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Komos

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Komos, scène d’orgie d’une kylix Attique à figure noire, dans le style dit Coupe des Comastes, 575 av.J.-C., Louvre (Inv. E 742)

Un komos ou comos (en grec ancien κῶμος/kỗmos) était une procession rituelle festive dans la Grèce antique. Si on peut le définir comme un groupe d'homme en mouvement célébrant un évènement communautaire[1], les pratiques précises que ce terme bien attesté dans la littérature antique recouvre restent floues.

Dans la littérature archéologique et iconographique, le komos désigne généralement un cortège bruyant et festif de buveurs accompagnés de musiciennes, caractéristique dans les représentations de banquets et fêtes dyonisiaques. Cette procession pourrait puiser ses origines dans une fête de la nature dédiée à Dionysos et sa suite lors des vendanges. Figurant régulièrement sur les vases attiques dès le VIe siècle av. J.-C., il semble progressivement perdre sa valeur rituelle pour devenir un divertissement privé.

Les participants au komos sont appelés des comastes et les manifestations d'ivresse sont dites comastiques ou bien orgastiques.

Le komos, expression de sociabilité

Il s'agissait d'une expression de sociabilité non confinée uniquement à la sphère des pratiques religieuses publiques, comme par exemple les Dionysies, les Phallophories et autres célébrations reliées à l'important culte de Dionysos ; mais présentait parfois une forme de rituel privé, en participant à des festivités comme les célébrations nuptiales et était étroitement lié à d’importantes pratiques sociales comme le banquet. Dans ce domaine, le komos donnait libre cours à l'envie de frénésie et de bombance qui faisait suite aux pratiques conviviales ; celle-ci étant une importante composante de la vie sociale en Grèce antique.

Sources

Scène de komos : comastes et hétaïres dans des positions explicites et acrobatiques, deux cratères au sol. Amphore à col attique à figures noires, v. 560 av. J.-C. Provenance : Vulci

La variété des sources, qu'elle soit littéraire ou iconographique, n'éclaire pas la nature effective du komos. Le sens le plus fréquemment usité de nos jours désigne cortège rituel de fête, comprenant parfois des chars, accompagné de chants et de musique (aulos, lyre, cithare), durant lequel les participants s’abandonnent, sur fond d’ébriété et d’allusions sexuelles, à des manifestations d’obscénités frénétiques et burlesques. Mais au-delà de cette représentation, on trouve des komos de diverses natures : komos nuptial, agonistique, de funérailles, de chasse, de victoire[1],... À partir du IVe siècle av. J.-C., le terme semble n'avoir plus qu'une valeur dyonisiaque et symposiaque[2].

Sources littéraires

La mention la plus antique se trouve en Hésiode (poète grec du VIIIe siècle av. J.-C.), qui semble suggérer une relation de cette pratique avec les festivités nuptiales[3].

Célèbre, dans le Symposium platonique, la scène de la bruyante irruption de Alcibiade qui, dans la version inédite du fracasseur de porte qui, avec la tête ornée d’une guirlande, complètement ivre, accompagné de sa bande d'amis, au son d'un flûtiste ; Est accueilli dans la maison de Agathon (poète) et réussit à porter, en cet état d’ébriété, un élément de fraîcheur au beau milieu d'un banquet[4].

Toutefois il n'existe pas d'évènement unique associable au komos. Pindare, par exemple, le décrit à l’intérieur des célébrations citadines[5]. Démosthène[6] le mentionne dans le premier jour du déroulement des Dionysies, à la suite de la procession rituelle et des chorèges (organisateurs) ; Dans ce contexte il semble se référer à un agôn (manifestation publique), en révélant donc une possible nature de compétition dans cet évènement.

Démosthène, en outre, reprochera au beau-frère d’Eschine de ne pas avoir mis un masque, presque en suggérant qu'il était usuel d’en porter un pendant le komos[7], suggérant donc que la pratique du komos demande l’usage de coutumes ou de quelques déguisements.

L’exécution de musique durant le komos est suggérée par Aristophane[8] et Pindare[9].

Sources iconographiques

Dans les représentations peintes sur poteries de la période archaïque, le pratiquant du komos, un amuseur de profession, est habituellement montré drapé dans un chiton moulant. Plus loin, quelques représentations montrent des comastes défiler en travesti, drapés en longs vêtements, la tête ornée de boucles d’oreilles, d’une couronne de rubans et, parfois, protégé d’une ombrelle; Tous symboles de féminité[10].

Les Étrusques, grands assimilateurs de pratiques culturelles grecques, ont réinterprété ces ambiances comastiques, comme en témoignent les fresques provenant de la tombe de Tarquinia.

Cortège comastique de la Tombe des léopards de Tarquinia
Scène de danse de la nécropole de Tarquinia

Rapports avec les expressions théâtrales

Le komos et la comédie

Quoique encore discuté, le rapport de descendance entre le komos et la κωμῳδία (comédie) est largement accepté. Une telle relation est suggérée et confirmée par Aristote[11], référée ici à la dérivation étymologique de κωμῳδία, de κῶμος et ᾠδή / ôdế, « chant ». Toutefois ce même Aristote, dans la troisième partie de l’œuvre, évoque aussi la tradition qui voudrait que le terme komoedia soit dérivé de kom?, terme qui en dialecte dorique indique le village. En tel cas les origines de la comédie seraient à rechercher dans les spectacles et dans les farces mimiques mégariennes qui se déroulaient, justement, dans les villages[12]. Toutefois, il reste obscur de savoir à travers quelles voies, les formes expressives du « chant de bombance », ou du pantomime, se soient développées dans la Comédie grecque antique des Dionysies du VIe siècle av.J.-C. La métamorphose de farce populaire et impromptue, en un véritable genre théâtral se serait réalisée en Sicile[13].

Le komos et le chœur

Le komos doit être bien distingué des processions et du Chœur grec. Car si ce dernier était basé sur des évènements dictés par un scénario et sous la direction d'un coryphée, par contre, le komos était une expression hors des schémas, et de toute rigidité directoriale, de scénarios ou d'épreuves[14]

Notes et références

  1. a et b Christiane Bron, Fêter la victoire, in Pallas n° 75, 2007, p. 189, extrait en ligne
  2. Christiane Bron, Le lieu du comos, in Proceedings of the 3rd Symposium on Ancient Greek and Related Pottery, éd. J. Christiansen et T. Melander, 1988, pp. 71-79
  3. Le bouclier d’Héraclès, riga 281.
  4. « Et quand Socrate eut dit ces choses, les présents applaudirent; ...et d'un trait fut frappé à la porte de la cour, qui fit grand bruit - semblait – d’une brigade allègre, et ils entendirent la voix d'une flûtiste... Et peu après entendirent la voix d’Alcibiade, de la cour : il était complètement ivre et criait fort en demandant où était Agathon et en prétendant qu’on le conduise à lui. En le soutenant, donc, la flûtiste et quelques autres le conduire chez les gens présents ; Et lui s’arrêta sur la porte, ceint d’une fausse couronne d'Hedera et de violettes, et avec une grande quantité de nœuds sur la tête, et dit : - Je vous salue, messieurs : Voulez-vous accepter comme compagnon à boire, un homme ivre parmi vous, ou devons-nous partir... ? ... j'arrive maintenant, avec des rubans sur la tête pour les y enlever et couronner la tête du plus savant et du plus beau. Vous rirez forcément de moi parce que je suis ivre? Pourtant moi, même si vous riez, je sais bien dire la vérité... »

    — Platon. Symposium (212 c, d, e), traduction de Giorgio Colli

  5. Pitiche, V, 21 et VIII, 20 ; Olympiques, IV, 9.
  6. Contre Midia, XXI, 10 (du Perseus Project).
  7. Sulla falsa ambasceria, XIX, 287 de Wikisource. En fait, il n’est pas clairement établi si, Démosthène doit se soumettre à la nécessité de porter un masque pour une sorte de pudeur ou parce qu’il est normalement dénaturé en de telles manifestations. Le même Rockwell (voir la note 7 p. 214) reconnaît une certaine ambiguïté dans cette affirmation.
  8. Les Thesmophories, 104, 988.
  9. Olympique, IV, 9 et Pitiche, V, 22.
  10. [1] The Beazley Archive.
  11. Poétique, 3, 2; 1448 a 37.
  12. L'(Oxford English Dictionary enregistre toutes les deux étymologies.
  13. Seyffert, Dictionary of classical antiquity (voce Comedy, pag. 151) indique comme partisan Epicharme, en plaçant le passage entre les deux formes dans l'ambiance dorique sicilien de Megara Hyblaea, où il y serait arrivé de Mégare.
  14. Rockwell, p. 8.

Bibliographie

  • Christiane Bron
    • Le lieu du comos, in Proceedings of the 3rd Symposium on Ancient Greek and Related Pottery, Copenhague, éd. J. Christiansen et T. Melander, 1988, pp. 71-79
    • La musique du comos, in Proceedings of the XVth International Congress of Classical Archaeology, Amsterdam, 12-17 juillet 1998, éd. R. Docter and F. Mooremann, 199, pp. 98-100
    • Le comos dans tous ses états, in Pallas n° 60, 2002, pp. 269-274
    • Fêter la victoire, in Pallas n° 75, 2007, pp. 189-195

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

  • (it) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Komos » (voir la liste des auteurs). du 14/05/2008