Denyse Le Lasseur

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Denyse Le Lasseur
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Père
Albéric Charles Le Lasseur (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Marguerite de Janzé (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Denyse Le Lasseur, née le à Bénouville (Calvados) et morte le à Neuilly-sur-Seine, est une archéologue et orientaliste française.

Elle publie un ouvrage remarqué sur les déesses armées, grecques et orientales, et dirige des fouilles archéologiques à Tyr en 1921-1922.

Biographie[modifier | modifier le code]

Formation[modifier | modifier le code]

Denyse Le Lasseur naît le à Bénouville (Calvados)[1], dans une famille de la noblesse de Nantes. Petite-fille de Charles Alfred de Janzé[2], elle descend du banquier Joseph Perier[3].

Elle suit des cours d'arabe et de turc à l'École des langues orientales. Elle est l'élève de Charles Simon Clermont-Ganneau à l'École pratique des hautes études et au Collège de France[1],[4]. En 1924, elle établit l'index et la table des huit volumes du Recueil d'archéologie orientale de Charles Simon Clermont-Ganneau[5],[6] après avoir publié en 1923 sa notice nécrologique dans le Journal des débats[7].

Les déesses armées[modifier | modifier le code]

Denyse Le Lasseur est diplômée de l'École du Louvre[4]. Sa thèse d'École du Louvre porte sur Les déesses armées dans l'art classique grec et leurs origines orientales. Comparant Athéna et les déesses orientales, elle s'inspire à la fois de l'enseignement d'Edmond Pottier et de celui de Charles Simon Clermont-Ganneau[1]. Elle étudie les déesses grecques Athéna, Artémis, Aphrodite et Héra en tant que figures guerrières[8] et les compare avec les déesses Astarté, Atargatis, Athtart, Al-Lat et Ishtar[9]. Elle développe l'idée que la fonction guerrière est à relier au supposé matriarcat des sociétés primitives[8],[10].

Page de titre de Les déesses armées, 1919.

La qualité de ce travail est soulignée par la communauté scientifique[11]. L'association de la Revue des études grecques lui décerne une médaille d'argent pour cet ouvrage[10]. Pour Edmond Pottier, « ce volume [...] comptera parmi les livres utiles de mythologie antique »[8].

Archéologue à Tyr[modifier | modifier le code]

Elle fait partie des Français envoyés en mission archéologique en Syrie après la Première Guerre mondiale[1],[4],[12], spécialement chargée par Charles Virolleaud, directeur du service des Antiquités de Syrie, d'explorer la région de Tyr[13]. Elle obtient cette mission parce qu'Edmond Pottier la recommande à ses confrères. C'est le moment où les femmes deviennent un peu plus nombreuses parmi les archéologues en France. La presse souligne leurs exploits et Denyse Le Lasseur est comparée à la pionnière de l'archéologie Jane Dieulafoy. Le journal Comœdia évoque[11] « cette jeune et vaillante émule de Jane Delafoy »[14].

Denyse Le Lasseur accomplit deux campagnes de fouilles à Tyr en 1921-1922[1],[4], mais le site est relativement pauvre en vestiges antiques[1]. Elle arrive à Tyr en avril 1921 et fouille le tell el-Ma'shouq, à 2,5 km de la ville. Elle y découvre les vestiges d'un bâtiment et des tessons de poterie, des inscriptions et du mobilier divers. Elle organise aussi des fouilles à Djel el-'Amad, près de Tyr, où elle met au jour un hypogée doté d'une fresque ainsi que du mobilier. Elle prospecte également divers endroits des environs de Tyr. Elle rend compte des résultats de ces missions dans des articles publiés dans la revue Syria[15],[16]. Ils sont repris dans des articles de presse, par exemple dans Le Temps[17] ou dans Le Figaro[18].

Denyse Le Lasseur meurt le à Neuilly-sur-Seine[1].

Publications[modifier | modifier le code]

  • Les déesses armées dans l'art classique grec et leurs origines orientales, Paris, Hachette, , 380 p. (lire en ligne)[8],[9].
  • « Mission archéologique à Tyr (avril-mai 1921) », Syria. Archéologie, Art et histoire, vol. 3, no 1,‎ , p. 1–26 (DOI 10.3406/syria.1922.8813, lire en ligne).
  • « Mission archéologique à Tyr (avril-mai 1921) (Deuxième article) », Syria. Archéologie, Art et histoire, vol. 3, no 2,‎ , p. 116–133 (DOI 10.3406/syria.1922.8892, lire en ligne).

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f et g René Dussaud, « Denyse Le Lasseur », Syria - Archéologie, art et histoire, vol. 24, no 3,‎ 1944-1945, p. 289–290 (lire en ligne, consulté le ).
  2. Henri Frotier de La Messelière, Filiations bretonnes. 1650-1912. Volume 3, 1976
  3. « Nécrologie », Revue illustrée, vol. 38, no 20,‎ , p. 1 (lire en ligne).
  4. a b c et d Ève Gran-Aymerich, « Le Lasseur, Denise (1889-1945) », dans Les chercheurs de passé : 1798-1945. Aux sources de l'archéologie, Paris, CNRS éditions, , 2e éd. (1re éd. 2001), 1271 p. (ISBN 978-2-271-06538-4, lire en ligne), p. 933.
  5. Henri Dehérain, « Ch. Clermont-Ganneau . Recueil d Archéologie Orientale Tome VIII », Journal des savants, vol. 23, no 1,‎ , p. 41 (lire en ligne, consulté le ).
  6. René Dussaud, « Ch. Clermont-Ganneau. — Recueil d'Archéologie orientale, tome VIII, avec index général des volumes précédents. », Syria. Archéologie, Art et histoire, vol. 5, no 2,‎ , p. 158 (lire en ligne, consulté le ).
  7. Denyse Le Lasseur, « M. Clermont-Ganneau », Journal des débats,‎ , p. 4 (lire en ligne).
  8. a b c et d Edmond Pottier, « Mme Denyse Le Lasseur. Les Déesses armées dans l'art classique grec et leurs origines orientales », Journal des Savants, vol. 18, no 2,‎ , p. 86–87 (lire en ligne, consulté le ).
  9. a et b René Dussaud, « Denyse Le Lasseur. — Les déesses armées dans l'art classique grec et leurs origines orientales. », Syria. Archéologie, Art et histoire, vol. 1, no 1,‎ , p. 77–77 (lire en ligne, consulté le ).
  10. a et b « Rapport de M. G. Dalmeyda, secrétaire, sur les travaux et les concours de l'année 1919-1920 », Revue des études grecques, vol. 33, no 154,‎ , p. 68–85 (lire en ligne, consulté le ).
  11. a et b Raphaëlle Rannou, « Exploratrices, collaboratrices, archéologues. Rôles et représentations des femmes dans l’archéologie orientale de la fin du XIXe siècle jusqu’à la Seconde Guerre mondiale », Intervention à la journée d'études Profession : Archéologue ? Femmes (et) archéologues, 2 décembre 2021 (vidéo), sur Nordoc'Archéo, (consulté le ).
  12. (en) Anick Coudart, « Archeology of French Women and French Women in Archeology », dans Margarita Diaz-Andreu, Marie Louise Stig Sorensen, Excavating Women : A history of Women in European Archeology, London - New York, Routledge, , 336 p. (ISBN 9781134727759, lire en ligne), p. 61-85.
  13. Charles Virolleaud, « Travaux du Service des antiquités de Syrie pendant l'année 1920-1921 », Comptes rendus de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, vol. 65, no 3,‎ , p. 298–299 (DOI 10.3406/crai.1921.74492, lire en ligne, consulté le ).
  14. A. G., « L'oeuvre de nos archéologues en Syrie », Comoedia,‎ , p. 3 (lire en ligne).
  15. Denyse Le Lasseur, « Mission archéologique à Tyr (avril-mai 1921) », Syria. Archéologie, Art et histoire, vol. 3, no 1,‎ , p. 1–26 (DOI 10.3406/syria.1922.8813, lire en ligne, consulté le ).
  16. Denyse Le Lasseur, « Mission archéologique à Tyr (avril-mai 1921) (Deuxième article) », Syria. Archéologie, Art et histoire, vol. 3, no 2,‎ , p. 116–133 (DOI 10.3406/syria.1922.8892, lire en ligne, consulté le ).
  17. « Académie des inscriptions et belles-lettres », Le Temps,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  18. Ch. Dauzats, « Académie des inscriptions. Sur les pas de Renan », La Figaro,‎ , p. 2 (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notices biographiques[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]