Aller au contenu

Oleye

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Oleye
Oleye
Église Saint-Denis
Administration
Pays Drapeau de la Belgique Belgique
Région Drapeau de la Région wallonne Région wallonne
Communauté Drapeau de la Communauté française de Belgique Communauté française
Province Drapeau de la province de Liège Province de Liège
Arrondissement Waremme
Commune Waremme
Code postal 4300
Zone téléphonique 019
Démographie
Gentilé Oleyen, -enne[1]
Population 1 397 hab. (1/1/2020)
Densité 348 hab./km2
Géographie
Coordonnées 50° 42′ nord, 5° 16′ est
Superficie 401 ha = 4,01 km2
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Belgique
Voir sur la carte topographique de Belgique
Oleye
Géolocalisation sur la carte : Belgique
Voir sur la carte administrative de Belgique
Oleye
Géolocalisation sur la carte : Région wallonne
Voir sur la carte administrative de la Région wallonne
Oleye
Géolocalisation sur la carte : province de Liège
Voir sur la carte administrative de la province de Liège
Oleye

Oleye (en wallon Ôleye ; en néerlandais Liek) est un village hesbignon situé en Région wallonne dans la province de Liège. Son existence est attestée depuis le Xe siècle mais les premières traces d'occupations humaines y remontent à la protohistoire, au milieu du VIe millénaire avant l'ère commune.

Depuis 1970, le village est devenu une section de la ville de Waremme.

Démographie

[modifier | modifier le code]
  • Sources:INS, Rem:1831 jusqu'en 1970=recensements, 1976= nombre d'habitants au 31 décembre

Étymologie

[modifier | modifier le code]

Dans la mesure où le suffixe -eye peut être un substitut au suffixe -iacum (qui devient régulièrement -ik en flamand), le nom « Oleye », comme le nom flamand du village — « Liek », issu du thiois « Lik » ou « Lick »[2] —, semble dériver du celte Oliacum ce qui peut signifier « la maison de Ollos » mais aussi « la grande maison », car « ollos » est également un terme celtique pour « grand »[3].

Avant que la graphie du nom du village soit fixée, on trouve plusieurs variantes orthographiques : Ollee[4], Oleiz[5], Oley[6]...

Éléments d'histoire

[modifier | modifier le code]
Tumulus d'Oleye

Le site, traversé par la rivière Geer, est déjà occupé à l'époque du néolithique ancien comme en témoignent les restes d'une implantation omaliene[7] de l'âge des métaux à Oleye « Al Zèpe »[8].

Le tumulus d'Oleye situé le long de l'actuelle Voie Verte (ou Chaussée de Nivelle) - une ancienne voie secondaire (en latin, diverticula[9]) de la chaussée romaine allant de Bavay à Cologne - témoigne d'une implantation à l'époque gallo-romaine[10].

Au Moyen Âge, le village est d'abord propriété de l'empereur germanique jusqu'à Othon II qui par une charte datée du 15 octobre 980, transmet la villa de « Oleye également située dans le pagus de Hesbaye »[11] à l'abbaye de Saint-Denis-lez-Paris dont le village voisin de Grand-Axhe était déjà la propriété depuis une donation en 805[12].

Ferme de la Paix-Dieu

À partir de 1239, Oleye est brièvement le lieu d'implantation d'un prieuré de moniales cisterciennes dédié à la Paix-Dieu : en 1231, le seigneur Arnold de Corswarem entre dans les ordres et désigne sa mère Marguerite de Jeneffe procuratrice du monastère qui s'implante entre 1239 et 1241 sur un terrain cédé par Robert d'Oleye. Pour rencontrer les critères de l’ordre cistercien, cette abbaye — aujourd'hui connue comme l'abbaye d'Amay — est ensuite transférée dès 1244 à Bodegnée où elle reste en activité jusqu'en 1797[13] continuant à tirer revenus de ses possessions de plusieurs dizaines d'hectares et d'une ferme[14] sur le territoire d'Oleye[15].

Le village passe, avec Grand-Axhe, sous le comté de Looz au début du XIVe siècle lorsque le comte Arnould V achète les terres à l'abbaye de Saint-Denis[16]. En 1362, Godefroid de Looz perd le comté par l'invasion armée du prince-évêque de Liège Englebert de La Marck et ses possessions intègrent définitivement la Principauté de Liège[10] le 8 octobre 1366[17].

C'est à Oleye que fut signé le le « Traité d'Oleye » constituant une aggravation de la « Paix de Saint-Trond » signée avec Charles le Téméraire, à la suite de la défaite liégeoise de Montenaken[10]. À la fin octobre 1568, les troupes de Guillaume de Nassau pillent le village et incendient son église[18] et, en 1591, c'est au tour du moulin d'être incendié par des troupes espagnoles.

Oleye étant devenue depuis 1366 une seigneurie allodiale[19], ses terres peuvent être monnayées selon le vouloir ou les besoins de leurs propriétaires ; ainsi, à partir de cette époque et jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, Oleye et Grand-Axhe passent entre les mains de multiples propriétaires co-partageants, au gré des successions, des achats, des ventes ou des saisies[20]. En 1705, on trouve plus de huit de propriétaires qui tirent revenus du territoire : les Pères Chartreux de Liège, les familles de Méan, de Joncis, de Hinnisdael, de Betho[21]...

Histoire contemporaine

[modifier | modifier le code]
Tour médiévale de l'église St-Denis

Au début du XIXe siècle, en 1810, le village comptait 529 habitants et ses différentes sections périphériques — d'anciens hameaux — ont pour nom « Maisons-Fontaine », « aux Broucks », « Hartange » et « Vinave » (de Lantremange)[22]. En 1845, on dénombre 561 habitants[23], 697 en 1858[24] et 700 en 1869[25].

En 1970, le village compte 938 habitants[26] et, lors de la fusion des communes de 1971, Oleye rejoint l'entité de Waremme.

L'Église Saint-Denis d'Oleye est un des vestiges architecturaux intéressants du territoire de Waremme[27]. Située sur une éminence, elle est composée d'une tour datant du XIIe ou XIIIe siècle, englobée dans une nef bâtie en 1683, remarquable par sa décoration de style Louis XIV[10] qui rompt radicalement avec l’héritage médiéval dont témoignent encore les structures de l’édifice[27]. Le mobilier comporte quelques pièces d'intérêt comme une chaire de vérité Renaissance datant du XVIIe siècle et confessionnal baroque[10]. La paroisse du village était à la collation du chapitre de Saint-Paul de Liège[27] et avait pour filiale l'église Saint-Sébastien du village voisin de Lantremange dont le curé était nommé par celui d'Oleye[28].

Moulin d'Oleye, début du XXe siècle

La ferme de la Paix-Dieu — datée du XVIIe siècle — est sans doute l’héritière de la grange abbatiale de la communauté de cisterciennes[29] qui laissa après son départ une communauté de convers sur le site jusqu'au début du XIVe siècle[30]. Cette ferme de la Paix-Dieu porte encore les armes de l'abbesse de la Paix-Dieu Jeanne de Marotte, datées de 1634. On trouve également plusieurs fermes en carré, typiquement hesbignonnes. Le village compte en outre quelques logis de fermes datant du XVIIIe siècle[31].

Le long du Geer, un ancien moulin à eau, verticalisé dans le courant du XIXe siècle sous la forme d'une grosse tour carrée en briques haute de cinq niveaux, a été transformé en minoterie puis en distillerie[10].

Une brasserie s'est installée entre 1994 et 2002 dans le village pour produire les bières éponymes La Blonde d'Oleye et La Brune d'Oleye.

Hydrographie

[modifier | modifier le code]
Le Geer vers Lantremange

Le village est traversé par le Geer qui y reçoit les eaux de son affluent la Mule, les deux cours d'eau faisant partie du bassin versant de la Meuse.

Personnalités

[modifier | modifier le code]

Voir aussi la galerie structurée dans Wikimedia.

Wikimedia Commons présente d’autres illustrations sur Oleye.

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Jean Germain, Guide des gentilés : Les noms des habitants en Communauté française de Belgique, Ministère de la Communauté française, , 2e éd., p. 60
  2. Jean Thill, « Histoire des seigneuries d'Oleye et Lantremange sous l'Ancien Régime : Les Seigneuries », Bulletin de L'Institut Archéologique Liégeois, Maison Curtius, t. XCIV,‎ , p. 12
  3. (nl) Verslagen en mededelingen van de Koninklijke Vlaamse Academie voor Taal en Letterkunde 1940, Gand, Koninklijke Vlaamsche Academie voor Taal- en Letterkunde, , p. 137-138
  4. Paul Harcin, Liège et Bourgogne : Actes du Colloque tenu à Liège les 28, 29 et 30 octobre 1968, Droz, , p. 86
  5. Paul Bertrand, Commerce avec dame pauvreté : Structures et fonctions des couvents mendiants à Liège (XIIIe-XIVe s.), Droz, , p. 512
  6. Bulletin de L'Institut Archéologique Liégeois, vol. 8, Institut archéologique liégeois, , p. 329
  7. De la commune d'Omal où ont été mises au jour les premières pièces d'une culture néolithique du VIe millénaire avant l'ère commune)
  8. Bulletin de L'Institut Archéologique Liégeois, t. CIV-CV, Maison Curtius, , p. 227-228
  9. Ces voies secondaires reliaient les exploitations locales aux voies principales, permettant d’acheminer les productions vers les différents points de l’Empire
  10. a b c d e et f Flavio Di Campi, « Oleye », dans Le Patrimoine monumental de la Belgique : Wallonie. Province de Liège, arrondissement de Waremme, vol. 18, Pierre Mardaga, , p. 585-588
  11. (la) Monumenta Germaniae Historica : Diplomata Regum et Imperatorum Germaniae, t. II : Ottonis II et III, Diplomata, Hanovre, , chap. 232, p. 260-261
  12. Jean Thill, « Histoire des seigneuries d'Oleye et Lantremange sous l'Ancien Régime : Les Seigneuries », Bulletin de L'Institut Archéologique Liégeois, Maison Curtius, t. XCIV,‎ , p. 7
  13. Jacques Commane, « La Paix-Dieu », dans Le Patrimoine monumental de la Belgique : Wallonie. Province de Liège, arrondissement de Huy, vol. 16, Pierre Mardaga, , p. 71,75
  14. « 65 hectares, 72 ares et 56 centenaires » en 1797 cf. Roger Brose, La Paix-Dieu : Abbaye cistercienne en Hesbaye. Contribution à l'étude de notre histoire régionale, Huy, Imprimerie Coopérative, , p. 95
  15. Jean-Pierre Rorive, Les misères de la guerre sous le Roi-Soleil : les populations de Huy, de Hesbaye et du Condroz dans la tourmente du Siècle de malheur, Université de Liège, , p. 62-63
  16. Jean Thill, « Histoire des seigneuries d'Oleye et Lantremange sous l'Ancien Régime : Les Seigneuries », Bulletin de L'Institut Archéologique Liégeois, Maison Curtius, t. XCIV,‎ , p. 16
  17. Jean Thill, « Histoire des seigneuries d'Oleye et Lantremange sous l'Ancien Régime : Les Seigneuries », Bulletin de L'Institut Archéologique Liégeois, Maison Curtius, t. XCIV,‎ , p. 19,21
  18. Bulletin de L'Institut Archéologique Liégeois, vol. 94 à 95, Institut archéologique liégeois, , p. 82
  19. Les alleux, au contraire des possessions féodales, ne sont pas sujettes aux reliefs (droit que le vassal devait payer à son seigneur) pas plus qu'ils ne doivent prêter foi et hommage à quiconque : le propriétaire est maître absolu de son bien, peut l'aliéner ou l'engager sans octroi; cf. Jean Thill, « Histoire des seigneuries d'Oleye et Lantremange sous l'Ancien Régime : Les Seigneuries », Bulletin de L'Institut Archéologique Liégeois, Maison Curtius, t. XCIV,‎ , p. 21
  20. Jean Thill, « Histoire des seigneuries d'Oleye et Lantremange sous l'Ancien Régime : Les Seigneuries », Bulletin de L'Institut Archéologique Liégeois, Maison Curtius, t. XCIV,‎ , p. 33
  21. Jean Thill, « Histoire des seigneuries d'Oleye et Lantremange sous l'Ancien Régime : Les Seigneuries », Bulletin de L'Institut Archéologique Liégeois, Maison Curtius, t. XCIV,‎ , p. 32
  22. J.-M. Havard, Dictionnaire géographique, topographique, historique, statistique, ecclésiastique administratif, judiciaire et postal des communes, sections de communes et hameaux de Belgique, Charles Hen, , p. 231
  23. Charles Meerts, Dictionnaire géographique et statistique du royaume de Belgique, Vanderborght, , p. 559
  24. Alexandre Hippolyte Tarlier, Dictionnaire des communes, hameaux, châteaux, fermes, hauts-fourneaux, charbonnages, &., du royaume de Belgique, H. Tarlier, , p. 218
  25. Victor Doublet de Villers, Dictionnaire national belge historique, biographique, géographique, statistique, artistique, industriel et commercial, Vanderborght, , p. 559
  26. Recensement de la population, 31 décembre 1970, vol. I, Institut national de statistique, p. 100
  27. a b et c Jacques Verstraeten (dir.), Hespbaye-Meuse. Guide touristique, Province de Liège, , p. 44
  28. Jacques Verstraeten (dir.), Hespbaye-Meuse. Guide touristique, Province de Liège, , p. 50
  29. Jacques Verstraeten (dir.), Hespbaye-Meuse. Guide touristique, Province de Liège, , p. 93
  30. Jacques Verstraeten (dir.), Hespbaye-Meuse. Guide touristique, Province de Liège, , p. 12
  31. Impasse de la briqueterie (no 2), rue Delbeck (no 4-6), ancienne presbytère et maison de sacristain, place de la Liberté cf. Di Campi, op. cit., 1992
  32. Mandements, lettres pastorales, circulaires et autres documents publiés dans le diocèse de Liége depuis le Concordat de 1801 jusqu'à 1830, vol. 1, H. Dessain, , p. X-XV, 343
  33. Jean-Jacques Messiaen et Arlette Musick, Huy, Waremme, Présence et action culturelle, coll. « Mémoire ouvrière », , p. 112
  34. Collectif, La Noble vie de Joseph Wauters, L'Églantine, , p. 17

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Jean Thill, « Histoire des seigneuries d'Oleye et Lantremange sous l'Ancien Régime : Les Seigneuries », Bulletin de L'Institut Archéologique Liégeois, Maison Curtius, t. XCIV,‎ , p. 5-33
  • Trésors d'Art et d'Histoire de Waremme et de sa région : Catalogue de l'exposition organisée au Musée régional de Waremme, Église d'Oleye, du 5 octobre au 18 novembre 1979, Bruxelles, Ministère de la Communauté Française,

Sur les autres projets Wikimedia :

Liens externes

[modifier | modifier le code]