Les Yeux brûlés

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Les Yeux brûlés

Réalisation Laurent Roth
Scénario Laurent Roth
Acteurs principaux
Sociétés de production ECPAD
Shellac Sud
Pays de production Drapeau de la France France
Genre Documentaire
Durée 58 minutes
Sortie 2015

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Les Yeux brûlés est un documentaire français réalisé par Laurent Roth en 1986, sorti en salles en 2015, puis en DVD en 2017. Film de commande de l'ECPAD, il met en scène Mireille Perrier qui s'entretient avec des reporters de guerre du XXe siècle (par ordre d'apparition : André Lebon, Daniel Camus, Pierre Ferrari, Raoul Coutard, Marc Flament, Pierre Schoendoerffer) sur la nature de leur travail, leur rôle dans la production des images de guerre ainsi que leur place au front.

Synopsis[modifier | modifier le code]

À l'aéroport de Roissy, une jeune femme vient chercher une cantine militaire qui lui est retournée. Elle contient les effets et clichés de Jean Péraud, reporter photographe porté disparu le à Diên Biên Phu. Elle engage la discussion avec les anciens compagnons de presse de Péraud qui sont présents. Les souvenirs et histoires qu'elle suscite font ressurgir les questions toujours actuelles sur ce qui fait l'image de guerre : le reporter est-il un témoin ou un combattant ? Son objectif est-il un bouclier qui le protège des effets de la guerre ou plutôt une arme qui le conduit à prendre tous les risques pour témoigner ? Peut-on vraiment considérer ces images de la mort au combat comme une forme d'art[1] ?

Genèse du film[modifier | modifier le code]

Laurent Roth, jeune appelé, écrit le scénario de Les Yeux brûlés dans le cadre d'un concours, qu'il remporte, pour les 40 ans de la création du Service Cinématographique des Armées[1].

Bien que l'ECPAD lui demande de tourner au Fort d'Ivry (où sont conservées les archives de celui-ci), il obtient d'installer son équipe à l'aéroport de Roissy où la guerre s'est déplacée selon lui. En effet, la France est secouée depuis 1985 par une série de treize attentats terroristes (dont la série noire est conclue par celui de la rue de Rennes le , quelques semaines après le tournage) et les CRS envahissent les lieux les plus sensibles, notamment les aéroports, cibles privilégiées du terrorisme[1].

De plus, alors que l'ECPAD s'attend à ce qu'il fasse lui-même les entretiens avec les reporters de guerre qui apparaîtront dans le film, il les confie à Mireille Perrier (héroïne de Léos Carax dans Boy Meets Girl, ou de Philippe Garrel dans Elle a passé tant d'heures sous les sunlights) qu'il considère comme une sorte de double, une incarnation incognito de ses propres interrogations et incompréhensions face à la guerre[2],[3]. Ils visionnent ensemble des kilomètres de bandes d'archives sur la première et la deuxième Guerre Mondiales, la guerre d'Indochine, etc., mais également le film documentaire Shoah de Claude Lanzmann dont ils étudient le mode opératoire pour les entrevues avec ces témoins de l'horreur[1].

Le film ne sort pas en salle en 1986 mais il est diffusé au Fort d'Ivry (où sont conservées les archives de l'Armée Française), puis dans plusieurs festivals. Il est aussi présenté en ouverture du cycle consacré au quarantenaire du Service cinématographique des Armées à la Cinémathèque Française en 1987[1].

Trente ans après sa réalisation, le distributeur Thomas Ordonneau, de la société de distribution Shellac, convainc l'ECPAD de son intérêt patrimonial et le film est choisi pour célébrer le « centenaire du cinéma et de la photographie aux armées » en 2015, puis par le programme de restauration du CNC, et est enfin sélectionné au festival de Cannes dans la section « Cannes Classics ». Il sort officiellement en salles le [1], puis en DVD le . L'édition DVD y ajoute les entretiens intégraux de Pierre Schoendoerffer et Raoul Coutard.

Fiche technique[modifier | modifier le code]

  • Titre : Les Yeux brûlés
  • Réalisation : Laurent Roth
  • Scénario : Laurent Roth
  • Montage : Marie-Christine Dijon
  • Photographie : Bernard Miale
  • Ingénieur du son : Jean-Paul Bigorgne
  • Bruiteur : Jean Potier
  • Mixage : Monique Wisniewski
  • Musique additionnelle : Jean-Sébastien Bach
  • Musique originale : Chant parachutiste « Oh, la fille » par le Chœur de l'Armée française
  • Production : ECPAD
  • Chargé de production : Philippe Viney
  • Conseiller militaire de réalisation : Commandant Alain Boitard
  • Distribution : Shellac
  • Pays d'origine : Drapeau de la France France
  • Format : 35 mm couleur et noir et blanc (archives)
  • Genre : documentaire
  • Durée : 59 minutes
  • Date de sortie : (France)
  • Date de sortie en DVD : (France)

Distribution[modifier | modifier le code]

Festivals[modifier | modifier le code]

Première copie de 1986[modifier | modifier le code]

Copie restaurée de 2015[modifier | modifier le code]

Année 2015[modifier | modifier le code]

Années suivantes[modifier | modifier le code]

  • 2016 : Rencontres Européennes du Moyen-métrage, Brive
  • 2017 : Cycle "Photographes de guerre", Mémorial de Verdun, Verdun
  • 2017 : Festival international du documentaire, Yamagata (Japon)
  • 2017 : Rencontres Image(s) de guerre, Florac

Réception critique[modifier | modifier le code]

Le film reçoit un accueil critique favorable, lors de ses deux sorties, bien que le sujet et son traitement prêtent matière à polémique.

La note moyenne des critiques presse du site Allociné est de 4,1/5[4].

Première sortie (1986)[modifier | modifier le code]

Lors de sa première sortie, tout d'abord, en , il est remarqué par le critique Serge Daney qui publie dans Libération, le , un article dans lequel il évoque Mireille Perrier, « alter ego » du réalisateur, « troublante et troublée » qui, en fausse ingénue, fait face à ces « chasseurs d'images » impassibles[5],[3]. Jean-Luc Macia, dans La Croix le , évoque la manière dont les reporters sont « traqués »[6] par la jeune actrice.

Serge Daney relève en outre l'aspect méditatif de ce film de commande qui l'emmène loin de son contexte de production, comme si Laurent Roth « à travers son propre remontage de vieilles archives [...] ne lâchait plus l'os métaphysique que l’Armée elle-même semble avoir renoncé à ronger depuis longtemps. Os bazinien dans lequel il n’est d’image que faite « en co-production » avec la mort. »[5],[3]

Deuxième sortie après restauration (2015)[modifier | modifier le code]

Le rôle de Mireille Perrier est aussi remarqué par Mathieu Macheret dans Le Monde du [7], après la ressortie du film restauré en salles en  : « La première offensive se joue là, à mi-chemin entre ce petit bout de femme fragile, sortie de la fiction, et ces hommes solidement ancrés dans le réel. »[8]

La critique relève la difficulté d'aborder le sujet de la guerre par la beauté des témoignages photographiques des reporters et salue les choix du réalisateur, comme Jérémie Couston, dans Télérama le , qui qualifie le film de « diamant noir du film de guerre » : « le film se mue en une réflexion sur l'ambiguë cinégénie de la guerre. »[9] ; ou Théo Ribeton, dans Les Inrockuptibles le  : « Il serait trop bête de chercher à arbitrer le film entre critique et éloge de la guerre : ni l'un ni l’autre, Les Yeux brûlés s’assoit fixement devant elle et soutient le regard. »[10]

Le travail de restauration est également souligné par Mathieu Macheret dans Le Monde qui parle d'une « copie magnifiquement restaurée. »[7]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f « Shellac Altern - Les Yeux brûlés », sur www.shellac-altern.org, (consulté le )
  2. Laurent Roth et Michèle Valentin, « Le jeu du Je masqué dans les films de Laurent Roth », Entrelacs, no 15,‎ (ISSN 1266-7188 et 2261-5482, DOI 10.4000/entrelacs.2938, lire en ligne, consulté le )
  3. a b et c Serge Daney, « Les Yeux brûlés, ou la métaphysique guerrière », Libération,‎ (lire en ligne)
  4. AlloCine, « Les Yeux brûlés » (consulté le )
  5. a et b Daney, Serge., Biette, Jean-Claude. et Manon, Christophe., La maison cinéma et le monde, Paris, P.O.L., ©2001-©2015, 866 p. (ISBN 978-2-8180-1634-3, OCLC 47758327, lire en ligne)
  6. Jean-Luc Macia, « À Ivry, les soldats de l'image », La Croix,‎
  7. a et b Mathieu Macheret, « Reprise : « Les Yeux brûlés », au front, un objectif en bandoulière », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  8. Théo Ribeton, « Les Yeux brûlés », Les Inrockputibles,‎ (lire en ligne)
  9. Jérémie Couston, « « Les Yeux brûlés » de Laurent Roth, un diamant noir du film de guerre enfin dévoilé », Télérama,‎ (lire en ligne)
  10. « Les Yeux brûlés de Laurent Roth - (2015) - Film - Documentaire - L'essentiel - Télérama.fr » (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]