Louis François Perrin de Précy

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Louis François Perrin de Précy
Louis François Perrin de Précy

Naissance
Anzy-le-Duc (Royaume de France)
Décès (à 78 ans)
Marcigny (Royaume de France)
Origine Français
Allégeance Drapeau du royaume de France Royaume de France
Drapeau du Royaume de France Royaume de France
Royaliste
Grade Lieutenant-général
Conflits Guerres de la Révolution française
Faits d'armes Siège de Lyon
Distinctions Commandeur de Saint-Louis

Louis François Perrin, né le à Anzy-le-Duc et mort le à Marcigny[1],[2], comte de Précy, est un général français.

Lieutenant-colonel[2] de la Garde constitutionnelle du Roi, il organisa la défense acharnée de Lyon pendant le siège de Lyon du au contre l'armée de la Convention[3]. Il fut nommé commandeur de l'Ordre de Saint-Louis[note 1].

Origines familiales et formation[modifier | modifier le code]

La famille Précy, originaire du Dauphiné, émigre en Bourgogne au XVIe siècle suivant les aléas des guerres de religion[1]. François Perrin, le père de Louis François Perrin est écuyer, receveur, à Semur-en-Brionnais, des deniers royaux du Brionnais[4]. Il meurt en 1748. Sa mère, Marguerite Marque de Farges, devient la tutrice des enfants. Ils emménagent à Semur-en-Brionnais. Elle meurt à son tour en 1754. Louis a 12 ans. Son oncle, de Farges, officier, accepte de le prendre dans la compagnie du régiment qu'il commande. Louis va ainsi à Valenciennes en 1755 où il apprend le métier de soldat, au sein du régiment de Picardie.

Carrière militaire[modifier | modifier le code]

Il est nommé enseigne en 1756 puis lieutenant en 1758. Il a seize ans. Il participe aux campagnes d'Allemagne[note 2] de 1756 à 1762. Sous-aide major en 1765, il est nommé capitaine en 1774. Il est en Corse en 1774[note 3], sous les ordres du Comte Narbonne-Fritzlar. Il est promu lieutenant-colonel en 1785, il commande, en 1788, le régiment des chasseurs des Vosges. En 1791 le roi Louis XVI l'appelle en qualité de lieutenant-colonel de sa garde constitutionnelle[note 4] à pied. Fonction éphémère puisque la garde est dissoute le . Précy se retire dans le Brionnais.

Commandement des Lyonnais lors du siège de Lyon en 1793[modifier | modifier le code]

À Paris, au printemps 1793, les jacobins éliminent les girondins. À Lyon, dans le même temps les modérés éliminent les jacobins. Le chef de ces derniers, Chalier, est guillotiné le . La convention déclare Lyon ville rebelle. Elle décide d'envoyer une armée commandée par le général Kellermann (remplacé à partir de septembre par le général François Amédée Doppet) pour réprimer la rébellion. Les Lyonnais décident de résister. Une délégation[5] se rend à Semur-en-Brionnais pour demander au général de Précy de venir prendre le commandement des troupes lyonnaises. Ils le font car ils ont connu Précy en 1787-1789 lorsque son régiment était en garnison à Lyon. Le général accepte, en toute lucidité d'après le compte-rendu qu'en font les membres du groupe venus le solliciter et auxquels il répond : « Avez-vous bien réfléchi à toutes les conséquences d'une guerre contre la convention, ce pouvoir central qui peut disposer contre vous de tant de ressources ? Avez-vous songé aux sacrifices de toute nature qu'il vous faudra faire pour soutenir une lutte inégale ? Savez-vous bien ce qu'est une guerre civile ? »

Le général a dit lui-même les difficultés rencontrées[6] : « une ville immense, sans fortifications, défendue par ses seuls habitants, manquant de tout ce qui est nécessaire à une place de guerre, a soutenu un siège de soixante-trois jours, attaqué par un ennemi implacable, dont le conducteur réunissait tous les pouvoirs et ne craignait pas d'user de tous les moyens les plus odieux et les plus destructeurs : l'incendie, le boulet rouge, le bombardement, la trahison, la calomnie, la perfidie ; soutenus par une armée de cinquante à soixante mille hommes dont les deux tiers étaient aguerris, armés, bien pourvus de vivres et de munitions de toute espèce, ayant un corps de génie et d'artillerie formidable, une nombreuse cavalerie, enfin tout ce qui assure le succès.» La Convention ordonne le bombardement de Lyon. Le , le fort de Sainte-Foy tombe, puis ce sont ceux de Saint-Irénée et de Saint-Just. Le même jour Précy tente une sortie avec un escadron de cavalerie - le dernier restant -, et repousse l'armée de la Convention de l'autre côté du pont de la Mulatière. Mais malgré la résistance remarquablement acharnée de la ville, Lyon est prise et les autorités civiles lyonnaises capitulent le . Ce matin-là Perrin s'échappe avec 1 000 fantassins et 200 cavaliers. Passant par Vaise, il s'enfuit jusqu'à Saint-Romain-de-Popey puis Sainte-Agathe-en-Donzy - presque tous ses hommes sont massacrés le long du chemin[2]. À Lyon, la répression qui suit, conduite par Couthon puis Collot d'Herbois et Joseph Fouché, est sévère. La ville perd son nom au profit de « commune affranchie » ; elle reprendra son nom en .

Le général Précy reste caché chez des paysans, dans le Beaujolais et le Forez jusqu'au . Il part alors en Suisse puis à Turin.

Émigration[modifier | modifier le code]

Portrait du Général de Précy

À Turin il rencontre le futur roi Louis XVIII ; ce dernier lui confère le brevet de « maréchal de camp ». Il le rejoint encore à Vérone[7]. Après cette rencontre avec le roi Précy revient en Suisse et, au cours des années suivantes fera partie de immigrés royalistes luttant contre la révolution et impliqués dans diverses actions tendant à favoriser le retour du roi Louis XVIII.

Il rencontre nombre de diplomates étrangers et voyages dans différents pays : Angleterre en 1796, Vienne, retour en Suisse. Il se marie le à Surcée (Suisse) avec Jeanne-Marie Chavanne, veuve de M. Perrin de Noailly. Il quitte la Suisse à l'approche de l'armée du directoire (1797). Il va alors à Uberlingen, puis à Augsbourg, qu'il quitte après la défaite des Russes. Il est alors à Bayreuth, sous la protection du roi de Prusse. Mais à la demande du premier consul Bonaparte (en fait de Fouché)[note 5] il est arrêté le . Après la paix signée avec l'Angleterre en , le premier consul veut pacifier ses relations avec les émigrés. Dans ce contexte le Précy est libéré de toute contrainte. Il passe les années suivantes dans différentes villes : Wolfenbütel (sous la protection du duc de Brunswick), Hambourg, Altona...

La vieillesse, la mort, le monument des Brotteaux[modifier | modifier le code]

Par décret impérial du , Précy est autorisé à rentrer en France - à condition de résider à Dijon[4]. Cette installation a lieu le . Le couple fait régulariser son mariage et la naissance de leur fille. Puis il lui est accordé de retrouver le Brionnais. La chute de l'empire et le retour de Louis XVIII conduisent le général à aller à Paris afin d'offrir ses services, bien qu'il soit âgé de 72 ans.

Il reçoit le le brevet de lieutenant-général et il est nommé commandant de la garde nationale urbaine de la ville de Lyon. Précy prend ses fonctions et constate la faiblesse de la garde. Mais il n'a guère le temps de la remettre sur pied car Napoléon débarque à Cannes le 1er mars. Précy et les autorités lyonnaises ont l'intention de lui faire obstacle quand il arrivera à Lyon. Mais lorsque Napoléon est là il passe triomphalement le pont de la Guillotière, acclamé par les troupes de Lyon. Précy retourne à Paris. Napoléon a reconquis la France, il entre à Paris ; Précy est arrêté. Il est remis en liberté avec obligation d'aller, sous surveillance, à Marcigny.

Après l'abdication définitive de l'empereur Précy ne reçoit pas de nouveau commandement. Il reste à Marcigny où il meurt le et est enterré à Marcigny.

Un monument à la mémoire des victimes du siège de Lyon est érigé à Lyon, aux Brotteaux. Les administrateurs du monument adressent à la comtesse de Précy une demande de translation des cendres du général de Marcigny à Lyon. Elle accepte. Le transfert a lieu fin [2]. À Lyon, une cérémonie religieuse a lieu à la cathédrale Saint-Jean[8] : « Le corps a été reçu à l'entrée de la cathédrale par Messieurs du Chapitre de Saint Jean. Pendant cette journée du 27 et celle du lendemain toute la ville a été visiter cette chapelle funèbre… D'après les ordres de M. le Maire de Lyon, le portail de l'église avait été tendu de noir et décoré des armoiries du général Précy ; toutes les colonnes de la vaste nef de Saint-Jean étaient également tendues de draperie de deuil, et un catafalque, couvert d'un riche dais funèbre, était placé au milieu de la nef. Les autorités et les administrations civiles, militaires et judiciaires remplissaient le chœur. »

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. De Précy reçut la croix de Saint Louis le 17 juin 1781 et fut fait grand-croix le 29 mai 1816, recevant à ce titre une pension de 2 000 francs. Voir du Lac 1898, p. 81 et 379. L'ordre de Saint Louis est institué par Louis XIV (édit du 5 avril 1693) et rétabli en 1814 par Louis XVIII avant d’être supprimé en 1830.
  2. La guerre de Sept Ans (1756-1763) est un conflit majeur du XVIIIe siècle. Elle opposa l'Angleterre et la Prusse d'une part à la France, l'Autriche, la Russie, l'Espagne, la Suède, des princes allemands d'autre part. Le conflit a deux aspects principaux : l'affrontement entre la France et l'Angleterre sur les conquêtes coloniales et l'opposition entre la Prusse et l'Autriche. Le jeu des alliances en fit un conflit mondial. cf Dziembowski Edmond, « la guerre de Sept Ans (1756-1763) », ed. Perrin, 2015, 700p.
  3. En 1774, les nationaux corses se révoltent, mais sont très durement réprimés par l'armée française dans la région du Niolo. cf. Caratini Roger, « La Corse, un peuple, une histoire ». ed. Archipel, 2009, 369 p.
  4. Le décret du 3 septembre 1791 de l'assemblée constituante accorde au Roi une garde constitutionnelle de 1 200 fantassins et de 600 cavaliers.
  5. Extrait du rapport du 8 prairial an IX de Fouché aux consuls :

    « Un comité dont les membres, salariés par l'Angleterre, s'occupent sans cesse des moyens de jeter le trouble dans la république s'est réuni depuis quelque temps à Bayreuth, territoire dépendant de la Prusse. Des agents de ce comité font de fréquents voyages de Bayreuth à Lyon, à Paris, à Londres, à Vienne…. »

    Suit la liste des personnes visées (Précy est en second). Fouché précise « que le ministre des affaires étrangères français doit demander au ministre prussien l'arrestation ». cf. du Lac 1898, p. 308.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Feller 1834, p. 275.
  2. a b c et d Perrin de Précy, chef des Lyonnais en 1793. Sur le site du Musée d’Histoire Militaire.
  3. Feller 1834, p. 276.
  4. a et b du Lac 1898.
  5. Baleydier Alphonse, « Histoire politique et militaire du peuple de Lyon durant la révolution (1789-1795) ». Ed. I. Curmer, Paris, 1845, t. 1, 401 p. Voir p. 265.
  6. Louis, comte de Précy. « Siège de Lyon. Sortie des Lyonnais et retraite du général Précy, racontées par lui-même ». Imprimerie Leon Boitel, Lyon, 1847, 48 p. Voir p. 4.
  7. Feller 1834.
  8. « Notice historique sur l'exhumation du corps du lieutenant-général Comte de Précy, et sa translation de Marcigny-sur-Loire à Lyon dans le caveau sépulcral élevé aux Brotteaux à la mémoire des victimes du siège de Lyon». Lyon, Imprimerie de Rusand, 1822, 40 p.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • François-Xavier Feller, François Marie Pérennès, Jean Baptiste Pérennès, Biographie universelle, ou Dictionnaire historique des hommes qui se sont fait un nom par leur génie, leurs talents, leurs vertus, leurs erreurs ou leurs crimes, Paris, Gauthier, , 536 p. (lire en ligne).
  • René Perrin du Lac, Le Général Comte de Précy. Sa vie militaire. Son commandement au siège de Lyon, son émigration, Paris, H. Champion, , 416 p. (lire en ligne).
  • Sortie des Lyonnais et retraite du général Précy racontées par lui-même, dans la Revue des Lyonnais, n°26, p.181, lire en ligne