Ciné-Archives

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Ciné-Archives est une association loi de 1901 créée en 1998, dont la mission est de conserver et valoriser le patrimoine audiovisuel du Parti communiste français et du mouvement ouvrier.

Fonds d'archives[modifier | modifier le code]

Au début des années 1930, plusieurs composantes du mouvement ouvrier (Parti communiste, CGT, Secours populaire, mais aussi des municipalités ouvrières) se lancent dans la production et la distribution de films, destinés à alerter et convaincre l'opinion. Cette production cinématographique militante prend véritablement son essor pendant le Front populaire, quand l'afflux d'adhésions amène à la fois des liquidités pour financer les films, et un vivier de professionnels du cinéma prêts à travailler bénévolement pour leur parti ou leur syndicat (à l'instar d'Henri Alekan[1], Jean-Paul Le Chanois[2], Jacques Becker, et de très nombreux techniciens du film). Plusieurs structures comme Ciné-Liberté et Les Films Populaires œuvrent ainsi de 1936 à 1939 pour produire et assurer la diffusion de ces films dans les ciné-clubs et circuits militants[3], notamment à La Bellevilloise. Le film le plus emblématique de cette première époque est sans doute La Vie est à nous, œuvre réalisée collectivement sous la direction de Jean Renoir pour appuyer la campagne électorale du PCF aux élections législatives de 1936[4],[5].

Après-guerre, de nouvelles structures voient le jour : la Coopérative de Production et de Distribution de Film (CPDF) et Procinex notamment. Une nouvelle génération de cinéastes et monteurs prend la relève ; les débutants Robert Ménégoz, René Vautier, Raymond Vogel côtoient des réalisateurs plus installés comme Louis Daquin[6], figure officielle de ce cinéma "de Parti"[7].

Après un creux dans les années 1960, la production de films communistes trouve un nouveau souffle avec l'émergence après 1968 de Dynadia, puis en 1971 d'Uni/Ci/té[8], société de production audiovisuelle du PCF jusque dans les années 1980. On trouve parmi les acteurs de ce nouvel âge du cinéma communiste Marcel Trillat[9], Paul Seban, Jean-Patrick Lebel, Bruno Muel, Jean-André Fieschi, Bernard Eisenschitz, Miroslav Sebestik, Jacques Bidou....

À partir des années 1980, la nature même des films produits par le PCF change : il ne s'agit plus de films conçus pour des projections, mais plutôt de reportages destinés à la télévision (comme les cases consacrées aux formations politiques, Tribune Libre et Expression directe). Aujourd'hui, le secteur Communication du PCF continue de tourner des vidéos, destinées à être diffusées sur Internet.

Le fonds est enrichi régulièrement par les dépôts de cinéastes amateurs[10]. Ciné-Archives fait partie du réseau Inédits, qui regroupe les cinémathèques européennes conservant des films amateurs[11].

Activité[modifier | modifier le code]

Au sein d'Uni/Ci/té voit le jour un secteur Archives, animé par Claude Thiébaut. C'est lui qui entreprend d'inventorier les films produits par les différentes composantes du mouvement ouvrier depuis les années 1930, éparpillées dans divers entrepôts et laboratoires. Dans les années 1980, Claude Thiébaut fonde sa propre société, Zoobabel, pour poursuivre le travail de redécouverte de cette filmographie[12].

Depuis 1998, l'association Ciné-Archives a pris le relais de cette activité, et met à disposition du public, des chercheurs et des documentaristes son fonds d'archives audiovisuelles. Des partenariats sont noués avec le Centre National du Cinéma (direction du Patrimoine) pour la sauvegarde et la restauration des films nitrates, avec les Archives départementales de la Seine-Saint-Denis pour la conservation des supports argentiques, vidéos et numériques. Les films sont visibles sur le site Internet de l'association, mais aussi dans différents lieux partenaires comme les Archives Départementales de la Seine-Saint-Denis, la BNF ou le Forum des Images.

En 2015, Ciné-Archives édite avec la coopérative audiovisuelle Les Mutins de Pangée un livre-DVD autour du cinéma produit par le journal l'Humanité. : La Terre Fleurira, 50 ans de cinéma du journal l'Humanité[13].

En 2016, le coffret sur l'histoire du cinéma militant du Front populaire, comprenant 3 DVD, La Vie est à nous, Le Temps des cerises et autres films du Front populaire, reçoit le prix curiosité 2016 (catégorie DVD / Blu-Ray) par le Syndicat Français de la Critique de Cinéma[14].

Filmographie sélective[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Céline Barthonnat, L’expérience Unicité ou l’émergence de la communication audiovisuelle du Parti communiste français (1968-1976), in Françoise Blum, Des radios de lutte à Internet. Militantismes médiatiques et numériques, Publications de la Sorbonne, 2012,(lire en ligne).
  • Jean-Pierre Bertin-Maghit, Une histoire mondiale des cinémas de propagande, Nouveau Monde Editions, 2008, (ISBN 978-2-84736-260-2)
  • Julie Cazenave, « Une archive, des films et le Front populaire. Quelques notes après une année commémorative bien remplie », Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique, no 103,‎ (lire en ligne)
  • Bernard Eisenschitz, La Vie est à nous, film d'actualité, in La Vie est à nous, Le Temps des cerises et autres films du Front populaire, Ed. Ciné-Archives, 2016
  • Pauline Gallinari, Les communistes et le cinéma : France, de la Libération aux années 60, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 299 p. (ISBN 978-2-7535-4103-0).
  • Jacques Girault, La Terre fleurira. Le Parti communiste et le cinéma au début des années 1950, Presses universitaires de la Sorbonne, 2002
  • Sébastien Layerle, Caméras en lutte en mai 68 : « par ailleurs le cinéma est une arme », Paris, Nouveau monde éd., coll. « Nouveau monde éd. », , 633 p. (ISBN 978-2-84736-334-0).
  • Pascal Ory, La Belle Illusion : culture et politique sous le signe du Front populaire, 1935-1938, Paris, Plon, coll. « Civilisations et mentalités », , 1033 p. (ISBN 2-259-02683-4).
  • Laurent Marie (trad. de l'anglais), Le Cinéma est à nous, le PCF et le cinéma français de la Libération à nos jours, Paris, L'Harmattan, coll. « Champs visuels », , 363 p. (ISBN 2-7475-8908-0).
  • Tangui Perron, Cinéma du front populaire et guerre d'Espagne, Association Histoire et mémoire ouvrière en Seine-Saint-Denis, 1999
  • Tangui Perron, L'Écran rouge, syndicalisme et cinéma de Gabin à Belmondo, Editions de l'Atelier, 2018
  • Tangui Perron, Les Films fédéraux ou la trilogie cégétiste du Front populaire, Comité pour l'Histoire économique et financière de la France, 2002
  • Danielle Tartakowsky, Le cinéma militant des années trente, source pour l’histoire du Front populaire, 2000

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Biographie Henri Alekan », sur www.peripherie.asso.fr (consulté le )
  2. Trombinoscope Jean-Paul Le Chanois sur le site de Ciné-Archives
  3. Perron Tangui., Costa-Gavras, Constantin (1933-....). et Martinez, Philippe (1961-....)., L'écran rouge : syndicalisme et cinéma de Gabin à Belmondo, Ivry-sur-Seine, les Éditions de l'Atelier, 239 p. (ISBN 978-2-7082-4561-7 et 2708245619, OCLC 1041855542, lire en ligne)
  4. La belle illusion : culture et politique sous le signe du Front populaire, 1935-1938, Paris, CNRS éditions, , 1033 p. (ISBN 978-2-271-08928-1, OCLC 948672695, lire en ligne)
  5. « Les films fédéraux ou la trilogie cégétiste du Front populaire », sur www.peripherie.asso.fr (consulté le )
  6. « Trombinoscope Louis Daquin », sur www.cinearchives.org (consulté le )
  7. Les communistes et le cinéma : France, de la Libération aux années 60, Rennes, Presses universitaires de Rennes, , 299 p. (ISBN 978-2-7535-4103-0, OCLC 933429243, lire en ligne)
  8. « Vidéo et organisations ouvrières », Vidéo des premiers temps,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. « Portrait de Marcel Trillat », sur www.peripherie.asso.fr (consulté le )
  10. « Liste des films - Ciné-Archives - Cinémathèque du parti communiste français - Mouvement ouvrier et démocratique », sur www.cinearchives.org (consulté le )
  11. « Inédits », sur www.inedits-europe.org (consulté le )
  12. « présentation du fonds », sur www.cinearchives.org (consulté le )
  13. Cécile Rousseau, « La Terre refleurira et ses trésors d'Humanité », sur l'Humanité, (consulté le ).
  14. « Prix Curiosité 2016 remis par le Syndicat Français de la Critique de Cinéma », sur cinearchives.org (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]