Gisèle Hountondji

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Gisèle Hountondji
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Biographie
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CotonouVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activité

Gisèle Hountondji, née le à Cotonou, est une interprète de conférence-traductrice et femme de lettres du Bénin, considérée comme la « première femme béninoise écrivaine[1] ». Elle est l'auteure d'une œuvre unique, le roman autobiographique Une citronnelle dans la neige (1986), qui met en scène ses années d'études en Europe, notamment à Paris, au travers d'expériences souvent vécues comme douloureuses.

Biographie[modifier | modifier le code]

Gisèle Léonie Hountondji est née le 19 juin 1954 à Cotonou[2]. Soucieux de son éducation, son père, inspecteur des Chemins de fer, la confie à sa tante paternelle dont le mari est instituteur[3]. Après une scolarité primaire à Paouignan, elle fréquente le cours secondaire Sainte Jeanne d'Arc d'Abomey entre 1965 et 1972 et y obtient son baccalauréat. Elle part à Paris pour des études supérieures à la Sorbonne (1973-1978) et effectue plusieurs séjours linguistiques à Londres (1977) et Madrid (1978). Titulaire d'une licence LEA (anglais-espagnol) et d'une maîtrise pratique bilingue (anglais-espagnol), elle complète sa formation avec des études d'interprétariat au Polytechnic of Central London[4]. En 1983 elle y obtient un CAP d'interprète de conférence anglais-français. À partir de 1984 elle est traductrice au Centre béninois de la recherche scientifique et technique (CBRST[5]).

Œuvre[modifier | modifier le code]

Une citronnelle dans la neige[modifier | modifier le code]

Gisèle Hountondji est l'auteure d'un unique ouvrage, Une citronnelle dans la neige[6] qui fait date dans l'histoire de la littérature africaine.
Certes, Kocoumbo, l'étudiant noir (1960) d'Aké Loba, Un Nègre à Paris (1959) de Bernard Dadié ou L'Aventure ambiguë (1961) de Cheikh Hamidou Kane avaient déjà abordé les déboires des étudiants africains à Paris, mais Gisèle Hountondji est la première à montrer ce que cela signifie que d’être femme et noire en France pendant les années 1970, après les indépendances des pays africains.
Son père, admiratif de la culture française et soucieux de la réussite de sa fille, lui avait vanté la France comme une terre d'accueil, de liberté et de civilisation. Lorsque l'héroïne s'y rend en 1972 pour poursuivre ses études, elle découvre une réalité bien différente. Elle souffre des marques de mépris lorsqu'elle recherche un logement ou s'inscrit à un cours de danse, des humiliations auxquelles s'ajoute la déception amoureuse quand elle s'aperçoit qu'elle ne compte en rien pour le jeune Français avec lequel elle entretient une relation[7]. La situation se dégrade lentement et la jeune femme, autrefois dynamique, perd pied et sombre dans la dépression[8].
Échaudée par son expérience, Gisèle Hountondji livre dans cet ouvrage un portrait sans concessions des Français. Selon Adrien Huannou, elle les perçoit comme « inhospitaliers, méprisants, brutaux et inhumains envers les Noirs et les Jaunes, égoïstes, ethnocentriques et prétentieux, racistes ». Même la science serait au service d'une idéologie raciste se manifestant jusque dans les amphithéâtres[4].

Autres écrits[modifier | modifier le code]

Gisèle Hountondji n'a pas publié d'autres livres et, à de multiples reprises, on l'interroge à sujet. Grande lectrice depuis l'enfance, mais désabusée, elle s'en explique ainsi : « Les Africains, surtout les Béninois, ne lisent pas[1] ».

En revanche elle s'exprime plus volontiers à travers des textes courts, tel ce billet « Mettez-vous au goût du jour, Madame la négresse : exprimez-vous en français ! » publié dans Peuples Noirs, Peuples Africains en 1988[9].
En 1996, elle produit une nouvelle, Daniel[10]. Au cours de l'année 2002, elle publie une série de chroniques dans le quotidien La Nouvelle Tribune, telles que Les bêtises de Napoléon[11], Les Béninois et leurs écrivains[12], Les délices de l'ombre[13] ou Si le CCF n'existait pas...[14].

Elle accepte en outre de participer à des ouvrages collectifs, par exemple Cotonou, regards sur une ville (2001[15]), et surtout La petite fille des eaux (2006), coordonné par Florent Couao-Zotti pour dénoncer le phénomène de vidomègon (les enfants-esclaves du Bénin). L'ouvrage comporte dix chapitres, chacun écrit par un auteur différent[16]. Gisèle Hountondji a rédigé le troisième[17].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Jocelyn Kotso Nathaniels, « L'entrée des femmes dans le monde littéraire béninois. Une prouesse à saluer », Amina, mai 2011, p. 77-78, [lire en ligne]
  2. Pierrette Herzberger-Fofana, Littérature féminine francophone d'Afrique noire : suivi d'un dictionnaire des romancières, Paris/Montréal (Québec)/Torino (etc.), l'Harmattan, , 570 p. (ISBN 2-7384-9905-8 et 978-2-7384-9905-9, OCLC 47238341, lire en ligne)
  3. Femmes écrivains et littérature béninoise
  4. a et b Huannou 1994, p. 134.
  5. « Gisèle L. Hountondji : “Être écrivain n'est pas un mérite, c'est un don, une passion, un talent” », racontarsdelectures.com, 7 avril 2018 [1]
  6. Une citronnelle dans la neige, Lomé, Les Nouvelles Éditions Africaines, 1986, 188 p. (ISBN 2909238075)
  7. Ajoke Mimiko Bestman, « Le womanisme et la dialectique d’être femme et noire dans les romans de Ken Bugul et Gisèle Hountondji », Littérature, Langues et Linguistique, vol. 2, no 2, 2014, p. 6-10[lire en ligne]
  8. Beverley Ormerod et Jean-Marie Volet, Écrits autobiographiques et engagement : le cas des Africaines d'expression française, The French Review, vol. 69, no 3, February 1996, p. 437, [lire en ligne]
  9. Peuples Noirs Peuples Africains, nos 59-62, 1988, p. 59-63, [lire en ligne]
  10. Daniel, une nouvelle de Gisèle Hountondji, 1996, [lire en ligne]
  11. La Nouvelle Tribune, no 118, 8 mai 2002, p. 2, [lire en ligne]
  12. La Nouvelle Tribune, no 168, 16 août 2002, p. 2, [lire en ligne]
  13. La Nouvelle Tribune, no 177, 29 août 2002, p. 2, [lire en ligne]
  14. La Nouvelle Tribune, no 202, 3 octobre 2002, p. 2, [lire en ligne]
  15. Émile Ologoudou (et al.), Cotonou, regards sur une ville, Éditions Esprits libres, 2001, 249 p.
  16. Florent Couao-Zotti (Ch. 1), Agnès Adjaho (Ch. 2), Gisèle Hountondji (Ch. 3), Gniré Dafia (Ch. 4), Hodonou Eglosseh (Ch. 5), Anita Mariano (Ch. 6), Mireille Ahondoukpe (Ch. 7), Venance Mahougnon Sinsin (Ch. 8), Mahougnon Kakpo (Ch. 9), Adélaïde Fassinou (Ch. 10)
  17. Kouassi Claude Oboé, « La petite fille des eaux. Coordonné par Florent Couao-Zotti », Biscottes littéraires, [2]

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Camille Amouro, « Gisèle Hountondji, première romancière béninoise. Témoignage », in Musow, août 2000, [lire en ligne]
  • Ajoke Mimiko Bestman, « Le womanisme et la dialectique d’être femme et noire dans les romans de Ken Bugul et Gisèle Hountondji », Littérature, Langues et Linguistique, vol. 2, no 2, 2014, [lire en ligne]
  • Florent Couao-Zotti, « Le roman féminin béninois : deux pelées, trois quidamettes... », Courrier des Afriques, 6 août 2015 [lire en ligne]
  • Philippe Hado, « Une citronnelle dans la neige », Amina, no 197, Novembre 1986, p. 22 (interview)
  • « Gisèle Hountondji, première écrivaine béninoise : remontée contre le racisme ! », La Nation, 1er avril 2015, [3]
  • Adrien Huannou, Anthologie de la littérature féminine d'Afrique noire francophone, Bognini, , 347 p..
  • Jocelyn Kotso Nathaniels, « L'entrée des femmes dans le monde littéraire béninois. Une prouesse à saluer », Amina, mai 2011, p. 77-78, [lire en ligne]
  • Beverley Ormerod et Jean-Marie Volet, Romancières africaines d'expression française: le sud du Sahara, L'Harmattan, 1994, 159 p. (ISBN 9782738422057)
  • Beverley Ormerod et Jean-Marie Volet, Écrits autobiographiques et engagement : le cas des Africaines d'expression française, The French Review, vol. 69, no 3, February 1996, p. 426-444, [lire en ligne]
  • Pierrette Herzberger-Fofana, Littérature féminine francophone d'Afrique noire : suivi d'un dictionnaire des romancières, Paris/Montréal (Québec)/Torino (etc.), l'Harmattan, , 570 p. (ISBN 2-7384-9905-8 et 978-2-7384-9905-9, OCLC 47238341, lire en ligne).

Liens externes[modifier | modifier le code]