN, (consulté le ).
  29. (en-US) Kim Kozlowski, « Former MSU gymnastics coach Klages gets 90-day sentence, probation », sur The Detroit News (consulté le ).
  30. « Kathie Klages - National Registry of Exonerations », sur www.law.umich.edu (consulté le )
  31. (en) « USOC: Entire USA Gymnastics board must resign over Larry Nassar sex abuse scandal », sur CBSSports.com (consulté le ).
  32. « USA Gymnastics statement regarding Board resignations »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur USA Gymnastics (consulté le ).
  33. Athlete A : dans les coulisses des abus sexuels dans la gym américaine, Ecrire le sport, 4 juillet 2020, par Assia Hamdi