Marius Nègre

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Marius Nègre
Naissance
Caux
Décès (à 81 ans)
Caux
Nationalité Drapeau de la France France
Profession
Activité principale
Distinctions
soutenu par la CGT

Marius Nègre, connu aussi sous le nom Marcel Nègre, né le à Caux (Hérault) et mort dans son village natal le [1], est un instituteur et syndicaliste français. Il est l'un des fondateurs et le premier secrétaire général de la Fédération des membres de l'enseignement laïque (FMEL)[2], créée en et affiliée à la CGT. Il fait partie, selon l'historien Jean Sagnes, des « pionniers du syndicalisme enseignant en France »[3].

Biographie[modifier | modifier le code]

Il est le fils d'Auguste Nègre, menuisier, et d'Euphrasie Combal[1],[4],[5].

En 1885, il entre à l'École normale de Montpellier et y obtient le Brevet supérieur[1].

Reçu au baccalauréat en 1893, il devient professeur délégué au collège de Mende puis à l'École normale de Quimper[1].

Pour aider son frère, Florentin[4], qui vient d'entrer à l'École supérieure d'électricité de Paris, il prend un poste d'instituteur dans la capitale, où fleurissent les mouvements syndicaux[1].

Il crée alors le Comité de l'enseignement laïque et républicain et son organe, L'Action scolaire, qui cherche à amener les amicales d'instituteurs à des actions plus énergiques. À la suite du congrès de ces amicales à Marseille en 1903, il fonde en décembre, avec l’écrivain et instituteur Albert Surier, l'association « L'émancipation de l'instituteur »[6],[3],[7].

À la fin de l'année 1904, une réunion d'assemblée générale des agents des Postes avec les associations professionnelles se réunissent pour examiner un projet de loi permettant de réformer la loi de 1853 sur les retraites[8]. Marius Nègre publie en sa volonté syndicale[9] : « Écarter systématiquement de son action toute question ayant un caractère spéculatif ou pédagogique […] C’est ce sens positif, pratique, […] qui distingue précisément l’Émancipation des Amicales; c’est là ce qui donne à notre groupement le caractère nettement syndical ». Il constitue dès lors la « Fédération nationale des syndicats d'instituteurs et d'institutrices publics de France et des colonies » (FNSI)[1].

En , en réaction à la répression dont ont été victimes les agents des Postes, se constitue un Comité central de défense du droit syndical des salariés de l’État, des départements et des services publics. Marius Nègre en est le secrétaire, en plus d'être celui de la Fédération des syndicats d’instituteurs[8]. Le [9], il rédige, avec Émile Janvion et cinq postiers[2], une lettre ouverte à Georges Clémenceau réclamant pour les fonctionnaires le droit de se syndiquer[1] : « Les syndicats sont avant tout des instruments de lutte. Leur but immédiat et urgent est de poursuivre l’amélioration des conditions matérielles du travailleur. L’instituteur est […] lui aussi un prolétaire et un exploité : comme l’ouvrier il voit se dresser devant lui les mêmes forces d’oppression ; comme lui, il a le même ennemi à combattre »[9].

Le , ce comité tient un congrès à la Bourse du travail. Dans les jours qui suivent, il organise des meetings en réclamant le droit syndical pour les fonctionnaires dans plusieurs villes[8]. Le secrétaire de la CGT, Victor Griffuelhes, lui apporte son soutien durant une réunion au Manège Saint-Paul, à Paris. Des réunions sont organisées par la Fédération des syndicats d’instituteurs, auxquelles participent Anatole France, Ferdinand Buisson et Jean Jaurès[8].

Lorsqu'en 1907 la « Fédération nationale des instituteurs » s'affilie à la CGT, alors d'inspiration anarcho-syndicaliste, Marius Nègre fait l'objet d'une procédure disciplinaire puis est révoqué sur l'intervention de Georges Clemenceau[10],[11],[12] le [13] pour avoir bravé l'interdiction faite aux instituteurs (comme aux autres fonctionnaires) de se syndiquer et pour avoir osé appeler ses collègues à rejoindre la CGT[14],[15] (président du conseil d' à , Clémenceau a adopté, à l'égard des syndicats de fonctionnaires, une politique de répression comme celle qu'il met en œuvre contre les viticulteurs du Midi et les grèves ouvrières[12]). La Fédération soutient toutefois Marius Nègre en lui assurant un traitement permanent de secrétaire jusqu'à sa réintégration en avril 1911 dans le 20e arrondissement[1], réintégration obtenue après sa démission au Congrès d'Angers en 1910 et sa rentrée dans le rang[16].

Le droit syndical sera reconnu de fait en 1924 par le gouvernement du Cartel des gauches[12],[17].

À sa retraite, Marius Nègre retourne dans son village natal et y dirige la coopérative viticole « Les vignerons de Caux »[4],[16],[18].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g et h [PDF] Marius Nègre : Pionnier du syndicalisme enseignant, page 1/1, publié le 4 mars 2012 sur le site Les amis du clocher et du patrimoine de Caux (consulté le 21 juillet 2018).
  2. a et b Droit syndical : 1905 et 1907, publié le 19 février 2016 sur le site dialogue-social.pro (consulté le 21 juillet 2018).
  3. a et b Jean Sagnes, Politique et syndicalisme en Languedoc, Centre d'histoire contemporaine du Languedoc méditerranéen et du Roussillon, Université Paul Valéry, , p. 235.
  4. a b et c Fonds Marius Nègre de 1886 à 1940, dépôt de l'année 1980, sur le site des Archives départementales de l'Hérault (consulté le 22 juillet 2018).
  5. Jeanne Siwek-Pouydesseau, Le Syndicalisme des fonctionnaires : jusqu'à la guerre froide, 1848-1948 (Histoire politique), Villeneuve-d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, , couv. ill. en coul., 342, 24 cm (ISBN 2859393420 et 9782859393427, OCLC 300634422, BNF 35026178, SUDOC 00147491X, présentation en ligne, lire en ligne), p. 84 (consulté le 22 juillet 2018).
  6. [PDF] L’école émancipée, les amicales, pages 1 & 2 / 15, publié le 24 mars 2010 sur le site Sud éducation 92 (consulté le 22 juillet 2018).
  7. Guy Brucy, Histoire de la FEN, Belin, (lire en ligne), p. 37 (consulté le 23 juillet 2018).
  8. a b c et d « Fonctionnaires, enseignants, postiers : un centenaire marquant », page 4 sur 6, publié le 29 juin 2009 par René Bidouze, sur le site de l'Institut CGT d’histoire sociale (consulté le 21 juillet 2018).
  9. a b et c Pédagogie, politique, syndicalisme : enjeux passés et contemporains, publié le 4 octobre 2014 par Grégory Chambat et Laurence De Cock, sur le site Aggiornamento hist-geo (consulté le 21 juillet 2018).
  10. Robi Morder (La laïcité, un enjeu sur la voie de l'émancipation humaine), « La Troisième République, l’État, l’école : le mouvement ouvrier entre autonomie et compromis », Matériaux pour l'histoire de notre temps, Nanterre, Association des amis de la BDIC et du Musée, no 78,‎ , p. 27 à 35 (ISSN 0769-3206, BNF 40201244, SUDOC 116342315, présentation en ligne, lire en ligne, consulté le ) (consulté le 21 juillet 2018).
  11. « Les syndicats d'instituteurs », sur le-temps-des-instituteurs.fr (consulté le ).
  12. a b et c Robert Christien, Syndicalisme et participation dans la fonction publique, Nancy, Éditions Berger-Levrault, coll. « Gestion publique », , br. 242, 21 cm (ISBN 2701308976 et 9782402051132, OCLC 300608411, BNF 34956126, SUDOC 001281151, présentation en ligne, lire en ligne), p. 18 (consulté le 21 juillet 2018).
  13. « Une scission socialiste à la Belle époque : le Parti ouvrier en 1914 », publié le 25 mai 2015 par ehmo, sur le site archivescommunistes.over-blog.fr (consulté le 21 juillet 2018).
  14. Petite histoire illustrée du syndicalisme enseignant, publié 1er novembre 2007 par Philippe Guillen, sur le site ursencgt.free.fr (consulté le 21 juillet 2018).
  15. Mona Ozouf, L'École de la France : essai sur la Révolution, l'utopie et l'enseignement (École laïque), Paris, Gallimard, , br., ill., 424, 23 cm (ISBN 2070702022 et 9782070702022, OCLC 299396435, BNF 34770422, SUDOC 000826057, présentation en ligne, lire en ligne), p. 229 (consulté le 22 juillet 2018).
  16. a et b Josette Ueberschlag, Jean Brérault, l’instituteur cinéaste (1898-1973) (Biographies), Saint-Étienne, Publications de l’Université, IUFM Lyon-Saint-Étienne, , br., ill., 332, 24 cm (ISBN 2862724505 et 9782862724508, OCLC 422053417, BNF 41082200, SUDOC 115300023, présentation en ligne, lire en ligne), p. 54 (consulté le 22 juillet 2018).
  17. Des syndicats d'enseignants interdits, publié le 13 août 2012 par Claude Lelièvre, sur le site Mediapart. « Le Cartel des gauches (qui réunit les radicaux et les socialistes) vainqueur aux élections de 1924, reconnaît aux fonctionnaires le droit de se syndiquer par la circulaire du ministre de l’Intérieur Chautemps du 25 septembre 1924 ».
  18. La cave coopérative Les Vignerons de Caux, publié le 10 octobre 2010 par Henri, sur le site des Caves coopératives de vinification d'ici et d'ailleurs (consulté le 22 juillet 2018).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Fonds d'archives[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]