Aller au contenu

Principauté du Pinde

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Principauté du Pinde
Πριγκιπάτο της Πίνδου

Printsipat di la Pind

Principato del Pindo

1917 puis 1941 – 1917 puis 1943

Description de cette image, également commentée ci-après
Villages aroumains du Pinde dont sont issus les signataires d'une pétition pour l'autonomie en 1917, adressée au ministre roumain Ion C. Brătianu
Informations générales
Statut Projet de Principauté, non-concrétisé
Langue(s) aroumain
Histoire et événements
juillet 1917 Formulation (avec ce nom)
août 1917 Abandon
janvier 1941 Formulation (sans ce nom)
septembre 1943 Abandon

Entités précédentes :

Entités suivantes :

Le projet de Principauté du Pinde, état fantoche à créer dans le Pinde, au Nord-Ouest de la Grèce, a été formulé en juillet et août 1917 sous la double égide italienne et roumaine dans le contexte des pressions que les Alliés de la Première Guerre mondiale (dont l'Italie et la Roumanie) faisaient sur la Grèce, alors divisée par le schisme national[1],[2].

Par extension, le nom de Principauté du Pinde désigne aussi les projets, pendant la Seconde Guerre mondiale entre 1941 et 1943, de la « Légion Romaine », organisation de certains Aroumains collaborant avec les forces d'occupation italiennes en Grèce[3].

Tant en 1917 qu'en 1941-1943, ces projets sont restés dans les cartons et leurs promoteurs n'ont jamais contrôlé de territoire : dès l'automne 1943, c'est la résistance communiste ELAS qui prit le contrôle des régions concernées, malgré les assauts de la Wehrmacht. Par la suite, ce bastion de l'ELAS résista longuement à l'armée royale pendant la guerre civile grecque (1946-49) durant laquelle des émissaires du Kominform y proposèrent une région autonome sur le modèle soviétique. La Roumanie cessa de financer les écoles aroumaines en 1941[4].

À la suite de ces épisodes, les dirigeants des Aroumains de Grèce (dits Valaques) ont pris soin d'éviter toute revendication d'autonomie territoriale pour ne pas être accusés de séparatisme : la liberté d'expression culturelle, conforme aux règles de l'Union européenne, satisfait la plupart d'entre eux.

L'existence en Macédoine et Épire d'une minorité de langue romane (dite valaque) a été utilisée, pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale, par l'Italie pour tenter de rallier à sa cause ces communautés latines. La Roumanie finançait, depuis 1913, les écoles aroumaines de Grèce, tout en tentant de substituer la langue daco-roumaine à l'aroumain (considéré comme dialectal). En 1917, des agents italiens ont sillonné le territoire et collecté des signatures demandant au ministre roumain Ion C. Brătianu d'intervenir auprès du gouvernement grec pour leur accorder une autonomie locale, au demeurant non-définie, ni sur le plan du contenu (politique et/ou culturel), ni sur le plan territorial. La Grèce ayant rejoint officiellement les Alliés le , le projet est abandonné en août[5].

Après 1938, des agents de la Garde de fer tentent de rallier à leur cause des instituteurs du réseau scolaire roumain de Grèce[6], opposant ainsi les aspirations aroumaines à l'administration grecque. Début 1941, au début de l'Occupation de la Grèce pendant la Seconde Guerre mondiale par les forces de l'Axe, Alcibiade Diamandi de Samarine[7] et sa « Légion Romaine » s'adressèrent à la Roumanie devenue fasciste en , pour tenter de remettre en selle de projet de 1917 dans la région adossée à la frontière albanaise où vivent la plupart des Aroumains, au Nord-Ouest de la Grèce. Mais le régime du maréchal Antonescu (qui venait de rompre avec la Garde de fer et d'emprisonner ses membres) s'opposa à l'entreprise de Diamandi, rejeta ses offres de service et en janvier 1941 la Roumanie cessa tout financement d'écoles en Grèce[8].

Diamandis tenta alors de jouer la carte italienne, mais, recherché par l'ELAS comme « collaborateur et traître », il dut fuir la Grèce pour la Roumanie en 1942[9] et fut remplacé à la direction de la « Légion Romaine » par Nikolaos Matoussis. En octobre 1943, le retrait de la guerre de l'Italie fasciste mit fin au projet, qualifié par certains Valaques de « sinistre pantalonnade »[10], et Matoussis dut se réfugier à son tour en Roumanie[11],[12].

Bien que ces projets aient trouvé quelques partisans, la population valaque dans son ensemble a refusé de les cautionner et a préféré se rallier solennellement à la communauté nationale grecque[13].

Chefs de la « Légion Romaine des Valaques »

[modifier | modifier le code]

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • (el) Ευάγγελος Aβέρωφ-Τοσίτσας, Η πολιτική πλευρά του Κουτσοβλαχικού ζητήματος, Τρίκαλα, Ίδρυμα Ευαγγέλου Αβέρωφ-Τοσίτσα,‎ , 238 p. (ISBN 960-85143-5-5)
  • Evanghelos Avéroff (préf. Maurice Druon), Terre des Grecs, Paris, Stock, , 340 p.

Références

[modifier | modifier le code]
  1. Stoica Lascu, (ro) « Evenimentele din lunile iulie-august 1917 în regiunea Munţilor Pind – încercare de creare a unei statalităţi a aromânilor, documente inedite şi mărturii », studiu istoriografic şi arhivistic în Revista Romana de Studii Eurasiatice n° 1-2, An III (2007), [1].
  2. Nicolae Zdrulla, (ro) « Mişcarea aromânilor din Pind în 1917 », in Revista Aromânească n° 2, vol 1, Bucarest 1929, pp. 162-168.
  3. Τα παιδιά της λύκαινας. Οι "επίγονοι" της 5ης Ρωμαϊκής Λεγεώνας κατά τη διάρκεια της Κατοχής (1941-1944), (Les enfants de la louve, Les «descendants» de la 5e légion romaine pendant l'Occupation) (1941–1944), Σταύρος Παπαγιάννης (Stavros Papayiannis), Εκδόσεις Σοκόλη. (ISBN 978-960-7210-71-5), 1999, 2004, p. 434.
  4. Georges Prévélakis, Géopolitique de la Grèce, Complexe, Paris 2006 (ISBN 2804800733), p. 38.
  5. Μανόλης Γλέζος (Manolis Glezos), (el) Εθνική αντίσταση 1940-1945, vol. 1, ed. Στοχαστής Athènes 2006.
  6. « Légion romaine », en référence au mythe de la « Cinquième légion, gardienne de la Via Egnatia », mythe répandu par les protochronistes et les « Légionnaires » roumains parmi les Aroumains, et qui fait remonter l'origine de ces derniers directement aux légionnaires romains de l'Antiquité.
  7. C'est le plus haut village de Grèce en altitude, dans le Pinde, dans le nome de Grevena à la limite de l'Épire
  8. Davide Rodogno, (en) Fascism's European empire: Italian occupation during the Second World War, Cambridge University Press 2006, (ISBN 0-521-84515-7).
  9. Où il fut tué trois ans plus tard par Mișu Dulgheru, agent de la police politique communiste.
  10. Michele Rallo, « I “Regni-meteora” nell’Europa Orientale durante le guerre mondiali » in Storia del Novecento n° 89, anno V, septembre 2008.
  11. Le gouvernement communiste condamna en 1948 Matoussis à 20 ans de travaux forcés puis l'extrada en 1964 vers la Grèce afin d'y être jugé pour collaboration ; il fut amnistié en 1976 et y vécut jusqu'en 1981
  12. Δημήτριος Γ. Τσούτσας (Démètrios G. Tsoύtsas), (el) « Η ρουμάνικη προπαγάνδα » (« La propagande roumaine ») in Βλάχοι : ιστορία, πολιτισμός, έθιμα προσωπικότητες (« Valaques : culture, coutumes, personnalités »), éditions de la Συλλόγος βλάχων επαρχίας Αλμύρου (association des Valaques du dème d'Almyre) 2006, [2].
  13. Pierre Sintès, « Les Valaques du Sud de l'Albanie et la Grèce » in Gilles de Rapper & Pierre Sintès (dir.), Nommer et classer dans les Balkans, École française d'Athènes, Athènes 2008.