Jean-Marie Maurouard

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Jean-Marie Maurouard
Biographie
Naissance
Formation
Activité

Jean-Marie Maurouard est un officier de Marine français, aide-timonier à bord du Géographe au départ de l'expédition Baudin.

Éléments biographiques[modifier | modifier le code]

Jean Marie Toussaint Maurouard, né à Caen le , est baptisé le même jour en l'église Saint-Gilles de Caen[1] ; il est le fils de Pierre, domestique, absent, et d'Anne Marie Thérèse Pley.

Cette date de naissance est reprise sur sa fiche matricule d'élève de l'École polytechnique[2],[3]. Hachette précise que Maurouard fait partie de la promotion du 17 germinal an IV ()[4] mais Fourcy[5] le range dans la promotion 1795 (An IV)[6]. Maurouard est ainsi âgé de quelque vingt-trois ans passés lors de son admission, ce qui ne manque pas de surprendre par comparaison avec les âges de ses condisciples.

La fiche matricule apporte les précisions suivantes : « nommé le 16 ventôse an V () pour passer à l'École des aérostiers en conséquence d'un arrêté du Directoire du 13 ventôse. A quitté l'École le 1er germinal an V () puis [est] passé dans les ingénieurs géographes le 16 ventôse an V () ». L’École nationale aérostatique est alors une annexe de l'École des géographes, créée par la loi du 30 vendémiaire an IV () et l'arrêté du 10 thermidor an IV () ; cette dernière a ouvert ses portes au printemps 1797, dans le bureau du cadastre, et est dirigée par Prony[7].

L'arrêté du Directoire du 13 ventôse an V () a appelé douze polytechniciens à l'éphémère École Aérostatique[8] de Meudon créée par décret du 10 brumaire an III ()[9]. Parmi eux Maurouard retrouve en particulier Faure mais aussi Boullanger ; tous trois sont ensuite nommés dans le corps des ingénieurs géographes. Tous trois entendent parler d'une expédition qui se prépare pour un voyage de découvertes aux terres australes et font acte de candidature. Les places dans cette expédition sont extrêmement recherchées ; certains font même intervenir leurs familles auprès du Premier consul[10].

Prony, nommé le 29 brumaire an IV () dès l'origine[11] membre de l'Institut national et à l'époque secrétaire de l'Académie des sciences[12], n'y est sans doute pas étranger. L'expédition est en effet soigneusement préparée et l’Institut, récemment créé en 1795 pour remplacer les anciennes académies supprimées par la Convention, joue un rôle déterminant en créant à cet effet une commission comprenant la fine fleur des savants de l’époque : Lacépède, Jussieu, Laplace, Cuvier, Bougainville, Fleurieu, Bernardin de Saint-Pierre, et quelques autres moins célèbres. C’est la première fois, dans l’histoire des voyages de découvertes, qu’est mis à contribution un tel nombre de sommités scientifiques, chargées de préparer les instructions qui seraient données au chef de l’expédition[13].

Le minéralogiste Lelièvre[14], comme Prony membre de l'Institut[15] et du premier Conseil de perfectionnement de l’École polytechnique[16], a la responsabilité de sélectionner les deux géographes de haut niveau de l'expédition[17],[18] ; il retient d'abord les noms de Boullanger et Caunes[19],[20],[21], puis Faure remplace son camarade de promotion Caunes qui renonce. Les espoirs de Maurouard sont douchés, la déception sans doute immense pour lui faire accepter d'être retenu au départ de l’expédition dans la liste des aides-timoniers, ce qui ne correspond pas vraiment au corps d'ingénieur qu'il a demandé ni aux études qu'il a faites, mais lui permet sûrement de tenir coûte que coûte "le" voyage du siècle qui commence, après l'expédition d'Égypte du siècle qui s'achève, et pour lequel le premier consul a donné son aval.

Comme Moreau, Maurouard entame une nouvelle carrière, celle d'officier de Marine ; il part du Havre le 27 vendémiaire an IX () à bord du Géographe[22] où il retrouve Boullanger. Baudin, qui commande l'expédition et a reçu pouvoir du gouvernement, le nomme le 28 vendémiaire an X (), à Timor dans la baie de Kupang[23],[a 1], aspirant de 1re classe provisoire en même temps que Moreau, embarqué à bord du Naturaliste, est fait, le même jour et pareillement provisoirement, enseigne de vaisseau[24]. C’est par une belle lettre que Baudin lui a fait part de cette promotion « comme une récompense justement méritée par la manière dont vous avez su remplir vos devoirs et vous rendre utile à bord depuis le commencement de la campagne jusqu’à ce jour », et Baudin termine en se disant certain que Maurouard obtiendra par la suite « un avancement auquel les dispositions que vous annoncez vous donne(nt) lieu de prétendre ».

On trouve ensuite la nomination de Maurouard comme enseigne de vaisseau, le 3 brumaire an XII ()[25], dès le retour le au Havre du Naturaliste, où Maurouard est passé le [22] au port Jackson[a 2], après que Baudin a décidé de le renvoyer en France pour le remplacer par le Casuarina. Cinq ans plus tard, le , Maurouard est promu lieutenant de vaisseau[26], grade qu'il conserve jusqu'à sa retraite après 19 ans, 19 mois et 19 jours de service (loi du 11 fructidor an XI ()). Il a entre-temps « administrativement » rajeuni de vingt ans puisque son dossier de pension le fait naître à Caen le [27], trois ans avant son entrée à Polytechnique !

Les Archives de France conservent deux journaux qu’il a rédigés pendant cette expédition, d’une dizaine de pages chacun, un « journal hydrographique » reprenant des relevés de côtes australiennes entre le et le [28] et qui témoignent de l’assistance qu’il a apportée, notamment à Boullanger et un « journal historique » relatif à la période du au [29]. On en trouve la reproduction partielle et la transcription totale sur des sites officiels australiens consacrés à l’analyse détaillée de la « Baudin legacy[30] » et réalisés à l’occasion du bicentenaire de l’expédition Baudin. À son retour d'Australie, Maurouard enrichit le cabinet d'histoire naturelle de l'École polytechnique d'une résine particulière qu'il a rapportée de son voyage[4].

Cartographie[modifier | modifier le code]

Sur les cartes de l'Australie, Maurouard a laissé son nom :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Expédition Baudin
  • François Péron, Voyage de découvertes aux Terres Australes, exécuté par ordre de sa Majesté, l’Empereur et Roi, sur les corvettes le Géographe, le Naturaliste et la goëlette le Casuarina, pendant les années 1800, 1801, 1802, 1803 et 1804 : Livre I, de France à l'Île-de-France, inclusivement, t. 1er, Paris, Imprimerie impériale, , 1re éd., 496 p. (lire en ligne).
  • François Péron et Louis Claude de Saulces de Freycinet, Voyage de découvertes aux Terres Australes, exécuté par ordre de sa Majesté, l’Empereur et Roi, sur les corvettes le Géographe, le Naturaliste et la goëlette le Casuarina, pendant les années 1800, 1801, 1802, 1803 et 1804 : Livre I, de France à l'Île-de-France, inclusivement, t. 1er, Paris, Arthus Bertrand, , 2e éd., 400 p. (lire en ligne).
  • François Péron et Louis Claude de Saulces de Freycinet, Voyage de découvertes aux Terres Australes, exécuté par ordre de sa Majesté, l’Empereur et Roi, sur les corvettes le Géographe, le Naturaliste et la goëlette le Casuarina, pendant les années 1800, 1801, 1802, 1803 et 1804 : Livre III, de Timor à Port Jackson inclusivement, t. 2e, Paris, Arthus Bertrand, , 2e éd., 532 p. (lire en ligne).
  • Louis Claude de Saulces de Freycinet, Voyage de découvertes aux Terres Australes, exécuté par ordre de sa Majesté, l’Empereur et Roi, sur les corvettes le Géographe, le Naturaliste et la goëlette le Casuarina, pendant les années 1800, 1801, 1802, 1803 et 1804 : Navigation et géographie, Paris, Imprimerie royale, , 2e éd., 576 p. (lire en ligne).
  • Louis Claude de Saulces de Freycinet, Voyage de découvertes aux Terres Australes, exécuté par ordre de sa Majesté, l’Empereur et Roi, sur les corvettes le Géographe, le Naturaliste et la goëlette le Casuarina, pendant les années 1800, 1801, 1802, 1803 et 1804 : Navigation et géographie, Paris, Imprimerie royale, , 2e éd., 576 p. (lire en ligne) lire en ligne sur Gallica.
  • Louis Claude de Saulces de Freycinet, Voyage de découvertes aux Terres Australes, exécuté par ordre de sa Majesté, l’Empereur et Roi, sur les corvettes le Géographe, le Naturaliste et la goëlette le Casuarina, pendant les années 1800, 1801, 1802, 1803 et 1804 : Navigation et géographie, Paris, Imprimerie royale, , 2e éd., 576 p. (lire en ligne).
Ouvrages contemporains
  • Jean Bourgoin et Étienne Taillemite (article publié dans la revue trimestrielle XYZ de l'Association Française de Topographie), « L'expédition Baudin en Australie 1800 - 1804 », Revue XYZ, no 91,‎ (lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Acte de baptême de Jean Marie Toussaint Maurouard », sur Archives du Calvados, .
  2. « Maurouard, Jean Marie (X 1795 ; 1772-????) », sur École polytechnique.
  3. a et b Correspondance sur l'École impériale Polytechnique sur Google Livres
  4. « Ambroise Louis Fourcy Gauduin », base Léonore, ministère français de la Culture
  5. « Histoire de l'École polytechnique, promotion de 1795 (An IV) (p. 399) », sur Gallica
  6. Ambroise Fourcy, « Histoire de l'École polytechnique (p. 380) », sur Gallica
  7. Ambroise Fourcy, « Histoire de l'École polytechnique (p. 135) », sur Gallica
  8. « Historique Aérostation », sur Fédération Française d'Aérostation
  9. Charles Baudin, « Souvenirs de jeunesse de l’amiral Baudin (1784-1815) », sur The Baudin legacy
  10. « Les membres du passé dont le nom commence par P », sur Académie des Sciences
  11. « Secrétaires de la 1re classe de l’Institut (Académie des sciences) [an IV (1795) - an XI (1803)] », sur Académie des Sciences
  12. L'expédition Baudin en Australie 1800 - 1804, p. 37
  13. « Claude-Hugues Lelièvre (1752-1835) »
  14. « Les membres du passé dont le nom commence par L », sur Académie des Sciences
  15. « École polytechnique, livre du centenaire, 1794-1894. Tome 1 », sur Gallica
  16. Dany Bréelle, « Les géographes de l'expédition Baudin et la reconnaissance des côtes australes »
  17. « Portés par l'air du temps : les voyages du capitaine Baudin », sur DIGITHÈQUE (Université libre de Bruxelles)
  18. « Caunes, Jacques Joseph (X 1795 ; 1777-????) », sur École polytechnique.
  19. Correspondance sur l'École impériale Polytechnique sur Google Livres
  20. « Histoire de l'École polytechnique, promotion de 1795 (An IV) (p. 398) », sur Gallica
  21. a et b « Voyage de découvertes aux terres australes (Tome 5 : Navigation et géographie, 1815) p. 15/604 »
  22. « Voyage de découvertes aux terres australes (Atlas, deuxième partie, 1811) p. 36/42 »
  23. « Voyage de découvertes aux terres australes (Tome 5 : Navigation et géographie, 1815) p. 18/604 »
  24. « État général de la marine (An XIII) », sur Gallica
  25. « État général de la marine (1810) », sur Gallica
  26. Comptes rendus par les ministres (Vol. 9, p. 18) sur Google Livres
  27. (en) « Journal historique de Jean-Marie Maurouard (cahier 9 ter) », sur The Baudin legacy
  28. (en) « Journal historique de Jean-Marie Maurouard (cahier 9 bis) », sur The Baudin legacy
  29. (en) « A New History of the French Scientific Voyage to Australia (1800-1804) », sur Université de Sydney
  30. Boullanger, Faure et H. et L. Freycinet, « Carte générale de la côte orientale de la Terre de Diemen », janvier, fevrier et mars 1802
  31. « Voyage de découvertes aux terres australes (Atlas, deuxième partie, 1811) p. 14/42 »
  32. « Voyage de découvertes aux terres australes (Atlas, deuxième partie, 1811) p. 18/42 »
  33. « Carte générale de la Terre de Diemen »

Références dans l'atlas[modifier | modifier le code]

(en) « Atlas », sur tageo.com (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

  • Margaret Sankey, Les journaux de l’expédition scientifique de Nicolas Baudin (1800-1804) et la construction du savoir scientifique (lire en ligne).