Orthophonie

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Orthophonie
MeSH « D013066 »

L'orthophonie (ortho : « correct », phonè : « voix »), ou logopédie (logos : « parole », paideia : « éducation ») en Belgique, en Suisse et en Allemagne, est un champ d'expertise spécialisé dans l'évaluation et le traitement des troubles de la communication liés à la voix, à la parole et au langage oral et écrit. Le champ d'expertise de l'orthophonie inclut aussi les troubles de la déglutition et de motricité bucco-faciale.

Thérapeute

Logopédie
Présentation
Autres appellations
Orthophoniste (France et Canada)
Logopède (Belgique)
Logopédiste (Suisse).
Codes
ROME (France)
J1406

En France et au Canada, le professionnel pratiquant l'orthophonie est l'orthophoniste alors qu'en Belgique, il s'agit du logopède et en Suisse du logopédiste. L'orthophonie est une discipline charnière, qui a un statut paramédical dans certains pays (France, Grande-Bretagne, Italie, Canada, États-Unis...), et plus proche de l'enseignement spécialisé dans d'autres (Allemagne).

Histoire

Le père de l'orthophonie est Jean Itard qui est aussi l'un des premiers médecins spécialistes de l'otorhinolaryngologie[1]. L'orthophonie est née de la nécessité de prendre en charge les enfants opérés de « becs-de-lièvre ». Puis son domaine d'application s'est élargi jusqu'à englober les troubles de l’articulation et de la parole, de la voix, du langage oral et écrit, et ceux de la communication[2].

La véritable créatrice de l'orthophonie en France est Suzanne Borel-Maisonny, elle a également créé le premier syndicat national des orthophonistes, devenu la Fédération Nationale des Orthophonistes.

Le statut d'orthophoniste en France est reconnu officiellement depuis 1964[3], et les études universitaires à part entière depuis 1966[réf. nécessaire].

En 1989 apparaît le terme vocologie qui désigne l'étude, l'évaluation et la rééducation de la voix. Cette expression, bien qu'utilisée par les professionnels, reste peu connue du grand public.

Champs d'intervention

Les troubles concernés apparaissent à des âges divers, et sont causés par des facteurs d'ordre organique (atteintes ou dysfonctions sensorielles, motrices, neurologiques), ou d'ordre psycho-social (difficultés de développement plus ou moins marquées, carences socio-culturelles).

En fonction de sa législation nationale et de son type d'exercice, l'orthophoniste interviendra dans une part variable des pathologies suivantes :

Les troubles d'apprentissage
  • les troubles du langage oral chez l'enfant (troubles articulatoires, retards de langage et de parole, souvent plus ou moins associés), ainsi que la dysphasie, plus rare ;
  • les troubles du langage écrit, tels que la dyslexie, la dysorthographie et la dysgraphie ;
  • les troubles de la cognition mathématique comme la dyscalculie.
Les handicaps de l'enfant
Les troubles de la voix, de la parole, de la déglutition
Les handicaps de l'adulte

Cadre de travail

Les orthophonistes exercent à titre indépendant ou salarié dans différentes structures :

  • en cabinet et éventuellement à domicile ;
  • dans les établissements de soins ou d'éducation spécialisés ;
  • dans les consultations pédiatriques ou médico-psychologiques ;
  • dans les hôpitaux et centres de rééducation médicalisés ;
  • dans les maisons de retraite, etc.
  • par visio conférence en cas d'éloignement géographique: "visiorthophonie".

L'intervention s'articule toujours en deux temps : une phase d'évaluation (bilan prescrit par un médecin), puis une phase de rééducation (traitement proprement dit). L'orthophoniste peut également guider les parents d'un jeune enfant, avant qu'il n'ait atteint l'âge minimum pour suivre une rééducation, il peut par exemple participer au diagnostic de surdité d'un bébé et accompagner la famille dans ses décisions.

L'orthophonie s'appuie sur des stratégies ré-éducatives (qui visent à contrôler et/ou stimuler la fonction déficiente), mais aussi palliatives quand une récupération rapide n'est pas envisageable (ex. : cahiers de communication, moyens informatiques dans les paralysies sévères). Ce travail s'envisage dans la durée (mois voire années) ; il ne sera rendu possible que par une relation de qualité et une motivation suffisante du patient et/ou de l'entourage familial.

La variété des pathologies comme la vitesse d'évolution des connaissances rendent indispensable la formation continue des orthophonistes-logopèdes. Mais ces difficultés entraînent aussi des formes de spécialisation, notamment en ce qui concerne la prise en charge des handicaps les plus sévères.

Formalités pour le patient

En Belgique

Avant de commencer tout traitement logopédique, plusieurs démarches s'avèrent nécessaires en vue de la mise en place du dossier de l'enfant :

  1. visite chez le médecin prescripteur qui prescrit un bilan logopédique ;
  2. bilan logopédique effectué par le ou la logopède ;
  3. deuxième visite chez le médecin prescripteur qui prescrit des séances de rééducation logopédique en fonction des observations et du bilan logopédique ;
  4. envoi des documents à la mutuelle pour bénéficier d'un remboursement éventuel.

Les demandes sont retenues lorsqu'une rééducation s'impose, notamment pour des enfants ayant un retard de plus d'un an (pour les dyslexies-dysorthographies, l'INAMI donne le remboursement quand le retard de langage est de deux ans ou plus). Cependant, les critères d'acceptation varient selon les organismes. Il est donc préférable de contacter sa mutuelle avant toute chose afin de connaître avec précision les documents à faire remplir (le PMS peut, dans le cadre de rééducation d'enfants en âge scolaire, avoir à remplir un document attestant de la nécessité de prise en charge logopédique) et à renvoyer pour bénéficier du remboursement des séances de logopédie.

En France

Pour accéder à l'orthophoniste, libéral ou salarié, il est nécessaire qu'un bilan orthophonique soit prescrit par un médecin.

Au terme du bilan, l'orthophoniste rédige un compte rendu, contenant le diagnostic, le plan de soins et si besoin les indications d'examens complémentaires, qu'il transmet au prescripteur. La mention « rééducation si nécessaire » lui permet de planifier directement les séances selon les besoins. Une demande d'accord préalable sera alors envoyée à l'assurance-maladie du patient qui rembourse tout ou partie des séances (généralement 60 % des actes). On parle bien de séances de rééducation orthophonique et non pas de cours d'orthophonie. L'orthophonie est une discipline paramédicale qui traite les troubles spécifiques du langage, de la parole, de la voix ou de la déglutition et non pas un soutien scolaire.

La mention « bilan d'investigation » rend nécessaire une deuxième consultation médicale si la nécessité d'une rééducation est indiquée dans le compte rendu, le médecin peut alors prescrire dans ce cas les séances d'orthophonie.

Formation

En France

La profession d'orthophoniste est réglementée. Elle est d'ailleurs organisée autour d'une fédération nationale[5], seul syndicat représentatif de la profession. Pour l'exercer, il faut être titulaire du Certificat de Capacité d'Orthophoniste (CCO). Ce diplôme s'obtient après cinq ans d'études dans une unité de formation et de recherche (UFR) de sciences médicales ou de techniques de réadaptation et la présentation d'un mémoire de fin d'études. Le 25 janvier 2013, le ministère de la santé ainsi que celui de l'enseignement supérieur ont accordé le grade Master aux études d'orthophonie. Depuis la rentrée de septembre 2013, les études s'effectuent en cinq années, au lieu de quatre auparavant (depuis 1986).

Durant cinq ans, les élèves alternent cours théoriques et stages :

Conditions d'accès

Aucune limite d'âge n'est imposée, les études pouvant s'entreprendre après une précédente formation ou une réorientation, mais un examen d'aptitude extrêmement sélectif (numérus clausus) sanctionne l'entrée en formation d'orthophonie. Seuls 3 % à 6 % des candidats (selon les centres de formation) sont admis à l'issue du concours.

Pour pouvoir s'inscrire, les candidats doivent justifier du baccalauréat ou du DAEU (Diplôme d'Accès aux Études Universitaires) ou d'un titre français admis en dispense du baccalauréat ou d'un titre étranger sanctionnant une formation d'un niveau au moins égal à celle sanctionnée par le baccalauréat français ; la décision d'admission est alors prise par le président de l'université.

Départements universitaires de formation

Il existe dix-neuf départements universitaires de formation en orthophonie en France au sein des facultés de Médecine dont les dates de concours peuvent être les mêmes, ce qui oblige les candidats à faire des choix[6]. L’école de Clermont-Ferrand a ouvert pour la rentrée 2016 mais en 2018 Brest accueillera une nouvelle école.

Étudiants par département universitaire de formation en orthophonie en France (2018-2019)[réf. souhaitée]
Villes Nombre d'étudiants Date du concours
Amiens 30 28 février 2018
Besançon 28 19 décembre 2017
Bordeaux 36 08 février 2018
Caen 30 08 décembre 2017
Clermont-Ferrand 25 05 avril 2018
Lille 90 10 mars 2018
Limoges 21 10 mars 2018
Lyon 100 01 février 2018
Marseille 38
Montpellier 35 22 mars 2018
Nancy 40 12 avril 2018
Nantes 45 14 décembre 2017
Nice 32 23 février 2018
Paris 120 26 mars 2018
Poitiers 25 24 mars 2018
Rouen 30 24 mai 2018
Strasbourg 35
Toulouse 36 23 février 2018
Tours 48 3 février 2018

Au Québec

Pour pratiquer l'orthophonie et se déclarer orthophoniste, il faut faire partie de l'Ordre des Orthophonistes et Audiologistes du Québec (OOAQ). Pour ce faire, on doit d'abord obtenir un diplôme de deuxième cycle universitaire (maîtrise). Six universités, dont deux en Ontario, le délivrent : l'Université de Montréal (qui délivre également le bac), l'Université Laurentienne (qui offre aussi le programme de baccalauréat), l'Université Laval, l'Université du Québec à Trois-Rivières, l'Université d'Ottawa ainsi que l'Université McGill, (maîtrise en anglais).

Salaires et débouchés

En France

On dénombre en Île-de-France[7] environ 4 000 orthophonistes et 120 nouveaux diplômés par an. Une étude sur le marché ouvert de l'emploi montre qu'en France en 2014 environ 120 postes étaient proposés chaque mois[8]. Compte tenu de la faiblesse des grilles salariales des orthophonistes (au même niveau que des professions diplômées à bac+2) et de la forte demande en soins en libéral, il existe actuellement une forte vacance de postes dans les hôpitaux publics et les établissements privés.

Concernant les salaires des orthophonistes en France, il faut compter en moyenne 2,200 euros pour un libéral et de 1,400 à 2,300 euros bruts pour un salarié (chiffres de 2009)[7]. Les chiffres de 2017 sur le marché ouvert de l'emploi font état de 1,630 euros net par mois en moyenne[8].

Notes et références

  1. Jacques Hochmann, Histoire de l’autisme, Paris, Ed. Odile Jacob, 2009
  2. Jean-Marc Kremer et Emmanuelle Lederlé, Que sais-je:L'orthophonie en France, PUF, , 128 p. (ISBN 978-2-13-057672-3, lire en ligne)
  3. « Orthophonie en France », Comité permanent de liaison des orthophonistes (consulté le )
  4. Site consacré aux troubles causés par l’alcool sur le fœtus http://www.ortho-saf.com/orthophonie.php
  5. Site de la fédération nationale des orthophonistes
  6. Site orthophonie.fr
  7. a et b « Le métier d'orthophoniste », sur www.lesmetiers.net, (consulté le )
  8. a et b « Salaires et débouchés d'un orthophoniste », sur www.top-metiers.fr, (consulté le )

Voir aussi