Musée des Monuments français (1795)
(1795)
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France |
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Le musée des Monuments français est un musée parisien ouvert de 1795 à 1816 où sont conservées les pièces architecturales récupérées après la vague populaire de destructions du patrimoine intervenues pendant la première période révolutionnaire française (1789-1794). Il a participé à la création de l'idée de « monument historique » et d'inventaire. Le peintre Alexandre Lenoir est le premier directeur du musée, hébergé dans un ancien couvent du XVIIe siècle, sur la rive gauche de la Seine à Paris, le couvent des Petits-Augustins. À la fermeture en 1816, les locaux sont affectés à l'École nationale supérieure des beaux-arts.
En 1879, Eugène Viollet-le-Duc refonde un musée des monuments français au sein du palais du Trocadéro nouvellement construit.
Naissance du musée
[modifier | modifier le code]Le musée des Monuments français résulte d'un triple hasard historique, lié à la vindicte révolutionnaire, à une volonté nouvelle de conserver les pièces du patrimoine en danger, et à l'œuvre d'un conservateur aux visées didactiques et historicisantes.
La Révolution française se caractérise en effet par un mouvement légal de nationalisation (l'Assemblée constituante et la Convention nationalisent les biens du clergé, de la couronne de France et des émigrés) et un mouvement spontané de dégradation des monuments les plus symboliques (statues, bâtiments liés au pouvoir ou à la religion, etc.). Les députés décident alors en 1790, de consacrer le couvent des Petits-Augustins au dépôt d'une partie des statues et tombeaux issus de ces aliénations et placent Alexandre Lenoir à sa tête en 1791[1].
De manière imprévue, Alexandre Lenoir ouvre au public le le dépôt, qui devient, le 21 octobre suivant, le musée des Monuments français. Il en est nommé administrateur.
Contenu du musée
[modifier | modifier le code]Le musée présente une histoire française des monuments et des sculptures, dans une scénographie dont l'efficacité emporte l'enthousiasme public : la réputation du musée croit rapidement, notamment auprès des étrangers de passage à Paris. Les œuvres sont rangées par époques mais sans explication sur leur contexte. Elles sont soit originales (gisants et orants des rois de France), soit « inventées », pour des soucis de cohésion du mythe national (par exemple, le mausolée pour Héloïse et Abélard placé dans le jardin, nommé « Élysée »)[2],[1]. Il s'agit historiquement du deuxième musée national après le Louvre.
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La Salle du XIIIe siècle par Augustin Alexandre Thierriat, 1817.
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La Salle du XVe siècle.
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La Salle du XVIIe siècle.
Fermeture du musée
[modifier | modifier le code]Au retour de la monarchie, Louis XVIII fait fermer le musée (1816) : une grande partie des œuvres est restituée à leurs sites et propriétaires d'origine. Le reste est intégré aux collections du Louvre, en 1824, et au musée de Versailles, en 1836. La majorité des dépouilles (Molière, Jean de La Fontaine, Nicolas Boileau, Jean Mabillon, Héloïse et Abélard) sont transférées au cimetière du Père-Lachaise. Les trésors religieux contenus sont retournés aux églises (objets d’histoire, ils redeviennent objets religieux), notamment à la basilique Saint-Denis, pour servir aux restaurations de François Debret. Retirées par Eugène Viollet-le-Duc à partir de 1846, ces œuvres ont pour partie été affectées au musée de Cluny et au département des sculptures du musée du Louvre dans les années 1880[3].
Expositions
[modifier | modifier le code]- Du au , Un musée révolutionnaire, le musée des Monuments français d'Alexandre Lenoir, Paris, musée du Louvre.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Les sépultures successives d'Héloïse et Abélard », pierre-abelard.com, Association culturelle Pierre Abélard, consulté le 31 octobre 2021.
- Éric Biétry-Rivierre, « La vie agitée des gisants », Le Figaroscope, semaine du 11 au 17 mai 2016, page 27.
- Voir Sculptures du XIIIe siècle dans les collections du musée de Cluny, sur le site officiel de la Réunion des musées nationaux.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Alexandre Lenoir, Musée des Monuments français, Guilleminet, 1801
- Alexandre Lenoir, Musée impérial des Monuments français, Paris, 1810.
- Inventaire général des richesses d'art de la France. Archives du Musée des Monuments français. Première partie. Papiers de M. Albert Lenoir, Paris, E. Plon, Nourrit & Cie imprimeurs-éditeurs, (lire en ligne)
- Inventaire général des richesses d'art de la France. Archives du Musée des Monuments français. Deuxième partie, Paris, E. Plon, Nourrit & Cie imprimeurs-éditeurs, (lire en ligne)
- Inventaire général des richesses d'art de la France. Archives du Musée des Monuments français. Troisième partie, Paris, E. Plon, Nourrit & Cie imprimeurs-éditeurs, (lire en ligne)
- Pierre Nora, Roland Schaer, « Alexandre Lenoir et les musées des monuments français », dans L'Invention des musées, Paris, Gallimard/Réunion des Musées nationaux, 1993.
- Dominique Poulot, Musée, nation, patrimoine, 1789-1815, Paris, Gallimard, 1997.
- Antoine de Baecque, Françoise Melonio, Histoire culturelle de la France, tome 3, « Lumières et liberté, les dix-huitième et dix-neuvième siècles », Paris, Seuil, 1998.
- Alexandra Stara, The Museum of French Monuments 1795-1816: "Killing art to make history", Farnham, Ashgate, (ISBN 978-1-4094-3799-4)
- Priscille de Lassus, « Un musée évanoui : le musée des Monuments français », dans Archéologia, no 542, , p. 56-61.
- Geneviève Bresc et Béatrice de Chancel-Bardelot (dir.), Un musée révolutionnaire : Le Musée des Monuments français d'Alexandre Lenoir, Paris, Musée du Louvre et éditions Hazan, , 384 p. (ISBN 978-2-75410-937-6). (Catalogue de l'exposition éponyme au musée du Louvre du au ).
- Jean-Baptiste-Bonaventure de Roquefort, Vues pittoresques et perspectives des salles du musée des Monuments français et des principaux ouvrages d'architecture, de sculpture et de peinture sur verre qu'elles renferment, gravées au burin, en vingt estampes par MM. Réville et Lavallée d'après les dessins de Vauzelle, réédition avec une présentation d'Emmanuel Schwartz, Paris, ENSBA, 2017, (ISBN 9782840565321).