Mathieu Kérékou
Président de la république du Bénin | |
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Président République populaire du Bénin | |
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Président de la république du Dahomey | |
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Nom de naissance |
Mathieu Kérékou |
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Homme politique, militaire, homme d'État |
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Distinction |
Mathieu Kérékou, né le à Kouarfa, au Bénin (ex-colonie du Dahomey), et mort le à Cotonou (Bénin)[1], est un homme d'État béninois. Proclamé après un coup d'État président de la République du Dahomey, puis de la République populaire du Bénin du au , et enfin président de la République du Bénin du au et du au , date à laquelle il cède démocratiquement le pouvoir. Il a également été pasteur pentecôtiste.
Biographie
Carrière militaire
Après avoir étudié dans des écoles militaires au Mali et au Sénégal, Mathieu Kérékou sert d'abord dans l'armée française, puis dans l'armée du Dahomey, où il obtient le grade de major. Il passe également par l'École de formation des officiers du régime transitoire des troupes de marine de Fréjus (1958-1960)[2]. Il prend le pouvoir lors d'un coup d'État le , à la suite duquel il fait mettre en prison les trois précédents présidents. En 1975, il renomme le pays République populaire du Bénin et met en place un gouvernement marxiste-léniniste, surveillé par le Conseil national de la révolution (CNR). Il mène une politique de répression contre tous les opposants au régime et surtout contre les intellectuels, dont beaucoup ont dû se réfugier à l'étranger. Il entreprend parallèlement une vague de nationalisations de banques et de l'industrie pétrolière.
Carrière politique
Mathieu Kérékou est une première fois le chef de l'État béninois du au . Le , il prend le pouvoir à la faveur d'un coup d'État, lorsque l'armée dissout le Conseil présidentiel ainsi que l'Assemblée nationale. Le coup d’État ne fait aucune victime[3]. En 1974, il adopte le marxisme-léninisme comme idéologie officielle de gouvernement, et fonde le Parti de la révolution populaire du Bénin, destiné à gouverner en tant que parti unique. Le « marxisme-léninisme » dont se revendique le gouvernement ne connaît cependant pas véritablement de traduction dans la pratique, l'économie étant essentiellement confiée au secteur privé et à des entreprises étrangères[4]. Un an plus tard, le pays abandonne le nom officiel de République du Dahomey pour adopter celui de République populaire du Bénin.
Ses rapports avec la France et les autres gouvernements africains de la région se détériorent en raison du marxisme dont se revendique le régime béninois et du soutien offert au Front Polisario de libération du Sahara occidental. Le gouvernement français de Valéry Giscard d'Estaing craint une propagation du marxisme en Afrique de l'Ouest et décide de réagir. Il est rejoint par Félix Houphouët-Boigny (Côte d'Ivoire), Gnassingbé Eyadéma (Togo), Joseph-Désiré Mobutu (Zaïre) et Hassan II (Maroc), qui, outre l’isolement diplomatique et les tentatives de déstabilisations économiques du Bénin, décident d'organiser une tentative de Coup d’État. Ce sera l'opération Crevette, confiée au mercenaire français Bob Denard, le 17 janvier 1977, mais elle échoue complètement[5].
Dans les années 1980, la situation économique du Bénin devient critique, et le pays doit négocier des accords contraignants, notamment avec le FMI.
Dans le contexte de la mutation démocratique de l'Europe de l'Est, Mathieu Kérékou comprend peu à peu que le temps est venu de procéder à une évolution politique de son pays. Fin 1989, il accepte de convoquer une « Conférence nationale » destinée à établir de nouvelles institutions. Il doit pour cela se libérer des contraintes que font peser sur lui les cadres de son parti. Kérékou est ainsi le premier président du continent à ouvrir la voie au multipartisme sous la pression des événements, après avoir dirigé le pays pendant 18 ans de manière autoritaire. En , la Conférence nationale décide de changements drastiques (période de transition d'un an puis élections libres, nomination d'un Premier ministre, etc.). Mathieu Kérékou, le jour de la clôture de la Conférence en accepte toutes les conclusions. Il laisse un pays en mauvais état économique, mais vient de démontrer qu'il avait su engager avec habileté un processus démocratique, le premier en Afrique. Quelques mois plus tard, lors de son discours de La Baule, le président français François Mitterrand prendra l'exemple du Bénin pour encourager le continent africain à entamer les mutations politiques souhaitables.
Il est battu lors de l'élection présidentielle de 1991 par Nicéphore Soglo. Il rencontre un pasteur pentecôtiste, renonce à l'athéisme et adopte la foi chrétienne, après avoir demandé pardon à la nation pour la sévérité de son pouvoir[6]. Il devient par la suite pasteur[7]. Puis, il revient au pouvoir à la suite d'élections démocratiques le ; il est réélu en mars 2001. Il n'a pas pu se représenter à la fin de son mandat en 2006.
En , il rassemble dans la Convention pour le Bénin du futur une coalition gouvernementale hétéroclite comprenant le Parti du renouveau démocratique (PRD) du très libéral Adrien Houngbédji (Premier ministre et porte-parole du gouvernement), et le Front de lutte pour une alternative démocratique en Afrique (Adema) du social-démocrate Bruno Amoussou (président de l'Assemblée nationale)[4].
Durant ses deux mandats de 1996 à 2006, le président Kérékou a respecté de manière stricte la séparation des pouvoirs. Ainsi, la liberté de presse sous le général Kérékou a permis au Bénin de se hisser au premier rang au niveau africain, et 25e sur le plan mondial[8]. Contrairement à d'autres chefs d'État africains, sous la pression des médias, des intellectuels et de l'opinion publique, Kérékou n'a pas pu modifier la Constitution qui limite l'âge auquel il est possible d'accéder à la présidence ainsi que de briguer plus de deux mandats. Nicéphore Soglo subit la même contrainte d'âge.
Peu avant le scrutin et après les résultats du premier tour, Kérékou a laissé planer un doute sur sa régularité, non confirmé par les observateurs internationaux, ce qui pourrait laisser suggérer quelques réticences de Kérékou à abandonner le pouvoir. Néanmoins, les élections de se déroulent normalement, et l'élection de Thomas Boni Yayi met fin à vingt huit années de pouvoir de Mathieu Kérékou.
Après avoir quitté ses fonctions en 2006, Kérékou est resté en dehors de la politique et a passé du temps chez lui à Cotonou et Natitingou dans le nord-ouest du Bénin, sa région natale. Il a subi une crise de santé en 2014 et a été emmené à Paris pour y être soigné. Bien qu'il se soit rétabli, il a continué à souffrir de problèmes de santé et il est décédé au Bénin le 14 octobre 2015 à l'âge de 82 ans.
Distinctions
- Docteur honoris causa de l'université Houdégbé[9]
Notes et références
Notes
- Président de la République du Dahomey du au , puis président de la République populaire du Bénin du au . Enfin, président de la République du Bénin du au .
Références
- http://www.afrique-sur7.fr/tag/benin-deces-de-mathieu-kerekou/
- « L’EFORTOM-EFORTDM », sur RFI, (consulté le )
- « Renversement du conseil présidentiel au Dahomey | Perspective monde », sur perspective.usherbrooke.ca
- « Benin, analyse du pays de 1982 a 1987 », sur afriquepluriel.ruwenzori.net
- Maurin Picard, L'Empire qui ne veut pas mourir: Une histoire de la Françafrique, Seuil, , p. 415
- Laurent Fourchard, André Mary et René Otayek, Entreprises religieuses transnationales en Afrique de l'Ouest, Karthala Editions, France, 2005, p. 226
- Tshitenge Lubabu M.K., Mathieu Kérékou, l’incontournable, jeuneafrique.com, France, 25 mars 2010
- rsf.org
- Monaliza Hounnou, « Journée d’hommage au Président Général : L’Ong Sndb offre un géant tableau à Kérékou », sur http://www.lapressedujour.net, (consulté le )
Annexes
Bibliographie
Monographies
- Philippe Akpo, Mathieu Kérékou : mythe et réalité : Essai biographique, Cotonou, édition du Flamboyant, , 248 p. (ISBN 978-99919-59-04-7).
- Richard Banegas, La Démocratie à pas de caméléon : Transition et Imaginaires politiques au Bénin, Paris, Karthala, coll. « Recherches internationales », , 496 p. (ISBN 2-84586-396-9, lire en ligne).
- Jean Establet, Mathieu Kérékou, l'inamovible président du Bénin, Paris, L'Harmattan, , 262 p. (ISBN 2-7384-5725-8).
Articles et chapitres
- Stéphane Bolle, « La conditionnalité démocratique dans la politique africaine de la France », Afrilex, Revue d’étude et de recherche sur le droit et l’administration dans les pays d’Afrique, (lire en ligne, consulté le ).
- Emmanuelle Kadya Tall, « De la démocratie et des cultes voduns au Bénin », Cahiers d'études africaines, vol. La démocratie déclinée, no 137, , p. 195-208 (lire en ligne, consulté le ).
- Cédric Mayrargue, « "Le caméléon est remonté en haut de l'arbre": le retour au pouvoir de monsieur Kérékou au Bénin », Politique africaine, no 62, , p. 124-131 (lire en ligne, consulté le ).
- Cédric Mayrargue, « Les Élites politiques béninoises au temps du Renouveau démocratique », dans Jean-Pascal Daloz (dir.), Le (Non-) Renouvellement des élites en Afrique subsahérienne, Talence, Centre d'étude d'Afrique noire (Université Montesquieu), , 33-56 p. (ISBN 2-908065-48-7).
- Camilla Strandsbjerg, « Continuité et rupture dans les représentations du pouvoir politique au Bénin entre 1972 et 2001 : Le Président Mathieu Kérékou Du militaire-marxiste au démocrate-pasteur », Cahiers d'études africaines, vol. 45, no 177, , p. 71-94 (lire en ligne, consulté le ).
- (en) Camilla Strandsbjerg, « Kérékou, God and the Ancestors : Religion and the Conception of Political Power in Benin », African Affairs, no 99, , p. 395-414.
- Théophile E. Vittin, « Le Bénin à l'Heure du renouveau démocratique », Politique africaine, no 38, , p. 138-142 (lire en ligne, consulté le ).