Amygdaline

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Amygdaline
Image illustrative de l’article Amygdaline
Structure de l'Amygdaline.
Identification
Nom UICPA [(6-O-β-D-glucopyranosyl-β-D-glucopyranosyl)oxy](phényl)acétonitrile
Synonymes

Amygdaloside
Mandelonitrile-beta-Gentiobioside
Neoamygdalin

No CAS 29883-15-6
No ECHA 100.045.372
No CE 249-925-3
PubChem 2180
Apparence cristaux incolores
Propriétés chimiques
Formule C20H27NO11  [Isomères]
Masse molaire[1] 457,428 5 ± 0,021 4 g/mol
C 52,51 %, H 5,95 %, N 3,06 %, O 38,47 %,
Propriétés physiques
fusion 213 °C
Solubilité 83 g·L-1 eau à 25 °C
Masse volumique 0,4 g·cm-3
Précautions
Directive 67/548/EEC
Nocif
Xn


Écotoxicologie
DL50 405 mg·kg-1 (rats, peroral)
443 mg·kg-1 (souris, peroral)

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

L'amygdaline (du grec ancien ἀμυγδαλή amugdalê : amande) ou amygdaloside est un composé aromatique, de formule C20H27N1O11, appartenant à la classe des hétérosides cyanogènes. Sa partie ose est le gentiobiose et sa partie aglycone est le mandélonitrile, la cyanhydrine du benzaldéhyde. Ce composé chimique naturel toxique est célèbre pour être promu comme un remède contre le cancer, et souvent référencé de manière erronée comme vitamine B17, qui n'existe pas en réalité[2].

Découverte[modifier | modifier le code]

La substance a été mise en évidence pour la première fois en 1830 par deux chimistes français, Pierre Jean Robiquet et Antoine François Boutron Charlard dans les amandes amères, le fruit de Prunus dulcis.

Sources alimentaires[modifier | modifier le code]

Il s'agit d'une substance toxique présente dans de nombreuses espèces végétales, et qui se transforme en cyanure d'hydrogène après ingestion, sous l'action d'une enzyme du système digestif, la β-glucosidase (appelée aussi émulsine). La dose létale pour 50% des individus chez le rat est entre 400 et 800 mg/kg[3] donc l'information qui la situe autour de 1,5 mg/kg de masse corporelle chez l'homme [4], semble erronée. Mais elle ne l'est pas. En effet, les rats sont plus résistants que les humains à de nombreux composés : "humans are seven times more sensitive to the lethal effects of standard chemotherapeutic agents than rats"[5], ce qui explique que la dose létale pour le rat soit plus élevé.

On la trouve notamment dans les aliments suivants, référence scientifique[6],[7] et dans d'autres articles moins scientifiques[8],[9] :

  • les amandes amères (noyaux d'abricots épluchés) ;
  • les noyaux de certaines drupes :
    • la cerise (le noyau contient de 2,7 à 3,9 mg d'amygdaline/g selon la variété)[6],[7],
    • l'abricot (le noyau contient 14,4 mg d'amygdaline/g, variété non mentionnée)[6],[7],[10],
    • la prune (le noyau contient de 0,4 à 17,5 mg d'amygdaline/g, selon la variété)[6],[7] ,
    • la pêche (le noyau contient 6,8 mg/g d'amygdaline, variété non mentionnée)[6],[7].
  • la noix de cajou ;
  • la racine de manioc ;
  • le pépin de pomme (un pépin contient 3 mg d'amygdaline/g, variété Royal Gala)[6],[7]. Le jus de pomme, variété Bramley, contient environ 0,09 mg/g d'amygdaline, ce contenu dépend aussi du procédé[6],[7] ;
  • le laurier-cerise ;
  • les céréales complètes ;
  • le riz complet ;
  • le jaune d'œuf ;
  • la levure de bière.

Chimie[modifier | modifier le code]

Cerise - Le noyau de cette drupe contient de l'amygdaline.

L'amygdaline est cyanogène : l'hydrolyse de cet hétéroside cyanogénétique ou sa dégradation par les β-glucosidases donne en plus de l'ose (gentiobiose), de l'acide cyanhydrique et du benzaldéhyde (qui donne l'odeur d'amande amère)[11]. L'hydrolyse partielle puis l'oxydation d'un des produits libérés donne le laétrile, dont on a prétendu qu'il avait des propriétés anticancéreuses. Les études scientifiques sur cette activité donnent des résultats discordants selon les supports mais nuls chez l'Homme. Si une étude in vitro de 1998[12] fait état d’une activité ciblée sur des cellules tumorales, le National Cancer Institute[13] ne conclut à aucune activité anticancéreuse dans les essais cliniques humains et souligne la toxicité du produit. Dans son résumé, il fait état d'une faible activité dans les études sur l'animal et donne « à des fins d'information uniquement » quelques citations ou liens de sites commerciaux qui avancent le contraire.

En tout état de cause, la Food and Drug Administration des États-Unis n'a jamais autorisé son utilisation[14],[15].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. (en) Irvin J Lerner, Laetrile : A lesson in cancer quackery (Laetrile : Une leçon de charlatanisme du cancer), CA: A Cancer Journal for Clinicians, , http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.3322/canjclin.31.2.91/abstract
  3. (en) S. R. A. Adewusi et O. L. Oke, « On the metabolism of amygdalin. 1. The LD 50 and biochemical changes in rats », Canadian Journal of Physiology and Pharmacology, vol. 63, no 9,‎ , p. 1080–1083 (ISSN 0008-4212 et 1205-7541, DOI 10.1139/y85-177, lire en ligne, consulté le )
  4. Ouest-France, « Noyaux de cerise. Attention à l’intoxication au cyanure ! », sur ouest-france.fr, (consulté le ).
  5. George W. Newton, Eric S. Schmidt, Jerry P. Lewis et Ruth Lawrence, « Amygdalin Toxicity Studies in Rats Predict Chronic Cyanide Poisoning in Humans », Western Journal of Medicine, vol. 134, no 2,‎ , p. 97–103 (ISSN 0093-0415, PMID 7222669, PMCID 1272529, lire en ligne, consulté le )
  6. a b c d e f et g (en) « (PDF) Amygdalin content of seeds, kernels and food products commercially-available in the UK », sur ResearchGate (consulté le )
  7. a b c d e f et g (en) Islamiyat F. Bolarinwa, Caroline Orfila et Michael R. A. Morgan, « Amygdalin content of seeds, kernels and food products commercially-available in the UK », Food Chemistry, vol. 152,‎ , p. 133–139 (ISSN 0308-8146, DOI 10.1016/j.foodchem.2013.11.002, lire en ligne, consulté le )
  8. Le Dauphiné libéré, « Attention, ces aliments du quotidien peuvent être toxiques », sur ledauphine.com, (consulté le ).
  9. Vosges-rando.alsace, « A travers les forêts et les montagnes des Vosges : Reconnaître les plantes dangereuses », sur vosges-rando.net (consulté le ).
  10. Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, « Amandes d'abricots : un risque d'intoxication au cyanure », sur anses.fr, (consulté le ).
  11. J. Langrand, M. Labadie, I. Blanc-Brisset et J. Bloch, « Intoxications par les amandes amères d’abricots », Toxicologie Analytique et Clinique, vol. 30, no 3,‎ , p. 169 (ISSN 2352-0078, DOI 10.1016/j.toxac.2018.07.103, lire en ligne, consulté le )
  12. (en) « Possible contribution of beta-glucosidase and caspases in the cytotoxicity of glufosfamide in colon cancer cells. »
  13. (en) « Laetrile/Amygdalin » Laetrile has shown little anticancer activity in animal studies and no anticancer activity in human clinical trials..
  14. (en) D. Carpenter, Reputation and Power : Organizational Image and Pharmaceutical Regulation at the FDA, Princeton University Press, , http://www.cancertreatmentwatch.org/q/laetrile/commissioner.pdf
  15. (en) D. Kennedy, « Laetrile: The Commissioner's Decision », Federal Register, vol. 77-22310,‎ (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]