César Gattegno

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César Gattegno
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ToulonVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activité

César Gattegno est un homme de théâtre et un musicien français (30 mai 1928 - 9 avril 2011)[1],[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Né à Turin en 1928 dans une famille juive d'origine salonicienne et alexandrienne, César Gattegno fait au conservatoire de Lyon des études de musique (piano avec Simone Daubian, composition et direction d'orchestre avec César Geoffray) - et d'art dramatique dans la classe de Victor Magnat avant de "monter" à Paris en 1948.

La vie d'artiste[modifier | modifier le code]

Il exerce son talent protéiforme dans les métiers les plus divers du spectacle et multiplie les expériences. Comédien, une de ses premières apparitions au théâtre est, en 1947, au Théâtre des Célestins dans Les Gueux au paradis de Gaston Martens et André Obey, mise en scène de Charles Gantillon. Un de ses premiers rôles au cinéma est dans Un condamné à mort s'est échappé de Robert Bresson. Musicien pianiste, il écrit des chansons comme Monsieur le petit le chasseur, chantée par les Frères Jacques ; chef d'orchestre, il dirige la musique de scène de Paul Dessau pour La bonne âme de Se-Tchouan de Bertolt Brecht mise en en scène par Jean Vilar (1960) ; il compose la musique de scène de l'Orestie d'Eschyle, mise en scène d'André Steiger, jouée par le Groupe de théâtre antique de la Sorbonne (1961). En 1963, il compose la musique du film Les Mauvaises Fréquentations de Jean Eustache.

Militant communiste, il participe à différents spectacles d'intervention : Drame à Toulon[3] de Henri Delmas et Claude Martin, sur l'affaire Henri Martin avec les Pavés de Paris ; Leçon d'histoire, montage sur l'Algérie, créé en mars 1961 au théâtre Récamier par le Comité des Jeunes du Spectacle. Lorsque José Valverde prend la direction du Théâtre Gérard-Philipe, il fait partie de l'aventure.

Bilingue italien, il est également un temps lecteur de textes italien chez Plon, en vue de leur sélection pour l'édition française. Passeur de textes, il contribuera à faire découvrir les premières pièces de Dario Fo (La Marcolfa, Un mort à vendre, On expédie les cadavres et on déshabille les femmes), Luigi Lunari (Tarentelle sur un seul pied) et, dans le domaine allemand, à redécouvrir Ernst Toller (Hop là, nous vivons !), Friedrich Wolf (Professeur Mamlock).

À partir de 1969, et de son installation dans le Var, il se consacre aussi à la mise en scène et à la compagnie qu'il a fondée.

La Compagnie César Gattegno[modifier | modifier le code]

Le mouvement de mai 1968 le convainc de quitter Paris et de rejoindre le désert culturel que constitue alors l'agglomération toulonnaise, où il fonde la Compagnie qui porte son nom, partie prenante du mouvement de la décentralisation initié par Jean Vilar, Roger Planchon, Gabriel Monnet, etc.

En 1969, il crée l'Action Culturelle Provence Méditerranée avec de jeunes acteurs de la région PACA et l'artiste peintre Gilbert Louage.

En 1973, la municipalité de La Garde (banlieue est de Toulon) lui confie la direction du Théâtre du Rocher en cours de création[4].

Durant 20 ans, de 1974 à 1994, loin du microcosme parisien et dans des conditions difficiles malgré le soutien constant des collectivités locales et du ministère de la culture, César Gattegno fait vivre la flamme du théâtre à La Garde et en Provence. À travers de nombreux spectacles d'un répertoire allant du théâtre médiéval (La Farce de maître Pathelin) au théâtre contemporain inédit (René Escudié) ou non (Albert Cohen, Michel de Ghelderode), en passant par le théâtre classique (Pierre Corneille), le théâtre militant (Maxime Gorki), le théâtre-opéra (Bertolt Brecht - Kurt Weill) et même du « théâtre policier » (G.J. Arnaud)…

Dans cette liste, la contribution de César Gattegno à l'introduction en France du théâtre de Dario Fo tient une place particulière. Servie par la troupe permanente que César Gattegno a su former sur place avec Alain Aparis, Didier Bourguignon, Cathy de Coorde, Colette Mallet, Rolland Martinez, Claude Mauran, Caroline Megglé et César Gattegno lui-même, les pièces en un acte ou Histoire du tigre de Dario Fo, montées (et jouées) par César Gattegno étaient des bijoux malheureusement méconnus[5].

Ce travail de scène s'accompagne d'activités d'atelier, de lectures de contes, de théâtre pour la jeunesse à qui des générations d'enfants et d'adolescents toulonnais doivent leur culture et leur goût du théâtre - et pour certains, leur vocation théâtrale - sans compter celui du festival de juillet qui permet à la troupe de briser l'enceinte du théâtre pour se faire entendre d'autres publics.

La cohérence dans la diversité de ce travail théâtral pourrait être définie par l’opposition qu’il faisait lui-même entre le divertissement, qu’il revendiquait (divertir : détourner, ou changer) et la distraction, qu’il récusait (distraire : dissiper, ou abrutir) : son théâtre visait toujours à éclairer, à faire réfléchir par le plaisir, à engager le spectateur à plus de conscience[6].

L'exposition « César Gattegno et le Théâtre du Rocher » lui a été consacrée en 2014 à La Seyne-sur-Mer par la Bibliothèque de théâtre Armand Gatti[7],[8].

Fausse retraite[modifier | modifier le code]

Prenant sa retraite de la direction du théâtre du Rocher, César Gattegno continue à œuvrer pour la culture populaire en jouant dans des films de télévision, dans des spectacles (Le Retour de Carola Neher de Jorge Semprun), en assurant des lectures de contes…

César Gattegno contribue enfin à fonder en avril 2010 la coopérative d'édition Le Bas vénitien, et prend jusqu'à sa mort en avril 2011 une part active à son comité éditorial[6].

On ne saurait tracer une biographie de César Gattegno sans rappeler sa fidélité indéfectible au Parti communiste, ce qui ne l'empêchait pas de détecter dans les œuvres, chez les artistes, et tout simplement chez les hommes les plus éclectiques, des sources d'intérêt et de reconnaissance, en l'absence de toute œillère.

Vie privée[modifier | modifier le code]

César Gattegno a vécu avec Martine Merri, avec qui il a eu un fils, l'écrivain David Gattegno, puis avec Grisélidis Réal, avec qui il a eu un second fils, le musicien Aurélien Gattegno, enfin a épousé Françoise Promonet, bibliothécaire, avec laquelle il a eu trois enfants.

Théâtre[modifier | modifier le code]

Acteur[modifier | modifier le code]

https://lesarchivesduspectacle.net/p/24257-Cesar-Gattegno

Metteur en scène[modifier | modifier le code]

Musiques de film[modifier | modifier le code]

Filmographie[modifier | modifier le code]

Comme acteur :

Cinéma
Télévision

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. César Gattegno, De l'action culturelle Provence Méditerranée au théâtre du Rocher, 1969-1994, Françoise Gattegno, (ISBN 978-2-7466-7562-9, lire en ligne)
  2. Cet article repose sur le recueil "De l'action culturelle Provence Méditerranée au théâtre du Rocher, 1969-1994", publié en 2014 par Francoise Gattegno, les archives internes du Théâtre du Rocher et les témoignages des membres de la compagnie.
  3. « Drame à Toulon de Claude Martin et Henri Delmas » Accès libre, sur observatoiredelacensure.over-blog.com.
  4. « Théâtre du Rocher-Historique », sur Saison du Rocher Ville de La Garde,
  5. Colette Godard, « Les théâtres de la décentralisation à la Fête de l'Humanité », Le Monde,‎ 9 -9-1977 (lire en ligne Accès limité)
  6. a et b « Propos à brigadier rompu | le bas vénitien », sur lebasvenitien.com (consulté le ).
  7. « “César Gattegno et la naissance du Théâtre du Rocher“ du 12/11/2014 au - LaSeyne.Info », sur laseyne.info (consulté le ).
  8. « Bibliothèque de théâtre Armand Gatti :: Expositions », sur orpheon-theatre.org (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]