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O filii et filiæ

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Fra Angelico (1395-1455). Scène : Les Trois Maries au tombeau du Christ (extrait d'un cycle de fresques du couvent dominicain San Marco, à Florence, Italie)

.

O filii et filiae est une hymne du temps pascal, Alleluia de Pâques et du dimanche in albis (ou Dimanche de la divine Miséricorde). Elle aurait été écrite par un cordelier, le frère Jean Tisserand[1] en 1494 pour les sept fêtes de Notre-Dame[2]. Il est chanté le jour de Pâques et en octave[1].

Fichier:O filii et filiae - Gregorian Chants Online.ogg
Interprétation grégorienne

Description

  • On pensait que cette hymne était très ancienne, datant du VIe siècle, ce n'est que tardivement qu'on retrouva son auteur.
  • Il figure en 1573 dans les Heures de Notre-Dame à l'usaige de Paris , imprimées par Jean le Blanc, (quelques strophes), puis dans un recueil en 1623, Airs sur les Hymnes sacrés, il fut réimprimé pour divers diocèses et dans L'Office de la Semaine Sainte de Paris en 1674 dans un Processional de Nantes en 1678, et dans un livre jésuite, Symphonia Sirenum Selectarum Cologne 1685.
  • Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle seulement, il est présent dans de nombreux livres d'église. En 1738,le Calendrier historique avec le journal des cérémonies et usages qui s'observent à la Cour, à Paris et à la campagne, en parle dans la partie qui contient les renseignements relatifs aux fêtes mobiles : on pouvait alors aller l’entendre à Pâques au collège des Jésuites lors des vêpres solennelles, « après lesquelles il est chanté en musique. Ce cantique joyeux est pareillement chanté en plusieurs Églises par de belles voix de religieuses »[5].

La fonction de cette œuvre était, selon la classification du musicologue Jacques Chailley, un trope de substitution, à savoir un remplacement entier du chant initial, Benedicamus Domino[1] (voir le texte, au-dessous).

Cette hymne, chantée aussi à deux voix, était particulièrement populaire en France. Le triple Alleluia se chantait aussi entre chaque strophe[6]. L' Alleluia était chanté en solo, repris par le chœur puis le solo entonnait la strophe débutant par Alleluia. Le chœur chantait ensuite le triple Alleluia, entonnait la seconde strophe avec Alleluia et finissait avec un triple Alleluia. Chœur et solo se succédaient ainsi jusqu'à la dernière stance et le dernier triple Alleluia chanté à une voix. Il comportait neuf strophes, car les strophes Discipulis adstantibus, Postquam audivit Didymus, Beati qui non viderunt sont des additions ultérieures. « L'alleluya du jour de Pasques » est un trope avec versets et répons, qui clôturait les Laudes et les Vêpres pascales, avec originellement deux stances ultimes :

«  In hoc festo sanctissimo

Sit laus et jubilatio
BENEDICAMUS DOMINO.—Alleluia.
De quibus nos humillimas,
Devotas atque debitas
DEO dicamus GRATIAS.
—Alleluia' »

Adaptations

Nombreuses adaptations de cette hymne pascale :

Paraphrases

Il a été paraphrasé par :

  • Aloÿs Claussmann,
  • Jeanne Demessieux, André Fleury,
  • Alexandre Guilmant,
  • Jean Langlais,
  • Jean Vadon[7].
  • Toccata pour orgue de Lynnwood Farnam (1932).
  • Variations irlandaises au XVIIIe siècle[8]. Publication de deux poèmes en irlandais : l'un du Moyen Âge, d'après deux mss. (XVIe et XVIIe siècle), Is truag in ces i mbiam (Triste sort que le sort de l'homme). L'autre est une adaptation du XVIIIe siècle de l'hymne latine de Pâques O filii et filiae dont l'A. reproduit aussi le texte latin et la mélodie, identique en irlandais et en latin. Un auteur anonyme le publie en Angleterre dans Evening Office, 1748 (Young men and maids, rejoice and sing), ainsi que le Père Caswall's (Ye sons and daughters of the Lord) and Charles Kent (O maids and striplings, hear love's story all three being given in Shipley, Annus Sanctus.
  • Du reste d'assez nombreuses chansons et danses traditionnelles reprennent tout ou partie de la musique de cet hymne, en la faisant parfois grandement évoluer.

Texte

  • Le titre est peut-être emprunté à saint Paul, seconde épître aux Corinthiens, 6:18 «  vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur tout-puissant. »
  • Le début de l'hymne fait allusion aux « femmes myrrhophores » (en grec : portant la myrrhe) venues oindre le corps de Jésus.

Compléments

Articles connexes

Notes et références

  1. a b et c http://www.larousse.fr/archives/musique/page/1087
  2. Léopold Delisle, L'Alleluya de Pâques : O filii et filiae. Bibliothèque de l'école des chartes, 1900, volume 61, no 61, p.  594-596.
  3. Jean Quéniart (dir.), Le chant, acteur de l'histoire : Actes du colloque tenu à Rennes du 9 au 11 septembre 1998, Rennes, 1999, Presses universitaires de Rennes, 363 p.
  4. (en)J. R. Watson, An Annotated Anthology of Hymns, [lire en ligne]
  5. Amédée Gastoué, L'O filii, ses origines, son auteur. La Tribune de Saint-Gervais : bulletin mensuel de la Schola cantorum, 1907.
  6. (en)The Roman Hymnal, New York, 1884, p. 200 & Lalanne, Recueil d'anciens et de nouveaux cantiques notes, Paris, 1886, p. 223
  7. Musica et Memoria :« Les paraphrases grégoriennes dans la musique d'orgue »
  8. (en) « Two Religious Poems in Irish, O CUIV B. Celtica 1988, vol. 20, pp. 73-84

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