Aller au contenu

Crise de la livre sterling de 1976

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Historique de l'inflation au Royaume-Uni
Taux de change GBP/USD

La crise de la livre sterling de 1976 est une crise monétaire intervenue au Royaume-Uni dans le sillage de la grève des mineurs britanniques de 1974, de la guerre du Kippour et du premier choc pétrolier.

L'inflation culmine à 28% dès août 1975 puis reste très élevée, à 24,2% en novembre 1975, avant de diminuer seulement au début de l'année 1976, après des accords avec les syndicats pour contenir les hausses de salaire. Cette situation entraîne un pic historique des rendements obligataires et des coûts d'emprunt du pays, mais aussi un déficit de la balance des paiements et un déficit public majeur[1]. L'origine la crise remonte en partie au budget conservateur de 1972 « dépenses pour la croissance » qui a déclenché le cycle d’inflation[2], ainsi qu'aux hausses de salaires entrainées par la grève des mineurs britanniques de 1974, mais son facteur principal est le quadruplement du coût de l'énergie causé par le premier choc pétrolier à l'hiver 1973-1974.

Le chef du gouvernement travailliste Harold Wilson démissionne le 16 mars, lendemain de la décision de son homologue français Jacques Chirac de sortir du Serpent monétaire européen. Il est remplacé par James Callaghan qui doit emprunter fin septembre au Fonds monétaire international (FMI) 3,9 milliards de dollars[3], montant inégalé à l'époque[4], afin de reconstituer des réserves de change nécessaires pour maintenir la valeur de la livre sterling[1], mais dont seulement une partie sera utilisée.

Contexte et prémices[modifier | modifier le code]

Budget 1972 d'Anthony Barber[modifier | modifier le code]

En 1973, le Royaume-Uni était entré dans la CEE, ancêtre de l'Union européenne. Il connaît alors déjà les prémices d'un cycle d'inflation dont le déclenchement est attribué au budget préparé par le ministre de l'économie, Anthony Barber, pour l'année 1972.

Ce budget, conçu fin 1971 pour permettre aux conservateurs, impopulaires, de rester au pouvoir lors d'élections attendues en 1974 ou 1975, a permis une brève période de croissance connue sous le nom de « boum de Barber », encourageant une spirale salaires-prix accentuée par deux grèves des mineurs victorieuses, début 1972 et début 1974, mais aussi par une forte inflation et une dépréciation de la livre sterling, qui culminera avec la crise de 1976[2].

Contraint d'introduire des mesures anti-inflationnistes, Anthony Barber crée une commission sur les prix et un conseil des salaires et les conservateurs perdent les élections générales de février 1974 face au Parti travailliste d'Harold Wilson, sur fond d'une exceptionnelle crise obligataire de 1974. Le marché des emprunts d'Etat s'effondre en mars, juin et octobre[5].

L'inflation atteint ensuite 24,2% sur l'année 1975[6].

Obligations britanniques 1960-2022. Le rendement des emprunts publics pour financer la dette publique (obligations à 10 ans) a augmenté jusqu'à atteindre plus de 15 % dans les années 1970 et au début des années 1980.

Premier choc pétrolier[modifier | modifier le code]

L'l’Égypte a traversé en octobre 1973 le canal de Suez pour reprendre à l'Etat d'Israël la péninsule du Sinaï et ' à , le prix du baril a quadruplé, passant de 2,59 à 11,65 dollars[7] ce qui déclenche pour la Grande-Bretagne un choc économique grave[8].

A l'exception des Etats-Unis, la récession déclenchée par le premier choc pétrolier fut "marquée dans tous les pays par la poursuite de la croissance du salaire horaire réel, à un rythme parfois élevé". Des économistes ont tenté d'étudier "le poids de différents facteurs dans la genèse de l'inflation" observée aussi en France en 1975 et l'année suivante, en particulier par "l'interprétation des écarts observés entre les taux d'inflation enregistrés dans divers pays (USA, Allemagne, Pays-Bas, Japon, Italie)"[9].

La Grande-Bretagne fut un allié de longue date d'Israël dans le conflit israélo-arabe[10],[11]. En 1967, le canal de Suez, par lequel transitait 20% de tout le trafic pétrolier, avait été fermé pendant huit ans à la suite de la guerre des Six Jours, Israël occupant la péninsule du Sinaï, d'où un embargo pétrolier de quelques mois.

Divisions syndicales et travaillistes[modifier | modifier le code]

Le déclenchement du premier choc pétrolier fin octobre 1973 a été suivi le 12 novembre par le déclenchement de plus grande grève des mineurs britanniques de l'histoire, qui espère faire diminuer les stocks de charbon comme lors de la grève des mineurs, appuyée par un vote majoritaire des mineurs à bulletins secrets et le soutien symbolique de 40000 manifestant étudiants[12], qui s'était achevée le 28 février 1972 par des salaires augmentés de 20%. Le tribunal d'enquête sur le retard accumulé par les rémunérations des mineurs depuis plusieurs années[13], confié au magistrat Lord Wilberforce et son rapport publié le 18 février, après seulement une semaine[14], avait permis la reprise du travail et légitimé la grève[13].

Depuis l'échec de la grève sauvage des mineurs de 1969, le syndicalisme anglais est cependant divisé et à l'hiver 1973-1974 le gouvernement conservateur d'Edward Heath décide cette fois de faire durer le bras de fer pour se poser en rempart contre la minorité communiste menée par Arthur Scargill, ex-animateur de la grève sauvage de 1969. Estimant qu'une minorité syndicale prend le pays en otage et impose sa loi, il décide rapidement des restrictions d'énergies impopulaires, qui destabilise les autres industries, puis convoque les élections générales britanniques de février 1974, qu'il perd, de façon imprévue. La grève des mineurs britanniques de 1974 semble ainsi un acté héroïque qui a fait tomber un gouvernement hostile aux syndicats. Mais une large partie des électeurs se tourne aussi vers le Parti libéral, qui monte à 19% contre 7,5% en 1970. Sans lui, le nouveau Premier ministre travailliste Harold Wilson n'a pas de majorité. Subissant 17 votes négatifs entre mars et septembre, il dissout la Chambre des communes. Le Parti libéral, se maintient à 18% lors des élections anticipées d'octobre 1974, à nouveau perdues par les conservateurs mais où les travaillistes n'ont qu'une majorité fragile de 5 sièges, qui va s'étioler lors d'élections anticipées.

L'année suivante, en 1975, l'envol de l'inflation, qui connait une pointe à 27 % en août 1975[15],[16], puis reste encore à 25,2% en novembre 1975, surprend par son ampleur un gouvernement travailliste qui avait trouvé un accord avec les syndicats pour contenir les revendications salariales, fragilisant ce consensus et donnant des arguments aux réticences de l'aile gauche du mouvement syndical à accepter ces restrictions. Les divisions, qui se confirment au sein du monde syndical et travailliste, seront ensuite suivies de très près par la spéculation au cours de l'année 1976.

Serpent européen et accords de la Jamaïque[modifier | modifier le code]

La crise démarre quelques semaines après l'assouplissement du régime de changes international décidé par les accords de la Jamaïque signés à Kingston les 7 et , au Comité intérimaire du Fonds monétaire international (FMI). Cette abolition définitive au système monétaire de parités fixes est présenté en Angleterre, "comme le plus apte à sauvegarder, à la fois, le volume du commerce mondial et les choix économiques et sociaux internes"[17], compte tenu de la création du serpent monétaire (1972-1978) qui est censé suppléer à la fin des accords de Bretton Woods et vise à limiter les fluctuations de taux de change entre les pays membres de la Communauté économique européenne[18].

Jugeant la livre surévaluée[19], le gouvernement travailliste a "discrètement demandé à la Banque d’Angleterre d’intervenir"[19] pour la faire baisser et a diminué les taux d’intérêt. Mais comme les réserves de change, en hausse jusque-là, ont commencé à plonger en mars 1976[19] sur fond de destabilisation générale du serpent monétaire, cela a déclenché "une panique sur les marchés et à un effondrement de la livre"[19].

Vision naïve du recyclage des pétrodollars[modifier | modifier le code]

Au cours des années 1974 et 1975, Londres a porté "une attention inquiète" au problème des pétrodollars[17], terme désignant les énormes excédents financiers résultant du quadruplement des recettes des pays producteurs après le premier choc pétrolier, placés dans des banques occidentales. Le Trésor britannique estime d'abord que "l'accumulation" des pétrodollars, constitue une "menace supplémentaire de perturbations monétaires"[17], en plus de contribuer à "une importante diminution du pouvoir d'achat mondial", par la ponction sur les revenus des pays consommateurs[17], même si "la masse des pétrodollars" se révèle "sensiblement inférieure au solde commercial de l'ОРЕР"[20].

Le chancelier de l'échiquier du gouvernement travailliste Denis Healey a ainsi d'abord présenté un plan de recyclage des pétrodollars, en partie repris par le FMI en 1975[17], mais Londres a ensuite dès 1976 sous-estimé ce problème, jugeant qu'il avait "perdu de son acuité"[17], en se réjouissant plutôt que la Grande-Bretagne ait pu "augmenter de 95 %", soit plus que prévu[17], ses exportations aux pays producteurs de pétrole au cours de l'année 1995[17], espérant que ce soutien à la balance commerciale soutiendrait aussi sa monnaie. Ainsi, des mesures protectionnistes finalement adoptées le 17 décembre 1975 sont très timorées, tandis que ces exportations mirifiques chutent lors de l'hiver 1975-1976[20]. En janvier 1975, le pétrole de Mer du Nord étant prometteur, Londres avait exigé 51% des nouvelles sociétés, mais quand il commence à arriver à terre, en Écosse, à l'été le calendrier des recettes fiscales attendues est reporté dans le temps, l'échéance des flux importants étant repoussée à 1980[21].

Côté OPEP, la spéculation a vite succédé à l'investissement durable: de 1974 à 1977 le flux net d'excédents placés dans les pays de l'OCDE en investissements immobiliers et titres financiers a dépassé 15 milliards de dollars par an[20], principalement en titres et en dépôts dans les eurobanques de Londres[20], d'une "extrême liquidité"[20]. Dans cette masse financière, la spéculation sur le marché des changes est devenue plus intéressante que le placement en actions et obligations, en raison du bond de l'inflation et des opportunités offertes par le serpent monétaire européen.

Déroulement[modifier | modifier le code]

Crise du serpent monétaire européen de janvier à mars[modifier | modifier le code]

La crise a lieu en deux temps[22], le printemps et l'automne. Elle atteint son premier paroxysme quand le Premier ministre travailliste Harold Wilson annonce le , lors d'une conférence de presse retransmise à la télévision, sa démission imminente[23], ce qui surpris la plupart des observateurs, d'autant qu'il quitte aussi son poste de chef du Parti travailliste. Cette démission a lieu lors du rejet du livre blanc sur les dépenses publiques par la Chambre des communes en mars 1976.

La chute de la livre, qui "flotte en dehors du serpent monétaire européen"[24] malgré l'adhésion anglaise à la CEE en 1973, consolidée par le référendum de 1976, est est encouragée par des taux d'intérêt restés relativement modérés[24] pour ne pas aggraver l'effet récessif de la politique des revenus mise en place depuis l'été 1975. Cette chute fait suite à celles de la lire[24] puis du franc français[24] au cours de l'hiver 1975-1976, notamment en janvier-février[24]. Elle est d'abord combattue par les banques centrales[24], car elle "précipite une nouvelle dépréciation de la lire italienne"[24] puis, le 5 mars une attaque des marchés financiers contre le franc français et le franc belge, mais aussi la couronne danoise[24]. La France se retire ainsi du serpent monétaire européen le 15 mars 1976[24], veille des élections cantonales en France, perdues par la majorité[24] et suivies d'un discours du président français qui souhaite toujours relancer la croissance[24].

Premier paroxysme de la crise en juin[modifier | modifier le code]

Après la démission d'Harold Wilson le 16 mars, de nombreux investisseurs sont convaincus que la sterling va bientôt voir sa valeur se réduire en raison de l'inflation. En juin 1976, sa faiblesse devient record par rapport au dollar[4], mais le congrès national interprofessionnel des syndicats calme le jeu en soutenant les mesures d'austérité.

Il a lieu du 17 au 20 juin 1976[25]. Le syndicat des transports et la fédération des mineurs, deux composantes-clé du TUC, congrès interprofessionnel des syndicats anglais, acceptent de respecter le nouveau plafond d'augmentation des salaires[21] et le 13 juillet la livre est remontée proche de 1,805 dollar contre 1,70 dollar en juin[25]. Un nouveau paroxysme aura lieu cependant au cours du mandat de James Callaghan comme Premier ministre, qui amène la Banque d'Angleterre à se retirer temporairement des interventions traditionnelles sur le marché des changes[26].

Second paroxysme de la crise en septembre[modifier | modifier le code]

Un autre rendez-vous important est cependant attendu après l'été avec le congrès travailliste de Blackpool. Entre-temps, la France s'est convertie à la rigueur: le Premier ministre Jacques Chirac a démissionné en août 1976[24] et son successeur va comprimer la demande finale, ce qui risque d'affaiblir le projet anglais de rééquilibrer la balance commerciale en exportant plus vers ses principaux voisins, parmi lesquels la France[24]. Dès août 1976, Valéry Giscard d'Estaing déclare que combattre l'inflation à long terme est devenu le premier objectif[24] et le 23 septembre Raymond Barre va jusqu'à annoncer un blocage des prix[24] de trois mois et demi, à leur niveau du 15 septembre et jusqu'au 31 décembre[24], pierre angulaire du "Plan Barre" qui promet par ailleurs des "réformes structurelles"[24].

Le Monde du 30 septembre 1976 observe que l'Angleterre s'est, elle, "lancée courageusement dans une politique des revenus, ses syndicats acceptant de voir les salaires progresser moins vite que les prix"[27] mais qu'une nouvelle chute de la livre a pris le 29 septembre "de telles proportions que la Banque d'Angleterre a dû se résigner à intervenir" sur le marché des changes[27], après le congrès travailliste de Blackpool où les militants du parti au pouvoir n'ont pas soutenu ce virage[27]. Il rappelle à ce sujet l'accord conclu par le gouvernement Callaghan avec les syndicats et le patronat pour "réduire à environ 10 % la progression des salaires au cours des douze mois à venir"[27] mais qu'il suffit qu'un syndicat de branche ou d'entreprise "s'écarte du consensus" pour que l'ensemble de cette politique "paraisse remise en cause"[27]

L'OCDE observe ainsi qu'il y a eu "deux crises de la livre dans le courant de l'année" 1976[22] et prévoit au début de l'année suivante que de 16,5 % en 1976[22] le taux d'inflation britannique, "paraît devoir rester supérieur à 10 % pendant la majeure partie de l'année"[22], dans la mesure où le pétrole de la mer du Nord n'aura un effet bénéfique sur la balance des paiements courants" que plus tard, après avoir été "proche de zéro en 1975", même s'il "atteindra près de 8 milliards de dollars en 1980 et presque 12 milliards en 1985"[22].

La crise pétrolière de 1973 a provoqué une hausse du prix du Brent.

Conditions et rôle du prêt du FMI[modifier | modifier le code]

Le FMI assortit son prêt accordé en septembre de conditions drastiques que le gouvernement britannique doit remplir au plus vite. Il impose un plafond de 5 % à l'augmentation des salaires pour lutter contre la forte inflation, et impose la compression des dépenses sociales et de santé, plafonnées ou réduites[28]. Cette réduction des dépenses publiques a ensuite "fait exploser le chômage et le mécontentement social", indisposant une opinion publique qui n'a ensuite "pas pardonné au Labour cette humiliation d'une nation jadis glorieuse soudain ramenée au rang d'Etat bananier"[29].

Mais selon les économistes, le changement de politique du gouvernement britannique "avait déjà été largement amorcé avant l’arrivée des experts du FMI[30]. Et avant le prêt du FMI en septembre, les Banques centrales avaient apporté au printemps les facilités de crédit permettant de faire face à la crise monétaire sans avoir à intervenir sur le marché des changes.

La livre sterling jouissait encore avant cette crise "du statut de monnaie de réserve"[30] même si cette monnaie avait abandonné l'étalon-or dès 1967 et subi dans la foulée "une forte dévaluation"[31]. En 1976, le rôle du FMI a été "primordial" dans le processus de rétablissement dans "la confiance" dans cette monnaie[30] mais les représentants des pays qui allaient bientôt former le Groupe des Dix et la BRI ont aussi "joué un rôle très important"[30].

Conséquences[modifier | modifier le code]

Stabilisation économique[modifier | modifier le code]

Le prêt du FMI a permis de stabiliser l'économie du Royaume-Uni tout en mettant en œuvre des coupes budgétaires drastiques. Entre les années fiscales 1976-1977 et 1978-1979, le besoin public de financement sera ramené à 5 % du PIB[32], au prix d'une stratégie de "couper dans les dépenses publiques afin de museler l'inflation", qui vise aussi à tenter de "doper l'export"[32].

L'économie se tourne plus vers l'exportation: en 1976, les exportations britanniques vers la France ont ainsi augmenté rapidement, "entraînant ainsi une réduction très nette de l'excédent français", constate en janvier 1977 [33], le Premier ministre français Raymond Barre, qui de son côté a bloqué les prix à partir de par le "plan Barre".

Seule la moitié du prêt fut effectivement utilisée par le gouvernement britannique, Denis Healey, estimant que la principale raison pour laquelle le prêt devait être demandé était que les montants des besoins d'emprunt du secteur public fournis par le Trésor britannique étaient largement surestimés[34]. La totalité du prêt était remboursée le 4 mai 1979[35] au lendemain des élections générales.

Division de la gauche[modifier | modifier le code]

Début 1977, on constate cependant dans les usines anglaises "une opposition croissante à une troisième année de restrictions qui ferait suite à celle se terminant à la fin de juillet 1977", car il n'y a pas eu d'accord d'échelle mobile depuis la fin des "seuils d'augmentation " de 1974, les salaires n'ayant en conséquence "pas progressé aussi vite que les prix"[36]. Les chiffres montrent une augmentation "de 0,5%" des salaires "entre juillet et décembre 1976", pour "une hausse des prix de 11 %"[36]. Malgré la sécurité apportée par le prêt du FMI, le Parti travailliste avait déjà commencé à se diviser en camps social-démocrate et socialiste, provoquant d'âpres disputes au sein du parti et avec les syndicats.

Grèves de 1978-1979[modifier | modifier le code]

Devenu impopulaire, le gouvernement travailliste de James Callaghan est affaibli aussi sur le front social au moment de l'hiver du mécontentement. Lancées dès , des grèves générales progressivement devenues impopulaires vont durer jusqu'en janvier-février 1979 et déstabiliser le gouvernement travailliste, contraint à la démission en , quelques mois avant l'échéance d'octobre 1979, soit les quatrièmes élections générales convoquées par anticipation pour cause de situation sociale tendue, après celles de 1966, 1970 et les deux scrutins de l'année 1974.

Certains pensent que la crise de la livre sterling et le plan de sauvetage du FMI pourraient avoir contribué de manière significative à la victoire des conservateurs de Margaret Thatcher en 1979[37].

Comparaison avec la crise des subprime de 2008-2009[modifier | modifier le code]

La livre sterling a perdu en 1975-1976 un tiers de sa valeur en moins de deux ans, pour tomber à 1,60 dollar et connaîtra à nouveau une dépréciation de cet ordre, à la fin des années 2000, vis-à-vis du dollar et de l'euro, au moment de la crise des subprime[32]. En 1976, le besoin public de financement s'élevait à 9 % du produit intérieur brut (PIB), niveau qui ne sera à nouveau approché dans ce pays que lors de l'année budgétaire 2009-2010[32]. Mais si en 1975, les salaires progressaient de 30 % par an pour une hausse des prix culminant à 25%, en 2008, ils n'augmentent plus que de 3 %[32].

Chronologie[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « UK – IMF Crisis of 1976 »
  2. a et b Steele, « INFLATION ECONOMICS: THE HEATH–BARBER BOOM, 1972–74 », Economic Affairs, vol. 30, no 3,‎ , p. 79–81 (DOI 10.1111/j.1468-0270.2010.02028.x, S2CID 152522190, lire en ligne)
  3. « Cabinet papers | IMF crisis » [archive du ], National Archives (consulté le )
  4. a et b « Sterling devalued and the IMF loan » [archive du ], The National Archives (consulté le )
  5. Le Bris 2011, p. 185.
  6. Thatcher la Dame de fer, par André Versaille, janvier 2012.
  7. (en) J. C. McVeigh, Energy around the world : an introduction to energy studies, global resources, needs, utilization, Pergamon Press, , p. 62.
  8. « Six-Day War | Definition, Causes, History, Summary, Outcomes, & Facts », dans Encyclopedia Britannica (lire en ligne)
  9. "Emploi, profit et inflation en 1975", article par Robert Boyer et Jacques Mistral, dans la revue économique en 1977 [1]
  10. Klinghoffer, « Soviet Oil Politics and the Suez Canal », The World Today, vol. 31, no 10,‎ , p. 397–405 (JSTOR 40394822, lire en ligne)
  11. Corbett, « Oil Shock of 1973–74 », Federal Reserve History (consulté le )
  12. "Y eut-il un « Mai 1968 » en Angleterre ?", par Marie Scot, dans la revue Histoire@Politique en 2008 [2]
  13. a et b "Syndicalisme et politique : les syndicats britanniques face au gouvernement conservateur, 1970-1974" par Jacques Leruez, dans la revue française de science politique en 1975 [3]
  14. Nécrologie, Daily Telegraph, 18 février 2003 [4]
  15. a et b François-Charles Mougel 2014, p. 354.
  16. a et b (en) David McKie, « Lord Healey obituary », sur www.theguardian.com, (consulté le ).
  17. a b c d e f g et h "La Grande-Bretagne : une participation réticente", par Françoise De La Serre, dans la Revue française de science politique en 1976 [5]
  18. Bruno Colmant, En 1973, la catastrophe de l'emprunt Giscard, lecho.be, 23 mars 2018
  19. a b c et d "Le revirement du gouvernement britannique face aux marchés : une perspective historique", 'The Conversation 4 octobre 2022, [6]
  20. a b c d et e "Les pétrodollars. Une réserve liquide en voie d'assèchement" par Philippe Aroyo et Monique Fouet, dans la Revue de l'OFCE, en 1985 [7]
  21. a b c et d Le Monde du 22 juin 1976[8]
  22. a b c d et e "Une nouvelle année difficile pour la Grande-Bretagne estime l'OCDE", dans Le Monde du 19 mars 1977 [9]
  23. (en) « 1976 : Prime Minister Harold Wilson resigns », sur www.news.bbc.co.uk (consulté le ).
  24. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s et t "Quand la France était libérale : chronique de politique économique, 1974-1981", par Patrick Fracheboud, aux Editions Economica en 1986 [10]
  25. a b c d et e Article par Peter Coffey, directeur di département des sciences économiques à l'Europa Institut de l'université d'Amsterdam, dans Le Monde du 13 juillet 1976 [11]
  26. Chris Rogers, The Politics of Economic Policy Making in Britain: A Re – assessment of the 1976 IMF Crisis, University of Warwick, , 17 p. (lire en ligne [archive du ])
  27. a b c d e f g et h Le Monde du 30 septembre 1976 [12]
  28. "Protection de l'enfance en France et en Angleterre, 1980-19893", par Anne Daguerre, page 118 [13]
  29. "Un remake de 1976, année noire, hante le Royaume-Uni", le 17 avril 2009 par Marc Roche, correspondant à Londres, du Monde [14]
  30. a b c et d "Crise de la livre sterling de 1976 et crédibilité" par Marie-Claude Esposito, dans la Revue française d'histoire économique en 2021 [15]
  31. Article par Jamie McGeever, pour Reuters, le 10 octobre 2016 [16]
  32. a b c d et e "Le Royaume-Uni revit le cauchemar de 1976" par Michael Prest, dans Le Monde le 16 décembre 2008 [17]
  33. Le Monde du 13 janvier 1977 [18]
  34. Joe Moran, « Defining Moment: Denis Healey agrees to the demands of the IMF », Financial Times,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  35. Healey Denis, The Time of my Life, Penguin, , 432 p. (ISBN 978-1842751541)
  36. a et b "La course entre les salaires et les prix continue dans toute l'Europe" par Eric Wigham dans Le Monde le 23 février 1977 [19]
  37. « 1976 government papers », BBC News,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  38. l’Arabie saoudite, le Koweït, l’Iraq, la Libye, Abou Dhabi, le Qatar et l’Algérie
  39. a et b "Le tournant de la politique des revenus" par DAVID SPANIER dans Le Monde le 7 octobre 1975 [20]
  40. Philippe Chassaigne et Roland Marx 2004, p. 491.
  41. Le Monde du 16 février 1976 [21]
  42. Le Monde du 11 mars 1976 [22]
  43. Philippe Chassaigne 2009, p. 264.
  44. Marc Roche, « Un remake de 1976, année noire, hante le Royaume-Uni », sur www.lemonde.fr, (consulté le ).
  45. (en) Michael White, « Denis Healey was one of the best prime ministers Britain never had », sur www.theguardian.com, (consulté le ).
  46. a et b Sylviane de Saint Seine 2017, p. 42.
  47. Philippe Chassaigne 2009, p. 250.
  48. Philippe Chassaigne 2018, p. 45.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Philippe Chassaigne, Histoire de l'Angleterre : Des origines à nos jours, Paris, Flammarion, coll. « Champs Histoire », , 640 p. (ISBN 9782081512740, présentation en ligne). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • François-Charles Mougel, Une histoire du Royaume-Uni : De 1900 à nos jours, Paris, Perrin, coll. « Synthèses Historiques », , 576 p. (ISBN 978-2-262-04427-5, présentation en ligne, lire en ligne).
  • Burk, Kathleen . «Crise du FMI de 1976». (1989) : 39-45.
  • Ludlam, Steve. « Les gnomes de Washington : quatre mythes de la crise du FMI de 1976. » Études politiques 40.4 (1992) : 713-727.
  • Wass, Douglas. Du déclin à la chute : l'élaboration de la politique macroéconomique britannique et la crise du FMI de 1976. Presse universitaire d'Oxford, 2008.