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Pierrevert (AOC)

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Pierrevert
Image illustrative de l’article Pierrevert (AOC)
Vignoble sur les coteaux de Pierrevert.

Désignation(s) Pierrevert
Type d'appellation(s) AOC / AOP
Reconnue depuis 1959 (comme VDQS)
1998 (comme AOC)
Pays Drapeau de la France France
Région parente vignoble de Provence
Localisation Alpes-de-Haute-Provence
Saison deux saisons sèches (hiver et été) et deux pluvieuses (automne et printemps)
Climat tempéré méditerranéen sous influence alpine
(altitude moyenne : 450 mètres)
Ensoleillement
(moyenne annuelle)
2 816 heures (à Vinon)[1]
Sol argilo-calcaire
Superficie totale 1 823 hectares
Superficie plantée 175 hectares en production
Nombre de domaines viticoles une cave coopérative (200 adhérents) et cinq domaines
Cépages dominants grenache N[2], syrah N, cinsaut N pour les rouges et les rosés, grenache blanc B, vermentino B, clairette B et ugni blanc B pour les blancs
Vins produits 60 % rosés, 30 % rouges et 10 % blancs
Production 274 hectolitres
Pieds à l'hectare minimum 4 000 pieds/ha, soit maximum 2,5 m2 par pied[3]
Rendement moyen à l'hectare 55 à 66 hectolitres par hectare en rouge et rosé, 60 à 66 en blanc[4]
Site web aop-pierrevert.fr

Le pierrevert[5] est un vin d'appellation d'origine contrôlée rosé, blanc ou rouge, produit dans le nord du vignoble de Provence, autour de la ville de Manosque, sur 11 communes des Alpes-de-Haute-Provence.

D'abord VDQS en 1959 sous le nom de coteaux-de-pierrevert, ce vin est reconnue comme AOC par le décret du . Il change de nom en 2009 ; la dernière publication du cahier des charges date du [3]. Le pierrevert est un vin d'assemblage, produit en rosé (53 % de la production en 2023), en rouge (31 %) et en blanc (16 %)[6].

C'est l'appellation la plus septentrionale du vignoble de Provence. Les autres appellations en sont, d'ouest en est :

Lors de la conquête des Gaules, sur ce territoire vivent les Albiques, tribu celto-ligure des Alpes méridionales. En , César qui a passé le Rubicon décide de réduire Massalia, alliée de Pompée. La cité phocéenne fait appel aux Albiques. Le siège est mis. Pour la seconde fois César, dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules signale l'utilisation de tonneaux par les assiégés[7].

En 122, une dame de la suite d'Hadrien, Eelia Faustina, épouse de l'ancien consul Titus Pollion, préteur impérial, va prendre les eaux à Gresols[8]. À la fin de son séjour, elle fait graver une dédicace en l'honneur de « Nymphis Griselicis », protectrice de la source.

En 960, Jean III, l'évêque de Sisteron, donne à dom Maïeul de Cluny, sur le site de Ganagobie, les églises dédiées à la Vierge et à Jean le Baptiste. Le prieuré clunisien de Ganagobie va être richement doté en terres et en vignes autour de Manosque et dans le Diois.

Au milieu du XIIIe siècle, ce prieuré contrôlait quatorze monastères en Haute Provence[9].

Les Templiers puis les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem furent seigneurs de Manosque. Ce furent eux qui du XIIe siècle jusqu'à la Révolution firent cultiver et entretenir le vignoble pour leur compte[10].

Époque moderne

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Ce terroir, qui jouxte la ville de Manosque, fut beaucoup plus étendu avant le phylloxéra. Il s'étendait sur les deux rives de la Durance et remontait jusqu'aux portes de Sisteron.

Époque contemporaine

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Cave coopérative de Pierrevert.
Cave coopérative de Quinson.

La « Coopérative vinicole et agricole des coteaux de Pierrevert » est fondée en 1925 (aujourd'hui dénommée Petra Viridis)[11].

Le vin délimité de qualité supérieure (VDQS) des « Coteaux de Pierrevert » est créé le . L'AOC « Coteaux de Pierrevert » est reconnue par le décret du [12].

Par le décret du , l'appellation est renommée pierrevert[13]. La dernière modification du cahier des charges date du (obtention de l'AOP)[3].

Aire d'appellation

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Image externe
Aire parcellaire de l'appellation

Le vignoble s'étend sur les coteaux et les terrasses de part et d'autre de la Durance et de ses affluents, principalement autour de Manosque et de Pierrevert, au sud du vignoble de la vallée du Rhône méridionale, et au nord du vignoble de Provence, auxquels le rattachent la plupart des ouvrages et sites de références[14],[15].

L'aire de production couvre onze communes des Alpes-de-Haute-Provence : Corbières-en-Provence, Gréoux-les-Bains, Manosque, Pierrevert, Sainte-Tulle, Villeneuve et Volx, ainsi que Quinson et Saint-Laurent-du-Verdon[3], qui se situent au sud-est du lac d'Esparron, qui les sépare de l'aire principale de l'appellation. Les communes de Montfuron et Saint-Martin-de-Brômes, bien que dans le périmètre de l'AOC, ne produisent pas de vin[16].

Orographie, géologie et pédologie

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Le vignoble est limité à l’ouest par les coteaux de la Durance, au nord par la forêt de Pélissier où les coteaux de la Durance se terminent, à l’est par le plateau de Valensole, au sud par la vallée du Verdon.

Les sols les plus caractéristiques sont situés sur des pentes calcaires et caillouteuses de buttes témoins de poudingue de Valensole.

Climatologie

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Même si la région reçoit l'influence vivifiante des Alpes toutes proches, ce terroir viticole est soumis à un climat méditerranéen d'intérieur, dit tempéré continental, très semblable à celui que l'on trouve dans le reste de la Provence à basse altitude. Les hivers sont frais, avec des gelées fréquentes, tandis que les étés sont très chauds et secs, avec quelquefois des orages. La température moyenne mensuelle varie entre 5,5 °C en janvier et 23,5 °C en juillet, avec 13,5 °C de température moyenne. L'amplitude thermique diurne moyenne est assez élevée (10 °C en hiver, 15 °C en été), la moyenne annuelle des précipitations est d'environ 700 mm et le vignoble reçoit environ 2 800 heures d'ensoleillement par an.

La station météorologique de Vinon-sur-Verdon (sur l'aérodrome, à 271 mètres : 43° 44′ 02″ N, 5° 46′ 57″ E)[17] se trouve un peu plus en aval, sur la rive gauche du Verdon.

Relevés à Vinon-sur-Verdon de 1991 à 2020
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) −1,3 −1,3 1,4 4,9 8,3 12,1 14 13,4 10,5 7,4 3,3 −0,5 6
Température moyenne (°C) 4,8 5,5 8,8 12,3 16 20,5 23,1 22,5 18,6 14,3 9,3 5,4 13,4
Température maximale moyenne (°C) 10,9 12,4 16,3 19,7 23,6 28,9 32,2 31,6 26,7 21,2 15,3 11,3 20,8
Nombre de jours avec gel 19,3 17,6 12,9 2,3 0,2 0 0 0 0 1,3 9,1 17,8 80,5
Ensoleillement (h) 152,6 169,5 200 235,3 289,6 322 362,6 330,8 253,4 201,9 153,4 145,2 2 816,3
Précipitations (mm) 41,7 31,6 40,5 52,5 51,3 48,6 23,1 31,5 53,6 86,7 88,3 58,1 607,5
Source : Météo-France[1].
Diagramme climatique
JFMAMJJASOND
 
 
 
10,9
−1,3
41,7
 
 
 
12,4
−1,3
31,6
 
 
 
16,3
1,4
40,5
 
 
 
19,7
4,9
52,5
 
 
 
23,6
8,3
51,3
 
 
 
28,9
12,1
48,6
 
 
 
32,2
14
23,1
 
 
 
31,6
13,4
31,5
 
 
 
26,7
10,5
53,6
 
 
 
21,2
7,4
86,7
 
 
 
15,3
3,3
88,3
 
 
 
11,3
−0,5
58,1
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm

Encépagement

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Pour les vins rouges, les cépages principaux sont le grenache N[2] (minimum 15 %) et la syrah N (minimum 30 %). Ensemble, ils doivent représenter au moins 70 % de l'encépagement. Les cépages accessoires sont le carignan N, le cinsaut N, la clairette B, le grenache blanc B, la marsanne B, le mourvèdre N, le piquepoul B, la roussanne B, le téoulier N (localement dénommé manosquin N), l'ugni blanc B, le vermentino B (rolle B) et le viognier B. Ensemble le mourvèdre N et le téoulier N doivent représenter au maximum 10 %. La proportion de l’ensemble des cépages blancs doit être est inférieure ou égale à 10 % de l’encépagement.

Pour les vins rosés, les cépages autorisés et leurs proportions sont les mêmes que pour les vins rouges, mais le cinsaut N intègre les cépages principaux, et la proportion des cépages blancs peut aller jusqu'à 20 %.

Pour les vins blancs, les cépages autorisés sont la clairette B, le grenache blanc B, la marsanne B, le piquepoul B, la roussanne B, l'ugni blanc B, le vermentino B et le viognier B. Le grenache blanc B et le vermentino B (ensemble ou séparément) doivent représenter au moins 50 % de l’encépagement. L’ensemble des cépages marsanne B, piquepoul B et viognier B doit représenter au maximum 10 % de l’encépagement[3].

Méthodes culturales et réglementations

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Chaque pied dispose d’une superficie maximale de 2,5 mètres carrés (4 000 pieds à l’hectare).

Les vignes sont conduites en taille courte, gobelet ou cordon de royat, avec un maximum de huit coursons à un ou deux yeux par souche, sauf pour la syrah, le cabernet sauvignon, le semillon, et le sauvignon pour lesquels la taille Guyot est autorisés avec 8 yeux francs au plus par pied.

Les vignes sont taillées en taille courte (gobelet ou cordon de Royat) avec un maximum de 6 coursons par pied. Chaque courson porte un maximum de 2 yeux francs. Les cépages syrah N et viognier B peuvent être taillés en taille Guyot avec un maximum de 12 yeux francs par pied.

Le rendement de base est de 55 hl/ha pour les vins rouges et les vins rosés et de 60 hl/hl pour les vins blancs. Le rendement butoir est de 66 hl/ha[3].

Les données de production des années récentes, telles que publiées par les Douanes, sont[6] :

Année pierrevert rosé pierrevert rouge pierrevert blanc
superficie (ha) production (hl) rendement (hl/ha) superficie (ha) production (hl) rendement (hl/ha) superficie (ha) production (hl) rendement (hl/ha)
2020 152 7 092 47 92 4 181 45 40 1 952 49
2021 141 5 443 39 85 3 544 42 42 1 962 47
2022 133 6 218 47 83 3 757 45 41 1 918 46
2023 144 5 744 40 86 3 344 39 44 1 919 44
2024 147 5 232 36 77 3 201 42 47 1 471 42

Dégustation

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Vins rosés

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La couleur des rosés varie du rosé clairet au rouge léger et transparent[15]. ils sont secs, fruités, légers et désaltérants[14]. Au nez, on remarque des notes de fruits rouges, parfois de bonbon anglais avec une note de pain grillé, qui épousent des touches florales. Au palais, on note des saveurs d' agrumes. Idéal à l’apéritif, ce rosé est apprécié pour sa souplesse et sa fraîcheur, à déguster à 8-10 degrés. Il peut accompagner des asperges fondantes ou une grillade d’agneau [15],[18].

Vins rouges

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La couleur des rouges varie du rosé clairet au rouge léger et transparent. On remarque des arômes de cassis, de beurre frais et de pain grillé. Ils ont une belle présence tannique et un bon équilibre acide-gras, on les qualifie aussi de charnus et de corsés[14] . Les arômes fruités sont parfois soulignés par une note boisée[15]. Ils accompagnent les viandes rouges, les gibiers et les fromages[14].

Vins blancs

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Les blancs ont une robe brillante d’un jaune cristallin. Au nez, se distingue un bouquet végétal mêlant des senteurs de  fleurs blanches et d’agrumes (citronnées) du vermentino B . Le palais révèle son aspect rafraichissant. Servis entre 8°C et 11°C, ces vins blancs accompagneront un fromage de chèvre local comme le banon[15],[19].

Liste des producteurs

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Selon le site de l'appellation pierrevert, les dpmaines de production sont :

AOC Pierrevert, domaine de la Blaque.
  • Cave des vignerons de Pierrevert (Petra viridis), provenant de la fusion de toutes les caves coopératives départementales (Pierrevert, Quinson, Manosque, Villeneuve), créée en 1925[20];
  • Château de Rousset;
  • Domaine la Blaque;
  • Château Saint-Jean-lez-Durance;
  • Domaine de Régusse;
  • Cave de la Madeleine;
  • Domaine des Bergeries.

Notes et références

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  1. a et b « Fiche 83150002 » [PDF], sur donneespubliques.meteofrance.fr.
  2. a et b Le code international d'écriture des cépages mentionne de signaler la couleur du raisin : B = blanc, N = noir, Rg = rouge, Rs = rose, G = gris.
  3. a b c d e et f Cahier des charges de l'appellation d'origine contrôlée « PIERREVERT », homologué par le décret no 2011-1093 du publié au JORF du .
  4. Décret du 28 octobre 2009
  5. Le nom d'un vin est un nom commun, donc ne prend pas une majuscule, cf. les références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine.
  6. a et b « Open Data | Portail de la Direction Générale des Douanes et Droits Indirects », sur www.douane.gouv.fr (consulté le )
  7. Il n'y avait aucune tradition de fabrication de la cervoise au sud des Alpes. Manosque (-osc), était une cité ligure où vivaient donc des artisans tonneliers. Il y avait chez cette tribu une vinification de « vin noir » (Strabon, Géographie) faite à partir de lambrusques ou vigne sauvage (Vitis vinifera subsp. silvestris). Le nom primitif de Forcalquier était d'ailleurs « lambrusca ».
  8. Gresols nommait alors l'actuel Gréoulx dans les Alpes de Haute Provence.
  9. Dans ce fleuron provençal de Cluny a été restauré la plus grande mosaïque romane de France.
  10. Pour des raisons historiques, le bailliage provençal de Manosque fut rattaché à la « langue d'Auvergne », il regroupait les commanderies de Corbières, Sainte-Tulle, Volx et gouvernait la ville de Manosque.
  11. « Notre histoire », sur petra-viridis.com (consulté le ).
  12. « Décret du 1er juillet 1998 relatif à l'appellation d'origine contrôlée « Coteaux de Pierrevert » », publié au JORF no 155 du .
  13. « Décret n° 2009-1320 du 28 octobre 2009 relatif aux appellations d'origine contrôlées « Château-Grillet », « Condrieu », « Cornas », « Côte Rôtie », « Saint-Joseph », « Saint-Péray » et « Hermitage » ou « Ermitage » ou « l'Hermitage » ou « l'Ermitage », « Lirac », « Pierrevert » », publié au JORF no 0251 du .
  14. a b c et d « Les appellations », sur www.vinsvignesvignerons.com (consulté le )
  15. a b c d et e « Pierrevert | Guide Hachette des Vins », sur Le Guide Hachette des Vins (consulté le )
  16. André de Réparaz, « Terroirs perdus, terroirs constants, terroirs conquis : vigne et olivier en Haute-Provence XIXe – XXIe siècles », Méditerranée, n° 109, 2007, p. 56.
  17. « 83150002 – VINON SUR VERDON – AERODROME » [PDF], sur donneespubliques.meteofrance.fr.
  18. « Les rosés », sur AMPELO - Vins de Haute Provence (consulté le )
  19. « Les blancs », sur AMPELO - Vins de Haute Provence (consulté le )
  20. « Petra Viridis - Producteurs de vins AOP Pierrevert & IGP Alpes-de-Hte-Pce », sur Petra Viridis (consulté le )

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

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  • Benoît France: Grand Atlas des Vignobles de France, éd. Solar, Paris 2002, (ISBN 2-263-03242-8)
  • Pierre Galet: Cépages et Vignobles de France, éd. Lavoisier, Paris 2004, (ISBN 2-7430-0585-8)
  • Marc Donato, Vignes et vin - Une aventure dans les Hautes-Alpes et les Alpes-de-Haute-Provence, éd. Fournel, 2005 (ISBN 2-915493-27-8)

Liens externes

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Articles connexes

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