Found footage
Found footage est le terme anglais (littéralement « enregistrement trouvé ») qui désigne la récupération de métrages de pellicules impressionnées ou de bandes vidéos dans le but de fabriquer un autre film. On parle ici de remploi (en anglais : reappropriation), de recyclage ou de détournement de matériaux vidéos.
Sommaire
Dans le cinéma d'avant-garde[modifier | modifier le code]
Cette pratique s'inscrit dans la lignée de celle du centon, en littérature, et dans celle de la spolia, en architecture. Elle est utilisée dans le cinéma expérimental depuis le lettrisme, en France, et, plus particulièrement avec le Traité de bave et d'éternité, d'Isidore Isou (1951), et les travaux de Bruce Conner aux États-Unis, notamment A Movie (1958). Certaines formes de détournements ont une ampleur politique et peuvent prêter à confusion, agrégeant des formes de théorie du complot[1].
Définition[modifier | modifier le code]
L'esthétique found footage — manière prise ici comme élément dramaturgique à l'intérieur d'une construction fictionnelle — est utilisée par les réalisateurs de faux documentaires et de films d'horreur, auxquels elle confère une dimension hyperréaliste ou du moins vériste : la plupart du temps, ces productions fabriquent elles-mêmes leurs found footages.
Cinéastes qui utilisent cette technique[modifier | modifier le code]
- Paco Plaza
- Martin Arnold
- Craig Baldwin[2]
- Yann Beauvais
- Dietmar Brehm[3]
- Frans Buyens pour son film Combattre pour nos droits (1962)
- Pierre Carles
- Abigail Child[4]
- Bruce Conner
- Joseph Cornell
- Gustav Deutsch
- Frédérique Devaux
- Guy Debord
- Peter Delpeut
- François Descraques pour sa série Dead Landes
- William Farley
- Cécile Fontaine
- Paolo Gioli
- Gerda Johanna Cammaer[5]
- Barbara Hammer
- Birgit Hein[6]
- Isidore Isou
- Ken Jacobs
- Peter Kubelka pour son film Dichtung und Wahrheit (2003)
- Standish D. Lawder
- Maurice Lemaître
- Mara Mattuschka
- Bill Morrison
- Matthias Müller[7]
- Vivian Ostrovsky
- Pier Paolo Pasolini (voir La Rabbia)
- Jürgen Reble
- David Rimmer
- Johannes Rosenberger
- Stephan Sachs
- Keith Sanborn
- Sharon Sandusky
- Philip Solomon
- Henri Storck pour son film Histoire du soldat inconnu (1931)
- Chick Strand
- Peter Tscherkassky
- Leslie Thornton
- François Uzan pour sa série Dead Landes
- Johanna Vaude
- Philippe Lacheau
- M. Night Shyamalan pour son film The Visit
- Yervant Gianikian et Angela Ricci Lucchi
Dans le cinéma fantastique[modifier | modifier le code]
Caractéristiques[modifier | modifier le code]
Souvent spécifique à l'horreur[8],[9], il consiste à présenter une partie ou la totalité d'un film comme étant un enregistrement vidéo authentique, la plupart du temps filmé par les protagonistes de l'histoire[8],[9].
Ce genre se caractérise par ses images prises sur le vif, par sa caméra faisant intégralement partie de l'action et par sa qualité visuelle et sonore volontairement dégradées[9].
Le found footage, dont les prémices remontent au moins aux années 1960-1970 avec les films de Peter Watkins[10] (La Bombe, Punishment Park,...) ainsi qu'à Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato en ce qui concerne l'horreur[10], a été popularisé par le succès du Projet Blair Witch en 1999, avant de connaître un net regain de notoriété à la fin des années 2000, avec des films comme REC (2007), Cloverfield (2008) ou Paranormal Activity (2009), qui ont ouvert la voie à la première véritable vague de films du genre[8].
Un modèle économique à bas coût très lucratif[modifier | modifier le code]
Le coût de production des films found footage est très faible, d’où une rentabilité élevée en cas de succès public[8],[11]. Ainsi, Le Projet Blair Witch rapporte presque 250 millions de dollars dans le monde pour un budget initial d'environ 25 000 dollars[11],[12]. Plus récemment, Paranormal Activity réalise des bénéfices de 200 millions de dollars pour un budget initial de 15 000 dollars[11]. Les sommes économisées au moment du tournage permettent un budget plus conséquent pour la promotion des films[11].
Effets secondaires chez certains spectateurs[modifier | modifier le code]

Avec Le Projet Blair Witch, on se rend compte que le style particulier de tournage des films found footage provoque chez certains spectateurs des symptômes semblables au mal des transports (cinétose due aux films et autres vidéos)[13]. Pour le film Cloverfield en 2008, les cinémas américains AMC Theaters installent des messages à l'entrée des salles de projection pour mettre en garde les spectateurs contre ces effets secondaires éventuels provoqués par le film[14],[15].
Notes et références[modifier | modifier le code]
- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Found footage (genre) » (voir la liste des auteurs)
- Voir Théories du complot à propos des attentats du 11 septembre 2001, où les enregistrements vidéo servent d'arguments pour appuyer de supposées thèses.
- (en) Linda Badley, Steven Jay Schneider, Traditions in world cinema Traditions in world cinema, Edinburgh University Press, 2006. (ISBN 0-7486-1863-5 et 9780748618637)
- Jean-Michel Bouhours, L'avant-garde autrichienne au cinéma: 1955-1993, Centre Georges-Pompidou, 1996. (ISBN 2858508852 et 9782858508853)
- (en) Robin Blaetz, Women's experimental cinema: critical frameworks, Duke University Press, 2007. (ISBN 0-8223-4044-5 et 9780822340447)
- https://vimeo.com/cammaer
- After the Avant-garde: Contemporary German and Austrian Experimental Film, extrait en ligne.
- Alphonse Cugier et Patrick Louguet, Impureté(s) cinématographique(s), L'Harmattan, 2007. (ISBN 2-296-02297-9 et 9782296022973)
- Olivier Bonnard, « Found footage, l’horreur à petit prix », sur L'Obs, (consulté le 27 décembre 2014).
- 10 "found footages" de l’angoisse à voir ou revoir avant Blair Witch, Alexandre Büyükodabas, Les Inrockuptibles, 23 septembre 2016
- (en)In Defence Of... Found Footage, the unfairly maligned horror subgenre, Matt Glasby, Digital Spy, 12 avril 2014
- Le film d’horreur américain, trop rentable pour survivre?, Romain Blondeau, Les Inrockuptibles, 30 janvier 2013
- Projet Blair Witch : la sorcière a 10 ans, Alexandre Hervaud, Libération, 16 juillet 2009
- (en)The Dizzy Spell of Blair Witch Project, Emily Wax, The Washington Post, 30 juillet 1999
- (en)Some can't stomach this film, Rong-Gong Lin II, Los Angeles Times, 24 janvier 2008
- Le film Cloverfield donne la nausée, Le Figaro, 24 janvier 2008
Voir aussi[modifier | modifier le code]
Bibliographie[modifier | modifier le code]
Ouvrages
- Frédérique Devaux, Le cinéma lettriste : (1951-1991), Volume 2 de « Classiques de l'avant-garde », éditions Paris expérimental, 1992. (ISBN 2950063527 et 9782950063526)
- Babysitting (film) , Babysitting 2
- Frédérique Devaux, "Traité de bave et d'éternité" de Isidore Isou, éditions Yellow Now, 1994. (ISBN 2-87340-107-9)
- Michèle Garneau, Hans-Jurgen Lüsebrink, Walter Moser, Enjeux interculturels des medias: Altérités, transferts et violences Transferts culturels, University of Ottawa Press, 2011 (ISBN 2760307204 et 9782760307209)
Presse
- Stéphane Delorme, « Found footage, mode d'emploi », Les Cahiers du cinéma, Hors-série n°4 (« Aux frontières du cinéma »), p. 90-92, janvier 2000.
Lien externe[modifier | modifier le code]
- Cartographie du Found Footage par Nicole Brenez, spécialiste du sujet.