Lycosidae

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Les Lycosidae sont une famille d'araignées aranéomorphes[1].

En français, les membres de cette famille sont nommés, selon les espèces, araignées-loups, tarentules ou lycoses, autrefois Tarentulae, et appartenant pour la plupart aux Alopecosae[2].

Ces araignées ne tissent généralement pas de toile, mais chassent à l'affût des proies pouvant atteindre la taille d'un petit oiseau ou d'une taupe, pour les plus grandes. Les femelles transportent leurs petits sur leur dos. La morsure des plus gros spécimens peut être douloureuse pour l'humain, mais elle n'est que rarement dangereuse contrairement aux venimeuses veuves noires de la famille des Theridiidae, bien qu'elle puisse engendrer une nécrose locale.

Distribution[modifier | modifier le code]

Distribution

Les espèces de cette famille se rencontrent sur tous les continents sauf aux pôles[1].

L'espèce la plus australe semble être Lycosa patagonica, que l'on a pu observer jusqu'aux alentours du passage Picton[3].

Plusieurs espèces, dont Pardosa glacialis, ont pu être observées aux alentours de la Baie Lady Franklin[4]. Ce sont donc probablement les espèces les plus septentrionales.

Altitudinalement, on en trouve des bords de la mer Morte (Arctosa deserta entre autres espèces[5]) au camp de base de l'Everest (Lycosa nigrotibialis[6]), même si d'autres existent peut-être plus haut (on trouve des araignées jusqu'à 6 700 m[7]).

Au sol, elles sont souvent très abondantes, dominant les échantillons récoltés à l'aide de pièges-fosses.

Description[modifier | modifier le code]

Forme et disposition caractéristiques des yeux des Lycosidae.
Céphalothorax d'une Lycosidae (vue de face)
Yeux d'une lycosidae vus de face. Mai 2021.

Les Lycosidae sont des araignées de taille variable, la longueur du corps des adultes allant de un à 35 mm selon les espèces.

La forme et la disposition de leurs huit yeux sont caractéristiques. Les yeux antérieurs, petits, forment la rangée la plus basse, tandis que les yeux postérieurs forment les deux autres: deux gros yeux forment la rangée médiane, et deux petits situés un peu plus loin derrière forment la troisième rangée.

Les femelles transportant fréquemment leur sac d'œuf accroché aux filières de leur abdomen ou leur progéniture sur leur abdomen.

Éthologie[modifier | modifier le code]

Prédation[modifier | modifier le code]

Une lycose embusquée.
Près de la forêt de Golovec, en Slovénie.

Les araignées-loups ne tissent pas de toiles pour attraper leurs proies. Elles chassent au sol, embusquées ou traquant activement leurs victimes. Leurs yeux postérieurs, de grande taille, sont disposés de façon à regarder vers l'avant. Pour repérer leurs proies, les Lycosidae se fient surtout aux vibrations engendrées dans l'air par leurs battements d'ailes ou sur le sol par leurs pas. Leur vision n'est pas particulièrement précise, et leur sert peu pour la capture des proies, contrairement à d'autres familles d'araignées comme les Salticidae. Certaines espèces, notamment du genre Pirata, chassent sur l'eau, à la surface de laquelle elles peuvent se déplacer facilement.

Il existe toutefois quelques exceptions, parmi les genres Aulonia, Hippasa et Sossipus, qui utilisent des restants de toiles d'araignées d'autres familles pour capturer leurs proies.

Reproduction[modifier | modifier le code]

Femelle portant sa progéniture sur son abdomen.
idem, avec une progéniture plus dense.
Pardosa lugubris avec son cocon accroché aux filières.

Copulation[modifier | modifier le code]

Les parades nuptiales de toutes les espèces de Lycosidae n'ont pas été étudiées en détail, les étapes décrites ici sont celles qui sont partagées par les espèces qui ont fait l'objet d'études attentives, c.-à-d. Lycosa rabida[8],[9],[10] et Lycosa punctulata[11].

La parade nuptiale semble être initiée par la reconnaissance de phéromones sexuelles femelles par le mâle. Pour ce faire, la femelle peut être à proximité du mâle, ou avoir laissé derrière elle un fil enduit de phéromones que le mâle pourra utiliser pour remonter jusqu'à elle. Des études suggèrent que ces signaux chimiques sont un facteur déterminant pour stimuler le mâle. Des mâles placés dans des boîtes dans lesquelles des femelles de la même espèce avaient préalablement séjourné (puis retirées) entamaient leur rituel de séduction. Les mâles n'avaient toutefois aucune réaction lorsqu'on les plaçait dans des boîtes ayant auparavant accueilli d'autres mâles ou des femelles immatures[9],[12].

Il s'ensuit alors un rituel qui varie selon les espèces, mais semble généralement correspondre à ce qui suit. Le mâle place d'abord ses pattes dans une position caractéristique, accompagnée de mouvements de l'abdomen et des pédipalpes. Ces derniers sont aussi utilisés pour produire des stridulations. Après avoir exécuté sa routine une première fois, le mâle s'immobilise ou s'avance légèrement vers la femelle. Celle-ci répond alors en bougeant ses pattes avant, ce qui encourage le mâle à recommencer sa série de mouvements. Cet échange dure jusqu'à ce que la femelle soit à la portée du mâle. Ce dernier tend une de ses pattes avant vers elle, sans toutefois la toucher ; c'est la femelle qui fera le premier contact, signifiant ainsi qu'elle consent à copuler.

Pour inséminer la femelle, le mâle grimpe d'abord sur le céphalothorax de cette dernière. Il se penche ensuite à gauche ou à droite de l'abdomen, que la femelle pivote pour rendre ses parties génitales accessibles aux pédipalpes du mâle.

Soins parentaux[modifier | modifier le code]

Il est commun de voir des Lycosidae femelles portant leurs œufs dans un sac (coque de soie formant une boule) fixé à leurs filières. Après éclosion des 20 à 100 œufs (selon les espèces), les jeunes araignées montent sur l'abdomen de la femelle et s'y maintiennent grâce à des poils spécialisés[13]. Les jeunes vivent sur leur réserves vitellines puis, lorsque les cocons sont pondus tardivement dans la saison, peuvent se nourrir des œufs non fécondés qu'ils percent au moyen du crochet de leurs chélicères (ce type de cannibalisme animal est appelé caïnisme)[14].

Paléontologie[modifier | modifier le code]

Cette famille est connue depuis le Crétacé[15].

Liste des genres[modifier | modifier le code]

Alopecosa fabrilis
Arctosa cinerea
Hogna carolinensis
Lycosa tarantula
Lycosa leuckarti
Trochosa terricola
Xerolycosa miniata
Wadicosa okinawensis

Selon World Spider Catalog (version 25.0, 21/02/2024)[1] :

Selon World Spider Catalog (version 23.5, 2023)[15] :

  • Dryadia Zhang, Sun & Zhang, 1994

Systématique et taxinomie[modifier | modifier le code]

Cette famille a été décrite par Sundevall en 1833.

Cette famille rassemble 2 474 espèces dans 133 genres actuels[1].

Étymologie[modifier | modifier le code]

Le nom de cette famille est basée sur le genre Lycosa (du grec ancien : λύκος / lycos, « loup », en référence à une certaine ressemblance physique avec ce mammifère, le corps sombre recouvert de soies courtes et brun-gris, la présence d'yeux secondaires munis d'un tapetum afin d'accroître leur vision en faible luminosité et leur mode de chasse au sol : spécialistes de la chasse à vue, ces araignées disposent d'un système visuel performant utilisé lors de leur course rapide lorsqu'elles traquent leurs proies[16].

Les Lycosidae dans la culture[modifier | modifier le code]

Venin et légende[modifier | modifier le code]

Autrefois, la morsure de la tarentule (Lycosa tarantula), abondante dans la région de Tarente mais présente dans toute la zone méditerranéenne, était réputée si grave qu'il fallait organiser des tarentèles, danses frénétiques qui permettaient seules la guérison de la personne mordue. C'est en fait une idée populaire infondée. On sait aujourd'hui que les rares cas de morsures sont sans danger, sans pour autant être sans douleur. Il existe cependant quelques espèces en Amérique du Sud dont la morsure peut laisser quelques traces, car leur venin est nécrosant[17]. C'est la morsure de l'araignée Latrodectus tredecimguttatus, une Theridiidae, et non celle de Lycosa tarentula qui cause le « tarentisme ».

Publication originale[modifier | modifier le code]

  • Sundevall, 1833 : Conspectus Arachnidum. Londini Gothorum, p. 1-39.

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Foelix, 1996. Biology of Spiders, 2e éd., Oxford University Press, p. 1-330 (en).
  • Tomasinelli, 2003 : « Wolwes with eight legs. An introduction to the wolf spiders. » Reptilia, no 30, p. 56-63 (texte intégral [PDF].) (en).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c et d World Spider Catalog (WSC). Musée d'histoire naturelle de Berne, en ligne sur http://wsc.nmbe.ch. doi: 10.24436/2, consulté le version 25.0, 21/02/2024
  2. Meyer, 2015 : Dictionnaire des sciences animales. Montpellier, France, Cirad, (en ligne) [12/05/2015].
  3. (es) Maria E. Casanueva, « Los licosidos de Chile. Estudio biologico y taxonomico por los metodos de sistematica alfa y toxonomia numerica (Araneae: Lycosidae) », Gayana Zoologia, vol. 42,‎ , p. 5-75 (lire en ligne)
  4. (en) Jens Braendegard, « THE SPIDERS (ARANEIDA) OF PEARY LAND, NORTH GREENLAND », Meddelelser om Grönland, vol. 159, no 6,‎ , p. 1-24
  5. (en) Sergei Zonstein et Yuri M. Marusik, « Checklist of the spiders (Araneae) of Israel », Zootaxa, no 3671,‎ , p. 1-127
  6. (en) B. K. Tikader, « Zoological results of the Indian Cho You expedition (1958) in Nepal », Zoological Survey of India, Calcutta, vol. 8,‎ , p. 13-267 (lire en ligne)
  7. Sagarmatha National Park
  8. Rovner, 1966 : « Courtship in spiders without prior sperm induction. » Science, vol. 152, p. 543-544.
  9. a et b Rovner, 1968 : « An analysis of display in the lycosid spider Lycosa rabida Walckenaer. » Animal Behavior, vol. 16, p. 358-369.
  10. Rovner, 1975 : « Sound production in nearctic wolf spiders: a substratum-coupled stridulation mechanism. » Science, vol. 190, p. 1309-1310
  11. Tietjen & Rovner, 1980 : « Trail following in two species of wolf spiders: sensory and etho-ecological concomitants. » Animal Behavior, vol. 28, p. 735-741.
  12. Dijkstra, 1976 : « Searching behavior and tactochemical orientation in males of the wolf spider Pardosa amentata (Cl.) (Aranea, Lycosidae). » Proceedings of the Koninklijke Nederlandse Akademie Van Wetenschappen-Amsterdam, sér. C, vol. 79, p. 235-244.
  13. Rovner, Higashi & Foelix, 1973 : « Maternal behavior in wolf-spiders: the role of abdominal hairs. » Science, vol. 182, no 4117, p. 1153-1155.
  14. Alain Canard & Christine Rollard, À la découverte des Araignées. Un guide de terrain pour comprendre la nature, Dunod, , p. 40
  15. a et b (en) Dunlop, Penney et Jekel, « A summary list of fossil spiders and their relatives », World Spider Catalog, Musée d'histoire naturelle de Berne,‎ (lire en ligne Accès libre [PDF]), version 23.5.
  16. (en) Jillian Cowles, Amazing Arachnids, Princeton University Press, (lire en ligne), p. 279
  17. Goyffon & Heurtault, 1995 : La Fonction venimeuse, coll. Biodiversité, Masson, Paris, p. 1-284 (ISBN 2-225-84463-1)