Morgane Merteuil

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Morgane Merteuil
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Nationalité
Formation
Activités

Morgane Merteuil, née en 1986, est une autrice, militante féministe et travailleuse du sexe française, notamment connue pour son engagement passé en tant que secrétaire générale et porte-parole du Strass, et pour ses écrits portant sur l’articulation entre travail sexuel et reproduction.

Biographie[modifier | modifier le code]

Morgane Merteuil est diplômée d'un master 2 en lettres modernes à l'université de Grenoble[1]. Parallèlement à ses études, Morgane Merteuil exerce plusieurs boulots — garde d’enfant, ménage, distribution de journaux. Elle pose aussi pour des photos érotiques[2].

En 2009, en pratiquant une activité d’hôtesse de bar américain, Morgane Merteuil se rend compte que pour financer ses études, elle pourrait devenir travailleuse du sexe[3]. Elle décide alors de devenir escort à domicile[1]. Morgane Merteuil rejoint le syndicat du travail sexuel (STRASS). À partir de , elle en devient secrétaire générale puis porte-parole[4].

Revendiquant son choix « contraint » de la prostitution, elle déclare, dans un article du Monde datant du , préférer « être escort plutôt que travailler en usine quarante heures par semaine ». Elle explique que « les personnes qui ont des journées extrêmement difficiles sur des chantiers ou dans la restauration diraient sans doute, elles aussi, qu'elles ont fait un choix contraint[5]. »

Elle lutte activement contre ce qu'elle appelle la « putophobie » et milite contre la proposition de loi visant à pénaliser les clients de la prostitution[6], en dénonçant « le contexte que [cette loi] va produire […] et qui va favoriser notre précarité et nos viols[7]. » Considérant que « celles qui peuvent se le permettre partent travailler dans des pays frontaliers, les autres cherchent des intermédiaires qui vont jouer le rôle de proxénètes », elle affirme que la disposition légale va favoriser le proxénétisme[8],[9].

En 2012, Morgane Merteuil publie un essai intitulé Libérez le féminisme ! (L'édition, 2012), dans lequel elle reproche aux associations féministes les plus médiatiques telles que Ni putes ni soumises, Osez le féminisme ! et Les Chiennes de garde de s'être, selon ses termes « embourgeoisées ». Elle fustige le discours bien pensant de ces « ambassadrices de la liberté » qui imposent leur « propre conception de la dignité »[10]. Le , elle est invitée au Grand Journal sur Canal + pour débattre avec Thalia Breton, d'Osez le féminisme ![11].

En , Morgane Merteuil, cofondatrice du «  pour toutes » après l'exclusion de certaines femmes, notamment prostituées ou musulmanes, de défilés féministes[12], co-organise une manifestation pour défendre les droits de toutes les femmes, dont les travailleuses du sexe et les femmes portant le voile[13].

En , lors du procès de l'affaire du Carlton de Lille, elle regrette que le débat en soit resté à la question de la prostitution et du proxénétisme, et ne se soit pas centré « sur la violence au vu de la gravité de certains actes[14]. »

En , face à l'avocate Lorraine Questiaux qui défend la loi d'abolition de la prostitution en affirmant que la majorité des prostituées sont victimes de la traite, elle soutient que la proportion de prostituées étrangères n'est pas supérieure à 15%[15]. Elle considère toutefois que les lois anti-prostitution sont à relier à une politique anti-immigration, qu'elle dénonce. En 2014, elle écrivait déjà que "le traitement spécifique du travail du sexe, ou plus exactement ses évolutions, entre criminalisation et libéralisation, sont à lire dans le contexte plus général des tensions provoquées par les dynamiques du capitalisme, du patriarcat, et du racisme, qui structurent notre société"[16].

En juin 2016, elle cesse ses fonctions de porte-parole du STRASS, tout en continuant de s'exprimer et d'écrire à propos des politiques visant les travailleuses du sexe[17],[18]. Elle participe notamment à l'ouvrage Pour un féminisme de la totalité, publié en 2017 par la revue marxiste Période[18]. Son article, intitulé Le travail du sexe contre le sexe, fait écho à son texte titré Le travail du sexe contre le travail, publié trois ans plus tôt[16].

En 2018, après l'émergence du mouvement #Metoo, elle participe à la création du collectif Nous toutes, puis, se sentant poussée vers la sortie, elle co-fonde le collectif Nous aussi[19].

En 2020, elle publie un article intitulé S’approprier les luttes des travailleuses du sexe pour (re)penser le travail reproductif dans le livre collectif Travail gratuit et grèves féministes[20].

A l'été 2023, dans la revue Socialter, elle appelle à dépasser les solutions individualisantes et uniquement morales avancées par un certain courant du féminisme dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Pour cela, elle considère comme impératif de conjuguer féminisme et lutte des classes afin de s’attaquer véritablement à la production matérielle des violences sexistes et sexuelles[21].

En novembre 2023, elle signe une tribune intitulée ""Propagande de guerre pro-israélienne : notre féminisme ne se laissera pas enrôler !", aux côtés notamment de Sam Bourcier, Elsa Dorlin, Sara Farris, Silvia Federici, Émilie Hache et Isabelle Stengers, qui dénonce "une propagande qui manipule le signifiant féminisme, comme elle manipule le signifiant d’antisémitisme"[22].

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • Libérez le féminisme !, L'éditeur, coll. « Idées et Controverses », , 144 p. (ISBN 978-2-36201-069-9, présentation en ligne)
  • 6 avril 2016 – Najat Vallaud-Balkacem sauve les putes, dans Le Livre des trahisons[23],[24],Laurent de Sutter, Paris, 2016, pp. 349–355.
  • Le travail du sexe contre le sexe : pour une analyse matérialiste du désir, dans Pour un féminisme de la totalité, revue Période, Paris, éditions Amsterdam, 2017, pp. 387–403.
  • S’approprier les luttes des travailleuses du sexe pour (re)penser le travail reproductif, dans Travail gratuit et grèves féministes, éditions Entremonde, 2020, pp 61-70.

Articles[modifier | modifier le code]

  • « On est des putes, et vous êtes quoi? » (tribune), Cybersolidaires, septembre 2012
  • « Homophobie, putophobie, même combat ? » (tribune), L'Obs du [25]
  • « Les travailleuses du sexe peuvent-elles penser leur émancipation ? Sur quelques effets excluants des discours abolitionnistes », avec Damien Simonin, Contretemps, février 2013[26]
  • « Putes, corps désirants et émancipations », , Période, 2014 [27]
  • « Le travail du sexe contre le travail », Période, [28]
  • «[Guide de lecture] Féminisme et théorie de la reproduction sociale », Période, 2014[27]
  • « Les luttes pour le salaire ménager : théorie et pratique », Contretemps, février 2015 [29]
  • « Coupables d’être victimes : la lutte contre la traite des femmes », Contretemps, décembre 2016[17]
  • « Politiser la lutte contre les violences sexistes et sexuelles », Socialter, juillet 2023[21]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Quentin Girard, « Elle travaille aux corps » sur Libération, 9 décembre 2011.
  2. Chloé Stevenson, « Morgane Merteuil, escort-girl, décortique les clichés de la télé sur la prostitution », sur streetpress.com,
  3. Quentin Girard, « Le féminisme "prosexe, proporno, proputes" de Morgane Merteuil », sur liberation.fr, .
  4. Nicolas L, « Interview de Morgane Merteuil, secrétaire générale du Stass », sur radio-londres.fr, .
  5. Anne Chemin, « Morgane Merteuil : "Je préfère être "escort" plutôt que travailler en usine" », sur lemonde.fr, .
  6. Gaëlle Le Roux, « Prostitution : "Toutes les lois visant à protéger les femmes ont été néfastes" », sur france24.com, .
  7. Dounia Hadni, « Prostitution : la pénalisation des clients votée », sur liberation.fr,
  8. Julien Baldacchino, « La pénalisation des clients des prostituées est définitivement adoptée », sur francebleu.fr,
  9. SudOuest.fr avec AFP, « Prostitution : après deux ans de débats, les clients seront bientôt pénalisés », sur sudouest.fr,
  10. Identités de genre et intervention sociale de Mikaël Quilliou-Rioual, page 226.
  11. Jean-Christophe Pain, « Débat : Morgane Merteuil la grenobloise sur C+ », sur francetvinfo.fr, .
  12. Sexpowerment de Camille Emmanuelle (2017).
  13. Laurène Daycard, « "Le 8 Mars pour toutes" prêt à battre le trottoir », sur liberation.fr, .
  14. Caroline Politi, « Procès du Carlton: "La prostitution, c'est toujours une forme de violence" », sur lexpress.fr, .
  15. Le service METRONEWS, « "Vous mentez !" : vif échange entre une avocate des travailleuses du sexe et l'une d'entre elles » [vidéo], sur lci.fr, .
  16. a et b « Le travail du sexe contre le travail – Période », (consulté le )
  17. a et b Morgane Merteuil, « Coupables d’être victimes : la lutte contre la traite des femmes – CONTRETEMPS » (consulté le )
  18. a et b Editions Amsterdam, « Pour un féminisme de la totalité », sur www.editionsamsterdam.fr, (consulté le )
  19. « Qu'est-ce que #NousAussi, l'autre mouvement féministe qui défilera samedi ? », sur Europe 1, (consulté le )
  20. 29ter, « Morgane Merteuil », sur www.socialter.fr (consulté le )
  21. a et b 29ter, « Politiser la lutte contre les violences sexistes et sexuelles », sur www.socialter.fr (consulté le )
  22. « Propagande de guerre pro-israélienne : notre féminisme ne se laissera pas enrôler ! | Le Média », sur www.lemediatv.fr (consulté le )
  23. Le Livre des trahisons sur books.google.fr.
  24. Le Livre des trahisons sur puf.com.
  25. Tribune sur L'Obs, 14 janvier 2013.
  26. Morgane Merteuil et Damien Simonin, « Les travailleuses du sexe peuvent-elles penser leur émancipation ? Sur quelques effets excluants des discours abolitionnistes – CONTRETEMPS » (consulté le )
  27. a et b « Putes, corps désirants et émancipations – Période », (consulté le )
  28. Article sur revueperiode.net.
  29. Morgane Merteuil, « Les luttes pour le salaire ménager : théorie et pratique – CONTRETEMPS » (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Documentaire[modifier | modifier le code]

  • Putain, c’est pas simple ! d’Emmanuelle Nobécourt, 2014, 80 min

Liens externes[modifier | modifier le code]