Marc-André Selosse

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Marc-André Selosse, né le à Paris, est un biologiste et vulgarisateur français spécialisé en botanique et mycologie. Il a travaillé sur la symbiose, en particulier dans les domaines de l’évolution et de l’écologie.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et formation[modifier | modifier le code]

Né à Paris en mars 1968, Marc-André Selosse passe tous ses étés à Belle-Île-en-Mer où il apprend à étudier la nature[1]. Il commence à se passionner pour les champignons, après un cours de sciences naturelles en classe de cinquième[1]. Il poursuit des études secondaires en section scientifique.

Il a successivement été élève de l'École normale supérieure (1986) où il passe l’agrégation de sciences naturelles en 1991, puis de l’École nationale des eaux et forêts (1992-1994). Il passe à l’université Paris-Sud sa thèse de doctorat en biologie (1998) sur la génétique des populations de champignons[2].

Parcours scientifique et universitaire[modifier | modifier le code]

D’abord en poste à l’INRA de Nancy dès 1993, puis maître de conférences à l’université Pierre-et-Marie-Curie en 2000, il passe son habilitation à diriger des recherches en 2002 à l’université Paris-Sud. Il devient professeur à l’université de Montpellier en 2004, où il effectue ses recherches au Centre d'écologie fonctionnelle et évolutive.

Il est depuis 2013 professeur du Muséum national d'histoire naturelle à Paris[3], au sein de l’Institut de systématique, évolution, biodiversité, où il dirige l’équipe « Interactions et évolution végétale et fongique » (INEVEF)[4].

Il dirige aussi des équipes de recherche à l'étranger, aux universités de Viçosa (Brésil, 2015-2018), de Gdańsk (Pologne[5], depuis 2015) et de Kunming (Chine, depuis 2019).

Il est éditeur des revues scientifiques internationales New Phytologist[6], Symbiosis[7], Ecology Letters[8] et Botany Letters[9], ainsi que de la revue de vulgarisation Espèces[10].

Membre d'institutions[modifier | modifier le code]

Il est membre du conseil d’administration de la Fédération France orchidées[11]. Il a été membre de la Commission Écologie de l'IRD (CSS3, entre 2008 et 2011), ainsi que des conseils scientifiques de l'Institut écologie et environnement du CNRS (INEE, entre 2017 et 2024) et de Tela Botanica (2006-2014). Il a présidé la Société botanique de France[12] entre 2010 et 2019 et reste membre du bureau.

Membre de l’Académie d’agriculture de France[13] depuis 2016 et de l'Institut universitaire de France depuis 2022, il préside depuis sa création en 2019 la Fédération BioGée[14], qui réunit des Académies et des sociétés scientifiques pour remettre les savoirs et les démarches de la biologie au cœur des questions sociétales et au service du citoyen.

Décoration[modifier | modifier le code]

  • 2022 : Officier de l’ordre du Mérite agricole[13]

Travaux[modifier | modifier le code]

Recherche[modifier | modifier le code]

Il publie régulièrement dans des revues à pairs[15],[16]. Ses publications portent sur le rôle écologique et l’évolution des symbioses, notamment celles qui impliquent des micro-organismes[17], et plus précisément sur les mycorhizes, des symbioses entre racines des plantes et champignons du sol[18].

Il est un des spécialistes mondiaux des mycorhizes des orchidées. Il a en particulier contribué à découvrir et étudier la mycohétérotrophie, c’est-à-dire la capacité de certaines plantes à utiliser leurs champignons mycorhiziens comme source de carbone[19],[20], expliquant comment ces plantes s’adaptent à l’ombre dans les sous-bois forestiers. Il travaille notamment sur les réseaux mycorhiziens, qui relient les plantes par le biais de champignons partagés, et permettent parfois des échanges nutritifs entre plantes voisines[21].

Spécialiste du rôle des symbioses entre végétaux et champignons dans la colonisation des terres émergées au Dévonien, il a proposé en 2002 l’hypothèse que les Prototaxites, des fossiles dévoniens énigmatiques qui atteignaient parfois plusieurs mètres, soient des lichens géants[22]. Il plaide en faveur d'une redéfinition plus réaliste et évolutionniste des niches écologiques des champignons[23].

Il a mené des recherches sur la Truffe du Périgord (Tuber melanosporum), un champignon mycorhizien des arbres, en pilotant un programme national d’étude, Bases d’une gestion écologique durable des écosystèmes truffiers (SYSTRUF), financé par l’Agence nationale de la recherche entre 2010 et 2014[24],[25]. Il travaille sur la génétique et la reproduction de la truffe[26].

Enseignement et vulgarisation[modifier | modifier le code]

Marc-André Selosse est formateur d’enseignants du secondaire et responsable pour le Muséum national d'histoire naturelle de la préparation à l’agrégation de sciences de la vie - sciences de la Terre et de l'Univers située à l’université Paris-Sud[27]. Ses enseignements portent sur la microbiologie (dont la mycologie) et les interactions biologiques (dont la symbiose) avec une perspective écologique et évolutionniste. Il enseigne depuis 1991 dans de nombreuses universités en France et à l’étranger (notamment à Gdańsk en Pologne), et est chargé de cours à l'École normale supérieure de Lyon et l'École normale supérieure de la rue d'Ulm.

Il a participé à plusieurs commissions de programmes d’enseignement pour le collège et le lycée, l’agrégation ou le CAPES en sciences de la vie et de la Terre. Il a notamment contribué aux nouveaux programmes de SVT dans la réforme du lycée en 2018-2019 et travaille à la défense de cette discipline[28]. Il s'inquiète, depuis la réforme du baccalauréat général et technologique en 2018 d'une « régression de l'enseignement des sciences de la vie et de la Terre » : il fut un des rédacteurs des nouveaux programmes de lycée en 2019, où cette discipline devrait permettre selon lui, si elle n'était pas en option seulement, d'aider à « répondre aux crises environnementales et sanitaires[28]. »

Très actif en vulgarisation, notamment par de nombreuses conférences et des livres, il a contribué comme directeur scientifique à plusieurs documentaires, dont Les champignons pourront-ils sauver le Monde ?[29],[30], à de nombreuses revues[31] comme Pour La Science[32], La Recherche ou Science & Vie, à diverses vidéos pédagogiques en ligne comme sur le site du Muséum[33] ou sur YouTube, à l'émission télévisée E=M6 et à de nombreuses émissions de radio[34],[35]. Passionné de vigne et de vin, il est vice-président de l'association ampélographique "les Cépages Modestes".

Il a été, entre 2020 et 2021, chroniqueur pour l’émission La Terre au carré tous les mercredis, sur France Inter.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

Ouvrages[modifier | modifier le code]

  • La Symbiose : structures et fonctions, rôle écologique et évolutif, Paris, Vuibert, , 154 p. (ISBN 2-7117-5283-6)
  • Jamais seul : ces microbes qui construisent les plantes, les animaux et les civilisations, Arles, Actes Sud, , 368 p. (ISBN 978-2-330-07749-5).
  • Les Goûts et les couleurs du monde : une histoire naturelle des tanins, de l’écologie à la santé, Arles, Actes Sud, , 358 p. (ISBN 978-2-330-12677-3)
    2020 : prix Mange, Livre ![39],[40]
  • Avec Mathieu Burniat, Sous Terre, Paris, Dargaud, 2021, 174 p. (ISBN 978-2-205-08825-0) 2022 : prix La science se livre dans la catégorie « adolescents »
  • L’Origine du monde : une histoire naturelle du sol à l’intention de ceux qui le piétinent, Arles, Actes Sud, , 480 p. (ISBN 978-2-330-15267-3)
  • Petites histoires naturelles : chroniques du vivant, Arles, Actes Sud, , 165 p. (ISBN 978-2-330-15640-4)
  • Nature et Préjugés : Convier l'humanité dans l'histoire naturelle, Arles, Actes Sud, , 438 p. (ISBN 978-2-330-19034-7)

Principaux chapitres d’ouvrages[modifier | modifier le code]

  • « Les champignons qui nourrissent les plantes : les associations mycorhiziennes », in Francis Hallé (éd.), Aux origines des plantes, 2008, p. 266–281. Fayard, Paris.
  • « Des organismes chimériques : le sexe "lent" des eucaryotes », in Pierre-Henri Gouyon & A. Civard-Racinais (éd.), Aux origines de la sexualité, 2009, p. 46–67. Fayard, Paris.
  • T. Lefevre, F. Renaud, M.-A. Selosse, F. Thomas, « Évolution des interactions entre espèces », in F. Thomas, T. Lefèvre & M. Raymond (éd.), Biologie évolutive, 2010, p. 530-613. De Boeck, Paris.
  • (en) J.W.D. Dearnaley, F. Martos, M.-A. Selosse, « Orchid mycorrhizas: molecular ecology, physiology, evolution and conservation aspects », in B. Hock (éd.), The Mycota IX: Fungal associations, 2nd édition, 2013, p. 207–230 (chap. 12). Springer, Berlin Heidelberg.
  • (en) N.A. Hynson, T.P. Madsen, M.-A. Selosse, I.K.U. Adam, Y. Ogura-Tsujita, M. Roy, G. Gebauer, « The physiological ecology of mycoheterotrophy », in V. Merckx (éd.), Mycoheterotrophy: the biology of plants living on fungi, 2013, p. 297–342 (chap. 8). Springer, Berlin Heidelberg.
  • « Les métamorphoses de la vigne aux mains de l’homme », in J. Rigaux & J. Rosen (éd.), Le Goût retrouvé du vin de Bordeaux, 2018, p. 236-254. Actes Sud, Arles.
  • « Perdus dans les limbes du post-néolithique », in F. Denhez, La Cause végane, 2019, p. 187-201. Buchet/Chastel Écologie.
  • « Une vie de botaniste pas loin de la Néottie (et plus) », in G. Le Cornec, Les Pommes de l’apocalypse, 2020, p. 255-262. Éditions du Rocher, Paris.
  • « Symbiose », in J. Gayon (sous la direction de), L’Identité. Dictionnaire encyclopédique, 2020, p. 765-767. Gallimard, Paris.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Marie Aline, « Voyage au pays des microbes », Regain, no 4,‎ , p. 58.
  2. Marc-André Selosse, Etude de populations de champignons basidiomycetes ectomycorhiziens du genre laccaria, introduits ou spontanes, sous douglas (pseudotsga menziesii), theses.fr, (lire en ligne).
  3. « Décret du 8 février 2013 portant intégration (enseignements supérieurs) - M. Selosse (Marc-André) », sur legifrance.gouv.fr, (consulté le ).
  4. « Institut de Systématique, Evolution, Biodiversité - UMR 7205 - Interactions et Evolution Végétale et Fongique », sur isyeb.mnhn.fr (consulté le ).
  5. (en) « ORCHIDOMICS or how to understand orchids » (consulté le ).
  6. (en) « New Phytologist Editorial Board » (consulté le ).
  7. (en) « Symbiosis Editorial Board » (consulté le ).
  8. (en) « Symbiosis Editorial Board » (consulté le ).
  9. (en) « Botany Letters Editorial Board » (consulté le ).
  10. « Espèce » (consulté le ).
  11. « Composition du conseil d’administration de la Fédération France Orchidée » (consulté le ).
  12. « Société Botanique de France » (consulté le ).
  13. a et b « Académie d’Agriculture de France - présentation de Marc-André Selosse » (consulté le ).
  14. « Fédération BioGée » (consulté le ).
  15. « Publications de Marc-André Selosse » (consulté le ).
  16. « Citations de Marc-André Selosse » (consulté le ).
  17. (en) Anonyme, « Profile: Marc-André Selosse », New Phytologist, vol. 205, no 1,‎ , p. 32-33 (lire en ligne, consulté le ).
  18. (en) M.G.A. Van Der Heijden, F. Martin, M.-A. Selosse et I. Sanders, « Mycorrhizal ecology and evolution: the past, the present and the future », New Phytologist, vol. 205, no 4,‎ , p. 1406–1423 (lire en ligne, consulté le ).
  19. (en) T. Julou, B. Burghardt, G. Gebauer, D. Berviller, C. Damesin et M.-A. Selosse, « Mixotrophy in orchids: insights from a comparative study of green individuals and non-photosynthetic mutants of Cephalanthera damasonium », New Phytologist, vol. 166, no 2,‎ , p. 639-653 (lire en ligne, consulté le ).
  20. (en) F. Martos, M. Dulormne, T. Pailler, P. Bonfante, A. Faccio, J. Fournel, M.-P. Dubois et M.-A. Selosse, « Independent recruitment of saprotrophic fungi as mycorrhizal partners by tropical achlorophyllous orchids », New Phytologist, vol. 184, no 3,‎ , p. 668-681 (lire en ligne).
  21. (en) M.-A. Selosse, F. Richard, X. He et S. Simard, « Mycorrhizal networks: les liaisons dangereuses », Trends in Ecology and Evolution, vol. 11,‎ , p. 621-628.
  22. (en) M.-A. Selosse, « Prototaxites: a 400 Myr old giant fossil, a saprophytic holobasidiomycete or a lichen? », Mycological Research, vol. 106,‎ , p. 642-644.
  23. (en) Marc-André Selosse, Laure Schneider‐Maunoury et Florent Martos, « Time to re-think fungal ecology? Fungal ecological niches are often prejudged », New Phytologist, vol. 217, no 3,‎ , p. 968–972 (ISSN 1469-8137, DOI 10.1111/nph.14983, lire en ligne, consulté le ).
  24. « La communauté de recherche lorraine mobilisée pour développer les connaissances sur la truffe », sur nancy.inra.fr, (consulté le ).
  25. AFP, « Truffe: quand la recherche fondamentale confirme des pratiques empiriques », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  26. CNRS, « L’énigmatique sexualité de la truffe », sur lejournal.cnrs.fr, (consulté le ).
  27. « L'équipe pédagogique de la Préparation » (consulté le ).
  28. a et b Coralie Schaub, « "Choisir les SVT au lycée, c’est choisir une autre société demain" », sur Libération.fr, (consulté le ).
  29. Un film de Anne Rizzo et Thomas Sipp (Les Films d'ici, 2013) ; prix Pierre-Gilles-de-Gennes et prix du public du festival Pariscience 2013.
  30. « Champignons pourront-ils sauver le monde? (Les) » (consulté le ).
  31. « Articles de vulgarisation de Marc-André Selosse », sur L’Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité, (consulté le ).
  32. « Publications de Marc-André Selosse dans Pour La Science » (consulté le ).
  33. « La symbiose (ressources pédagogiques) » (consulté le ).
  34. « Biographie et actualités de Marc-André Selosse France Inter », sur France Inter (consulté le ).
  35. « Biographie et actualités de Marc-André Selosse », sur France Culture (consulté le ).
  36. « Médaille d'argent de l'académie - 1999 » (consulté le ).
  37. https://www.academie-sciences.fr/pdf/documentation/plaquette_prix_2020.pdf
  38. « Marc-André Selosse, lauréat du Prix François Sommer Homme Nature 2020 », sur Fondation François Sommer, (consulté le ).
  39. « Prix Mange, Livre ! décerné à Marc-André Selosse », sur lille.fr (consulté le ).
  40. « Marc-André Selosse remporte le Prix Mange, Livre ! 2020 pour Les Goûts et les couleurs du monde », sur actes-sud.fr (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Radio[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Autres publications[modifier | modifier le code]

Selosse est l’abréviation botanique standard de Marc-André Selosse.

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