Zanthoxylum pentandrum

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Zanthoxylum
Description de cette image, également commentée ci-après
échantillon type de Zanthoxylum pentandrum collecté par Aublet en Guyane
Classification
Règne Plantae
Sous-règne Tracheobionta
Division Magnoliophyta
Classe Magnoliopsida
Sous-classe Rosidae
Ordre Sapindales
Famille Rutaceae
Genre Zanthoxylum

Espèce

Zanthoxylum pentandrum
(Aubl.) R.A.Howard, (1983)

Classification phylogénétique

"Représentation graphique de la classification phylogénétique"
Clade Angiospermes
Clade Dicotylédones vraies
Clade Rosidées
Clade Malvidées
Ordre Sapindales
Famille Rutaceae
Sous-famille Zanthoxyloideae
Genre Zanthoxylum

Synonymes

  • Fagara guianensis Lam.
  • Fagara pentandra Aubl. - Basionyme
  • Fagara trinitensis (R.O. Williams) Beard
  • Zanthoxylum hermaphroditum Willd.
  • Zanthoxylum trinitense R.O. Williams[1]

Zanthoxylum pentandrum est une espèce de plantes à fleurs de la famille des Rutaceae (famille des agrumes). C'est un arbre néotropical.

En Guyane, il est connu sous les noms de Bois zépine, Bois piquant, Zépini, Lépini (créole), Sala'iu (Wayãpi), Wahinru (Palikur), ou Tamanqueira (portugais)[2]. Au Venezuela, on le nomme Boxúo negro ou Mapurito amarillo[3]. Au Suriname, les Saramaka l'appellent He[4] ou He rutu[5]. Les Yanomami l'appellent naharã hi[6].

Description[modifier | modifier le code]

Zanthoxylum pentandrum est un arbre atteignant 20 m reconnaissable à ses grosses épines courtes et coniques sur le tronc.

Les feuilles sont alternes, glabres, composées pennées, à (3)-5-(7) paires de folioles. Le rachis est aplati ou cannelé et souvent avec d'étroites marges sur le dessus. Les folioles sont longues de 5–16 cm, de forme oblongue, elliptiques, ovales étroites ou oblancéolées, à base sub-équilatérale, luisantes sur la face supérieure, à marge entière, avec un acumen long de 8-14 mm, et deviennent wikt:papyracées après séchage. Le pétiole est très court et inerme.

L'inflorescence est une grande panicules terminale avec des bractées, avec des axes plus ou moins pubescents.

Les fleurs blanches sont pentamères.

Les 5 sépales sont staminés, imbriqués à la base, et longs de 0,5-0,6 mm.

Les 5 étamines ont des anthères longues de 0,4 à 0,5 mm.

Chaque fleur compte 3(5) carpelles (aux styles courts incurvés), dont 1 à 3(5) se développe finalement en méricarpe libre, sessile.

Le fruit est une sorte de follicule à 3(5) méricarpes roussâtres bivalves contenant une graine noire[7],[3].

Le bois de Zanthoxylum pentandrum a une densité de 0,66 à 0,65[8],[9].

La micro-structure de son bois carbonisé a été étudiée[10],[11].

Répartition[modifier | modifier le code]

Zanthoxylum pentandrum est présent des Antilles, au Brésil en passant par Trinidad, le Venezuela, le Guyana, le Suriname, et la Guyane[3].

Écologie[modifier | modifier le code]

Zanthoxylum pentandrum pousse dans les recrus forestiers et les forêts sempervirentes de plaine entre 100–400 m d'altitude[2],[3],[12].

Utilisations[modifier | modifier le code]

En Guyane, les Créoles préparent un tonique amer, réputé antipaludiques et antiblennorragiques, en macérant l'écorce de Zanthoxylum rhoifolium dans du vin ou du rhum. Zanthoxylum rhoifolium est aussi employé pour soigner les éruptions de boutons sur les jambes des enfants et les chancres vénériens[2].

Zanthoxylum pentandrum est employé comme analgésique dentaire chez les Wayãpi de Guyane[2] et les Wayãpi et Yanomami du Brésil[13],[14] : l'écorce très amère est alors mastiquée, ou râpée fin et tamponnée sur les caries.

Au Suriname, les Saramaka considèrent Zanthoxylum pentandrum comme une plante magique et est employée pour les rituels Winti (la religion afro-surinamaise Winti est basée sur la possession par des êtres surnaturels, des rituels et des bains aux herbes : s'ils sont négligés ou ne reçoivent pas d'offrandes régulières, les esprits sont censés causer des maladies et la malchance)[4],[15].

Les propriétés antipaludéennes de Zanthoxylum pentandrum ont été identifiées[16] et testées[17],[18].

Chimie[modifier | modifier le code]

Le bois de Zanthoxylum pentandrum contient du lupéol et des alcaloïdes (berbérine et magnoflorine notamment)[2]. On trouve de la magnoflorine, de la choline et un autre alcaloïde dans l'écorce du tronc[19].

Protologue[modifier | modifier le code]

Zanthoxylum pentandrum : Planche 30 par Aublet (1775)
On a groſſi toutes les parties de la fleur; le fruit eſt de groſſeur naturelle. - 1. Bouton de fleur. - 2. Fleur épanouie. Calice garni de trois écailles. Cinq étamines. - 3. Corolle vue en deſſous. - 4. Corolle vue en deſſus. - 5. Calice. Diſque. Filets des étamines. - 6. Deux étamines ſéparées. - 7. Diſque. Ovaire. Style. Stigmates. - 8. Capſules qui commencent a s'ouvrir. - 9. Capſules. - 10. Capſules ouvertes en deux valves. Semences. - 11. Cinq capſules ouvertes en deux valves. Semences. - 12. Semence ſéparée[20].

En 1775, le botaniste Aublet propose le protologue suivant[20] :

« FAGARA pentandra. (Tabula 30.)

CAL. Perianthium monophyllum, quinquedentatum, denticulis ſubrotundis ; ſquamulæ binæ ant ternæ ad baſim calicis.

COR. Petala quinque, alba, ſubrotunda, concava, diſco inſerta.

STAM. Filamenta quinque, corolla longiora, diſco inſerta. Antheræ biloculares.

PIST. Germen ſubrotundum, diſco inſidens, tri, quadri, aut quinque-ulcatum. Styli duo , carnoſi, breves, incurvi. Stigmata acuta.

PER. Capsulæ très, quatuor, aut quinque, rufeſcentes, laterales, uni-loculares, bivalves, introrsùm dehiſcentes.

SEM. ſolitarium, nigrum, glabrum.

Arbor trunco quinquagenta - pedali, aculeis brevibus, ſparſis munito, ad ſummitatem ramoſiſſimo ; ramis hinc & inde ſparſis, ramulis foliolis & floriferis. Folia alterna, pinnata, foliolis quinque, oppoſitis, ovato-oblongis, in acumen longum deſinentibus, glabris, integerrimis, ſubſeſſilibus, coſtæ utrinque adnexis. Flores in amplas paniculas diſpoſiti, terminales. Ramis, ramuſculis, pedunculis florum, ſquamula ad baſim munitis.

Cortex capſularum acris inſtar piperis & aromaticus eſt.

Florebat Maio: fructum ferebat Auguſto.

Nomen caribæum, CACATIN.

Nomen gallicum, poivre des Nègres.

Habitat in ſylvis Guianæ, & in inſula San-dominicana.
 »

« LE FAGARIER de la Guiane. (PLANCHE 30.)

Le tronc de cet arbre s'élève à quarante & même cinquante pieds, ſur deux pieds & demi de diamètre Son écorce eſt grisâtre, chargée d'épines. Le bois eſt blanc, dur, & compacte. Il pouſſe de ſon ſommet pluſieurs branches rameuſes qui ſe répandent en tout ſens. Les branches & la partie des rameaux dépourvues de feuilles, ſont garnies de petites épines. L'extrémité des rameaux porte des feuilles alternes ; elles ſont ailées, à deux rangs de folioles oppoſées; chaque rang eſt cylindrique ; ſa partie inférieure eſt chargée de petits tubercules aigus ; le reſte, où ſont attachées les folioles, eſt liſſe. Ces folioles ſont verdâtres, liſſes, entières, ovales, terminées par une longue pointe ; les plus grandes ont ſix pouces de longueur ſur un pouce & demi de largeur ; elles ſont preſque ſeſſiles.

Les fleurs naiſſent à l'extrémité des rameaux, ſur de grandes panicules éparſes. Les branches & les rameaux de cette panicule ont à leur naiſſance une petite écaille.

Le calice eſt d'une ſeule pièce, à cinq petites dentelures, garni à fa baſe de deux ou trois petites écailles.

La corolle eſt à cinq pétales blancs, arrondis, concaves, attaches au fond du calice, autour d'un diſque.

Les étamines ſont au nombre de cinq, rangées ſur le diſque, autour de l'ovaire, à l'oppoſé des pétales. Leur filet eſt grêle, blanc, plus long que les pétales; il porte une anthère a deux bourſes qui s'ouvrent en deux valves.

Le piſtil eſt un ovaire à trois, à quatre, ou à cinq côtes arrondies, ſurmonté de deux styles ; chacun eſt courbé en dedans, & terminé par un stigmate verd.

L'ovaire devient un fruit à trois, quatre, & à cinq capsules rouſsâtres, attachées à un pivot qui en occupe le centre, & dont elles s'écartent dans leur maturité; elles s'ouvrent par leur face interne en deux valves, & laiſſent échapper une semence noire, luiſante & huileuſe. L'écorce des capſules eſt piquante & aromatique.

Cet arbre eſt nommé CACATIN par les Garipons, & poivre des Nègres par les Créoles. Il étoit en fleur dans le mois de Mai, & en fruit dans le mois d'Août.

J'ai trouve ce Fagarier dans les forêts de la grande-terre qui ſont vis-a-vis la crique fouillée qui partage l'île de Caïenne en deux parties. »

— Fusée-Aublet, 1775.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en-US) « Zanthoxylum pentandrum (Aubl.) R.A.Howard - synonyms », Tropicos, Saint Louis, Missouri, Missouri Botanical Garden (consulté le )
  2. a b c d et e Pierre Grenand, Christian Moretti, Henri Jacquemin et Marie-Françoise Prévost, Pharmacopées traditionnelles en Guyane : Créoles. Wayãpi, Palikur, Paris, IRD Editions, , 663 p. (ISBN 978-2-7099-1545-8, lire en ligne), p. 350
  3. a b c et d (en) Jacquelyn A. Kallunki, Julian A. Steyermark (eds.), Paul E. Berry (eds.), Kay Yatskievych (eds.) et Bruce K. Holst (eds.), Flora of the Venezuelan Guayana, vol. 9, Rutaceae–Zygophyllaceae, St. Louis, MISSOURI BOTANICAL GARDEN PRESS, , 608 p. (ISBN 9781930723474), p. 38-39
  4. a et b (en) Tinde VAN ANDEL, Joelaika BEHARI-RAMDAS, Reinout HAVINGA et Sara Groenendijk, « The medicinal plant trade in Suriname. », Ethnobotany Research and Applications, vol. 5,‎ , =351-372 (lire en ligne)
  5. (en) Lucienne NIEKOOP, « From Genital steam baths to Laxatives; Plant Use amongst the Surinamese Community in the Netherlands », VU University Amsterdam - Master of Science thesis May 2007 – March 2008,‎ (lire en ligne)
  6. (en) William MILLIKEN, Bruce ALBERT et Gale Goodwin GOMEZ, « Yanomami: a forest people », Royal Botanic Gardens, Kew,‎ , p. 108 (lire en ligne)
  7. Albert Lemée, Flore de la Guyane française : Tome II - Podostémonacées à Sterculiacées, Brest, LIBRAIRIE LECHEVALlER, , 398 p., p. 180
  8. (es) Guillermo RIESCO MUNOZ, José IMANA ENCINAS et José ELIAS DE PAULA, « Wood density of 59 tree species in the order Sapindales from natural forests in Brazil », Madera y bosques, vol. 25, no 2, e2521817,‎ (ISSN 2448-7597, DOI 10.21829/myb.2019.2521817)
  9. (en) J. Chave, D. A. Coomes, S. Jansen, S. L. Lewis, N. G. Swenson et A.E. Zanne, « Towards a wordwide wood economics spectrum (Global Wood Density Database) », Ecology Letters, vol. 12, no 4,‎ , p. 351-366 (DOI 10.1111/j.1461-0248.2009.01285.x)
  10. (en) Stéphanie BODIN, « Caractérisation de l'impact des feux anthropiques de la période pré-colombienne sur la végétation forestière de la Réserve Naturelle des Nouragues en Guyane française par une approche anthracologique », Thèse de doctorat. Université Montpellier.,‎ (lire en ligne)
  11. (en) Stéphanie C. Bodin, Rita Scheel-Ybert, Jacques Beauchêne, Jean-François Molino et Laurent Bremond, « CharKey: An electronic identification key for wood charcoals of French Guiana », IAWA Journal,‎ (DOI 10.6084/m9.figshare.6396005)
  12. (en) D. TORIOLA, P. CHAREYRE et A. BUTTLER, « Distribution of primary forest plant species in a 19-year old secondary forest in French Guiana », Journal of Tropical Ecology, vol. 14, no 3,‎ , p. 323-340 (DOI 10.1017/S026646749800025X)
  13. (en) W. MILLIKEN & B. ALBERT, « The Use of Medicinal Plants by the Yanomami Indians of Brazil », Economie Botany, vol. 1, no 50,‎ , p. 10-25 (DOI 10.1007/BF02862108, lire en ligne)
  14. (en) Eliana RODRIGUES, Fulvio R. MENDES et Giuseppina NEGRI, « Plants indicated by brazilian indians for disturbances of the central nervous system: A bibliographical survey », Central Nervous System Agents in Medicinal Chemistry (Formerly Current Medicinal Chemistry-Central Nervous System Agents), vol. 6, no 3,‎ , p. 211-244 (DOI 10.2174/187152406778226725)
  15. (en) Tinde van Andel, Sofie Ruysschaert, Kobeke Van de Putte et Sara Groenendijk, « What Makes a Plant Magical? Symbolism and Sacred Herbs in Afro-Surinamese Winti Rituals », African Ethnobotany in the Americas,‎ , p. 247-284 (DOI 10.1007/978-1-4614-0836-9_10)
  16. (en) William Milliken, Plants for Malaria - Plant species occurring in northern Latin America used in the treatment of malaria and fevers - A bibliographic survey, Kew: The Royal Botanic Garden, , 88 p. (lire en ligne)
  17. (en) J. C. P. Steele, R. J. Phelps, M. S. J. Simmonds, D. C. Warhurst et D. J. Meyer, « Two novel assays for the detection of haemin-binding properties of antimalarials evaluated with compounds isolated from medicinal plants », Journal of Antimicrobial Chemotherapy, vol. 50,‎ , p. 25–31 (DOI 10.1093/jac/dkf089)
  18. (pt) William Milliken MIRR - Royal Botanic Gardens, « PLANTAS MEDICINAIS, MALÁRIA E POVOS INDíGENAS: ESTUDOS ETNOBOTÂNICOS NO NORTE DA AMAZÔNIA », Boletim do Museu Integrado de Roraima / Botânica, vol. 4, no 01,‎ (DOI 10.24979/bolmirr.v4i01.727)
  19. (en) VAN EIJK, « Chemicals compounds From Fagara pentandra », Pharm. Weckblad., vol. 97,‎ , p. 107-111
  20. a et b Jean Baptiste Christian Fusée-Aublet, HISTOIRE DES PLANTES DE LA GUIANE FRANÇOISE, rangées suivant la méthode sexuelle, avec plusieurs mémoires sur les différents objets intéreſſants, relatifs à la culture & au commerce de la Guiane françoiſe, & une Notice des plantes de l'Iſle de France. volume II, Londres et Paris, P.-F. Didot jeune, Librairie de la Faculté de Médecine, quai des Augustins, , 867 p. (lire en ligne), p. 78-80

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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