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Laurier-cerise

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Prunus laurocerasus

Le Laurier-cerise (Prunus laurocerasus), parfois appelé laurier de Trébizonde, laurier-amande, laurier-palme ou laurelle, est une espèce de plantes à fleurs de la famille des Rosaceae. C'est un arbuste fréquemment planté en haies, appréciant les climats doux (côtes méditerranéenne et atlantique notamment). Cette espèce est considérée comme envahissante en Europe occidentale et en Amérique du Nord[1].

Terminologie

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Cette plante fait partie des nombreuses plantes appelées « laurier » en raison de l'aspect de leurs feuilles, elliptiques, coriaces et brillantes. Originaire du haut-plateau arménien, il n'a pourtant rien à voir avec le genre Laurus puisqu'il appartient à la famille des Rosacées et au genre Prunus.

D'autres noms vernaculaires, utilisés parfois selon les variétés plantées, rappellent son origine (l'Asie mineure) ou son usage : laurier du Caucase, laurier de Trébizonde (en référence à une colonie grecque établie à l'époque en Anatolie)[2], laurier à lait, laurier aux crèmes ou laurier-tarte (allusion aux feuilles infusées pour aromatiser le lait ou des desserts lactés avec le parfum d’amande amère)[3], laurier-amande, laurier-amandier (allusion à l'odeur d'amande amère au froissement, due au benzaldéhyde volatil)[4], laurine[2]. Ces noms prêtent à confusion car, dans la taxonomie botanique, cette plante est un cerisier et non un laurier.

L'épithète spécifique laurocerasus fait référence au latin : laurier (laurus) et cerise (cerasus, apparemment de la cité antique anatolienne Cérasonte[5]).

Originaire d'Asie occidentale, cette plante est découverte par le naturaliste Pierre Belon en 1546 à Trébizonde. Apportée par Belon à Constantinople, elle est importée en Italie[3]. En 1558, alors que Belon visite en Toscane des jardins d'acclimatation, on lui fait cadeau de deux boutures de laurier-cerise qu'il rapporte en France[6]. La plante s'est ainsi progressivement acclimatée en Europe depuis la Renaissance.

Description

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Les nectaires extra-floraux (sous forme de ponctuations vertes chez cette feuille jeune) offrent du nectar notamment aux fourmis.

Le laurier-cerise est un arbuste à feuillage persistant, pouvant atteindre 8 m de haut s'il est planté en solitaire, avec un port compact puis arborescent[7]. Son tronc rameux, à l'écorce lisse et noirâtre, porte de très nombreux rameaux grisâtres. Les feuilles simples alternes et pétiolées sont coriaces, à avers brillant et glauque, elliptiques à lancéolées, de 100 à 200 mm de longueur[7]. Le limbe est entier ou irrégulièrement denté, et faiblement enroulé en spirale[7]. La face inférieure des feuilles comporte 2 à 6 nectaires extra-floraux[8], glandes nectarifères typiques des myrmécophytes (plantes attirant les fourmis qui participent à leur défense contre les herbivores et qui sont observées chez la majorité des autres espèces du genre Prunus[9].

Ses inflorescences sont des grappes dressées poussant à l'aisselle des feuilles. Elles sont composées de petites fleurs blanches actinomorphes et pentamères. Elles sont constituées par un réceptacle floral creux, évasé ; un calice constitué de cinq sépales triangulaires ; une corolle à 5 pétales onguiculés, libres, qui entourent 20 étamines disposées sur 4 verticilles. Le pistil est constitué par un ovaire supère, à carpelle médian fermé. Le fruit est une drupe uniloculaire, charnue[10].

Le fruit est une petite drupe, noire à maturité, contenant une graine. La dissémination se fait essentiellement par endozoochorie : les fruits sont consommés occasionnellement par les merles et les étourneaux.

L'ensemble de la plante est toxique pour l'homme, à l'exception de la pulpe du fruit parvenue à maturité, devenue noire (la graine est toxique).

Propriétés

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La chair du fruit n'est pas toxique ou, selon certains auteurs, très faiblement toxique lorsqu'il est consommé alors qu'il n'a pas atteint sa maturité complète[11].

La graine contenue dans le noyau est, quant à elle, très toxique car elle contient des hétérosides cyanogénétiques (prulaurasine et amygdaline, composés qui en s'hydrolysant donnent naissance à du glucose, de l'aldéhyde benzoïque volatil — à l'odeur d'amande amère — et de l'acide cyanhydrique inodore mais extrêmement toxique). Il y a cependant peu de cas d'empoisonnement car le noyau étant très dur, cette graine est rarement croquée[12].

Bien qu'utilisées parfois pour parfumer des pâtisseries, les feuilles sont toxiques en raison de leur teneur en hétérosides cyanogénétiques. Elles servent à la préparation de l'eau distillée de laurier cerise officinale (vertus antispasmodiques et calmantes)[13].

Utilisations

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Laurier-cerise en haie en France.

Le laurier-cerise est principalement utilisé comme plante ornementale ou pour constituer des haies touffues.

En Suisse, il est conseillé de ne plus en planter, en raison de son potentiel envahissant par ses fruits. Si on en a déjà dans son jardin, couper les inflorescences pour empêcher la dispersion par les oiseaux et arracher les jeunes plants subspontanés avec la racine. Pour éliminer les peuplements établis, enlever un demi-cercle d'écorce à la base deux fois, à une année intervalle, pour éviter de stimuler la repousse et éliminer correctement le matériel végétal[14].

Les feuilles sont utilisées pour aromatiser les plats mais doivent être utilisées avec précaution et en faible quantité, en raison du risque d’empoisonnement[15].

Seuls les fruits mûrs dénoyautés, obtenus à partir d'arbres âgés et prolifiques, ne sont pas toxiques. Ils sont même vendus sur les marchés locaux pour être principalement consommés frais. Ils sont utilisés aussi pour la fabrication industrielle de confitures (rouge sombre, de goût unique mais agréable[16],[17]), de cornichons et de gâteaux. Leur valeur marchande est telle que les industriels demandent le développement de cultivars pour une meilleure résistance aux maladies et pour leur adaptabilité environnementale[18].

Les feuilles fraîches cueillies à l’état jeune (c’est-à-dire étant apparues dans l'année) ou l'eau distillée des mêmes feuilles ont des propriétés thérapeutiques (antispasmodique, sédatif, anti-inflammatoire, antalgique, cicatrisant, sternutatoire) et des usages thérapeutiques (troubles de la sphère respiratoire et gastro-intestinale, affections cutanées)[19].

Écologie et habitat

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Aspect général en Turquie.

C'est un arbuste indigène en Asie Mineure, naturalisé en Europe occidentale, où il forme des bois clairs ou des haies. Il apprécie les sols neutres ou légèrement acides, ensoleillés ou à moitié ombragés. La floraison a lieu au printemps entre avril et mai.

Par la toxicité de leur fructification et de la litière qu'ils produisent, les formations de laurier-cerise ont un intérêt très limité pour la faune sauvage des jardins. Ils fournissent toutefois d'excellents dortoirs pour oiseaux.

  • Prunus laurocerasus 'Caucasica'
  • Prunus laurocerasus 'Variegata'
  • Prunus laurocerasus 'Otto Luyken', à feuilles plus effilées.
  • Prunus laurocerasus 'Rotundifolia'
  • Prunus laurocerasus 'Herbergii'
  • Prunus laurocerasus 'Mount Vernon', au port rampant.

Plante envahissante

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Sous-bois envahi par des lauriers-palme en France.

Le laurier-cerise est considéré comme une plante envahissante dans une grande partie de l'Europe, principalement sur la façade atlantique et en région méditerranéenne. En Suisse, il a même été placé sur la liste noire des néophytes envahissants, son usage est déconseillé[20]. Massivement plantée (notamment pour former des haies disposées en pare-vue en bordure de propriété, ce qui lui a valu le surnom de « béton vert » ou « mur vert »)[21], l'espèce se resème ensuite rapidement par ornithochorie (dispersion des graines par les oiseaux). Tout comme le rhododendron pontique, il forme des peuplements denses et ombragés, hostiles à la végétation indigène, notamment en milieu forestier : de nombreuses fleurs de sous-bois qui se développent en fin d'hiver (jacinthe des bois, muguet, ail des ours, ficaire…) en profitant de la lumière avant la feuillaison des arbres à feuilles caduques sont incapables de survivre dans les zones envahies d'arbres persistants[22].

Controverse

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Plante invasive et toxique, la laurelle n’est cependant pas interdite en Suisse jusqu'à 2024, sauf si un règlement communal le prévoit. Une commune vaudoise qui avait ordonné à un propriétaire l’arrachage de 70 pieds de laurier-cerise a été désavouée par le Tribunal cantonal[23]. L’espèce est inscrite dans une liste de plantes problématiques[24], qui sont autorisées à la vente munies d’un avertissement lorsqu'elles ne sont pas mentionnées dans l'Annexe 2 de Ordonnance sur la dissémination dans l’environnement, ODE (art. 15, al. 2, lien)[25].

Au 1er Septembre 2024, la Suisse interdit la vente des lauriers-cerises au niveau fédéral. Il est ainsi interdit de vendre, de donner et d’importer ces plantes en Suisse. Il s’agit pour le gouvernement fédéral de freiner le phénomène invasif des lauriers cerises[26].

Notes et références

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  1. « Le Laurier cerise (Prunus laurocerasus) », Observatoire de la biodiversité et du patrimoine naturel en Bretagne.
  2. a et b (en) « laurier-cerise », Dictionnaire des Sciences Animales, sur cirad, .
  3. a et b Paul-Victor Fournier, Le livre des plantes médicinales et vénéneuses de France, P. Lechevalier, , p. 337.
  4. Jean Golse, Précis de matière médicale, Doin, , p. 148.
  5. (tk) Tarım ve köyişleri bakanlığı dergisi, Yayın Dairesi Başkanlığı Matbaası, , p. 76.
  6. Marguerite Duval, La planète des fleurs, Robert Laffont, , p. 35.
  7. a b et c (en) Bob Press, Green Guide to Trees Of Britain And Europe, Bloomsbury Publishing, , p. 51.
  8. (en) Plant Adaptation, University of California, , p. 5.
  9. Russell F. Mizell, « Many Plants Have Extrafloral Nectaries Helpful to Beneficials », sur edis.ifas.ufl.edu, (consulté le ).
  10. Isabelle Fourasté, Fruits charnus sauvages & des jardins, Institut Klorane, 2010, p. 31
  11. (en) Roberto Chiej, The Macdonald Encyclopedia of Medicinal Plants, Macdonald, , p. 252.
  12. Joel Reynaud, La Flore du pharmacien, éd TEC et DOC, 2002.
  13. (en) George A. Burdock, « Cherry laurel, oil », dans Encyclopedia of Food and Color Additives, vol. 1, CRC Press, , 3153 p. (lire en ligne), p. 564.
  14. Ewald Weber, Plantes invasives de Suisse, Rossolis, (ISBN 978-2-940365-56-2)
  15. « Laurier, cerise », sur botanical.com (consulté en ).
  16. Confiture et vin de laurier-cerise : (en) River Cottage - Are Laurel Berries Poisonous?.
  17. Confiture de laurier-cerise : Anglian Gardener - Cherry laurel, Prunus laurocerasus - Shrub (en).
  18. (en) Melekber Sulusoglu, Aysun Cavusoglu, Suleyman Erkal, « A promising fruit: Cherry laurel (Prunus Laurocerasus L.) and steps on breeding », Journal of Crop Breeding and Genetics, vol. 1, no 1,‎ , p. 26-32 (lire en ligne).
  19. « Le laurier-cerise (Prunus laurocerasus) », sur booksofdante.wordpress.com, .
  20. Infoflora, « Laurier Cerise », sur infoflora.ch, (consulté le ).
  21. Murailles compactes et monotones comme celles en thuya et cyprès, ces haies monospécifiques ont l'avantage d'être peu chères, persistantes et de pousser rapidement. Mais cette monospécificité présente de sérieux inconvénients (tailles répétées, sensibilité à toute une batterie de maladies et de ravageurs, pauvreté biologique participant à l'érosion de la biodiversité…). Cf Michel Beauvais, Jean-Yves Prat, Denis Retournard, Le traité Rustica des techniques du jardin, Rustica éditions, , p. 107
  22. Les plantes invasives de Brennilis (Bretagne) pdf..
  23. « Plante toxique et envahissante – Une haie de laurelle sauve ses feuilles en justice », sur 24 heures, (consulté le ).
  24. « Listes et fiches d'information », sur infoflora.ch (consulté le ).
  25. « Fedlex », sur fedlex.admin.ch (consulté le ).
  26. « La Suisse renforce sa lutte contre les plantes invasives », sur epaper.lematindimanche.ch, (consulté le )

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Liens externes

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