Libyan Investment Authority

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Libyan Investment Authority
logo de Libyan Investment Authority

Création 2006
Siège social 22e étage, Tripoli Tower, Tripoli, Libye
26,St. Barbara Bastions, Valletta, Malte
Direction Fayez el-Sarraj (président)
Activité Gestion de fonds
Site web www.lia.com.mt

Le Libyan Investment Authority (LIA) est un fonds souverain de la Jamahiriya arabe libyenne fondé en 2006 et gérant pour au moins 40 milliards de dollars d'actifs provenant des surplus liés principalement à l'exportation d'hydrocarbures. En , le bureau conseil Precinq évaluait les actifs de la LIA à 70 milliards de dollars (50 milliards d'actifs financiers et 20 milliards d'avoirs immobiliers et d'infrastructures), plaçant cet investisseur dormant au 12e rang mondial[1].

Histoire[modifier | modifier le code]

L’autorité libyenne d’investissement (« LIA ») a été créée en 2006 et elle est régie par la loi no 13 de 2010 (loi no 13), qui reste en vigueur et de plein effet juridiquement dans le cadre du droit libyen.

Principaux investissements[modifier | modifier le code]

En , lors d'une visite de Kadhafi à Londres, la LIA est partie prenante à l'accord d'exploration et de production pétrolière, signé entre la National Oil Corporation libyenne et British Petroleum (BP), pour un montant de 900 millions de dollars. La LIA entre à hauteur de 15 % dans les accords de royalties sur l'extraction (production sharing agreement, PSA)[2]. En , la LIA signa un accord avec la Qatar Investment Corporation pour fonder un fonds d'investissement partagé doté de 2 milliards de dollars. D'autres accords sont signés avec des fonds ou entreprises du Qatar. En , alors que la banque du Benelux Fortis était menacée par la faillite, la LIA a investi dedans.

Entre 2007 et 2009, selon Le Monde et l'ONG Global Witness, la LIA place 1,8 milliard de dollars (1,27 milliard d'euros) dans des produits dérivés de la Société générale, placés dans trois fonds d'investissement : Soc Gen Europe Medium, Soc Gen Strategic Equity Funds Codeis et Soc Gen - Cross Roads 5Y Link Notes. Le premier, Soc Gen Europe Medium, aurait perdu 42,96 % de sa valeur entre le premier et le deuxième trimestre 2010, selon KPMG, tombant à environ 1 milliard de dollars. Ces fonds représentent la moitié des placements alternatifs, ou risqués, de la LIA, le reste étant placé dans des fonds moins risqués (bons du Trésor américain, actions européennes bien notées, cash...)[1]. Entre janvier et , la LIA investit 1,3 milliard de dollars dans des placements structurés chez Goldman Sachs, une opération catastrophique qui mène à la perte de la quasi-totalité des fonds investis en 2 ans[3].

JP Morgan et le fonds de pension OCH-ZIFF accueillent également des placements risqués. La Société générale a opéré en toute légalité, y compris en ne révélant pas l'existence de ces fonds après les sanctions décidées par la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU, et imposées à partir du par l'Union européenne[1]. Les avoirs ont été depuis gelés[4]. En , après qu'une plainte ait été déposée par la LIA contre la Société générale pour corruption, la banque française accepte de verser 963 millions d'euros à la LIA pour compenser les pertes (estimées à 1,5 milliard de dollars) liées aux mauvais produits financiers vendus[5].

La Libyan Investment Authority a placé 10 millions de dollars (7 millions d'euros) chez BNP Paribas[1]. En 2010, la LIA a également l'ambition d'investir en masse dans le tourisme pour développer le secteur dans le pays[6].

En 2011, l'Italie est le premier pays bénéficiaire des investissements de la LIA avec 3,6 milliards d'euros d'investissements. La LIA possède 2,59 % d'Unicredit, une montée au capital qui a provoqué une crise interne dans la banque italienne et le renvoi de son PDG[7]. La LIA possède également 2,01 % de Finmeccanica (devenu Leonardo)[8].

La LIA possède également 3,27 % de l'éditeur britannique Pearson, 10 % du fabricant de briques autrichien Wienerberger, 1,43 % du Russe Rusal[8].

Révolte libyenne de 2011[modifier | modifier le code]

En , l'éditeur Pearson gèle la participation de 3,27 % de la LIA à la suite d'un ordre émis par le gouvernement britannique[9].

Le , la Direction générale du Trésor français gèle les fonds et ressources de la LIA, un gel levé le pour encourager la relance de l'économie libyenne[10].

Détournements[modifier | modifier le code]

Fin 2011, quatorze milliards de fonds souverains de la Jamahiriya libyenne et d'avoirs personnels de la famille Kadhafi gérés par des banques belges (BNP Paribas Fortis, ING, KBC et surtout Euroclear Bank) sont gelés par décision des autorités belges à la suite d'un rapport de l'ONU. Sur ces quatorze milliards, treize sont gérés par la seule Euroclear Bank. Cependant, il apparaît que les revenus de ces fonds (dividendes et intérêts), dont les montants se chiffrent en centaines de millions, ont été versés par des banques belges malgré l'ordre de gel. Selon un rapport de l'ONU, ces fonds seraient utilisés pour financer des trafics d'armes et des réseaux de prostitution. Des parlementaires ont tenté d'en savoir plus auprès du gouvernement belge mais il apparaît que celui-ci soit ne maîtrise pas le dossier soit fait de la rétention d'informations [11]. Le Conseil de sécurité de l'ONU sur la Libye a publié en le rapport final du groupe d’experts sur la Libye fondé par la résolution 1973 (2011) du Conseil de sécurité. Le rapport souligne notamment « des pratiques et des interprétations diverses des sanctions imposées par l’Organisation des Nations Unies, ce qui pourrait compromettre la gestion et la bonne garde des avoirs bloqués » [12].

Gouvernance[modifier | modifier le code]

Organisation[modifier | modifier le code]

La loi no 13 de 2010 énonce le mandat continu de la LIA. Conformément à la loi no 13, la LIA est composée de :

  • Un Conseil d’administration, organe de gouvernance ultime agissant pour la surveillance et le contrôle de la LIA. Conformément à la loi no 13, tel qu’interprétée conjointement à l’article 35 de la Déclaration constitutionnelle de 2011, publiée par le Conseil national de transition de la Libye après la révolution libyenne en 2011, le Conseil d’administration comprend :
    • Le Premier ministre (agissant en tant que président)
    • Les ministres de la Planification, des Finances, de l’Économie et du Commerce
    • Le gouverneur de la banque centrale de Libye
    • Un certain nombre d’experts
  • Un Comité de direction, organe compétent pour superviser la gestion de la LIA (selon les articles 10 et 11 de la loi no 13), composé de sept membres, dont un Président (qui a pouvoir de représentation de la LIA dans ses transactions avec des tiers), nommés par résolution du Conseil d’administration. Le Comité de direction supervise trois sous-comités:
    • Comité de Nomination et de Rémunération
    • Comité de Gouvernance et des Risques
    • Comité de l’Audit

Conseil d’administration[modifier | modifier le code]

  • Abdallah al-Thani, Président – Premier ministre du gouvernement intérimaire
  • Kamil Moamen, Membre – Ministre des Finances et de la Planification
  • Monir Ali, Membre – Ministre de l’Économie et de l’Industrie
  • Ali Alhibri, Membre – Gouverneur de la Banque Centrale
  • Gomah Yones, Membre – Membre Indépendant
  • Farhat Bengdara, Membre – Membre Indépendant

Depuis la création de la LIA, six présidents différents du Comité de direction ont déjà été nommés.

Comité de direction[modifier | modifier le code]

  • Hassan Bouhadi : Nommé membre du Comité de direction le et par la suite nommé Président le
  • Ahmed Attiga : Nommé membre du Comité de direction le
  • Ali Mahmoud : Nommé membre du Comité de direction le
  • Faisal Gergab  : Nommé membre du Comité de direction le
  • Fakher Buferna : Nommé membre du Comité de direction le
  • Idris Lahimer : Nommé membre du Comité de direction le
  • Fathi Ali : Nommé membre du Comité de direction le

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d « La société générale a accueilli l'argent de Kadhafi » et, sur la même page, « La banque française assure « respecter les réglementations et les lois en vigueur » », Le Monde daté du 27 mai 2011; voir, en ligne, Les produits de la Société générale, placement choyé du régime Kadhafi, Le Monde.fr, 26 mai 2011.
  2. BP Snares Huge Libyan Gas Fields, Business Week, sur Red Orbit.com, 31 mai 2007.
  3. Sylvain Cypel, Goldman Sachs et les millions libyens, www.lemonde.fr, 7 juin 2011 (consulté le 24 mars 2018).
  4. Kadhafi aurait confié 1,3 milliard d'euros à la Société générale, Nouvel Observateur, 26 mai 2011.
  5. Sharon Waisbrot, Litiges : Société Générale verse près d'un milliard au fonds souverain Libyen, www.lesechos.fr, 4 mai 2017 (consulté le 24 mars 2018).
  6. (en) Technology to tourism: Head of investment authority discusses opportunities for US businesses in Libya, www.wikileaks.org, 28 janvier 2010 (consulté le 24 mars 2018).
  7. Myriam Berber, La Libye, investisseur en Europe et en Afrique, www.rfi.fr, 22 février 2011 (consulté le 24 mars 2018)
  8. a et b Jérôme Lefilliâtre, https://www.challenges.fr/monde/les-fonds-souverains-l-atout-financier-de-kadhafi_353134, www.challenges.fr, 2 mars 2011 (consulté le 24 mars 2018).
  9. (en) Mark Sweney, Pearson freezes stake held by Libyan Investment Authority, www.theguardian.com, 1 mars 2011 (consulté le 24 mars 2018).
  10. Reprise des relations économiques et financières avec la Libye, www.tresor.economie.gouv.fr, 22 décembre 2011 (consulté le 24 mars 2018).
  11. A.T avec Maïté Warland, « Gel des avoirs libyens : nouveau scandale d'État? », sur rtbf.be, (consulté le ).
  12. https://ds1.static.rtbf.be/uploader/pdf/d/3/3/rtbfinfo_216794d0a1e2121ac88c2385c2dd6eef.pdf.

Articles connexes[modifier | modifier le code]