Christophe Guilluy

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Christophe Guilluy
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Œuvres principales

Christophe Guilluy, né le , est un géographe français.

Biographie

Né à Montreuil (Seine-Saint-Denis), il grandit dans le quartier de Belleville, à Paris. Il expliquera que son immeuble devait être démoli et que sa famille allait être relogée en banlieue, à La Courneuve. L'immeuble fut finalement préservé, ce qui permit à sa famille de rester à Paris[1].

Il obtint une maîtrise en géographie urbaine à l'université Paris-1 Panthéon-Sorbonne (1987)[2]. Il choisit de ne pas passer de thèse, préférant se consacrer à des travaux appliqués, faute de moyens financiers[1].

Il est consultant[3] pour les collectivités territoriales et gérant de Maps Productions, une société de marketing[4].

En 2017, il co-signa avec Jean-Pierre Chevènement, Michel Onfray, Natacha Polony et d'autres, une tribune intitulée dans Le Figaro, « Europe : la supranationalité a échoué, faisons confiance aux nations »[5].

Travaux

Il travaille depuis la fin des années 1990 à l'élaboration d'une nouvelle géographie sociale en tant que consultant indépendant pour les collectivités territoriales.

Ses travaux en géographie sociale abordent les problématiques politiques, sociales et culturelles de la France contemporaine par le prisme du territoire[6]. Il s'intéresse à l'émergence d'une « France périphérique » s'étendant des marges périurbaines les plus fragiles des grandes villes aux espaces ruraux, en passant par les petites et moyennes villes. Il souligne que c'est maintenant 60 % de la population et trois quarts des nouvelles classes populaires vivant dans cette « France périphérique », à l'écart des villes mondialisées[7].

Avec le sociologue Serge Guérin, il a mis en avant les « retraités populaires » pour signifier que la majorité des ménages de retraités est formée d'anciens ouvriers, employés ou petits commerçants qui habitent dans le périurbain et dans des conditions modestes, voire précaires[8].

En 2004, son Atlas des nouvelles fractures sociales — coécrit avec Christophe Noyé — et, en 2010, Fractures françaises connaissent un réel succès critique, et plusieurs hommes politiques de droite et de gauche affirment s'inspirer des analyses de ce dernier essai[9]. Interrogé en mai 2013, Guilluy avance que « la France de la périphérie » se réfugie dans un vote protestataire. Selon lui,

« il n'est pas politiquement correct de dire que la majorité des Français se sent en insécurité face à la mondialisation. L'ouverture des frontières aux biens et aux marchandises, que ce gouvernement ne remet pas en cause, se traduit pour eux par la perte croissante d'emplois industriels et par l'augmentation du nombre d'immigrés. »

La France « invisible » aux préoccupations des hommes politiques formerait 60 % de la population[10]. Il oppose ainsi une bourgeoisie riche, vivant dans les centres des villes et profitant pleinement des effets du multiculturalisme, et la France des zones périurbaines, où les tensions entre les communautés sont plus fortes et où la perception de la diversité et de l'immigration est tout à fait différente. Cette différence de perception s'exprime dans le vote de cette France « invisible » parce que « les questions identitaires comptent beaucoup dans les milieux populaires[11]. »

Critiques et défense

Pour l'économiste Denis Clerc, il y a une surestimation par Guilluy de la mobilité des habitants des quartiers sensibles : « prétendre que 45 % des naissances en Île-de-France proviennent de la population issue de l'immigration est une aberration. » De plus, Clerc croit que la migration résidentielle des classes populaires en périurbain proviendrait davantage du désir de maison individuelle que du renchérissement de l'immobilier consécutif à la demande des bobos[12].

Le géographe Michel Lussault reproche à Christophe Guilluy de cristalliser l'imaginaire géographique du « néoconservatisme à la française » en présentant les campagnes comme automatiquement opposées aux villes en les dépeignant de façon nostalgique et surannée[13]. Le géographe Samuel Depraz lui reproche une lecture dichotomique du territoire français[14]. Le sociologue Olivier Galland lui reproche pour sa part de valider implicitement la théorie du Front national sur les quartiers populaires gagnants, par rapport aux espaces ruraux, et sur le « complot des élites contre le peuple »[15].

Selon la journaliste Eugénie Bastié du Figaro, alors qu'initialement, Christophe Guilluy avait été salué pour son travail sur la gentrification, il est désormais conspué par une partie de la gauche, Libération demandant même dans un article : « Peut-on débattre avec Christophe Guilluy ? ». Le journal publie ainsi une tribune des membres de la revue Métropolitiques qui accuse le géographe, sous des « oripeaux scientifiques » de « contribue[r], avec d'autres, à alimenter des visions anxiogènes de la France ». Pour Le Figaro, il s'agit d'un exemple d'une tendance globale qui fait que les chercheurs ne rejoignant pas une certaine vision de gauche au sujet des migrations sont systématiquement disqualifiés par certains « pontes universitaires », notamment le trio Pierre Rosanvallon, François Héran et Patrick Boucheron. Pour Eugénie Bastié « Dans tous les cas de figure, le schéma de disqualification est semblable : d'abord, il s'agit de montrer le manque de scientificité de l'auteur, puis de l'accuser de ne pas tenir compte de la complexité du sujet (cette même complexité étant tout à fait récusée lorsqu'il s'agit de dénoncer le capitalisme ou une excuse sociale à la radicalisation), et enfin de lui reprocher de "faire le jeu", selon l'expression consacrée, de thèses extrêmes) »[16].

Ouvrages

Notes et références

  1. a et b Alexandre Devecchio, « Présidentielle : Christophe Guilluy, l'homme qui avait tout vu », Le Figaro,‎ (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consulté le )
  2. « Comment une politique de rénovation peut aboutir à une déstructuration physique, sociale et sociologique d'un espace ? : de l’îlot XI à la ZAC des Amandiers : l'exemple de Ménilmontant », mémoire de maîtrise en géographie urbaine (dir. Jean-Philippe Damais et X. Grosse), Paris-I, 1987.
  3. « L'invité des Matins » sur franceculture.fr.
  4. Entreprise unipersonnelle sans salarié ; voir sur Societe.com.
  5. « Europe : la supranationalité a échoué, faisons confiance aux nations : Tribune parue dans Le Figaro du 24 mars 2017 », sur republiquemoderne.fr, (consulté le )
  6. « Hérodote a lu », Hérodote 2011/2 (no 141).
  7. « Les métropoles et la France périphérique : une nouvelle géographie sociale et politique », Christophe Guilluy, Le Débat no 166, 2011/4.
  8. « Les retraités pauvres, un vote-clé », Le Monde, 28 août 2012.
  9. « Le livre de gauche qui inspire la droite », Grégoire Biseau, liberation.fr, 30 mars 2012.
  10. « Christophe Guilluy, géographe, met en lumière “la France des invisibles” », entretien, pelerin.com, 8 juin 2013.
  11. « Le débat intellectuel français est enferré dans la querelle de l’identité », Nicolas Truong, lemonde.fr, 29 mai 2014.
  12. « Fractures françaises », Alternatives économiques, n° 299, février 2011.
  13. Michel Lussault, « En finir avec la mythologie territoriale française », Tous urbains, n°10, juin 2015, p. 16-19.
  14. Samuel Depraz, « De la France périphérique à la France des marges : comment rendre leur juste place aux territoires urbains marginalisés ? », sur Carnet des études urbaines - UMR 5206 Triangle, (consulté le ).
  15. Olivier Galland, « Christophe Guilluy et la France périphérique », sur telos-eu.com, (consulté le ).
  16. Ces intellectuels victimes du politiquement correct à l'université, Eugénie Bastié, Le Figaro, 21 décembre 2018
  17. « Fractures françaises, une leçon inédite de géographie sociale », lenouveleconomiste.fr, 22 juin 2012.
  18. Christophe Guilluy, interviewé par Patrice de Méritens, « Christophe Guilluy : "La France des invisibles doit retrouver sa place" », Le Figaro Magazine, semaine du 19 décembre 2014, pages 109-111.

Liens externes