Manoir de Trieux

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Manoir de Trieux
Image illustrative de l’article Manoir de Trieux
Vue du logis seigneurial, façade est
Période ou style XVIIe siècle
Type Manoir
Propriétaire initial Famille Le Normand de Trieux
Destination initiale Seigneurie
Destination actuelle Exploitation agricole
Coordonnées 47° 56′ 19″ nord, 2° 15′ 53″ ouest[1]
Pays Drapeau de la France France
Région Bretagne
Département Morbihan
Localité Augan
Géolocalisation sur la carte : Forêt de Paimpont
(Voir situation sur carte : Forêt de Paimpont)
Manoir de Trieux
Géolocalisation sur la carte : Morbihan
(Voir situation sur carte : Morbihan)
Manoir de Trieux
Géolocalisation sur la carte : Bretagne (région administrative)
(Voir situation sur carte : Bretagne (région administrative))
Manoir de Trieux

Le manoir de Trieux[2] est un ensemble remarquable de bâtiments situé dans le village de Trieux en la commune d'Augan, dans le département du Morbihan. Cette propriété privé, aux usages agricole et d'habitation, est inscrite à l'inventaire du patrimoine culturel de Bretagne depuis 1977[3].

Description[modifier | modifier le code]

Le manoir de Trieux est constitué d'un ensemble de bâtiments en moellons de schiste sans chaîne en pierre de taille, couverts en ardoises. Il est constitué d'un logis seigneurial et d'une métairie, le tout dans une enceinte fermée.

Daté du début du XVIIe siècle dans sa remarquable apparence actuelle, le logis résulte de la reconstruction d'un bâtiment beaucoup plus ancien remontant peut-être au XIIIe siècle. Il présente une division d'élévation en travée. La partie principale est de forme carrée couverte d'un toit en pavillon avec croupe et noue. La partie basse est couverte d'un toit à longs pans. Une tour d'escalier carrée s'appuie à l'arrière du bâtiment. Elle abrite un escalier hors d'œuvre, tournant, à retours sans jour. Les pièces intérieures sont parées de cheminées monumentales présentes aux deux niveaux.

La cour est encadrée au sud par deux élévations en schiste. À l'angle sud-est, se trouve un bâtiment couvert d'un toit en pavillon abritant un four-double de grand taille. À l'angle sud-ouest, subsiste la base d'un bâtiment dont la partie supérieure s'est effondrée en 2005. Anciennement coiffé d'un toit en pavillon recouvert d'ardoises, ce bâtiment à usage d'habitation s'élevait sur deux étages. Seul le rez-de-chaussée a été conservé et rénové.

L'enceinte est divisée en deux zones avec cour et basse-cours, celle-ci en forme de « L » inversé.

Les ruines d'une chapelle du XVe siècle sont adossées à la muraille de la cour au sud du manoir. Seule subsiste la base des murs et l'autel.

Façade Ouest - Tour escalier

Ancienne seigneurie de Trieux[modifier | modifier le code]

Selon l'abbé Jean Brageul, auteur d'une monographie sur Augan[4], la seigneurie de Trieux aurait existé dès le XIIIe siècle. Mais le plus ancien seigneur de Trieux connu, portant le nom de « Le Normand », marié à Jeanne Labbé, vivait au XIVe siècle. Il était également seigneur de la Ville-Fief à Augan.

De ce mariage, naquirent au moins 2 enfants :

  1. Guillaume Le Normand, seigneur de Trieux, écuyer du duc Jean V de Bretagne en 1420 ;
  2. Jeanne Le Normand de Trieux, dame de la Ville-Fief.

Le mariage en 1401 de cette dernière avec Pierre-Grégoire de Belloüan[5] fit passer la seigneurie de Trieux dans le fief des seigneurs du Bois-du-Loup.

Capitaine de l'artillerie du duc de Bretagne au siège de Champtoceaux en 1420, Pierre-Grégoire de Belloüan fut capitaine de Ploërmel en 1426. Ses fils, Benoît (écuyer) et Guillaume (chevalier) de Belloüan, seront aussi lieutenants (ou capitaines) de Ploërmel après lui. Compagnon d'armes de Jeanne d'Arc après avoir été page de Richard de Bretagne, Guillaume de Belloüan est resté capitaine de Ploërmel de 1425 à 1451. Il est enseveli en l'église Saint-Armel de Ploërmel[6].

Eustache d'Espinay[7],seigneur de Trieux et de L'Estier[8], écuyer et compagnon d'armes du duc Arthur III, fut probablement l'occupant le plus marquant par la suite. Ses engagements dans les campagnes militaires du connétable de Richemont, lui ont procuré d'importants revenus[9]. Il sera plus tard conseiller et chambellan du duc François II de Bretagne.

Trieux passa en 1506 dans la famille Desgrées[10], par le mariage de Guillaume Desgrées[11], seigneur de la Touraille avec Aliénette Le Normand[12], dame de Trieux. En 1590, la seigneurie fut transmise par alliance aux La Fresnays, seigneurs de la Ville-Fief[13], puis aux Macé (de La Fresnaye), puis aux Rozé du Bois-du-Loup vers 1650. Les Ermar de Lieuzel[14] en héritèrent à la fin du XVIIe siècle, d'abord Sébastien[15] Ermar, sieur de Lieuzel, puis son fils Amador[16], sieur de Beaurepaire et d'Augan.

En 1901, Raoul du Boisbaudry[17] (propriétaire du château de Beaurepaire et futur maire de la commune d'Augan) acheta la métairie de Trieux à Marie-Louise Le Goaësbe de Bellée[18], veuve de Pierre Marie Sébastien Pringué[19], médecin à Ploërmel.

Ruines de la chapelle Saint-Eustache[modifier | modifier le code]

Une chapelle fut construite à la fin du XVe siècle par Eustache d'Espinay. Située au sud du manoir, à l'angle sud-est de la cour fermée, elle était adossée à la muraille. La chapelle fut dotée de 30 livres de rente en 1650 pour assurer les messes, par François Rozé du Bois-du-Loup. On y célébrera des mariages en 1658 et 1767. Détruite à la Révolution, seuls restent visible aujourd'hui la base des mûrs et l'autel en pierre de taille. Recouvert par la végétation, le dallage a probablement été préservé.

Dédiée à Eustache de Rome, protecteur des lépreux « Saint Rachou » dans le parler local d'Augan, la chapelle était liée à une fontaine située à environ 200 mètres. Les familles venaient de très loin pour appliquer son eau sur la peau des enfants atteint de la « râche »[20].

Chaque année au mois d'octobre, des vêpres étaient chantées dans les ruines de la chapelle en l'honneur de Saint-Eustache. Un procession à la fontaine et une kermesse suivait l'office. Cette tradition a pris fin dans les années 1960.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Coordonnées trouvées sur Google Maps
  2. « Manoir, Trieux (Augan) », notice no IA00009039, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  3. « Manoir, Trieux (Augan) », sur L'inventaire du Patrimoine culturel en Bretagne
  4. L'Abbé Jean Brageul, recteur d'Augan, Augan, Histoire, Vie paroissiale et quelques événements du 20ème siècle,
  5. « Famille de Belloüan », sur Man8rove
  6. Xavier de Bellevües, « Monographie - Eglise Saint-Armel de Ploërmel », , p. 37
  7. « Famille d'Espinay »
  8. « Le château de l'Estier : Au sujet d'Eustache d'Espinay », sur InfoBretagne.com
  9. « Les bretons compagnons de guerre du Connétable de Richemont », sur Tutchentil
  10. « LA FAMILLE DESGRÉES DU LOÛ. », sur InfoBretagne
  11. « Guillaume Desgrées, seigneur de la Touraille »
  12. « Aliénette Le Normand, Dame de Trieux »
  13. « Famille de la Fresnaye »
  14. Branche cadette de la maison de Malestroit, la famille Ermar, de Lieuzel, en Pleucadeuc, a constamment porté l'écusson de Malestroit.
  15. « Sébastien Ermar, sieur de Beaurepaire »
  16. « Amador Ermar de Beaurepaire »
  17. « Raoul du Boisbaudry »
  18. « Marie Louise Le Goaëbe de Belle »
  19. « Pierre Pingué »
  20. Ce mot gallo désigne toutes les maladies de la peau. Une analogie peut-être faite entre les mots « râche » et « rêche » qualifiant la peau rugueuse.