Véra de Bénardaky

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Véra de Bénardaky
baronne de Talleyrand-Périgord
Image illustrative de l’article Véra de Bénardaky
Véra de Bénardaky, épouse de Charles baron de Talleyrand-Perigord, pastel de Frédérique Émilie Auguste O'Connell (1823-1885).

Titre Baronne de Talleyrand-Périgord
(11 juin 1862-24 décembre 1919)
Biographie
Dynastie Maison de Talleyrand-Périgord
Nom de naissance Véra de Bénardaky
Naissance
Taganrog
Décès
7e arrondissement de Paris
Père Dimitri Georgevitch
(ou Igorovitch) Bénardaky
(né sous le nom de
Démétrios Bernardakis)
Mère Anna Igorovna Kapourovna
Conjoint Charles baron de Talleyrand-Périgord

Véra de Bénardaky, née vers à Taganrog[Note 1] et morte le à Paris, est une aristocrate et une salonnière d'origine russe.

Fille de Dimitri Benardaky — dont le nom a été francisé en de Bénardaky —, mariée en 1862 au baron de Talleyrand-Périgord (1821-1896), elle tient un salon parisien à la fin du XIXe siècle, en son hôtel de l'avenue Montaigne. Son époux et le frère puîné de celui-ci n'ayant pas eu de descendance mâle, elle est la dernière à porter le titre de baronne de Talleyrand-Périgord.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Dimitri Bénardaky (ru) (1799-1870)[1], issu d'une famille d'origine crétoise nommée Bernardakis (el)[1], épouse en 1824, Anna Igorovna Kapourova (1807-1846)[2]. Industriel, fournisseur de l'armée impériale russe et fermier général, il a été anobli[3] et nommé maître des cérémonies de la cour impériale russe. Il s'illustre aussi comme auteur dramatique. Il a eu comme enfants :

- Léonid de Bénardaky
- Nicolas de Bénardaky (1838-), conseiller d'État de Russie, officier de la Légion d'Honneur, se marie avec Esther Maria Pavlovna (de) Leybrock[4] (1855-1913). Nicolas et Marie de Bénardaky tiennent salon dans leur hôtel à Paris au 65 de l'ancienne rue de Chaillot, où Tchaïkovsky se produit à plusieurs reprises. Ils ont trois enfants :
- Constantin de Bénardaky
- Catherine de Bénardaky
- Alexandra de Bénardaky ( -1912), qui épouse le comte Alexandre Abaza (1821-1895), ministre des finances de l'Empire russe
- Ludmila de Bénardaky
- Véra de Bénardaky (1842-1919) : née à Taganrog vers 1839[6], elle épouse le le baron de Talleyrand-Périgord (1821-1896), diplomate, ambassadeur de France à Saint-Pétersbourg. Ils ont deux enfants :
  • Marie Marguerite de Talleyrand-Périgord (- ?), qui épouse Marie Ferdinand François Adhémar comte de Brotty d'Antioche (, Berlin - )
  • une autre fille née en 1867
- Elisabeth qui épouse l'ambassadeur Armand Nisard (1841-1925), qui est en poste à l'ambassade de France près le Saint-Siège au moment de la séparation des Églises et de l'État en 1905, (ils demeurent à Paris au 7, avenue Franklin-D.-Roosevelt).

Vie, œuvre et citations[modifier | modifier le code]

La vie parisienne de Véra de Talleyrand-Périgord est d'abord celle d'une salonnière, comme nombre de femmes de son époque et de son milieu aristocratique et familial. Elle tient salon dans son hôtel du 3, avenue Montaigne[7]. Le cousin de son époux, Boni de Castellane, en fait dans ses Mémoires, ce portrait :

« Femme charmante et spirituelle, d'origine russe, [elle] avait dans le caractère des traits délicieusement orientaux, palliés par des habitudes françaises. [...] Ma tante, qui aimait la musique, chantait médiocrement. Très recherchée dans sa toilette, souvent parée d'énormes bijoux, elle s'habillait de façon voyante. Mais elle était bienveillante et charitable. »

André de Fouquières évoque l'atmosphère de son salon du 3 avenue Montaigne, en ces termes :

« L'hôtel qui portait le no 3 était celui de la comtesse Véra de Talleyrand-Périgord. Quand je l'ai connue, Mme de Talleyrand donnait des dîners brillants où se retrouvait une élite composée d'aristocrates et de gens de lettres. La chère était délicate, car la maîtresse de maison était elle-même fort gourmande, péché mignon qui lui avait valu d'acquérir avec l'âge un embonpoint assez considérable. »[7]

En 1912, les mémoires de Véra de Talleyrand-Périgord paraissent sous le titre Pensées nouvelles et souvenirs anciens, à Paris chez l'imprimeur éditeur L. Maretheux. On en cite parfois les trois passages suivants, témoins de l'esprit du temps et de l'auteur :

« Le seul capital qui ne coûte rien et qui rapporte beaucoup, c’est la flatterie. »
« On passe sa vie à dire adieu à ceux qui partent, jusqu'au jour où l'on dit adieu à ceux qui restent. »
« Pour constituer un salon, bien les asseoir, bien les nourrir et les laisser parler. »

Véra de Bénardaky meurt, veuve, en 1919 à Paris[6].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Selon son acte de décès en 1919, elle était alors âgée de 80 ans.

Citations[modifier | modifier le code]

  1. a et b Né Démétrios Bernardakis, il est le fils de Georgios Bernardakis et Maria Ilinitchna Alferaki, d'une famille grecque de Mystra en Laconie. Sa famille fuit la Grèce pour s'installer à Smyrne dans un premier temps avant de gagner la Russie pour s'installer à Taganrog, où il grandit. On ne connaît pas son lieu exact de naissance. Son nom a été russifié en Dimitri Georgevitch (ou Igorovitch) Bénardaky.
  2. Fille orpheline d'Igor Kapour (parfois Kipour), issue de la communauté grecque de Néjine en Ukraine.
  3. Par décisions du Sénat russe des 28 novembre 1850 et 6 septembre 1861, Dimitri Bénardaki a obtenu la noblesse héréditaire avec ses fils et ses filles.
  4. La sœur de son épouse, Olga (de) Leybrock, est elle-même mariée à l'amiral Skrydloff, héros de la guerre russo-turque, commandant en chef de la Flotte et des ports de la mer Noire.
  5. Elle prête ses traits successivement, à Marie Kossichef, dans Jean Santeuil, puis à Gilberte Swann, dans À la recherche du temps perdu. Le cousin de son époux, Léon Radziwill, inspire à Marcel Proust certains traits du personnage de Robert de Saint-Loup dans À la recherche du temps perdu.
  6. a et b Acte de décès no 2272, , Paris 7e, Archives de Paris
  7. a et b André Becq de Fouquières, Mon Paris et ses Parisiens. Vol. 1, Paris, Pierre Horay, 1953, p. 81-82