Macrolobium bifolium

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Macrolobium bifolium
Description de cette image, également commentée ci-après
échantillon type de Macrolobium bifolium collecté par Aublet en Guyane
Classification
Règne Plantae
Sous-règne Tracheobionta
Division Magnoliophyta
Classe Magnoliopsida
Sous-classe Rosidae
Ordre Fabales
Famille Fabaceae
Sous-famille Detarioideae
Tribu Amherstieae
Genre Macrolobium

Espèce

Macrolobium bifolium
(Aubl.) Pers., 1805

Statut de conservation UICN

( LC )
LC  : Préoccupation mineure

Synonymes

selon tropicos :

  • Macrolobium elegans Miq.
  • Macrolobium hymenaeoides Willd.
  • Macrolobium stamineum G. Mey.
  • Macrolobium vuapa J.F. Gmel.
  • Vouapa bifolia Aubl. - Basionyme
  • Vouapa staminea (G. Mey.) DC.
  • Vuapa bifolia (Aubl.) J. St. Hilaire

[1]

selon GBIF :

  • Macrolobium elegans Miq.
  • Macrolobium hymenaeoides Willd.
  • Macrolobium hymenioides
  • Macrolobium stamineum E.Mey.
  • Macrolobium stamineum G.Mey.
  • Macrolobium vuapa J.F.Gmel.
  • Vouapa bifolia Aubl. - Basionyme
  • Vouapa elegans Miq.
  • Vouapa staminea DC.
  • Vuapa bifolia (Aubl.) J.St.-Hil.[2]

Macrolobium bifolium est une espèce d'arbre amazonienne appartenant à la famille des Fabaceae.

Il est connu en Guyane sous les noms de Wapa marécage, Wapa sec, Wapa de rivière, Wapa-dilo, Wapa-larivyé, wapa-marikaj, wapa-sek (Créole), Ouatampana, Watampana, Watapan (Nenge tongo), Wap-purubumna (Palikur), Atapa, Vouapa (Kali'na), Takulu wɨla (Teko) ɨpewi (Wayãpi), Alawata pana, Watapana (Wayana), Fava-de-tambaqui, Ingarana-vermelho, ipê-do-igapó (Portugais)[3],[4].

Ailleurs, au Guyana, on l'appelle Water Wallaba[5], au Suriname Waterbijhout (Néerlandais du Suriname), Watrabirihoedoe (Sranan tongo), Watrapa (Saramaka), Sarébébé (Arawak), Attaapa (Karib)[6], et au Venezuela on l'appelle Basabasarú Daucabera (Warao), Parueyek (Arekuna), Mora rebalsera, Arepito, Arepito rebalsero[7]. Au Brésil, on le nomme Araparirana, Cedrinho, óleo-comumbá, Ipê-da-várzea, Iperana[8],[9].

Description[modifier | modifier le code]

Macrolobium bifolium est un arbre haut de 2 à 20 m[7]

Les feuilles comportent 2 follioles coriaces, glabres, subsessiles de forme oblique ovale, oblongue obtuse ou aiguë-acuminée, mesurant 8-18 x 4-7 cm.

Les fleurs sont organisées en grappes tomenteuses, avec de très petites bractées petites rapidement décidues. Les pétales sont blanc ou rose. Les étamines sont longuement exsertes, avec le filet rouge. L'ovaire est tomenteux.

Les fruits sont des gousses obliques ou ovales, oblongues, pubescentes, avec la suture supérieure dilatée, et mesurant 8-12 x 5-7 cm. Ils contiennent 1-2 graines sub-orbiculaires[10],[11]

Répartition[modifier | modifier le code]

On rencontre Macrolobium bifolium du nord du Brésil (Amapá, Pará) au Venezuela (Delta Amacuro, Bolívar, Amazonas, Apure), en passant par le Guyana, le Suriname, et la Guyane[7].

Écologie[modifier | modifier le code]

Macrolobium bifolium est une espèce de succession secondaire tardive, à feuillage caduque, sciaphile à héliophile, caractéristique et exclusive des forêts ripicoles et des plaines inondables (ex : Varzea), où elle est assez fréquente mais avec une dispersion plus ou moins discontinue. Elle se rencontre préférentiellement sur les berges des forêts secondaires, sur des sols très humides ou marécageux, avec une bonne fertilité. On la trouve également sur les plages de sable blanc des rives des rivières amazoniennes, à 0-1 200 m d'altitude[7], où elle est utilisée pour faire de l'ombre. Il produit un grand nombre de graines viables, qui sont généralement disséminées par l'eau des rivières[8],[9].

Les graines sont consommées sur terre par la biche rouge et dans l'eau par les Serrasalmidae (Myleus spp.)[12].

Plusieurs aspects ont été étudiés :

  • La morphologie de ses graines et fruits[13],
  • sa croissance selon le climat[14],
  • sa place dans les écosystèmes ripicoles au Guyana[15] ou dans le Pará[16],
  • l'adaptation fonctionnelle du xylème selon les conditions hydroclimatiques et pédologiques[17],
  • la dissémination des ses graines hydrochores[18],
  • sa taxonomie[19],
  • sa nodulation[20],[21],
  • les propriété physiques de son écorce et de son bois[22],

Usages[modifier | modifier le code]

Son bois de cœur imputrescible est recommandé pour faire des poteaux de carbet, des solives et des pilotis. Il produit aussi un excellent bois de feu, car il est capable de brûler dans toutes les conditions hygrométriques[23]-

En Guyane, on récolte dans ses vieux troncs et poteau, les larves comestibles de coléoptère (Dynastinae)[12].

Le bois de Macrolobium bifolium est utilisé localement dans la construction[7], pour la menuiserie et les manches d'outils, ainsi que comme bois de chauffe pour produire du charbon de bois. L'écorce est réputée avoir des propriétés médicinales. L'arbre est recommandé pour la composition de reboisements hétérogènes pour le rétablissement de la végétation dans les zones dégradées[8].

Ses extrait ont été testé pour ses propriété insecticides dans la lutte anti-moustique[24].

Protologue[modifier | modifier le code]

Macrolobium bifolium par Aublet (1775) :
Planche 7. On a repréſenté la fleur, le fruit, la graine ou fève, de grandeur naturelle. - 1. Bouton de fleur garni de deux feuillets. - 2. Fleur épanouie, garnie à ſa baſe de deux feuillets. - 3. Calice. Pétale. - 4. pétale ſéparé. - 5. piſtil - 6. Silique. - 7. Fève.[25]

En 1775, le botaniste Aublet en a proposé le protologue suivant[25] :

« 1. VOUAPA bifolia. (Tabula 7.)

Arbor trunco ſexaginta-pedali, ad ſummitatem ramoſiſſimo ; ramis & ramulis latè hùc & illùc ſparſis. Folia alterna, pinnata ; foliolis duobus eodem petiolo adnexis, ovato-oblongis, acutis, glabris, integerrimis, uno latere latioribus. Stipulæ binæ, exiguæ, deciduæ, ad baſim petioli communis. Flores corymboſi, axillares & terminales.

Florebat Novembri. Fructum ferebat Januario.

Nomen Caribaeum Vouapa.

Habitat in ſylvis Caïennæ & Guianæ prope littora fluviorum & amnium.


LE VOUAPA à deux folioles. (Planche 7.)

Le tronc du Vouapa s'élève à ſoixante pieds & plus, ſur trois pieds & plus de diamètre. Son écorce eſt liſſe, grisâtre. Son bois extérieur eſt blanchâtre ; l'intérieur eſt rouſsâtre : l'un & l'autre ſont compactes. Il pouſſe à ſon ſommet un grand nombre de branches tortueuſes & rameuſes qui s'élèvent, & ſe répandent en tout ſens; les rameaux ſont garnis de feuilles alternes, compoſées de deux folioles placées à l'extrémité d'un pédicule court qui eſt accompagné à ſa baſe de deux petites stipules aiguës qui tombent de bonne heure. Les folioles ſont vertes, fermés, épaiſſes, liſſes, ovales, terminées par une longue pointe ; les plus grandes ont cinq pouces de longueur ſur deux de largeur ; la nervure longitudinale ne les partage pas en deux portions égales.

Les fleurs naiſſent ſur un petit bouquet aux aiſſelles des feuilles & à l'extrémité des rameaux. Leur calice eſt renfermé entre deux larges feuillets vertes, arrondis, & concaves. Il eſt rougeâtre, petit, d'une ſeule pièce, & diviſè en quatre parties aiguës.

La corolle eſt un pétale violet, large, arrondi & ondé à ſon ſommet, grêle à ſa baſe, & attaché par un onglet dans le fond du calice."

Le pistil eſt un ovaire comprimé, porté ſur un pivot, ſurmonté d'un style très délié & terminé par un stigmate obtus.

L'ovaire devient une silique large, arrondie d'un côté, marquée d'une large arrête ſur l'autre, bordée de deux feuillets ſaillants, & terminée par une pointe, qui eſt le reſte du ſtyle. La ſilique eſt jaunâtre, ſèche : elle s'ouvre avec élaſticité en deux valves : elle contient une ſeule graine de la forme d'une fève, arrondie, applatie, fermé, dure, couverte d'une membrane coriace & rouſsâtre.

Lorſqu'on coupe le bois de cet arbre, il ſuinte de l'inciſion une matière liquide & huileuſe. On ſe ſert des éclats de ce bois allumé pour éclairer au lieu de flambeau & pour faire des manches de haches, ou autres outils, des canots, des pieux, des pilotis. Il s'emploie auſſi dans la conſtruction des maiſons, & dans la menuiſerie. Il paſſe pour être incorruptible étant dans l'eau, hors de l'eau, & piqué en terre.

Cet arbre eſt nommé Vouapa par les Galibis. Il étoit en fleur dans le mois de Novembre, & en fruit dans le mois de Janvier.

Le Vouapa croît dans les grandes forêts de la Guiane, ſur le bord des rivières. On le trouve auſſi dans l'île de Caïenne, & au bord des criques du quartier d'Aroura, mais il ne s'élève pas ſi haut. »

— Fusée-Aublet, 1775.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en-US) « Macrolobium bifolium (Aubl.) Persoon - synonyms », Tropicos, Saint Louis, Missouri, Missouri Botanical Garden (consulté le ).
  2. (fr + en) Référence GBIF : Macrolobium bifolium
  3. Pierre DÉTIENNE, Paulette JACQUET et Alain MARIAUX, Manuel d'identification des bois tropicaux : Tome 3 Guyane française, Quae, (lire en ligne), p. 105
  4. Molino J.-F., Sabatier D., Grenand P., Engel J., Frame D., Delprete P. G., Fleury M., Odonne G., Davy D., Lucas E. J. et Martin C. A., « An annotated checklist of the tree species of French Guiana, including vernacular nomenclature », Adansonia, sér. 3, vol. 44, no 26,‎ , p. 345-903 (DOI 10.5252/adansonia2022v44a26)
  5. (en) G. N. Lamb, « Foreign woods. Tonka Bean, Coumarouna sp. (Leguminosae (Pea) family); Water Wallaba, Macrolobium bifolium (Leguminosae (Pea) family) », Wood, Chicago, vol. 67, no 6,‎ , p. 82
  6. (en) Dr. A. Pulle, Flora of Suriname : PAPILONACEAE, vol. II, PART 2, Leiden, KON. VER. KOLONIAAL INSTITUT TE AMTERDAM, , 1-257 p., p. 36
  7. a b c d et e (en) Julian A. Steyermark (eds.), Paul E. Berry (eds.), Kay Yatskievych (eds.) et Bruce K. Holst (eds.), Flora of the Venezuelan Guayana, vol. 4, Caesalpiniaceae–Ericaceae, St. Louis, MISSOURI BOTANICAL GARDEN PRESS, , 799 p. (ISBN 9780915279524), p. 75-79
  8. a b et c (pt) H. LORENZI, Árvores brasileiras: manual de identificação e cultivo de plantas arbóreas do Brasil, vol. 2, Nova Odessa, Instituto Plantarum, , 368 p. (lire en ligne), p. 150
  9. a et b (en + pt) F. Wittmann, J. Schöngart, J. M. De Brito, A. d. Oliveira Wittmann, M. T. F. Piedade, P. Parolin, W.J. JUNK et J.-L. GUILLAUMET, Manual of trees from Central Amazonian várzea floodplains: taxonomy, ecology and use [« Manual de árvores de várzea da Amazônia Central: taxonomia, ecologia e uso »], Manaus, Editora INPA, (lire en ligne)
  10. Albert Lemée, Flore de la Guyane française : Tome II - Podostémonacées à Sterculiacées, Brest, LIBRAIRIE LECHEVALlER, , 398 p., p. 88
  11. (en) Scott A. Mori, Georges Cremers et Carol Gracie, Guide to the Vascular Plants of Central French Guiana : Part 2. Dicotyledons, vol. 76, New York Botanical Garden Pr Dept, coll. « Memoirs of the New York Botanical Garden », , 776 p. (ISBN 978-0-89327-445-0), p. 172
  12. a et b Hélène Richard et Joseph Ateni, Guide de reconnaissance des arbres de Guyane - 3e édition, Office National des forêts, , 644 p. (ISBN 978-2-84207-398-5), p. 176-177
  13. (en) Gildo Vieira Feitoza, João Ubiratan Moreira dos Santos, Ely Simone Cajueiro Gurgel et Denise Maria Trombert Oliveira, « Morphology of fruits, seeds, seedlings and saplings of three species of Macrolobium Schreb. (Leguminosae, Caesalpinioideae) in the Brazilian Amazon floodplain », Acta Bot. Bras., vol. 28, no 3,‎ (DOI 10.1590/0102-33062014abb3341, lire en ligne)
  14. (pt) Alberto Manarte Lopes Peixoto Neto, « Relação clima-crescimento de Macrolobium bifolium (Aubl.) Pers. (Fabaceae) em florestas de solos arenosos (campinarana) da Amazônia Central », INSTITUTO NACIONAL DE PESQUISAS DA AMAZÔNIA – INPA, Manaus, Amazonas,‎ , p. 45 (lire en ligne)
  15. (en) D. B. Fanshawe, « Riparian Vegetation in British Guiana », Journal of Ecology, vol. 42, no 2,‎ , p. 289-295 (DOI 10.2307/2256863, lire en ligne)
  16. (pt) Daniel Gonçalves Jardim, Mário Augusto G. Jardim, Adriano Costa Quaresma et Salustiano Villar Costa Neto, « Regeneração natural em formações florestais de uma Unidade de Conservação, Maracanã, Pará, Brasil », BIOTA AMAZÔNIA, Macapá, vol. 3, no 2,‎ , p. 79-87 (lire en ligne)
  17. (en) Alves, Y.L.A., Durgante, F.M., Piedade, M.T.F., Florian Wittmann et Jochen Schӧngart, « Tree growth performance and xylem functional arrangements of Macrolobium Schreb. (Fabaceae) in different wetland forests in the Central Amazon basin. », Trees, vol. 38,‎ , p. 115–126 (DOI 10.1007/s00468-023-02469-3)
  18. (en) Ezequiel Barbosa da Silva, Jonathan Luz Pires Crizanto, Carlos Henrique Medeiros de Abreu, Eldo Silva dos Santos, Helenilza Ferreira Albuquerque Cunha, Alaan Ubaiara Brito, Gilvan Portela de Oliveira, Leidiane Leão Oliveira, Amanda Frederico Mortati, Thiago André, Jochen Schöngart, Maria Teresa Fernandez Piedade et Alan Cavalcanti da Cunha, « Experimentation, modelling, and simulation of hydrochory in an Amazonian river », Freshwater Biology., vol. 00,‎ , p. 1–14 (DOI 10.1111/fwb.14015, lire en ligne)
  19. (en) Bruce Murphy, Manuel de la Estrella, Rowan Schley, Félix Forest et Bente Klitgård, « ON THE MONOPHYLY OF MACROLOBIUM SCHREB., AN ECOLOGICALLY DIVERSE NEOTROPICAL TREE GENUS (FABACEAE-DETARIOIDEAE) », Int. J. Plant Sci., vol. 179, no 1,‎ (DOI 10.1086/695338, lire en ligne)
  20. (pt) Sérgio Miana de Faria et Haroldo Cavalcante de Lima, « Levantamento de nodulação em leguminosas arbóreas e arbustivas em áreas de influência da Mineração Rio do Norte – Porto Trombetas / PA. », Embrapa Agrobiologia. Documentos, vol. 159,‎ , p. 32 (lire en ligne)
  21. Christine Le Roux, « Diversité systémique et fonctionnelle des espèces arborées fixatrices d'azote et de leur symbiote en relation avec différents types de sol de la forêt guyanaise française », Cirad-forêt,‎ , p. 12 (lire en ligne)
  22. (en) Barbara Ghislain, Tancrède Alméras, Jonathan Prunier et Bruno Clair, « Contributions of bark and tension wood and role of the G-layer lignification in the gravitropic movements of 21 tropical tree species », Annals of Forest Science, vol. 76, no 107,‎ (DOI 10.1007/s13595-019-0899-7, lire en ligne)
  23. Guide de reconnaissance des arbres de Guyane - 2e édition, Cayenne, Office National des Forêts, , 374 p. (ISBN 2-84207-295-2, BNF 40026490), p. 128-129
  24. (en) Falkowski Michaël, Jahn-Oyac Arnaud, Odonne Guillaume, Flora Claudiane, Estevez Yannick, Touré Seindé, Boulogne Isabelle, Robinson Jean-Charles, Béreau Didier, Petit Philippe, Azam Didier, Coke Maïra, Issaly Jean, Gaborit Pascal, Stien Didier, Eparvier Véronique, Dusfour Isabelle et Houël Emeline, « Towards the optimization of botanical insecticides research: Aedes aegypti larvicidal natural products in French Guiana », Acta Tropica, vol. 201,‎ , p. 105179 (DOI 10.1016/j.actatropica.2019.105179, lire en ligne)
  25. a et b Jean Baptiste Christian Fusée-Aublet, HISTOIRE DES PLANTES DE LA GUIANE FRANÇOISE, rangées suivant la méthode sexuelle, avec plusieurs mémoires sur les différents objets intéreſſants, relatifs à la culture & au commerce de la Guiane françoiſe, & une Notice des plantes de l'Iſle de France. volume I, Londres et Paris, P.-F. Didot jeune, Librairie de la Faculté de Médecine, quai des Augustins, (lire en ligne), p. 25-27

Références taxinomiques[modifier | modifier le code]

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