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Musée de l'École de Nancy

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Musée de l'École de Nancy
Logo du Musée de l'École de Nancy
La maison d'Eugène Corbin, aujourd'hui musée de l'école de Nancy.
Informations générales
Type
Ouverture
Visiteurs par an
52 000, moyenne entre et
Site web
Bâtiment
Protection
Logo monument historique Classé MH (1998, Aquarium de jardin)
Localisation
Pays
France
Commune
Adresse
Coordonnées
Carte

Le musée de l'École de Nancy est un musée situé à Nancy et consacré au courant artistique de l'Art nouveau nancéien connu sous le nom d'École de Nancy. Aménagé dans l'ancienne propriété d'Eugène Corbin, grand mécène du mouvement, il a été officiellement ouvert au public, sous sa forme actuelle en . Dans le jardin du musée se trouve un aquarium, classé monument historique, une porte réalisée pour les usines d'Émile Gallé ainsi qu'un monument funéraire.

Les collections exposées sont formées de salles aménagées dans le style Art nouveau (chambre, salle de bains, bureau, salle à manger), de vitrines, consacrées notamment aux œuvres d'Émile Gallé ou de la manufacture Daum, et de dessins d'Henri Bergé. Parmi les artistes exposés, on peut aussi citer Victor Prouvé, Eugène Vallin, Louis Majorelle et Jacques Gruber.

À l'issue de l'Exposition d'art décoratif moderne lorrain, le Comité d'art décoratif lorrain fait l'acquisition de dix-sept pièces d'Émile Gallé, Victor Prouvé, Louis Hestaux et Camille Martin, afin de créer un musée[OC 1]. Le musée d'Art décoratif est ensuite créé, en , par délibération du conseil municipal de Nancy et installé en dans une salle du musée de Peinture et de Sculpture, situé au rez-de-chaussée de l'hôtel de ville, et son premier gestionnaire est Jules Larcher[OC 2]. Trente-neuf verreries d'Émile Gallé, sélectionnées par l'artiste, sont à nouveau achetées en , à la suite du vote de nouveaux fonds[OC 2]. Édouard Bour offre trois autres pièces la même année et, à la suite de son décès en , le musée acquiert son premier meuble[OC 2]. En , lors de l'Exposition internationale de l'Est de la France, le musée acquiert des pièces des industries d'art régionales (Baccarat, Keller et Guérin et cristallerie de Saint-Louis), par achat et don[OC 2].

Durant les années et , la politique d'acquisition est hétéroclite — c'est-à-dire ne privilégiant pas forcément l'art décoratif moderne et de Lorraine — et est ralentie par la Première Guerre mondiale[OC 2]. La reprise a lieu en , où des pièces Art déco, et non plus Art nouveau, rejoignent le musée (verreries Daum, vitrail de Jacques Gruber, céramiques des frères Mougin). En , à la suite de la mort de Louis Majorelle, ses descendants offrent plusieurs de ses meubles au musée[OC 3].

En , la collection École de Nancy d'Eugène Corbin, un des très grands mécènes du courant artistique, est donnée à la Ville de Nancy[OC 3]. Ses héritiers donnent aussi au musée, que ce soit Louis, son frère en , ou l'épouse de Charles Masson et sœur d'Eugène Corbin, en . Cette collection est installée aux Galeries Poirel[OC 3].

Le musée est installé dans une grosse maison bourgeoise construite à la fin du XIXe siècle et au début du XXe Cette demeure avait appartenu à Eugène Corbin, homme d'affaires fortuné et grand collectionneur. Les premières acquisitions sont présentées au public en . Une aile latérale est construite en . Les collections sont enrichies de manière significative en par la donation Corbin. Le musée ouvre le mais rencontre peu de succès, malgré la gratuité des visites certains jours et une campagne de communication au niveau local[OC 4].

En septembre , de nombreuses pièces, dont la liste avait commencé à être établie dès , sont éloignées de la frontière franco-allemande. Elles rejoignent les collections du musée des Beaux-Arts de Nancy, du musée lorrain, de la bibliothèque municipale de Nancy et des archives municipales de Nancy aux châteaux du Bouilh et La Brède. De à , le musée n'est plus ouvert au public puisque la ville de Nancy souhaite que les Galeries Poirel servent à nouveau aux expositions temporaires[OC 5]. Pendant cette période, le musée continue à acquérir de nombreuses pièces : verreries et meubles d'Émile Gallé, œuvres d'Hector Guimard, et Louis Majorelle.

Le musée ouvre à nouveau en juin  : la presse locale et les héritiers des artistes sont enthousiastes, mais la presse nationale est plus réservée envers le mouvement[OC 6].

En , la société nancéienne Pont-à-Mousson S.A. donne au titre du mécénat d'entreprise[1] 85 planches aquarellées et dessinées de Henri Bergé[2], dessinateur puis chef-décorateur à la verrerie Daum de à [3], au musée de l'École de Nancy. Les planches proviennent du fonds de l'atelier de Henri Bergé[2].

Collections

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Les collections comprennent surtout de petites pièces de mobilier et quelques grands ensembles, ainsi que des objets d'art, souvent en verre ou en céramique, conçus par les plus grands représentants de l'École de Nancy. Le musée possède également un important fonds d'arts graphiques.

Pour mieux restituer l'atmosphère de cette époque, les œuvres sont mises en situation.

Les créations d'Émile Gallé sont bien représentées avec, notamment la commode Les parfums d’autrefois, la table Le Rhin et le lit Aube et crépuscule.

Un piano à queue à décor de pommes de pin, avec une marqueterie dessinée par Victor Prouvé, atteste du talent de Louis Majorelle, de même qu'un buffet Algues et une Salle à manger-meuble-bibliothèque, datées de - et acquises respectivement en et .

L'ensemble le plus spectaculaire est la Salle à manger Masson, réalisée en par Eugène Vallin, pour le beau-frère d’Eugène Corbin, Charles Masson. Victor Prouvé réalisa les panneaux de cuir ornant les murs, ainsi que les peintures du plafond sur le thème des cinq sens.

Verre et céramique

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Les vitrines présentent un ensemble de verreries, dont une belle série d'Émile Gallé : coupes, vases et luminaires.

Parmi les acquisitions relativement récentes figurent un Pot couvert tripode, aux couleurs très contrastées (-) ; un Pot à tabac décoré d'un Gobbo, réalisé à la faïencerie de Saint-Clément, vers  ; un Vase craquelé, daté de environ, une première pour la technique de la craquelure chez l’artiste ; un Vase aux orchidées Cypripedium de — le Cypripedium est une plante que Gallé a longuement étudiée ; une Gourde La Reine Blanche, au décor inspiré du Moyen Âge (-) ; un vase d’inspiration japonaise, Tête de Shi-Shi (vers ) ; un Vase aux ancolies, réalisé à l’occasion des fiançailles d’Émile André en  ; un vase Rose Wild ou Érable qui porte aussi la signature de sa collaboratrice, Rose Wild, et fut réalisé en , soit peu avant la disparition des deux artistes.

Exécuté en - — en pleine affaire Dreyfus —, le vase Les Hommes noirs est aussi l'œuvre d'Émile Gallé, en collaboration avec l'artiste engagé, Victor Prouvé, pour la conception du décor et des personnages.

Daum est également présent, par exemple avec un vase tubulaire en verre soufflé à inclusions métalliques intercalaires, Libellules et calthas des marais, daté vers -.

Acquis en , le vitrail Luffas et nymphéas provient de l'une des trois fenêtres de la salle à manger d'un immeuble construit par l'architecte nancéien Georges Biet, dans la rue de la Commanderie, et dont il réalisa d'ailleurs l'ensemble des vitraux. Cette œuvre, probablement réalisée vers -, est en verre polychrome à couches multiples, gravées à l'acide fluorhydrique. Les luffas encadrent le haut de la fenêtre, alors que les nénuphars se développent dans la partie inférieure.

Transition entre l'extérieur et l'intérieur, l'exubérance végétale de la véranda, dite de la Salle, conçue par Jacques Gruber, introduit la nature dans la maison, mêlant fleurs, arbres, plantes aquatiques et oiseaux.

Arts graphiques

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Le fonds d'arts graphiques du musée de l'École de Nancy est composé d'un peu plus de 10 000 œuvres environ[4]. Il s'agit pour la plupart de modèles préparatoires aux œuvres de l'École de Nancy, de documents d'architecture, d'affiches et d'estampes. Les dessins du musée ne sont pas exposés en permanence pour des raisons de conservation mais sont tout de même régulièrement visibles lors d'expositions.

Les collections d'arts graphiques du musée sont constituées de fonds très riches, tels que celui de l’atelier Gallé ou de Victor Prouvé (environ 2 000 dessins), mais aussi d'ensembles moins importants, à l'instar des planches aquarellées et dessinées de Henri Bergé[5].

Ces planches, aujourd'hui désignées sous le terme d'Encyclopédie florale, représentent majoritairement des sujets de botanique dans l'esthétique de l'École de Nancy[3]. Ce fonds documentaire renseigne sur les différentes étapes de création d'œuvres fabriquées par la verrerie Daum. Les planches de Henri Bergé, chef-décorateur pour Daum, servaient en effet de modèles à reproduire par les ouvriers de la verrerie et de supports de références pour la création et la réalisation de poncifs et décors.

Réhabilité en par le paysagiste Philippe Raguin, le jardin restitue les ambiances végétales du début du XXe siècle et constitue une oasis de verdure dans un quartier par ailleurs urbanisé.

Autour des bassins peuplés de nénuphars, on observe lilas, pivoines, hortensias et anémones, plantes issues des hybridations tentées à la fin du XIXe siècle par les horticulteurs nancéiens, tels Félix Crousse ou Lemoine père et fils. La très urticante berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum) est conviée pour ses qualités ornementales, mais cette plante, découverte en , en plein mouvement Art nouveau, a également été très représentée comme élément décoratif dans le mobilier, les ferronneries et les papiers peints de cette période.

Le jardin et l'aquarium ont été inscrits à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques par arrêté du [6].

Porte en chêne

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Une porte en chêne exécutée par l'ébéniste Eugène Vallin pour les ateliers d'Émile Gallé, en , a été installée dans le jardin du musée dès . Restaurée en , elle a été remontée dans l'alignement d'un nouveau treillage prolongeant l'aile latérale du musée.

La devise de Gallé, « Ma racine est au fond des bois », y est gravée. Des feuilles de marronnier composent un décor stylisé. Les quatre influences principales de l'École de Nancy y sont perceptibles : art médiéval, japonisme, naturalisme et rationalisme.

Monument funéraire

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En , un monument funéraire se trouvant depuis au cimetière de Préville est déplacé dans le jardin du musée. Il a été élevé en souvenir de Georgette Vierling, morte le , par son époux Jules Nathan, dit Jules Rais, écrivain et critique d'art originaire de Nancy. C'est l'un des premiers exemples d'architecture funéraire Art nouveau à Nancy.

Cette sépulture prend la forme d'une chapelle, œuvre de l'architecte Jean Marius Girard (1866-1936) et du sculpteur parisien Pierre Roche (-). Elle est ornée de vitraux à décor floral d'Henri Carot et surmontée d'un lys en grès émaillé d'Alexandre Bigot (-). Elle mesure 5,25 m de haut sur une base de 1,91 × 2,45 m[7].

L'édifice a été érigé par la marbrerie Huyaux de Nancy, et ses porte et urnes réalisées par la fonderie Fumière et Gavignot de Paris[7].

Vers , un pavillon circulaire abritant un aquarium est construit dans le jardin, à l'initiative d'Eugène Corbin.

Cet édifice original, qui s'apparente aux folies du XVIIIe siècle, est attribué à l'architecte nancéien Lucien Weissenburger. La toiture en forme d'ombrelle témoigne de l'inspiration japonaise. La porte et les impostes des fenêtres sont ornées de vitraux de Jacques Gruber.

Déjà rénové en , le pavillon accueillait des poissons visibles depuis le rez-de-chaussée. Il fait à nouveau l'objet de travaux de restauration en .

Statue de Louis Majorelle

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Une statue de l'ébéniste-décorateur Louis Majorelle, pensif, agrémente le jardin. Au fil des années elle tend à prendre la couleur de son environnement végétal.

Expositions temporaires

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Le musée accueille régulièrement des expositions temporaires, comme en , avec celle intitulée Victor Prouvé au musée de l'École de Nancy.

Fréquentation

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Chiffres de fréquentation -[8]
Année Entrées gratuites Entrées payantes Total
18 965 29 930 48 895
18 731 29 325 48 056
20 175 28 220 48 395
21 037 35 079 56 116
19 338 35 844 55 182
16 631 26 014 42 645
26 211 33 295 59 506
24 775 25 329 50 104
28 325 33 869 62 194
21 065 26 050 47 115
29 196 38 754 67 950
22 676 31 914 54 590
19 700 24 411 44 111
30 862 24 359 55 221
14 812 25 840 40 652
15 243 25 122 40 365
14 668 27 916 42 584
14 384 24 843 39 227
16 393 27 128 43 521
10 804 9 064 19 868
15 644 11 351 26 995

Notes et références

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  1. p. 25.
  2. a b c d et e p. 26.
  3. a b et c p. 27.
  4. p. 28
  5. p. 30
  6. p. 32
  • Autres références
  1. Thomas et Otter 2022.
  2. a et b Georges Barbier-Ludwig, « Henri Bergé : un don exceptionnel », Arts nouveaux, no 2,‎ , p. 4–5.
  3. a et b Michel Frising, « L'Encyclopédie florale d'Henri Bergé », dans Art nouveau & écologie : Mélanges, Bruxelles, Réseau Art nouveau Network, , 381 p. (OCLC 1109749548, lire en ligne [PDF]), p. 134–140.
  4. « Les arts graphiques ou mieux connaître le processus de création », sur musee-ecole-de-nancy.nancy.fr (consulté le ).
  5. Thomas et al. 2007.
  6. « Parc Corbin », notice no PA54000010, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  7. a et b Francis Roussel, « Chapelle funéraire de Madame Jules Rais », pour l'Inventaire général du patrimoine culturel, 1976, dans la base Mérimée, ministère de la Culture, notice no IA54000071 [lire sur inventaire.grandest.fr].
  8. « Fréquentation des Musées de France », sur data.culture.gouv.fr (consulté le ).

Bibliographie

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  • Roselyne Bouvier, Valérie Thomas, François Parmantier et Jérôme Perrin, Musée de l'École de Nancy, Paris, Réunion des musées nationaux, coll. « Album », , 125 p. (ISBN 2-7118-4132-4). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Claude Pétry (assisté de Nathalie Maury), Daum dans les musées de Nancy, Nancy, Musée des Beaux-Arts, , 183 p. (ISBN 2-901408-03-6).
  • Valérie Thomas, Blandine Otter, François Parmantier et Jérôme Perrin, Le Musée de l'École de Nancy : Œuvres choisies, Nancy / Paris, Musée de l'École de Nancy / Somogy Éditions d'art, , 181 p. (ISBN 978-2-7572-0248-7). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Valérie Thomas, Roselyne Bouvier, François Parmantier et Jérôme Perrin, Le musée de l'École de Nancy dévoile ses réserves : Œuvres méconnues ou inédites (exposition, Nancy, Galeries Poirel,  - , organisée par la Ville de Nancy et le Musée de l'École de Nancy), Lyon, Fage, , 127 p. (ISBN 2-84975-103-9 (édité erroné) et 978-2-84975-103-9).
  • Valérie Thomas, Françoise Sylvestre, Jean-Luc Olivié et Philippe Vidal (préf. André Rossinot), Émile Gallé et le verre : La collection du musée de l'École de Nancy, Paris / Nancy, Somogy Éditions d'art / Musée de l'École de Nancy, coll. « Essais Somogy », (réimpr. 2014), 224 p. (ISBN 2-85056-737-X et 978-2-7572-0907-3).
  • Valérie Thomas et Blandine Otter, Le Musée de l'École de Nancy : l'Art nouveau en 60 œuvres, Milan, Silvana Editoriale, , 159 p. (ISBN 978-88-366-5333-1). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

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Articles connexes

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Liens externes

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