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Éperon barré

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Éperon barré de Lostmarc'h, cap fortifié peu hospitalier apparu au Néolithique. L'enceinte est constituée par une double ligne de remparts en terre et deux fossés. La présence dans les environs de cet éperon barré littoral d'un gisement ferrifère explique peut-être le maintien de la présence humaine sur ce site à la période laténienne[1].
Le folklore local associé à plusieurs éperons barrés en fait le village d'Astérix. Les études archéologiques qui relèvent plus de l'archéologie que du folklore constatent que ces sites sont des lieux de rassemblement d'une communauté et des marqueurs d'un territoire[2].

Un éperon barré désigne en archéologie un promontoire rocheux dont l'isthme a été coupé par un retranchement[3]. Il s'agit d'un type d'habitat fortifié constitué d'une avancée d'un relief, un éperon naturellement protégé, coupée par une structure fortifiée (mur de pierres sèches, palissade, fossé, rempart…), afin d'y établir une occupation humaine défendue.

Caractéristiques

Description

Il s'agit d'une des premières traces de fortifications, avec l'enclos à fossé interrompu, les plus anciennes datant du Néolithique moyen, comme en témoignent le site de Montgué à Asnan, le camp de Chassey-le-Camp, le Châtelet d'Étaules[4] (Étaules, Côte-d'Or) et le « camp de César » à Catenoy (Oise).

L'habitat en éperon barré est la forme la plus fréquente de l'« habitat fortifié de hauteur », les autres formes étant l'« habitat en rebord de plateau » et l'« habitat au sommet d'une colline »[4]. Ces habitats sont souvent désignés sous le terme de « camp ».

Il correspond le plus souvent au promontoire d'une falaise littorale, à l'extrémité d'un plateau située dans une zone de confluence ou au-dessus de méandres de rivière. La fortification comprend une levée de terre (le talus) ou un rempart, parfois précédé d'un fossé et surmonté d'une palissade. La levée est désignée en terme scientifique par le nom de fortification romaine vallum (en)[5].

Fonctions

L'avantage principal de ce type d'établissement est son aspect économique : du fait des pentes de l'éperon, naturellement défendu, seul un des côtés du lieu a besoin d'être fortifié par l'homme : un combiné de fossé profond et de levée de terre, interrompus par une ou plusieurs entrées potentiellement fortifiées de même, sont en général suffisants pour barrer l'accès à tout assaillant lors d'un siège. Son principal défaut est la difficulté d'évacuation en cas d'encerclement total : le chemin par lequel on entre dans l'éperon est en général celui par lequel on sort. Cet inconvénient explique que le rôle premier de défense, traditionnellement attribué à ces fortifications, s'interprète uniquement lorsque le site sert de refuge temporaire en cas de danger momentané. Le mobilier archéologique (amphores, monnaies) découvert dans plusieurs de ces sites, reflète parfois une occupation continue et permanente, et suggère une fortification à fonction ostentatoire d'un pouvoir politique aux mains de petits aristocrates qui cherchent à garder la main sur les gisements proches de minerais utilisés pour la production métallurgique, à contrôler les échanges commerciaux par voie maritime, fluviale ou terrestre[6],[7].

Évolution

Ce type de fortifications a pu ensuite donner naissance aux oppida celtiques, voire aux châteaux forts médiévaux.

Par exemple, vers 500 av. J.-C., des Celtes se réfugiaient, en cas de danger momentané, dans l'éperon barré de Lostmarc'h, véritable camp retranché situé dans la presqu'île de Crozon, qui servit encore de refuge à des populations médiévales comme en témoigne la construction subsistante au cœur de l'éperon[8].

Recensement

De nombreux cas d'éperons barrés sont documentés par l'archéologie et les prospections aériennes et pédestres au travers de l'Europe.

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Exemples

Notes et références

  1. Alexandre Aubray, Pierre Thomas, Damien Mollex, François Avisseau, Bertrand Lefebvre, « Les pillows-lavas et brèches volcaniques de la pointe de Lostmarc'h (presqu'île de Crozon, Finistère) », sur planet-terre.ens-lyon.fr, (consulté le ).
  2. Yann Dufay-Garel, Sébastien Daré, « L’éperon barré de Beg-en-Aud (Saint-Pierre-Quiberon, Morbihan) à l’âge du fer : bilan des connaissances actuelles », Aremorica, no 8,‎ , p. 9-26.
  3. « Éperon barré | Thésaurus de la désignation des œuvres architecturales et des espaces aménagés », sur data.culture.fr (consulté le )
  4. a et b Jean-Pierre Nicolardot, L'habitat fortifié pré- et protohistorique en Côte-d'Or, Dijon, ARTEHIS Éditions, , p. 11
  5. Anne Duménil, Philippe Nivet, Picardie, terre de frontière, Encrage, , p. 16.
  6. Jean-Pierre Nicolardot, op. cit., p. 175-186
  7. Tristan Arbousse Bastide, Les structures de l'habitat rural protohistorique dans le sud-ouest de l'Angleterre et le nord-ouest de la France, Archaeopress, , p. 36-79.
  8. http://www.crozon-bretagne.com/tourisme/decouverte/crozon/eperon-barre-lostmach.php

Voir aussi

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